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EAN : 9782253082200
384 pages
Le Livre de Poche (24/03/2010)
3.6/5   34 notes
Résumé :
En 1885, le philosophe Adrien Sixte reçoit la visite d’un jeune homme de vingt ans, Robert Greslou, qui lui a soumis un manuscrit d’une impressionnante qualité. Puis Robert Greslou part en Auvergne occuper un poste de précepteur chez le marquis de Jussat-Randon. Deux ans plus tard, la fille du marquis meurt empoisonnée. Greslou est accusé du meurtre et Sixte est convoqué chez le juge qui se demande dans quelle mesure l’influence du philosophe a pu détruire le sens m... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Paul Bourget, pour qui la postérité a été sans concessions, a cependant bénéficié de 1880 à 1930 d'une réputation littéraire égale à celles de France (Anatole) ou de Zola (Emile). Bourget fut dans la première partie de sa vie un disciple d'Hyppolite Taine, éminent idéologue du positivisme athée, lui aussi il faut bien dire un peu oublié. La seconde partie de sa carrière fut au contraire à l'opposé de cette idéologie scientiste et matérialiste. Devenant catholique convaincu, il sera fermement antidreyfusard et finira sa carrière bien à droite, se rapprochant de Maurras et autres joyeux bougres.

« le disciple » est l'oeuvre majeure de ce romancier aujourd'hui délaissé. Il condamne les idées de Taine qui, selon lui, conduisent au fanatisme, à l'endoctrinement, au meurtre ou au suicide. Prenant exemple sur l'affaire Chambige, fameux fait divers qui défraya la chronique à la fin du 19ème siècle, ce livre raconte comment un jeune étudiant, disciple d'un penseur en vogue, Adrien Sixte, cherche à abuser d'une jeune fille de bonne famille, pour la forcer ensuite au suicide en manipulant ses sentiments. Sixte verra alors ses convictions vaciller sous le poids de la culpabilité.

Pour Bourget, l'influence des philosophes, des maîtres à penser, est tellement forte, qu'elle conduit des êtres fragiles à commettre au nom de ces idéologies les pires des crimes. Pour combattre ce scientisme très en vogue à l'époque, il faut donc se rassembler sur ces fondamentaux : religion, patrie, spiritualité. Bourget condamne l'excès de lecture (sic !) qui pervertit la jeunesse et l'éloigne des chemins spirituels. Il en souligne la dangerosité en l'associant aux suicides de couples romantiques, qui faisaient fureur dans une certaine partie de l'intelligentsia d'alors.

Il est curieux de remarquer à quel point ce type d'arguments garde tout son sens actuellement, si on remplace par exemple « livre » par « internet » ou « jeu video ». En cela, Bourget est l'archétype du conservateur idéologue, qui subsiste de génération en génération. Reste un très bon roman, bien construit, au style agréable faisant parfois penser à Balzac, dont Bourget se disait fervent. A (re)découvrir.
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Et voici un livre bâti comme un Stendhal ou Balzac, dont l'essentielle couleur est celle d'une relation amoureuse dans un milieu noble : le parallèle, à moi, saute aux yeux. C'est une histoire sentimentale, avec une dame de haute lignée, caractérisée telle, et suivant le récit de la formation d'un jeune homme. Évidemment, Bourget ne s'est pas contenté de reproduire cette recette dramatique, il y a introduit l'ingrédient de la modernité, en l'espèce d'une réflexion sociale, en laquelle il échoue à mon sens, pour des raisons que j'expliciterai et qui apparemment n'ont jamais été dites, au moyen de l'introduction d'un personnage de maître à penser, et en l'accompagnant d'un questionnement sur la responsabilité des auteurs : Adrien Sixte est un philosophe flegmatique qui dénie toute vertu du sentimentalisme dans l'exploration de l'âme humaine, et ses ouvrages s'efforcent à expliquer l'homme sans nulle transcendantalité, sans bien ni mal supérieur, uniquement comme une machine réactive et conditionnelle. Ses travaux, qui scandalisent les religions et la morale, fascinent en particulier un étudiant, Robert Greslou, d'un certain talent et prometteur, exalté par ces révélations dont il rédige des continuations, et qui, après avoir rencontré son mentor, part occuper un poste de précepteur au sein d'un château. Il décide alors à titre expérimental de séduire la fille du marquis, Charlotte, de façon à vérifier le conditionnement de son esprit et la manière plus ou moins systématique dont on réagit à certaines stimulations et dont on y répond par l'amour, ainsi que le prétendent les ouvrages qu'il adore. Expérience qui conduira à la mort de la femme et au procès du précepteur accusé de meurtre, ainsi qu'à la mise en cause de Sixte lui-même dont la littérature a peut-être indirectement conduit au drame.
Roman à thèse, le Disciple proclame la responsabilité des écrivains et exige que l'on soit redevable des incitations qu'on exerce sur autrui par l'intermédiaire de sa pensée écrite : en quelque sorte, c'est bien la faute du maître, conclut Bourget, si le disciple exécute (mal) sa volonté, et même le malentendu lui est imputable : le roman condamne la légèreté de l'écriture. Cet argument motive tout le récit, structuré un peu artificiellement comme la confession écrite que Greslou adresse à Sixte pour expliquer ses origines, sa discipline et ses actes, de façon à mettre en évidence à la fois le développement de l'esprit d'un être mais aussi le saisissement du philosophe à la lecture d'une application tout empirique de son propre travail. Cette lettre, qui constitue la majorité du roman, relate les mouvements d'âme d'un homme méthodique mais sentimental, peu sûr de ses effets, et que l'amour de Charlotte, je veux dire l'amour qu'il lui voue, vient surprendre dès le commencement de son expérimentation. C'est même en cela que le roman idéal est un échec, ce que nul n'a trouvé, semble-t-il, parmi ceux qui l'ont commenté : Greslou est bâti avec trop de vraisemblance instinctive ou éprouvée pour ne pas s'avouer que cette « expérimentation » qu'il mène est insincère, car il est sincèrement épris : dès le début, il est charmé par Charlotte, et il ne se fait de cette expérience qu'une excuse pour la poursuivre de ses assiduités, avec si peu de planification et de machiavélisme d'ailleurs qu'on se demande le plus souvent en quoi il sert les théories de Sixte, où se situent ses influences sur son cobaye et comment il pourrait conclure quoi que ce soit ! D'ailleurs, Greslou l'admet lui-même, quoique confusément, parce que Bourget ne sait pas nier la logique de la psychologie générale dont il préférerait, pour sa démonstration, des rouages plus systématiques, mais il est consciencieux et honnête et fait écrire à son personnage : « Si j'ai subi le charme de grâce et de délicatesse qui émanait de cette enfant de vingt ans, je l'ai subi en croyant que je raisonnais. Il y a des heures où je me demande s'il en a été ainsi, où toute mon histoire m'apparaît comme plus simple, où je me dis : “J'ai tout bonnement été amoureux de Charlotte, parce qu'elle était jolie, fine, tendre, et que j'étais jeune ; puis je me suis donné des prétextes de cerveau parce que j'étais un orgueilleux d'idées qui ne voulait pas voir aimé comme un autre.” » (page 192) Il est vrai que la suite de cet extrait contredit cette présomption favorable : « Je me rappelle ce que j'ai pensé alors, cette froide résolution caressée dans mon esprit, consignée dans mes cahiers, vérifiée, hélas ! dans les événements, la résolution de séduire cette enfant sans l'aimer, par pure curiosité de psychologue », mais je prétends que la raison véritable est ici trahie dans la première partie de la citation, en ce que Greslou, juste ensuite, ne se départit pas d'aimer tandis que la résolution froide dont il parle semble n'avoir duré que le temps de la consigner dans son carnet, ou bien pourquoi sera-t-il amené à être si affecté de son insuccès et à vouloir se suicider par désespoir ? D'ailleurs, s'agissant de l'extrait, pourquoi le terminer ainsi : « mordu, comme je le fus, par ce féroce esprit de rivalité envers cet insolent jeune homme [le frère de Charlotte], mon contraire » ? Est-ce par jalousie qu'on entreprend une « froide » expérimentation qui, dans son déroulement, manquera là toujours extrêmement de contrôle ? L'auteur mêle mal à propos dans cet extrait des motifs trop divers et inconciliables, préférant insister, pour la portée édificatrice de son oeuvre, sur la dimension « calculatrice » du personnage, que, contrairement à l'assertion trop péremptoire qu'y s'y trouve, nul « événement » ultérieur ne viendra vérifier, à l'exception d'un mensonge initial qui, loin de constituer une « machination », n'est qu'une simulation assez innocente de mélancolie pour attirer la jeune femme et se donner de la profondeur (il prétend, pour appâter Charlotte, qu'il pense à une femme qui lui a mal rendu son amour, et même ce mensonge, si je ne m'abuse, est improvisé ; du reste, il n'est pas entièrement un mensonge si l'on admet que Greslou ne fait que transposer la situation qu'il pourrait vivre avec celle sur qui il ambitionne ses visées), et qui n'empêche nullement qu'il en fût sincèrement épris. Ainsi, toute la polémique qu'a fait naître l'ouvrage de Bourget est à peu près nulle : les critiques sont partis sans vouloir le contester du principe que Greslou était bel et bien un scientifique suborneur, un coupable affreux, un terrible criminel, ce qu'il n'est point ; c'est un être falot qui se fait une raison d'aimer une femme mais sans la manipuler davantage qu'en n'importe quelle séduction, et la preuve, c'est qu'il est le premier affligé de ce qu'elle puisse le refuser, qu'il en souffre non comme un philosophe mais comme un amant éconduit. Ce n'est donc pas un odieux comploteur ainsi que même Sixte l'exprime idiotement lorsqu'il paraît n'avoir pas compris lui non plus cette âme qui s'expose à lui. Sixte n'a rien à voir avec le drame de cette relation amoureuse qui se construit tout naturellement, avec, certes, ses petits mensonges opportuns et ses examens minutieux de la façon dont on produit certains effets d'opportunité pour se donner des chances : Greslou est d'une timidité piteuse, pas du tout audacieux comme l'apprenti d'une matière dont on aspire à la maîtrise, ce n'est point, par un exemple, un Casanova ou un Freud, il n'est aucun des hommes immoraux et modernes dont l'auteur parle dans son introduction. Et je m'étonne, dans le dossier de mon édition où figurent des critiques, que personne ne se soit aperçu de cela, que tous soient tombés dans le panneau de ce titre : le Disciple, comme si la filiation était établie d'emblée entre Greslou et Sixte et qu'il ne restait plus qu'à analyser la part de culpabilité qui revient généralement à l'auteur sur les actions de son lecteur. Et je crois que les écrivains qui en ont parlé furent trop intéressés à disserter de leur influence, sujet épineux et digne d'une dissertation, peut-être nouveau à leur appréciation et que leur statut les incitait évidemment à développer pour se beinôt disculper, plutôt qu'à vérifier si cette influence, dans le roman, était indiscutablement à l'origine d'une mort, ce qui n'est manifestement pas le cas. D'où ce débat, entre les intentions nobles du savant de vérité dans une société qui n'est pas prête à recevoir et à appliquer ses doctrines, et le « pernicieux » effet de l'écrit en des esprits « influençables » et premier-degré qui estiment légitime d'expérimenter des théories y compris contre l'ordre établi quand il est vide ou mensonger : tous ont déclaré, apparemment, qu'il y a des vérités qui, trop avancées dans la progression lente des siècles, ne doivent pas être explicitées pour risquer de susciter des émules dangereuses, etc. propos de pontifiante et douceâtre éloquence, comme si l'on devait se faire un devoir de conforter la déraison du monde pour empêcher de commettre des crimes légitimes contre la stupidité des moeurs. C'était sans doute une façon de se protéger de la « déraisonnable impétuosité » dont tout auteur risquait alors l'accusation grave : il fallait assurer que son oeuvre était toujours rédigée avec force conscience et dans la considération attentive du moindre effet sur son lecteur – comme c'était digne et grand ! On trouva alors tout naturellement qu'il fallait protéger la jeunesse quitte à lui cacher des choses, comme on trouva tout naturel d'interdire hautement aux jeunes hommes de séduire des femmes de dix-sept ans et demi, de dix-sept ans trois-quarts, de dix-huit ans moins un jour : c'est encore de bon ton, ça fait responsable, on découvre là des artistes qui se conduisent en bons pères de famille et qui ne permettront jamais que leur lectorat tombe en marginale dissidence, ça donne confiance en eux et ils croient savoir qu'après cela, eux qu'on soupçonne toujours un peu de corrompre les filles, on les lira d'autant plus : quel opportunisme mondain ! Ça ne valait certainement pas la peine d'un livre, si ce n'était que pour feindre de produire cette « controverse » prémâchée et fort convenablement et prévisiblement résolue par des artistes devenus si soudain des jésuites plus que convenables !
Quant au style, Bourget est remarquable, représentatif de cet effort méticuleux et fin-de-siècle qui ne se lit plus : c'est patient, précis, psychologique, beau d'une manière même un peu maniérée, encore légèrement anachronique pour son époque légèrement plus brave et plus hardie ; ça respire fort l'admiration pour Stendhal, Balzac, et peut-être pour Châteaubriand, à défaut de cette vigueur un peu virile, de ces audaces neuves et surprenantes, que j'aime trouver dans la littérature de cette époque, et qui, là, sont rares, dont la rareté « lisse » le roman en une tonalité d'apprentissage qui, pour exagérer un peu, tourne aux contemplations atermoyées d'un Goethe ; admirer tout de même, par exemple : « Et je continuai de garder ma physionomie songeuse, tout en contemplant la neige qui fouettait les vitres. Elle tombait maintenant, du matin jusqu'au soir, par larges étoiles tourbillonnantes, avec un enveloppement, un endormement de tout le paysage, et, dans les pièces tièdes du château, c'était un charme silencieux d'intimité, une lointaine mort des moindres bruits de la montagne, tandis que les carreaux des fenêtres, revêtus de givre au-dehors et de vapeur au-dedans, tamisaient une lumière plus adoucie, comme malade. » (pages 205-206) ; ou encore : « Je sortais du château dans ce demi crépuscule froid qui précède le lever de l'aurore. J'allais droit devant moi, frénétiquement, choisissant les pires coursières, m'attaquant dans mes ascensions des puys les plus rapprochés aux côtés abrupts, presque inaccessibles. Je risquais de me casser les reins en dévalant le long des sables fuyants des cratères, ou sur les escaliers des crêtes de basalte. N'importe. J'allais dans la nuit finissante. La ligne orangée de l'aurore gagnait le bord du ciel. le vent du jour nouveau fouettait ma face. Les étoiles se fondaient comme des pierreries noyées dans le flot d'un azur d'abord tout pâle, puis tout foncé. le soleil allumait sur les fleurs, les arbres, les herbes, un étincellement de rosée brillante. J'essayais de me procurer la sauvage griserie animale que j'avais connue jadis dans des courses semblables. Persuadé, comme je le suis, des lois de l'atavisme préhistorique, je m'efforçais, pas cette sensation de la marche forcée et celle des hauteurs, d'éveiller en moi l'esprit rudimentaire de la brute ancestrale, de l'homme des cavernes dont je descends, moi comme les autres. » (pages 251) L'histoire d'amour, inspirée de cas judiciaires, manque en soi de vertus mâles, et ce Greslou dispose d'un caractère tendre et valétudinaire qui ne lui permet pas la savoureuse effraction dont on l'accuse : ceci, aussi, l'aplatit en conséquence, il reste noble de coeur et, suivant des usages de noblesse, il demeure assez abstrait et éteint. Quant à Sixte, il figure un savant dont le retrait de toute vie sociale aurait de quoi impressionner ou faire rire si le personnage ne confinait pas à ce qu'il faudrait appeler une naïveté responsable en laquelle il est assez difficile de croire : déconnecté et comme évaporé de toute contingence terrestre, de toute connaissance du monde, cet athée résolu ne finira-il pas par réciter l'unique puérile prière qu'il sait ? Et certes, il n'avait rien prévu : c'est un benêt docte qui manque de ressources pour improviser face aux réalités actives de l'existence qu'il avait pourtant exactement augurées, incapable même de se défendre en définitive, trop éthéré pour descendre bien efficacement de ses méditations pourtant lucides au domaine de la société et donc de la vérité qui la contient ; Sixte, en somme, n'est pas un modèle crédible de philosophe, de vrai philosophe à la Nietzsche auquel Bourget voulait peut-être l'assimiler, il n'est qu'une allégorie de penseur qui ne saurait exister, d'autant moins crédible et plus impossible que, sa philosophie proposant d'explorer les tréfonds concrets de l'âme et y parvenant, il ne devrait pas être étonné, après tant de révélations qu'il fait sur sa cohérence, de la découvrir telle qu'il la dépeint, c'est-à-dire qu'il ne devrait pas se trouver tant déconcerté de se confronter avec la réalité telle qu'il la sait et qu'il la représente dans ses livres : si elle se trouve dans ses ouvrages, cette réalité, alors elle se trouve aussi déjà en son esprit, et il ne devrait pas tant la redouter ou s'en stupéfaire, puisqu'elle le confirme.

Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Chaque livre à sa personnalité. Comme pour les humains, la première impression que l'on peut avoir d'un livre est basée sur l'apparence physique. Une collection se démarque par des caractéristiques génériques qui se déclinent ensuite en plusieurs variantes. Ainsi en est-il des livres de poche. Chacun sait que le "Livre de Poche" est apparu le 9 février 1953 à l'initiative d'Henri Filipacchi et édité par la Librairie générale française. Je ne vais pas faire un historique, mais rappeler simplement que l'idée est ancienne et remonte au XVIIe siècle avec les livres de colportage.

Je me souviens d'un reportage retrouvé récemment sur le site de l'INA ou un étudiant interviewé considérait que cette initiative du livre de poche était critiquable, car cela permettait à des personnes n'ayant pas la culture nécessaire de lire des oeuvres qui d'ordinaire étaient réservée à une certaine élite : "Cela fait lire un tas de gens qui n'avait pas besoin de lire... on leur a fait délaisser 'Nous deux' ou 'La vie en fleur' et d'un seul coup ils se sont retrouvés avec Sartre dans les mains, ce qui leur a donné une sorte de prétention intellectuelle qu'ils n'avaient pas avant". En d'autres termes, cet aristocrate de la lecture, pensait qu'il n'était pas donné à tout le monde de goûter à sa juste valeur, les grands auteurs et la crainte était que maintenant chacun se serait senti autorisé à porter un jugement sur des concepts mal assimilés. On est bien loin aujourd'hui d'un tel raisonnement, et je pense que cet étudiant qui doit avoir maintenant dans les soixante-dix ans ou plus a, depuis, changé d'avis et c'est heureux. le livre de poche est un moyen de démocratiser la lecture en rendant accessible au plus grand nombre des ouvrages qui étaient jusque-là imprimés dans des éditions coûteuses et encombrantes. Editions conçues pour remplir les massives bibliothèques des appartements haussmanniens mais inaptes à trouver une place sur les chétives étagères IKEA du sous-prolétariat impécunieux (mais non moins férus de littérature). le livre de poche, grâce à son format réduit et son poids plume a pu s'insérer dans les espaces réduits où vivent généralement les personnes de condition modeste.

 Ainsi, on peut éprouver plus ou moins de sympathie à l'égard d'un livre comme envers un humain. Les livres de poche se distinguent immédiatement par leur format, mais aussi par les couleurs des couvertures et leurs illustrations souvent attrayantes. À une certaine époque même la tranche était colorée, en vert, rouge ou jaune. Plusieurs piles de ces poches versicolores, posés du côté de la tranche, forment un tableau cubiste du plus bel effet. Il faut signaler aussi la légèreté, la maniabilité et la souplesse de ces petits livres dont l'épaisseur supplée parfois au manque de surface.

 Et s'il est vrai que les premières éditions des grands classiques étaient livrées nues, dépouillées de commentaires, il en est tout autrement aujourd'hui concernant la collection "Les classiques de poche" dans laquelle est édité le livre que je viens de lire "Le disciple" de Paul Bourget (1852-1935). le roman est précédé de plus de trente-deux pages d'introduction ainsi que d'une note précisant le contexte de la publication de l'oeuvre. En fin de volume, un dossier de trente-cinq pages contient des extraits des correspondances de Paul Bourget, des textes d'Anatole France et de Taine à propos de l'oeuvre. Tous ces compléments (ainsi que de nombreuses notes de bas de page) permettent au lecteur d'approfondir sa compréhension de l'ouvrage.

 L'histoire est celle d'Adrien Sixte, éminent professeur de philosophie, dont la vie est perturbée par une convocation chez le juge à propos du meurtre d'une jeune femme perpétré par l'un de ses anciens élèves, Robert Greslou. de sa prison, ce jeune homme rédige une confession à l'intention de son maître à penser. En lisant ce texte, le professeur découvre l'influence néfaste de son enseignement sur l'équilibre mental de son disciple dont la sensibilité exacerbée a peu à peu évoluée vers un romantisme morbide. La mère de Robert Greslou, convaincue de l'innocence de son fils, sollicite le professeur pour que celui-ci vienne plaider sa cause au tribunal. Adrien Sixte est forcé de reconnaître que "…le caractère de Robert Greslou, déjà dangereux par nature, avait rencontré, dans ses doctrines à lui, comme un terrain où se développer dans le sens de ses pires instincts…" (extrait de la page 303). Écrivain chef de file de sa génération, académicien, Paul Bourget, nationaliste, royaliste et catholique est aujourd'hui oublié, mais son roman "Le disciple" qui ouvre un débat sur la responsabilité morale de l'écrivain et plus largement des intellectuelles est encore lu de nos jours. Il s'agit d'un roman à thèse, ou l'influence De Balzac, que Bourget admirait, est partout présente par ses références à des philosophes, à des auteurs comme Rabelais, à des généralités prenant à témoin le lecteur comme par exemple "Preque tous les cloîtres ne sont-ils pas bâtis dans des endroits qui permettent d'embrasser par le regard une grande quantité d'espace" (page 62). le style est purement celui des grands écrivains du XIXe siècle ce qui explique sans doute en partie la désaffection des lecteurs d'aujourd'hui et en particuliers des plus jeunes, pour son oeuvre. Pourtant cet auteur mériterait une plus grande place tant son écriture est belle, précise et riche, ponctuée de très fines observations et d'analyses psychologiques étaillées. Bourget se veut docteur en sciences sociales et tente, par le prétexte du roman (toutefois inspiré par des faits réels : le procès Chambige), d'énoncer ses propres théories sur les mécanismes psychologiques de la passion. C'est sans doute influencé par son père Justin Bourget, agrégé de mathématiques, qu'il prétend mettre en équation le sentiment amoureux. Ce besoin d'exprimer des idées peut parfois perturber le lecteur et le détourner d'une histoire qui est par ailleurs parfaitement racontée et non dénuée de suspense. Un roman complexe, mais servi par une langue d'une grande élégance rédigé à une époque où les écrivains avaient lu tout Shakespeare, Balzac et Stendhal avant l'âge de dix ans.

 Merci livre de poche, toi qui a introduit chez moi de si nombreux auteurs d'une disponibilité sans faille pour me conter, au creux de l'oreille, à toute heure du jour ou de la nuit, les aventures épiques de leurs personnages et à travers eux leurs plus belles et nobles pensées. Je rêve d'un monde ou les étagères des buralistes et les tablettes des bistrots seraient garnies de livres de poche, on verrait le soir, à une heure tardive, en sortir de riants jeunes hommes, ivres de littérature, les yeux remplis de rêves.

Bibliographie :

"Le Disciple", Paul Bourget, Les classiques de Poche (2010), 378 pages.

"Dictionnaire des littératures de langue française", article "Paul Bourget "par M.O. Germain, Bordas (1987).
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[Roman audio, lu par Christine Sétrin]
Je me retrouve toute chamboulée à l'écoute de ce roman que j'ai dévoré en une journée. Tout m'y a semblé absolument remarquable et bouleversant si bien que je crois tenir là un nouveau candidat à emmener sur une île déserte...

L'écriture, d'abord, y est splendide. Sans être lourde, elle est intense, juste et soutenue. le style est superbe d'un bout à l'autre du roman et supporte sans difficulté cette histoire complexe et les descriptions très longues d'états d'âme intérieurs qui seraient rasoirs dans n'importe quel autre ouvrage.

L'histoire est complexe, je l'ai dit. Plusieurs récits sont enchâssés dans une trame principale et de nombreux personnages très détaillés et complets y évoluent sans aucune fatigue ou confusion pour le lecteur.
Mais surtout, l'histoire sert de support au développement de théories psychologiques et philosophiques parfois contradictoires défendues par ses personnages et aussi par la morale de l'histoire. du point de vue du fond, donc, on se retrouve également face à un enchâssement complexe et riche. Quelle chance, quelle nourriture intellectuelle exquise et rare!

Enfin, la lecture par Christine Sétrin y est impeccable, sobre et tout à fait bien appropriée. (disponible gratuitement et légalement sur le site litteratureaudio.com)

Ce roman, malheureusement complètement inconnu, devrait figurer aux côtés des plus grands noms de la littérature du 19ème siècle. En tout cas, je vous recommande énergiquement sa découverte!
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Ce roman de Paul BOURGET, un auteur que je n'avais encore jamais lu, est un magnifique livre, écrit avec une plume de grande qualité, et doté d'une intrigue qui laisse à réfléchir à l'impact que peut avoir un maître sur son disciple (d'où le titre), fût-ce un maître à distance. le philosophe, Adrien SIXTE est ce maître, et Robert GRESLOU en est le disciple, tous deux sont des intellectuels à un tel degré qu'ils vivent dans le seul objectif d'étudier les comprtements. Mais une histoire de sentiments va soudain apporter le trouble dans ces deux esprits.
C'est, je l'ai dit, écrit par un maître de la langue française, mais l'intrigue n'en a pas moins d'importance.
Passionnant.
A lire absolument.
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Citations et extraits (86) Voir plus Ajouter une citation
Il se plongeait dans la contemplation des idées avec une sorte de vertige, il les sentait avec tout son être, en sorte que ce bonhomme assis à sa table, servi par la vieille bonne qui cuisinait à côté, dans un bureau garni de rayonnages encombrés, la mine chétive, les pieds dans sa chancelière, le torse pris dans un paletot râpé, participait en imagination au labeur infini de l'univers. Il vivait la vie de toutes les créatures. Il revêtait toutes les formes, sommeillant avec le minéral, végétant avec la plante, s'animant avec les bêtes rudimentaires, se compliquant avec les organismes supérieurs, homme enfin et s'épanouissant dans les amplitudes d'un esprit capable de refléter le vaste monde. Ce sont ces délices des idées générales, analogues à celles de l'opium, qui rendent ces songeurs indifférents aux menus accidents du monde extérieur, et aussi, pourquoi ne pas le dire ? presque absolument étrangers aux affections ordinaires de la vie. [...]. Et si bizarre que doive paraître une telle conclusion après une telle esquisse, il était heureux. (p.77/78)
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Ce qui distingue essentiellement le philosophe-né des autres hommes, c'est que les idées, au lieu d'être pour son intelligence des formules plus ou moins nettes, sont vivantes et réelles, comme des êtres. La sensibilité chez lui se modèle sur la pensée au lieu que chez nous tous il s'établit un divorce, plus ou moins complet, entre le cœur et le cerveau. Un prédicateur chrétien a marqué admirablement la nature de ce divorce quand il a prononcé cette phrase étrange et profonde : « Nous saisons bien que nous mourrons, mais nous ne le croyons pas. »

Le philosophe, lui, quand il l'est par passion, par constitution, ne conçoit pas cette dualité, cette vie dispersée entre des sensations et des réflexions contradictoires. Aussi n'étaient-ce pas pour M. Sixte de simples objets de spéculation que cette universelle nécessité des choses, que cette métamorphose indéfinie et constante des phénomènes les uns dans les autres, que ce colossal travail de la nature sans cesse en train de se faire et se défaire, sans point de départ, sans point d'arrivée, par le seul jeu de la cellule primitive, que ce travail parallèle de l'âme humaine reproduisant, sous forme de pensées, d'émotions et de volontés, le mouvement de la vie physiologique. Il se plongeait dans la contemplation de ces idées avec une espèce de vertige, il les sentait avec tout son être, en sorte que ce bonhomme assis à sa table, servi par la vieille bonne qui cuisinait à côté, dans un bureau garni de rayonnages encombrés, la mine chétive, les pieds dans sa chancelière, le torse pris dans un paletot râpé, participait en imagination au labeur infini de l'univers. Il vivait la vie de toutes les créatures. Il revêtait toutes les formes, sommeillant avec le minéral, végétant avec la plante, s'animant avec les bêtes rudimentaires, se compliquant avec les organismes supérieurs, homme enfin et s’évanouissant dans les amplitudes d'un esprit capable de refléter le vaste monde.

Ce sont ces délices des idées générales, analogues à celles de l'opium, qui rendent ces songeurs indifférents aux menus accidents du monde extérieur, et aussi, pourquoi ne pas le dire? presque absolument étrangers aux affections ordinaires de la vie. (pp. 18-20)
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Un silence régnait dans cette pièce, coupé par le bruit des papiers froissés et par le craquement de la plume du greffier. Ce dernier se préparait à noter l’interrogatoire avec l’impersonnelle indifférence qui distingue les hommes habitués à jouer le rôle de machines dans les drames de la cour d’assises. Un procès pour eux ne se distingue pas plus d’un autre que pour un employé des pompes funèbres un mort ne se différencie d’un mort, ou pour un garçon d’hôpital un malade d’un malade.
— “Je vous épargnerai, monsieur”, dit enfin le juge, “les questions habituelles… Il y a des noms et des hommes qu’il n’est pas permis d’ignorer…” Le philosophe ne s’inclina même pas sous le compliment. — “pas d’usage du monde, pensa le magistrat ; “ce sera un de ces hommes de lettres qui croient devoir nous mépriser. ” Et tout haut : “J’arrive au fait qui a motivé la citation que j’ai dû vous adresser… Vous connaissez le crime dont est accusé le jeune Robert Greslou.
— “Pardon, monsieur”, interrompit le philosophe en quittant la position qu’il avait prise instinctivement pour écouter le juge, le coude sur le fauteuil, le menton sur la main et l’index sur la joue, comme dans les minutes de ses grandes méditations solitaires, “je n’en ai pas la moindre notion.”
— “Tous les journaux l’ont cependant rapporté, avec une exactitude à laquelle ces messieurs de la presse ne nous ont guère habitués…” répondit le juge, qui crut devoir répondre au dédain de la littérature pour la robe diagnostiqué chez le témoin par un peu de persiflage ; et à part lui : “Il dissimule… Pourquoi ?... Pour jouer au plus fin ?... Comme c’est bête !”
— “Pardon, monsieur”, dit encore le philosophe, “je ne lis jamais aucun journal.”
Le juge regarda son interlocuteur en faisant un “Ah ! ” où il entrait plus d’ironie que d’étonnement. “Bon”, pensa-t-il, “tu veux me faire poser, toi ; attends un peu…” Ce fut avec une certaine irritation dans la voix qu’il reprit :
— “Hé bien, monsieur, je vous résumerai donc l’accusation en quelques mots, tout en regrettant que vous ne soyez pas plus au courant d’une affaire qui peut intéresser gravement, très gravement, sinon votre responsabilité légale, au moins votre responsabilité morale…” Ici le philosophe dressa la tête avec une inquiétude qui réjouit le cœur du juge : “Attrape, mon bonhomme”, se dit-il.
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Il y avait juste quatorze ans que M. Sixte, au lendemain de la guerre, était venu s’établir dans une des maisons de la rue Guy-de-la-Brosse, dont tous les indigènes le connaissaient aujourd’hui. C’était, à cette époque déjà lointaine, un homme de trente-quatre ans, chez lequel toute physionomie de jeunesse était comme détruite par une si complète absorption de l’esprit dans les idées, que ce visage rasé n’avait plus ni âge ni profession. (...)
Un front haut et fuyant, une bouche avancée et volontaire avec des lèvres minces, un teint bilieux, des yeux malades d’avoir trop lu, et cachés sous des lunettes noires, un corps grêle avec de gros os, uniformément vêtu d’une longue redingote en drap pelucheux l’hiver, en drap mince l’été, des souliers noués de cordons, des cheveux trop longs, prématurément presque tout blancs et très fins sous un de ces chapeaux dits gibus qui se plient par une mécanique et se déforment aussitôt, – voilà sous quelles apparences se présentait ce savant, dont toutes les actions furent dès le premier mois aussi méticuleusement réglées que celles d’un ecclésiastique.

Chapitre I. Un philosophe moderne
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Le hasard voulut que je rencontrasse, au commencement de ma troisième, quelques échantillons de la poésie moderne dans le livre d’auteurs français qui devait servir aux récitations de l’année. Il y avait là des fragments de Lamartine, une dizaine de pièces de Hugo, les Stances à la Malibran d’Alfred de Musset, quelques morceaux de Sainte-Beuve et de Leconte de Lisle. Ces pages, deux cents environ, me suffirent pour apprécier la différence absolue d’inspiration entre les modernes et les maîtres anciens, comme on apprécie la différence d’arome entre un bouquet de roses et un bouquet de lilas, les yeux fermés.

Chapitre IV. Confession d'un homme
&. II. Mon milieu
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Vidéo de Paul Bourget
CHAPITRES : 0:00 - Titre
C : 0:06 - CRÉATION - Paul Bourget 0:17 - CRÉATION DE L'HOMME - Jean Dutourd 0:28 - CROIRE - Comte de Las Cases
D : 0:38 - DÉBAUCHE - Restif de la Bretonne 0:51 - DÉCEPTION - Fréron 1:04 - DÉLUGE - Jean-François Ducis 1:15 - DÉMOCRATE - Georges Clemenceau 1:26 - DERRIÈRE - Montaigne 1:36 - DOCTRINE - Édouard Herriot 1:46 - DOULEUR - Honoré de Balzac 1:58 - DOUTE - Henri Poincaré
E : 2:11 - ÉCHAFAUD - Émile Pontich 2:23 - ÉCOUTER - Rohan-Chabot 2:33 - ÉGALITÉ - Ernest Jaubert 2:43 - ÉGOCENTRISME - René Bruyez 3:00 - ÉGOÏSME - Comte d'Houdetot 3:10 - ÉLECTION - Yves Mirande 3:21 - ENFANT - Remy de Gourmont 3:33 - ENNUI - Emil Cioran 3:41 - ENSEIGNER - Jacques Cazotte 3:53 - ENTENTE - Gilbert Cesbron 4:05 - ENTERREMENT - Jean-Jacques Rousseau 4:14 - ÉPOUSE - André Maurois 4:37 - ÉPOUSER UNE FEMME - Maurice Blondel 4:48 - ESPOIR - Paul Valéry 4:57 - ESPRIT - Vicomte de Freissinet de Valady 5:07 - EXPÉRIENCE - Barbey d'Aurevilly
F : 5:18 - FATALITÉ - Anne-Marie Swetchine 5:27 - FIDÉLITÉ - Rivarol
5:41 - Générique
RÉFÉRENCE BIBLIOGRAPHIQUE : Jean Delacour, Tout l'esprit français, Paris, Albin Michel, 1974.
IMAGES D'ILLUSTRATION : Paul Bourget : https://en.wikipedia.org/wiki/Paul_Bourget#/media/File:Paul_Bourget_7.jpg Jean Dutourd : https://www.purepeople.com/media/jean-dutourd-est-mort-a-l-age-de-91_m544292 Comte de Las Cases : https://www.babelio.com/auteur/Emmanuel-de-Las-Cases/169833 Restif de la Bretonne : https://fr.wikiquote.org/wiki/Nicolas_Edme_Restif_de_La_Bretonne#/media/Fichier:NicolasRestifdeLaBretonne.jpg Fréron : https://www.musicologie.org/Biographies/f/freron_elie_catherine.html Jean-François Ducis : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-François_Ducis#/media/Fichier:Jean-François_Ducis_par_le_baron_Gérard.jpg Georges Clemenceau : https://www.lareorthe.fr/Georges-Clemenceau_a58.html Montaigne : https://www.walmart.ca/fr/ip/Michel-Eyquem-De-Montaigne-N-1533-1592-French-Essayist-And-Courtier-Line-Engraving-After-A-Painting-By-An-Unknown-16Th-Century-Artist-Poster-Print-18/1T9RWV8P5A9D Édouard Herriot : https://www.babelio.com/auteur/Edouard-Herriot/78775 Honoré de Balzac : https://www.hachettebnf.fr/sites/default/files/images/intervenants/000000000042_L_Honor%25E9_de_Balzac___%255Bphotographie_%255B...%255DAtelier_Nadar_btv1b53118945v.JPEG Henri Poincaré : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/b/be/Henri_Poincaré_-_Dernières_pensées%2C_1920_%28page_16_crop%29.jpg René Bruyez : https://aaslan.com/english/gallery/sculpture/Bruyez.html Yves Mirande : https://www.abebooks.com/photographs/Yves-MIRANDE-auteur-superviseur-film-CHANCE/31267933297/bd#&gid=1&pid=1 Remy de Gourmont : https://www.editionsdelherne.com/publication/cahier-gourmont/ Emil Cioran : https://www.penguin.com.au/books/the-trouble-with
+ Lire la suite
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