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EAN : 9782253173519
168 pages
Le Livre de Poche (08/05/2013)
3.03/5   16 notes
Résumé :
Dans ces nouvelles douces-amères, Elizabeth Bowen - qui fut comparée à Jane Austen ou à Virginia Woolf -, glisse derrière le paravent des bonnes manières l'indifférence ou la cruauté d'une amie, d'une soeur, d'une jeune nièce. Sous les conversations anodines couvent des passions inavouées, où parfois s'invite l'ombre d'un fantôme...
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique

Première intrusion dans l'univers d'Elisabeth Bowen, par le biais de ce recueil de nouvelles, écrites entre 1923 et 1944.J'ai lu qu'elle excellait dans ce genre littéraire et j'ai donc voulu satisfaire ma curiosité.

L'ensemble m'a plu mais j'ai un sentiment mitigé envers certains textes, auxquels j'ai moins accroché, en raison surtout du peu d'intérêt, je l'avoue, porté aux personnages ou à l'histoire racontée. Je pense en particulier à la première nouvelle"La confidente". Même si la fin présente une chute, je me suis un peu ennuyée et ai eu l'impression d'une scène trop théâtrale , dans un univers bourgeois suranné. Mais c'est vrai qu'elle date de 1923, il faut donc la replacer dans son contexte.

Par contre deux aspects ont retenu mon attention, et non des moindres: le style, tour à tour poétique, incisif, ironique, un vrai régal ! Et le remarquable don d'observation, la finesse psychologique qui transparaissent à chaque instant. Voilà une auteure qui sait nous montrer les faiblesses de chacun, l'âme humaine dans tout son ambiguïté, ses contradictions.

Deux portraits d'adolescentes, notamment, "Maria" et "La Contessina" sont saisissants de cruauté et de fourberie! Deux toutes jeunes filles à la perversité très raffinée!

Au coeur de domaines anglais, durant le Blitz à Londres ou dans un hôtel italien, se jouent des drames, des passions qui dévorent...jusqu'à la mort parfois, mais aussi des comédies grinçantes, le tout servi par une plume exquise.

A découvrir! Rien que l'écriture en vaut la peine. J'aimerais lire aussi l'un de ses romans. Si quelqu'un peut m'en conseiller un, j' en serais ravie!

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Ces nouvelles transfigurent le quotidien par la grâce de leur style et du talent d'observation de l'auteur. Il en résulte un vrai travail de sculpture des mots qui parviennent à créer des images évoquant, mieux qu'une description, paysages, maisons partageant les sentiments de leurs occupants et plus expressives qu'eux, " (...) elle hésitait, indécise, le long d'un chemin de traverse", personnages eux-mêmes.
Derrière les bavardages apparemment futiles de dames oisives ou follement alarmants d'un jeune garçon un peu sot dans "j'ai quelque chose à vous dire..." se profile un univers trouble et sans amour. Jamais le voile n'est entièrement levé sur ces personnages ambigus, ce qui laisse un sentiment de malaise persistant : on sent la catastrophe toute proche, mais jamais elle ne s'abat, et c'est encore plus usant. Et c'est là la grande puissance de rétention de la société anglaise du début du 20 ème siècle et sa cruauté implacable. Pourquoi cette paroissienne tient-elle absolument, et malgré la résistance du pasteur, à offrir un vitrail à l'Eglise ? qu'exigera-t-elle en échange ? La confidente choisie par un couple d'amoureux est-elle vraiment une amie sûre ? Quel secret cache cette commerçante si lisse en apparence ? La petite comtesse est-elle une enfant trop sévèrement surveillée ou une jeune fille perverse se jouant de la faiblesse des hommes ? Y a -t - il vraiment eu meurtre ?
Au lecteur de choisir selon son histoire et sa sensibilité : comme dans la vraie vie, il aura de toute façon à moitié tort et à moitié raison. Ce que suggère avec insistance la post-victorienne Elisabeth Bowen c'est que les choses innommées n'existent pas, et qu'il appartient aux membres de la bonne société de savoir discerner sans risque d'erreur les choses qui ne doivent pas être nommées.
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Elizabeth Bowen fait montre d'une maîtrise stylistique qui sert admirablement les portraits psychologiques de ses personnages. Ces derniers sont des êtres aux multiples mystères, complexes, cachés derrière les apparences des convenances.

La jeune Contessina laisse M. Barlow la courtiser par lassitude et ennui. Mais sa jeunesse ne se cache pas loin derrière les minauderies...

Ann Lee, une jeune modiste accueille en parfaite professionnelle deux clientes, mais un invité inopportun va compliquer la situation, révélant aux deux femmes une vie personnelle complexe.

Dans "J'ai quelque chose à vous dire", le jeune Terry semble profiter d'un moment d'intimité agréable allongé aux côtés de la belle Joséphine. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, et la belle jeune femme étendue ne semble pas en grande forme...


La subtilité de la psychologie des personnages met en valeur les recoins obscurs de l'âme humaine dans un éclair lucide aveuglant. Sous une conversation banale, se cachent des réflexions cruelles autour du badinage amoureux, de la découverte de la sensualité et de la séduction, de la complexité des sentiments amoureux, de la vie de famille, des rapports entre les êtres, et finalement des sombres profondeurs de l'humain.


Une poésie affleure entre les lignes :



« Leur table se trouvait à côté d'une fenêtre ouverte ; une nuit d'un velours bleu sombre y pendait comme un rideau ; on pouvait sentir la présence endormie du lac, et sur l'eau quelqu'un se mit à chanter en s'accompagnant à la guitare. C'était une nuit de pouls enfiévrés, de battements de coeur oppressés, une nuit d'amour. Une nuit à poser les lèvres sur une peau satinée, chaude comme les grosses grappes de raisins mûrissant au soleil. Personne autour de lui, M. Barlow le savait, n'était capable ne fût-ce que d'entrevoir les possibilités d'une telle nuit. Tous ces couples mariés, ces gens nantis d'une famille – et jusqu'aux nouveaux époux – semblaient anémiques ; du reste, dès qu'une femme devenait l'épouse d'un homme, celui-ci cessai pour ainsi dire de se comporter en gentleman et se transformait en Joueur. » (p. 58)



La comparaison avec Jane Austen n'est pas usurpée, Elizabeth Bowen est une grande romancière …



Ce que j'ai moins aimé :



Je ne sais s'il m'en restera grand-chose tant les nouvelles sont courtes et les conversations des protagonistes « sans importance », mais ce bref recueil m'a donné envie de découvrir plus avant l'oeuvre de cette auteure.



Lien : http://www.lecturissime.com/..
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"Petits bavardages sans importance" est un recueil de 9 nouvelles - publiées entre 1923 et 1944 - de l'auteure irlandaise Elizabeth Bowen.

Pénélope avoue à son mari Maurice être au courant de sa relation extra-conjugale avec Veronica, dont elle est par ailleurs "La confidente". Décontenancé par le comportement de sa femme qui l'encourage à vivre pleinement cette liaison, Maurice n'est pas au bout de ses surprises...
Mrs Barrows souhaite offrir un vitrail à la paroisse de son village à l'occasion de la "Toussaint". Elle expose son projet au curé du village, médusé face à sa conception assez libre de la sainteté...
"Ann Lee" est une modiste reconnue mais qui cultive aussi une vie bien mystérieuse...
" La Contessina", venue tout droit d'Italie avec son oncle et sa tante attise bien des curiosités à son arrivée, notamment celle de M. Barlow, marié à une femme ennuyeuse et désagréable.
Le jeune Terry n'a jamais réussi à faire les choses dans les formes, y compris commettre un meurtre.
Lorsqu'il se présente chez son père pour lui avouer le meurtre, il ne prononcera pas plus de mots que "J'ai quelque chose à vous dire".
En l'absence des Rimlade, les Dosely accueillent leur nièce "Maria" chez eux. Au grand dam de la jeune fille, toute la famille semble immunisée contre son mauvais caractère, à l'exception du vicaire Hammond qu'elle ne va pas tarder à harceler.
A Londres, un groupe d'amis se retrouvent le temps de quelques "Babillages".
Une femme pense distinguer un fantôme au milieu de ses "Roses aubépines".

Des histoires d'ego blessé, de vengeance, de trahison, de comportements indignes d'une jeune fille, d'un jeune homme ou d'une dame, des apparitions fantomatiques, des commérages.
Les femmes y occupent l'avant-scène sans pour autant avoir le beau rôle.
L'auteure se joue volontiers des conventions et semble prendre un malin plaisir à les détruire les unes après les autres, égratignant au passage la religion, l'institution du mariage, la superficialité de la bonne société et de ses gens qui passent pour creux et futiles.
Comme le souligne la quatrième de couverture, on songe volontiers à Austen, qu'il s'agisse de l'attention portée à la psychologie des personnages ou de cette écriture ciselée et faussement légère.
Mon avis est néanmoins mitigé car - comme c'est souvent le cas avec les recueils de nouvelles - si j'ai vraiment apprécié certaines nouvelles, d'autres m'ont carrément laissée indifférente.
Lien : http://contesdefaits.blogspo..
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Des nouvelles, de petites choses légères aux conséquences qui le sont moins... Des histoires de femmes pour l'essentiel, avec le petit grain de sable qui les fait dévier d'un destin bien tracé. Un charme suranné, le surnaturel n'est jamais loin.
J'ai particulièrement aimé la dernière, Fleurs aubépines.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Lorsqu'ils échouèrent le canot sur la petite bande de sable en-dessous du salon de thé, la baie de San Giacomo était encore toute dorée dans l'aprés-midi finissant. Au-dessus s'élevait la colline, en un grand élan abrupt; des troncs d'arbres se pressaient à l'infini, impénétrables, jusqu'au ciel.
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« Leur table se trouvait à côté d’une fenêtre ouverte ; une nuit d’un velours bleu sombre y pendait comme un rideau ; on pouvait sentir la présence endormie du lac, et sur l’eau quelqu’un se mit à chanter en s’accompagnant à la guitare. C’était une nuit de pouls enfiévrés, de battements de cœur oppressés, une nuit d’amour. Une nuit à poser les lèvres sur une peau satinée, chaude comme les grosses grappes de raisins mûrissant au soleil. Personne autour de lui, M. Barlow le savait, n’était capable ne fût-ce que d’entrevoir les possibilités d’une telle nuit. Tous ces couples mariés, ces gens nantis d’une famille – et jusqu’aux nouveaux époux – semblaient anémiques ; du reste, dès qu’une femme devenait l’épouse d’un homme, celui-ci cessai pour ainsi dire de se comporter en gentleman et se transformait en Joueur. » (p. 58)
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Sans s'en rendre compte, elle avait refermé sur elle ses chimères, telles les pétales d'une fleur à l'intérieur desquels ses sentiments bourdonnnaient et vrombissaient comme des abeilles captives.
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« « Votre imagination vous joue des tours. » s’écria Maurice.
Le reproche était amer. Il fourrageait dans ses cheveux, la dominant de toute sa taille, et ses mèches drues se dressaient, tremblantes, sur son cuir chevelu. »
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