Actes de la recherche en sciences sociales N° 41 Le camp de concentration

(Extrait des mots qui tuent de Michael Pollak)
L'ambiguité du juridisme
La consolidation du pouvoir national-socialiste et la "normalisation" ne réduisaient en rien la volonté de façonner la société selon l'idéologie raciste du mouvement. Cette normalisation répondait avant tout à un souci de respectabilité internationale. Outre la main-mise définitive de l'appareil policier et son développement, l'entreprise de réorganisation de la société allemande comprenait un train de mesures racistes, dont les lois de Nuremberg. On ne peut dissocier dans le programme national-socialiste les aspects nationaux de la politique de ses aspects raciaux. En effet, le programme de 1920 du NSDAP, qui demande dans son paragraphe premier la réunification de tous les Allemands dans un même Etat, définit l'appartenance au peuple allemand par les liens du "sang". Réunifier un peuple défini par des liens biologiques et exclure de ce peuple tous les éléments raciaux jugés "inférieurs" font partie du même projet. Ce projet fut mis en oeuvre en 1933.
L'exclusion des juifs de la communauté nationale participe d'une "politique d'amélioration biologique du peuple allemand". Ainsi, dès 1933, la législation devait contribuer à améliorer la sélection par le dépistage systématique "héréditaires" qui pouvaient entraîner l'interdiction de mariage et la stérilisation obligatoire.