Je me rappelle ces visages d'enfants couverts de sang et leurs pauvres corps éventrés par les balles. Nous avons été ignobles et barbares... J'avais vu des images de Berlin en 1945, les monceaux de cadavres filmés par l'armée rouge ou les Américains lorsqu'ils avaient ouvert les camps de la mort et j'en avais été bouleversé, alors que nous en étions arrivés au même point, au nom d'une idée que nous nommions "liberté" et pour laquelle nous nous sommes improvisés les bourreaux d'une nouvelle inquisition.
Cécile regardait la fumée qui montait et disait la fragilité de la vie. Elle n'était qu'un souffle que le vent emportait, n'en laissant plus que le souvenir et ce parfum sucré qui lui tournait la tête.
Lorsqu'elle fut enfin seule, Cécile éclata en sanglots, libérant le stress et le frustration. Elle oublia les "Mille et une nuits", tant la beauté de ce palais sans âge lui devenait insupportable. Il pouvait bien se marier sans qu'elle fût là...
Le bruit caractéristique des hélicos la ramena à la réalité. Toutes les lumières s'éteignirent instantanément. C'était incongru dans cette atmosphère de douceur sucrée. Le téléphone sonna. Elle décrocha.
- C'est Amine, nous sommes attaqués par Tsahal.
- Quoi !
- Aïcha va venir te chercher. Tu la suis sans discuter.
- Non !