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EAN : 9782912107008
95 pages
Liber (30/11/-1)
3.91/5   348 notes
Résumé :
Ces deux cours télévisés du Collège de France, présentent, sous une forme claire et synthétique, les acquis de la recherche sur la télévision. Le premier démonte les mécanismes de la censure invisible qui s'exerce sur le petit écran et livre quelques-uns des secrets de fabrication des ces artefacts que sont les images et les discours de télévision. Le second explique comment la télévision, qui domine le monde du journalisme, a profondément altéré le fonctionnement d... >Voir plus
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Tout et beaucoup trop a déjà été écrit sur la télévision. Dénonciation des calomnies, des manipulations, de l'asservissement, le politiquement correct rejoint la désignation de la télévision comme nouvel ennemi à abattre pour préserver une indépendance d'esprit hypothétique.


Pierre Bourdieu se situe dans un mouvement similaire. Dans une perspective sociologique, il démontre que la télévision ne peut et ne pourra jamais être le lieu d'exposition de débats constructifs à cause de son format, à cause de ses dirigeants, et à cause de sa volonté de plaire. Et pourtant, Pierre Bourdieu se distingue de la critique classique en définissant des concepts primordiaux.


Le premier : la domination des dominés.
« Mieux on comprend comment [un système] fonctionne, plus on comprend aussi que les gens qui en participent sont manipulés autant que manipulateurs. Ils manipulent même d'autant mieux, bien souvent, qu'ils sont eux-mêmes plus manipulés et plus inconscients de l'être. »


Le deuxième : la violence symbolique.
« La violence symbolique est une violence qui s'exerce avec la complicité tacite de ceux qui la subissent et aussi, souvent, de ceux qui l'exercent dans la mesure où les uns et les autres sont inconscients de l'exercer ou de la subir. »


Donner des noms à des phénomènes constitue la première étape qui permet de s'en détacher. Pierre Bourdieu ne se contente donc pas seulement de tirer une analyse de la télévision, il donne également à son lecteur les moyens de former sa propre critique. La perspective s'élargit, d'autant plus que ces concepts offrent la possibilité d'être transposés dans d'autres domaines comme la psychologie, de la psychanalyse et de la philosophie.


Pour le reste, ce pamphlet de Pierre Bourdieu n'est pas plus original qu'un autre : la télévision ne cherche pas (d'abord) à nous instruire, nous le savions déjà, mais peut-être faut-il le rappeler souvent ?
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Court essai d'une centaine de pages dans lequel Bourdieu présente rapidement les différents mécanismes qui mènent la télévision à piétiner de plus en plus la liberté de pensée : le passage à la télévision devient le seul « gage de qualité » des personnalités, la course à l'audimat mène à présenter des sujets qui ne dérangeront personne (faits divers qui suscitent l'indignation générale, résultats sportifs, voyages politiques à l'étranger sans conséquence), la course contre la montre pour être le premier à présenter un « scoop », quel que soit son intérêt réel (je me rappellerai toujours cet « envoyé spécial » lors de l'affaire DSK qui avait annoncé fièrement « c'est la première fois depuis son arrestation que DSK porte de nouveau une cravate ». Super !), les « débats » entre amis de longue date, ...

En cent pages, les idées présentées sont forcément compressées. C'est toutefois une bonne introduction sur le sujet et le livre permet de poser les bases pour une réflexion plus approfondie.
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Dans un essai très dense, Bourdieu condamne un système médiatique basé exclusivement sur la mesure de l'audimat, c'est-à-dire soumettant l'information à la loi du marché. Ce ne serait pas si grave si la télévision ne se présentait comme impartiale et objective et ne prenait une part si importante dans le champ journalistique, allant jusqu'à étouffer les pratiques journalistiques de la presse écrite et consacrant par sa très grande diffusion des personnalités non nécessairement reconnues par leurs pairs. C'est que plus un médium diffuse et plus il est amené à rechercher le consensus, c'est-à-dire à écarter les sujets clivants et à favoriser les "omnibus", des sujets qui n'apportent rien tels que les faits divers. Ajoutons à cela que le monde journalistique est soumis comme le reste de la société à la pression de l'urgence, il s'ensuit qu'il ne cherche pas le vrai, mais bien plutôt le rapide. Les "fast-thinkers" favorisent donc les idées reçues, celle qui ne demandent pas de temps pour être acquises. Pour parachever le tableau déjà bien noir, les journalistes, pas toujours très cultivés, vivent dans un microcosme socio-professionnel qui leur fait voir le monde à travers des "lunettes" qui leur révèle une réalité qu'ils imposent sous une forme d'objectivité comme la réalité. La pression concurrentielle et la crainte de rater des "scoops" enjoignent les lignes éditoriales à se copier les unes les autres et à ne différencier l'information que sur des vétilles invisibles au spectateur, contribuant à une information plate, vide, "omnibus", qui ne dit rien. Pire, les journalistes sont accusés ainsi de "créer" la réalité par le choix qu'ils font d'accorder du sérieux à telle ou telle personne qui se prend au sérieux. Ah, il faut encore ajouter que les débats sont souvent faussés, soit par le fait que les "invités" se connaissent et entretiennent des débats sans enjeux, soit au contraire vivent dans des mondes parallèles qui rendent le débat insensé. Alors pourquoi avec tant de médiocrité l'audience augmente-t-elle ? Et bien parce que la télévision joue sur les matières de ce qui dans le journalisme écrit est cantonné à la presse à scandale : les potins, l'exhibitionnisme, le sexe, le crime... d'où les sujets omnibus des faits divers, d'où... et la boucle est bouclée. Cette saturation de vide intellectuel ferme donc l'accès à une forme de pensée instruite et c'est ce qui rend la télévision menaçante pour les productions culturelles, mais plus encore, pour les démocraties, car tant que l'on ne parle de rien, on n'apporte pas au citoyen les outils pour acquérir l'autonomie, l'érudition et l'esprit critique dont il a besoin pour exprimer son opinion politique.

Au final, c'est l'outil même de la télévision qui est critiqué comme un fait social auquel participent consciemment ou malgré eux, ceux qui font la télé et ceux qui la regardent. Bourdieu ne semble pas enclin à admettre la possibilité d'une télévision de qualité, car c'est la télé en elle-même qui est problématique. On pense à internet qui n'est pas très différent dans son positionnement "neutre et objectif" et dont on sait que... En résumé : lisons des livres.
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Dans Sur la télévision, Pierre Bourdieu se livre à une passionnante étude des mécanismes à l'oeuvre derrière le petit écran, ainsi que des moeurs de l'univers télévisuel. Pour s'adresser au plus grand nombre, il s'exprime dans un langage simple, accessible de tous ( sans perdre en rigueur toutefois ).
Son analyse est très fine, explorant les mécanismes de censure à l'oeuvre dans l'univers télévisuel, les problématiques liées au traitement de certaines informations, etc. etc.
A lire pour mieux comprendre l'influence que ce média de masse peut avoir sur certaines décisions.
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Synthétique, concis, percutant.
Ce court texte issu d'un cours de sociologie tenu par l'auteur déconstruit les mécanismes sociaux, comme notamment le jeu de la concurrence, qui sous-tendent le fonctionnement du "champ journalistique", de la presse papier à la télévision.

On y comprend pourquoi la course à l'audimat (au sein du jeu de la concurrence qui ne laisse pas vraiment le choix) mène à la course au médiocre : recherche de contenus vendeurs c'est à dire spectaculaire, les scoops, consensuels de manière à intéresser tout le monde et in fine personne vraiment... en foulant au pied toute déontologie du métier de journaliste qui voudrait la recherche d'une information "pure" et non pas bassement soumises aux intérêts économiques de l'audimat et du marché publicitaire.
On voit aussi comment la télévision, en s'imposant comme média prédominant, tire l'ensemble du champ journalistique, et au delà bien des champs culturels (art, sociologie... et même science) vers le bas.

Une arme d'autodéfense intellectuelle indispensable dans le monde de l'information (et paradoxalement donc de la désinformation).
Lien : http://www.amazon.fr/review/..
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Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
Il y aurait à réfléchir sur le moralisme des gens de télévision : souvent cyniques, ils tiennent des propos d’un conformisme moral absolument prodigieux. Nos présentateurs de journaux télévisés, nos animateurs de débats, nos commentateurs sportifs sont devenus des petits directeurs de conscience qui se font, sans trop avoir à se forcer, les porte-parole d’une morale typiquement petite-bourgeoise, qui disent "ce qu’il faut penser" de ce qu’ils appellent "les problèmes de société", les agressions dans les banlieues ou la violence à l’école. La même chose est vraie dans le domaine de l’art et de la littérature : les émissions dites littéraires les plus connues servent - et de manière de plus en plus servile - les valeurs établies, le conformisme et l'académisme, ou les valeurs du marché.
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Pour certains de nos philosophes (et de nos écrivains), être, c’est être perçu à la télévision, c’est-à-dire, en définitive, être perçu par les journalistes, être, comme on dit, ''bien vu'' des journalistes (ce qui implique bien des compromis et des compromissions) - et il est vrai que ne pouvant guère compter sur leur œuvre pour exister dans la continuité, ils n’ont pas d’autre recours que d’apparaître aussi fréquemment que possible à l’écran, donc d’écrire à intervalles réguliers, et aussi brefs que possible, des ouvrages qui, comme l’observait Gilles Deleuze, ont pour fonction principale de leur assurer des invitations à la télévision. C’est ainsi que l’écran de télévision est devenu aujourd’hui une sorte de miroir de Narcisse, un lieu d’exhibition narcissique.
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Il est de plus en plus fréquent que, quoi qui ait pu se passer dans le monde, l’ouverture du journal télévisé soit donnée aux résultats du championnat de France de football ou à tel ou tel autre événement sportif, programmé pour faire irruption dans le journal de vingt heures, ou à l’aspect le plus anecdotique et le plus ritualisé de la vie politique (visite de chefs d’État étrangers, ou visites du chef de l’État à l’étranger, etc.) sans parler des catastrophes naturelles, des accidents, des incendies, bref de tout ce qui peut susciter un intérêt de simple curiosité, et qui ne demande aucune compétence spécifique préalable, politique notamment. Les faits divers, je l’ai dit, ont pour effet de faire le vide politique, de dépolitiser et de réduire la vie du monde à l’anecdote et au ragot (qui peut être national ou planétaire, avec la vie des stars ou des familles royales), en fixant et en retenant l’attention sur des événements sans conséquences politiques, que l’on dramatise pour en “tirer des leçons” ou pour les transformer en “problèmes de société” : c’est là, bien souvent, que les philosophes de télévision sont appelés à la rescousse, pour redonner sens à l’insignifiant, à l’anecdotique et à l’accidentel, que l’on a artificiellement porté sur le devant de la scène et constitué en événement, port d’un fichu à l’école, agression d’un professeur ou tout autre “fait de société” bien fait pour susciter des indignations pathétiques à la Finkielkraut ou des considérations moralisantes à la Comte-Sponville. Et la même recherche du sensationnel, donc de la réussite commerciale, peut aussi conduire à sélectionner des faits divers qui, abandonnée aux constructions sauvages de la démagogie (spontanée ou calculée), peuvent susciter un immense intérêt en flattant les pulsions et les passions les plus élémentaires (avec des affaires comme les rapts d’enfants et les scandales propres à susciter l’indignation populaire), voire des formes de mobilisations purement sentimentales et caritatives ou, tout aussi passionnelles, mais agressives et proches du lynchage symbolique, avec les assassinats d’enfants ou les incidents associés à des groupes stigmatisés.
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Le monde du journalisme est un microcosme qui a ses lois propres et qui est défini par sa position dans le monde global, et par les attractions, les répulsions qu’il subit de la part des autres microcosmes. Dire qu’il est autonome, qu’il a sa propre loi, c’est dire que ce qui s’y passe ne peut pas être compris de manière directe à partir des facteurs extérieurs. C’était là le présupposé de l’objection que je faisais à l’explication par des facteurs économiques de ce qui se passe dans le journalisme. […] Il est évident qu’une explication qui ne prendrait pas en compte ce fait serait insuffisante mais celle qui ne prendrait en compte que cela ne serait pas moins insuffisante. Et elle le serait peut-être encore plus parce qu’elle aurait l’air d’être suffisante.
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Il n'y a rien de plus difficile que de faire ressentir la réalité dans sa banalité. Flaubert aimait à dire : "il faut peindre bien le médiocre". C'est le problème que rencontrent les sociologues : rendre extraordinaire l'ordinaire ; évoquer l'ordinaire de façon à ce que les gens voient à quel point il est extraordinaire.
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Vidéo de Pierre Bourdieu
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-travail_emploi_et_pouvoir_dans_la_societe_d_ancien_regime_resonnance_avec_la_periode_actuelle_georges_jourdam-9782140307652-74976.html ___________________________________________________________________________
Ce livre a pour objectif initial de regrouper dans un même document les différentes formes de travail et d'emploi existant dans les trois ordres de la société d'Ancien Régime. Après avoir souligné le caractère inégalitaire de celle-ci, l'auteur exploite ensuite la question du pouvoir pour ébaucher des points de similitude avec le contexte politico-social actuel. Cet ouvrage propose des comparaisons en utilisant comme points de passage entre les deux mondes les concepts de Pierre Bourdieu que sont l'habitus, le capital économique, le capital social, le capital culturel et le capital symbolique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Ariane, la prise de son, d'image et montage vidéo
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