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Critique de Ode


Comme beaucoup d'entre vous, sans doute, j'ai découvert La Chambre des Dames dans les années 80 grâce à l'excellente adaptation télévisée avec Marina Vlady, Sophie Barjac et Henri Virlogeux. La lecture du roman vint quelques années plus tard et de là est née, je crois, ma passion pour le Moyen Age.

Préfacé par la médiéviste Régine Pernoud et solidement étayé sur le plan historique, le roman présente la vie des bourgeois au XIIIème siècle sous un jour qui dissipe doublement les idées reçues sur cette époque dite obscure.

Tout d'abord, par la démonstration d'un art de vivre raffiné. En suivant les membres de la famille Brunel dans tous les actes de leur vie quotidienne (la toilette et l'habillement, la messe, les repas, leur travail à l'atelier d'orfèvrerie, les déplacements, les fêtes, les soins aux malades…), on s'aperçoit à mille détails que les bourgeois de Paris étaient plutôt soignés de leur personne et courtois dans leurs rapports.

Ensuite, par le choix d'un point de vue féminin sur la société. Reléguant chevaliers, croisades et leur cortège de combats au second plan, Jeanne Bourin centre son récit autour de Mathilde Brunel, orfèvre, de sa fille Florie, trouvère, et de sa belle-soeur Charlotte, médecin. Elle décrit ainsi avec précision la vie urbaine des femmes à cette époque et met en valeur l'indépendance dont elles jouissaient en pouvant exercer un métier.

Mais au-delà de la fresque historique, La Chambre des Dames est surtout un magnifique roman d'amour, porté par la passion incandescente entre le sauvage Guillaume Dubourg et la douce Florie. Trait caractéristique de l'auteur, les personnages féminins sont animés par une sincère foi en Dieu et une profonde sensualité. Cela donne lieu à des tourments sans fin entre le devoir (de mère, d'épouse…) et la tentation. Mathilde, conseillée par son oncle chanoine, se résignera à la première voie tandis que Florie se perdra dans la deuxième.

Rassurez-vous, tout n'est pas (à l'eau de) rose non plus ! L'intrigue à tiroirs contient son lot de violence et de méchanceté avec l'odieux goliard Artus le Noir ou la perfide Gertrude. L'insertion de figures historiques, tel Louis IX (le futur Saint-Louis) rendant justice ou le poète Rutebeuf en ami des enfants Brunel, contribue également au réalisme du récit, servi par une écriture vivante et délicate.

Ouvrirez-vous la porte de la Chambre des Dames ? Vous y passerez un moment inoubliable en compagnie de la famille Brunel.
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