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Critique de BazaR


BazaR
03 février 2015
Et voilà encore un tome des Passagers avalés d'un seul coup de gueule, comme le ferait un boa avec sa proie.

Le navire négrier « Marie Caroline » transporte Isa, Hoel, Mary et son anglais de compagnon sur les côtes du Dahomey, futur Bénin. le commandant du navire souhaite acquérir de la « bonne marchandise » auprès du roi local et nos héros vont devoir au fort français Saint Louis de Grégoy attendre le temps des transactions. Ils n'ont pas le temps de s'ennuyer. Les filles font immédiatement l'objet d'un pari de la part des nobles colons du fort ; il s'agit de les emballer toutes deux. Mais le malheureux candidat Estienne de Viaroux qui doit s'y coller se heurte à deux os difficiles à ronger. Furax, Viaroux emploie des méthodes qui deviennent dangereuses ; le sang coule et Isa rend coup pour coup avec sa ruse habituelle. Elle en profite pour plaquer tous ces généreux esclavagistes qui voient dans ce commerce bénéfice de bon aloi. Elle est décidément la tête pensante de la bande.

L'aventure quitte donc un instant la mer pour l'Afrique occidentale. Tout dans l'histoire est délicieux, depuis le détail des tractations et des jeux de pouvoir entre les européens et le roi du Dahomey jusqu'aux machinations d'Isa qui essaie de sauver Hoel de son dramatique sort, en passant par les notes d'humour cruel permanentes et le réalisme de la description d'un temps où l'esclavage des noirs était dans l'ordre de la nature.

Délicieux dis-je ? Voire ! Il y a aussi le choc. Un instant on débat sur la morale de l'esclavage entre gens civilisés, et puis ce dessin : une pièce surpeuplée, suffocante, femmes noires presque nues enchainées par le cou à des poteaux, gamins nus partout, moustiques, miasmes. Insupportable et révoltante vision.

Bourgeon ne cherche pas à nous épargner l'horreur. Il ne dessine pas pour ne rien dire. C'est un cri humaniste qu'il porte au travers d'Isa qui porte en elle les conceptions d'une femme européenne de notre siècle. En écoutant attentivement, je suis sûr qu'on aurait pu entendre l'héroïne s'écrier « Je suis Charlie » en janvier dernier.

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