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Critique de Alfaric


Nous sommes en face d'une novélisation de l'excellent jeu vidéo éponyme, qui ici prend la forme d'un préquel : dans un roman d'apprentissage, nous suivons les destins de Bayek et Aya avant les événements qui vont les conduire sur la voie de la vengeance contre les puissants qui leur ont pris leur enfant...

Dans ce récit, Bayek n'est pas encore le dernier des Jedis, euh pardon le dernier des Medjaÿ. Il est encore en formation sous la surveillance de son père Sabu dans l'Oasis de Siwa, mais pour ce dernier c'est pour son propre bien qu'il ne le trouve jamais assez bon et assez prêt pour prendre sa suite au sein de sa confrérie… Très vite la gentille différence entre Bayek l'Égyptien rural et traditionaliste et Aya la Grecque citadine et moderniste va prendre un tour beaucoup crucial et beaucoup plus sinistre. Car nous allons assister à une lutte sans merci entre ceux qui se réclament du Nouvel Ordre Mondial basés à Alexandrie et les Jedis, euh pardons les Medjaÿ qui se réclament de l'Égypte éternelle et qui sont répartis dans tous le pays : les premiers étendent leur influence sur toute la Vallée du Nil tandis que les seconds veulent recruter en masse pour s'opposer à eux, donc nous assistons à une course de vitesse entre les deux camps. Mais qu'est-ce qui les opposent ? On dépasse l'opposition entre les Anciens et les Modernes, entre les réformateurs et les conservateurs : l'auteur Olivier Bowden, habitué des novélisations de la série, comme la plupart des auteurs anglais ne cachent pas sa haine de cette folle de Margaret Thatcher alias la plus grosse imposture du XXe siècle avec ce fou d'Adolf Hitler. Les grandes tirades sur le despotisme éclairé ou à défaut sur une démocratie devant être fortement guidée et fortement encadrée du Nouvel Ordre Mondial sont beaucoup trop semblables aux discours aussi hypocrites que dégueulasses des ultralibéraux et des hypercapitalistes reagano-thathéro-macroniens pour être fortuites. Les mêmes causes produisent les mêmes effets : Raia le comploteur carriériste et Bion le tueur flegmatique auraient presque de faux airs des sinistres Benjamin Griveaux et Christophe Castaner… Tous ces gens-là sont attendus de pieds fermes aux enfers s'ils n'y sont pas déjà !

L'idée de mettre en introduction Emsal qui échoue dans sa mission et dans la sauvegarde de sa famille pour maintenir le suspens quant à l'avenir de Sabu, sa mission, et sa famille avec Bayek et Aya qui tentent de le rejoindre pour lui prêter main forte. On a la fausse piste du pilleur de tombes Menna pourchassé par les Nubiens de Kensha, puis la fausse piste du Medjaÿ prisonnier à l'Île Éléphantine. Dans leur enthousiasme les rookies sabotent le piège du vétéran et tout est refaire… Sauf que l'adversaire est de taille, aussi puissant que retors, donc que rien n'indique qu'on a peut-être pas manqué la seule et unique occasion d'en finir avec lui ! Force est de constater que nous sommes face à un nouvel avatar du Héros aux mille et un visages (vous savez ce mythe aussi vieux que l'humanité conspué par les élites autoproclamées du monde entier comme connerie pour les teubés, parce qu'elles s'estiment largement au-dessus de l'humanité : on ne va pas se mentir, avec une telle mentalité elles en sont exclues !), et pour devenir adulte ce dernier va forcément devoir faire face à la perte de son mentor. Vous pouvez sortir vos mouchoirs, d'autant plus que normalement vous avez déjà vu Luke Skywalker assister à l'ultime destin d'Obi-Wan Kenobi...

D'habitude je n'attends jamais rien des novélisations qui sont des produits complètement marketisés, mais ici cela n'est finalement pas mal du tout. Toutefois il y a deux gros soucis qui tirent l'ensemble vers le bas :
- le récit est très haché avec 67 chapitres pour 337 pages donc difficile de développer univers et personnages
- on alterne constamment narration à la 1ère personne pour les chapitres consacrés à Bayek et narration omnisciente à la 3e personne pour tous les chapitres qui ne lui sont pas consacrés
Claire Jouanneau a réalisé un joli travail de traduction en utilisant des mots comme térébinthe, antienne, himation et talweg (sans parler du vocabulaire antique spécialisé genre « machairophoraï »), mais j'ai repéré deux erreurs qui ne sont peut-être pas de son fait mais plutôt de celui de l'auteur :
- à un moment les personnages prennent le thé, ce qui est parfaitement normal pour des personnages anglais du XXIe siècle après Jésus Christ, mais ce se révèle complètement anachronique pour des Égyptiens du Ier siècle avant Jésus Christ… Est-ce trop difficile pour les auteurs et les traducteurs que de parler de tisanes ou d'infusions plutôt que de tricher avec les réalité par pure flemmardise ?
- le tueur grec Bion utilise à plusieurs reprises le mot et la notion de « credo »… D'abord un Grec parle grec et non latin, à fortiori dans la partie orientale de la Mer Méditerranée où tout le monde parle grec et presque personne le latin ! Mais en plus cette notion est étroitement associée au christianisme et il faudra attendre plusieurs siècles avant qu'elle ne soit usitée par les conciles et les synode chrétiens du Bas-Empire romain…


PS: pour des raisons que la raison ignore cette oeuvre tombe le coup de la loi n°49-956 d 16 juillet 1949, rédigée par d'anciens pétainistes pour se faire oublier des nouveaux communistes qui voulaient faire barrage à la culture américaine avant que celle-ci ne soit complètement castrée par les suppôts de Fredric Wertham le Savonarole yankee…
- soit les censeurs sont des analphabètes pour être passés à côté de toutes les scènes de violence du récit alternant meurtres et tortures
- soit les censeurs sont des abrutis finis pour ne pas avoir compris que cette oeuvre n'est pas « jeunesse » (mais dans leur raisonnement c'est une novélisation de jeu vidéo, et dans « jeu vidéo » il y a le mot « jeu » associé à « jeunesse » par des raccourcis qui feraient honte à n'importe quel être humain)
Dans tous les cas cette loi scélérate d'un autre temps qui est appliquée à géométrie variable (censure de "Gil Jourdan", "Lucky Luke" ou "Boule et Bill" par exemple : heureusement que le ridicule ne tue pas, sinon dans les preneurs de décisions seraient en danger mortel !), et qui peut servir de prétexte à tous les apprentis inquisiteurs en mal de puissance et de reconnaissance pour faire tout et n'importe quoi doit être révisée de toute urgence ! Mais les gouvernements successifs sont trop occupés à obéir aux donneurs d'ordres milliardaires adorateurs du Veau d'Or pour prendre la moindre décision relevant du bon sens le plus élémentaire !!!
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