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sur 1169 notes
Sur le Chemin des dames nombreux ils succombaient, “Le chemin des âmes” alors ils empruntaient...
Publié en 2004, le roman de Joseph Boyden est un mélange de barbarie et de spiritualité, guidé par deux voix qui tour à tour lui donne vie.

“Le chemin des âmes” c’est l’enfer du nord de la France raconté par un amérindien, Xavier, enrôlé avec son ami d’enfance Elijah dans un bataillon canadien vite embourbé dans les tranchées durant des mois interminables face à l’envahisseur allemand ; c’est une immersion au cœur de ”la Der des Ders” ; c’est le quotidien de soldats terrés dans des trous à rats avec la peur, la boue, les poux chevillés au corps ; ce sont les assauts répétés de ces pauvres bougres sous la mitraille, les obus et les gaz qui fauchent aveuglément.

“Le chemin des âmes” c’est aussi l’histoire de la tribu Cree en voie d’extinction, racontée par la tante de Xavier qui récupère celui-ci en piteux état dans une gare de l’Ontario un jour de 1919.
Chamane pour les uns, sorcière pour les autres, c’est elle qui a recueilli Xavier et Elijah encore enfants, qui leur a appris à survivre en milieu hostile au cœur de la forêt.
Arrivera-t-elle par ses remèdes ancestraux, par ses incantations, par son amour, à sauver une fois de plus son neveu maintenant à l’agonie au fond du canoë qui lentement glisse vers "son chez elle” ?

L’infinie tristesse qui hante “Le chemin des âmes” longtemps me poursuivra ; la personnalité hors norme de ses trois personnages principaux longtemps me fascinera ; la plume incisive de Joseph Boyden longtemps m’appellera !
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♫Elle rentrera blessée dans les parfums d'un autre
Tu t'entendras hurler "que les diables l'emportent"
Elle voudra que tu pardonnes, et tu pardonneras
C'est écrit♫
-Francis Cabrel-1989-
----♫---♪---🏹----🍁----🏹---♪---♫----
Sur un sapin, les ailes écartées, gloussait une gelinotte
(c'est écrit alors pas besoin de prendre des notes !)
30 ou 40 oiseaux autour de l'arbre, en cercle, tournaient
Ils se dandinaient suivant les appels de l'autre qui les menait...
Puis, il s'est produit quelque chose de stupéfiant...
(Il y a l'onguent , ça c'était avant, concoction plantes et racines; remplacé par l'emprise de la médecine, comprenez morphine !)
Grande gélinotte a replié ses ailes, gloussé de plus belle
les autres, s'arrêtant net , ont ébouriffé leurs plumes
-ils en doublaient de volume-
Avant de recommencer leur ronde dans l'autre sens.
Personne ne te croirait ....Houhouhou !
Aussi quand c'est tes cris : preuves y dansent
Invocation par Cri de chouette
Pincée de glandes de mouffette
Cendres d'orignal, singulier car y bout
Fit celle qui m'apprenait l'esprit des animaux
traditions que je n'aurais pu dire avec des mots
merci à Niska, ma tante, femme tipique
dans l'Environnement d'un camp amérindien.
Je ne suis qu'un Cree...
Signé X...14-18
Chemin des Dames
Jetez les D, comme pour une partie de Yams
DCA
DCD
Dés sans d'sur le chemin des âmes...

Des maux Crient
Mais les Cree restent...
♪C'était Cree♪
et ma Cree tique 😱

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Une immersion dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, ça vous dit ?

Perso, quand je vois "guerre" dans la 4e ou dans les retours, je m'enfuis en moins de temps qu'il n'en faut pour y penser... et c'est ce que j'ai fait.
Mais c'était sans compter sur la maîtresse Sandrinette qui m'a rattrapée par le fond de culotte et m'a mis le chemin des âmes entre les mains.
Ajoutez à ça que notre petite chouette, probablement complice, a trouvé judicieux de lancer une lecture commune, et j'étais acculée.

Ça démarrait moyen : deux gamins de 12 ans trouvent une martre dans l'un de leurs pièges et ça ne se passe pas bien pour elle.
En même temps, au fil du récit, on se rend bien compte que dans les grandes étendues sauvages du Canada, vers Ontario, les Indiens ne peuvent pas survivre autrement. Les baies et racines, ça va bien deux minutes.

Les enfants vivent avec la tante de l'un d'eux, Xavier, ainsi rebaptisé par les bonnes-soeurs du pensionnat dans lequel sa mère l'a laissé.
Tante a donc "récupéré" Neveu, ainsi que son meilleur ami, Elijah.

Un peu chamane, devineresse, d'aucuns diront même sorcière, la Tante vit seule en pleine nature, succédant ansi à ses ancêtres du Clan des Crees qui lui ont tout appris.

Et puis la Première Guerre mondiale éclate et les Indiens, encouragés par les chefs de tribus s'engagent et partent pour l'Europe...

Aucun détail de la vie dans les tranchées ne nous est épargné. L'avancée de la compagnie de laquelle font partie Elijah et Xavier est narrée par ce dernier.

Je me suis attachée aux deux Indiens, évidemment, mais aussi aux soldats qui combattent à leirs côtés.

L'horreur de la guerre frappe de plein fouet. le mépris pour les Indiens est encore tenace, et les deux amis doivent faire leurs preuves pour être considérés.

L'amitié entre les deux personnages principaux est un thème très fort et minutieusement exploité.

Le chemin des âmes est un roman choral à deux voix.
Xavier qui relate son histoire, du plus loin qu'il s'en souvienne, et la Tante qui fait de même et nous livre un récit passionnant.

Ce livre m'a bouleversée, émue, mise en colère aussi et je ne suis pas près de l'oublier.
D'ailleurs, il file tout droit sur mon île déserte.

Je remercie ma Sandrinette qui n'a pas lâché l'affaire et ma petite chouette qui a permis que cette lecture ait lieu.
Merci également à nos compagnons d'aventure : ma Bichette, Berni-Chou, ma Yaya et mon Isa.

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1919. Niska, une vieille Amérindienne du nord du Canada vient chercher son neveu Xavier à la gare. Elle le ramène chez lui après des années passées à faire la guerre en Europe. de là à leur campement, ils ont trois jours de voyage à faire en canot. Ce long chemin est l'occasion pour Xavier de faire le point sur sa vie, de faire la paix avec lui-même. Et pareillement pour sa tante. C'est ce que nous propose Joseph Boyden avec son roman « le chemin des âmes », un voyage vers l'intérieur, spirituel mais pas dans le genre psychologie pop. Dans tous les cas, moi, j'ai apprécié. C'est un de mes coups de coeur de l'année.

Dans les tranchées de France et de Belgique, Xavier a vécu l'horreur de la Grande Guerre. Boyden (pourtant à son premier roman !) a réussi à dépeindre admirablement bien ce conflit. Avec réalisme, parfois la barbarie, d'autres fois l'ennui du quotidien, souvent la peur, à l'occasion l'héroïsme. La bataille de Vimy, les escarmouches à Passchendaele, etc. Mais surtout la vie dans les tranchées et les petites excursions. C'est que Xavier et son meilleur ami Elijah, son frère d'adoption, sont tellement bons à atteindre la cible qu'ils sont devenus des tireurs d'élite. Ils étaient souvent envoyés en avant des lignes. Là, embusqués, ils devaient éliminer les ennemis dangereux. Si Xavier ressent une réticence à tuer, Elijah y excelle rapidement. Peut-être même y prend-il goût ?

J'aime bien cette façon de Boyden de dépeindre la guerre. Ça me fait beaucoup penser aux romans de l'Allemand Erich Maria Remarque ou d'un autre Canadien, Timothy Findley. Oui, on y retrouve quelques hauts faits d'armes, mais l'accent est mis sur l'aspect humain de cet enfer. Comment les soldats l'ont vécu au jour le jour. Leurs craintes. Leur peine quand ils perdent l'un des leurs. Leur solitude.

Mais Xavier n'est plus seul. de retour au pays, il devrait pouvoir compter sur Niska, qui l'accompagne dans son parcours. Alors que le jeune homme reste muré sans son silence et ses souvenirs douloureux, sa tante ressent le besoin de parler, de raconter l'histoire de son peuple, les Crees. Comment ils vivaient avant. Avant l'arrivée des Blancs, de leur commerce des fourrures, de leur alcool ravageur, leurs écoles où ils ont amené de force les petits Amérindiens et les ont coupés de leur culture plusieurs fois millénaire. Puis elle lui parle de son père, de sa soeur, des raisons qui l'ont poussées à récupérer ce neveu. Chacun doit mener ses propres combats mais, parfois, certains sont trop lourds à porter…

Le roman va et vient entre les souvenirs de Xavier et l'histoire que raconte Niska. Cette alternance permet de bien digérer toutes les scènes de violence de la guerre. Il permet aussi de comprendre leur solitude. Leurs deux solitudes, qui se croisent sans vraiment se rencontrer. Et où peut-on vraiment en prendre conscience que dans les grands espaces canadiens ? Là où on ne retrouve que des rivières à fort débit et des forêts vierges à perte de vue. Là où la solitude de l'âme rencontre celle de la nature. La puissance d'évocation de Boyden est forte à un point tel que, en lisant ce roman, je me suis senti envahi par une nostalgie pour une époque que je n'ai pas connue. Malgré la longueur du bouquin, jamais je n'ai senti des chapitres inutiles ou ennuyeux, ni même des passages. Je me suis laissé porté par cette lecture qui m'encourage à lire d'autres roman de cet auteur canadien talentueux.
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Joseph Boyden - le chemin des ames - 2004 : 1919, ce canot qui glisse pendant trois jours sur une rivière de l'Ontario matérialise le chemin des âmes qui donne son nom à ce livre. À l'intérieur de l'embarcation Niska une vieille indienne décharnée et son neveu Xavier blessé et agonisant de retour après plusieurs années de guerre en France. Ces deux-là pendant les longues heures du voyages vont expier une vie qui arrive pour tous les deux à son terme. L'histoire du peuple Crees décimé et spolié de ses terres par les soldats blancs entre alors en résonance avec les récits de combats du jeune homme noyé dans un des plus horrible massacre de l'histoire de l'humanité. Alors que Niska arrive à remonter aux temps heureux de sa tribu, Xavier lui ne se sort pas de sa vision traumatisante de la violence et de la fureur incarné par son cousin Elijah transformé en bête sauvage par la vue du sang et par la consommation excessive de drogue. En effet comment ne pas devenir fou dans un monde où on passe par les armes un gamin de dix-huit ans pour s'être endormi sur son tour de garde et ou la seule consigne donné aux combattant est de tuer, de tuer et de tuer encore. Les deux jeunes indiens pour leur habilité au tir vont devenir les tireurs d'élite de leur compagnie et les bêtes noires d'un ennemi accablé par leur redoutable efficacité. Dans ce monde fracassé ou les deux seules portes de sortie sont la mort où l'hôpital psychiatrique la lumière ne vient même pas d'une présence féminine et innocente. Ce récit est terrible et sans espoir, c'est le premier livre d'un écrivain canadien marqué par un père militaire et par le sang indien qui coule en parti dans ses veines. C'est aussi un roman qui retrouve les mots désespérés de ceux qui ont vécu de prêt cet enfer et qui l'ont raconté (Erich Maria Remarque, Ernst Junger, Maurice Genevoix, Roland Dorgeles et beaucoup d'autres.)… beau et terrifiant à la fois
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Premier roman de l'écrivain canadien Joseph Boyden, « Le chemin des âmes » nous conte le cheminement halluciné d'Elijah et Xavier, deux jeunes indiens Cree engagés volontaires dans l'armée canadienne, au coeur des tranchées de la première guerre.

Explorant avec une acuité bouleversante les méandres de violence absolue et de folie pure qui hantèrent les plaines de la Somme entre 1915 et 1918, le livre semble habité par une noirceur insondable, que peine à traverser la lumière d'éphémères instants de grâce.

Si les lieux et les protagonistes n'ont rien en commun, l'épopée des deux amis évoque « Apocalypse Now », de Francis Ford Coppola, ainsi que le roman qui l'inspira, « Au coeur des ténèbres » de Joseph Conrad. On y retrouve la même trame narrative, un voyage au bout de l'enfer, un voyage au bout de la nuit aussi, qui nous envoie côtoyer, comme ses deux jeunes héros, une horreur indicible. On y redoute également la confrontation avec une forme de folie à l'état chimiquement pur, qui se dessine peu à peu comme la destinée ultime des deux protagonistes, que le regard fou du colonel Kurtz semble attendre niché au creux d'une tranchée du nord de la France.

Les scènes de combat dans les entrailles d'un paysage lunaire, dévasté par la fureur guerrière, constituent le fil du récit, tandis que les troupes canadiennes reprennent peu à peu le terrain cédé aux Allemands, et qu'Elijah s'enfonce dans une dépendance mortifère à la morphine et dans une folie meurtrière inextinguible. le roman observe ainsi avec une sagacité à la limite du supportable, l'horreur de la première guerre mondiale, cet enchaînement continu de bombardements, de combats au fusil, à la baïonnette et au couteau pour s'emparer des quelques arpents de terre qui séparent les tranchées des deux camps.

Et pourtant, « Le chemin des âmes » est aussi un roman ample et ambitieux dont l'objet dépasse l'aventure de deux guerriers indiens égarés parmi des visages pâles portant des casques à pointes.

En plongeant dans les souvenirs d'enfance de ses héros, l'auteur revient ainsi sur l'asservissement des tribus Cree ou Ojibwé par le colonisateur blanc, qui entend arracher les jeunes indigènes à leur culture d'origine en les plaçant dans des établissements où des bonnes soeurs acariâtres rivalisent de sadisme pour ré-éduquer les petits sauvages qui leur sont confiés.

Joseph Boyden revient surtout par l'intermédiaire du magnifique personnage de Niska, la tante de Xavier, sur la possibilité d'une survivance des traditions d'un peuple voué à la disparition. le second arc narratif de l'ouvrage, consacré au trajet en canoë de Niska et de son neveu estropié et drogué, enfin de retour en ce début d'année 1919, fait songer à « Dead Man », le très beau film de Jim Jarmush. L'amérindienne, qui a hérité du don de chaman de son père et le jeune soldat hanté par le fantôme d'Elijah vont remonter la rivière vers le nord de l'Ontario, et parcourront à leur manière « le chemin des âmes ». Tandis que les souvenirs de la grande guerre éclatent tels des grenades derrière les yeux enfiévrés de Xavier, Niska devra faire appel une nouvelle fois à la magie indienne pour tenter de sauver le jeune homme dont l'âme semble sur le point de rejoindre le Grand Esprit.

Si le roman raconte, avec une profondeur émouvante, le tragique de la guerre de tranchées qui ravagea le nord de la France, au travers de l'odyssée du solaire Elijah et du taiseux Xavier, sa beauté incandescente se niche dans le combat que mène envers et contre tout une vieille indienne pour perpétuer la spiritualité d'un peuple que les visages pâles ont tentée d'éradiquer à tout jamais.

« J'ai longtemps prié Gitchi Manitou cette nuit-là, puis le lendemain : je l'ai remercié d'être toujours en vie et pour la mort de mon ennemi. Depuis lors j'arrive à tuer en sachant que je ne le fais que pour survivre, et tant que je dis mes prières à Gitchi Manitou : il comprend. Mon ennemi, lui, ne le comprend peut-être pas quand je l'envoie sur le chemin des âmes, mais j'espère qu'il le comprendra le jour où je le rencontrerai à nouveau ».

PS : pour découvrir l'avis de Onee c'est par là :
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Prenez deux univers fictionnels que rien a priori ne semblait pouvoir rapprocher. Deux univers dont le potentiel romanesque reste immense malgré la profusion d'oeuvres déjà produites. Prenez, par exemple… la guerre de 14-18 (une énorme boucherie qui a taillé dans le gras de la pyramide des âges de la population française comme dans un vulgaire morceau de kebab, en tout cas, c'est de cette façon édulcorée qu'on nous l'avait présentée dans les petites classes), et prenez, tiens, pourquoi pas… les indiens d'Amérique (un peuple décimé et spolié de ses terres ancestrales par un autre, prétendument censé représenter la civilisation). Dans les deux cas, ces sujets charrient beaucoup de bagarres, de drames et de morts inutiles, et dans les deux cas, ils ont inspiré (chacun de leur côté) pléthore de récits, romans, films, bédés, qui font désormais partie de notre imaginaire. Ces univers en apparence disjoints n'ont aucun point d'intersection. Enfin, si… maintenant, il y en a un. Ce point commun s'appelle le Chemin des âmes de Joseph Boyden.

En 1916, deux indiens Cree, Xavier Bird et Elijah Whiskeyjack, font la guerre dans les environs de Saint-Eloi et d'Ypres, en Belgique. Enrôlés comme tireurs d'élite, ils se cachent dans les recoins improbables laissés par la dévastation des combats. Ils observent et déciment les tireurs à découvert du camp d'en face qui paient de leur vie un instant d'inattention. Ils participent également aux assauts dans les tranchées, aux corps-à-corps à la baïonnette, à la reconquête des collines et des cratères investis par l'ennemi.
Le lecteur est à leur côté, rentrant la tête dans les épaules au miaulement des balles et des éclats d'obus, éclaboussé par la boue, le sang et les morceaux de cervelle des camarades.

Mais ce livre est beaucoup plus que ça. Une histoire complexe entre Xavier et Elijah, qui sont amis d'enfance, se développe progressivement, mêlant admiration réciproque, jalousie et compétition. Leur histoire finira en tragédie indienne ressuscitant le mythe du windigo, qui n'a rien à envier à la tragédie grecque.
On sait dès les premières pages que Xavier, accueilli par sa tante Niska à sa descente du train, rentrera au pays. Xavier et Niska sont tour à tour les deux narrateurs du récit. Sur la route du retour en canoë qui durera plusieurs jours, la guerre est racontée à travers les souvenirs de Xavier, anéanti, qui semble se laisser mourir. Niska rappelle comment a évolué le destin de sa famille confrontée à l'arrivée des wemistikoshiw, des hommes blancs, et raconte à travers son parcours personnel celui des indiens de l'Ontario. Ses vieux trucs de sorcière parviendront-ils à faire revenir Xavier parmi les vivants ?

A travers tout ce qu'il évoque et dévoile sur cette période, le chemin des âmes est un immense et exceptionnel roman, mais c'est aussi un premier roman, qui l'eût Cree ? A lire d'urgence.
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J'ai accompagné Xavier à la lisière du chemin des âmes... Je les ai entendues murmurer leur ravage à son oreille, j'ai tremblé avec lui dans le fracas des armes, tellement fort qu'il en est devenu sourd. J'ai souffert avec lui. J'ai été dévastée devant la folie meurtrière d'Elijah, son ami. J'ai regretté le Canada, ses forêts sombres et ses animaux sauvages, la liberté de Niska, sa tante qui l'avait pris sous son aile.
Et Niska, justement, je l'ai admirée pour sa façon de vivre, libre et sauvage ; pour son refus de la Mort. Force de vie, elle est l'incarnation de la Déesse-mère qui fait fructifier ses petits et leur donne le courage de continuer.
La guerre des tranchées, en Belgique et dans la Somme, couplée à la chasse à l'orignal et à la magie de la religion des Indiens, forme un mélange détonant, hymne à la vie et à la mort.
Mais cessons d'évoquer cette histoire, car « évoquer sa mémoire ne ferait qu'inviter la tristesse et la tristesse, par ici, monte aussi vite que la pluie dans les tranchées, jusqu'à tout noyer. »

Ce roman, je l'ai donc aimé, mais pour ma survie, je suis contente de l'avoir refermé, il m'emportait trop loin et trop longtemps à la lisière de l'enfer.
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Assise dans le canoë je me suis laissée bercée par l'histoire de Niska. J'ai entendu sa voix susurrer par-dessus mon épaule. Bercée par le clapotis des flots je l'ai écouté me raconter son peuple, me dire la liberté, la communion avec les éléments, les légendes millénaires. J'ai senti le souffle de ses ancêtres, vu l'orignal, ressenti la peur inspirée par les wemistikoshiw (les blancs), enduré la souffrance du carcan qu'ils ont voulu imposer aux Cree, aux Ojibwés et à tous ces hommes qu'ils disaient être des sauvages. J'ai senti l'arrachement de ce peuple à la nature, à leur terre avec laquelle ils ne faisaient qu'un ; senti la pitié de Niska pour ces pauvres fous et ressenti la futilité de leur grand Manitou et de leurs croyances. Comment un tel mépris de l'autre et de la nature peut-il être imposé par un Manitou bienveillant ? J'ai senti la fureur et la colère gronder dans son coeur et sa volonté s'affirmer à mesure qu'elle se heurtait au mépris et à la suffisance des wemistikoshiw.

J'ai écouté Neveu (Xavier) me raconter la pêche, la chasse, l'instinct, les traques silencieuses. Je l'ai écouté me raconter l'amitié, la fraternité quasi fusionnelle avec Elijha ce frère de coeur, cet autre lui. J'ai ressenti la fêlure quand les wemistikoshiw ont exploité ses dons, ceux des sauvages. Ces dons qu'ils essayaient d'extirper de leurs corps et de leurs coeurs à coup de prières, de vêtements « civilisés », de cheveux coupés et de sévices. Instrumentalisé dans cette guerre qui n'est pas la leur Neveu se bat pour rester humain, pour rester digne et ne pas se perdre. Elijha lui, veut plus il veut être le meilleur chasseur, meilleur que les wemistikoshiw. Il veut être le plus grand chasseur des tranchées, alors il comptabilise les cadavres des fritzs pour prouver sa bravoure, quitte à se perdre.

J'ai vu la fêlure devenir fissure puis plaie béante dans le coeur de Neveu et d'Elijha. J'ai vu la puissante médecine des wemistikoshiw pervertir leurs coeurs, et détruire leurs âmes.

Niska ne sait pas ce qu'est devenu Elijha mais elle sait que Neveu est là et qu'il a besoin d'elle. Elle sait que la médecine des wemistikoshiw est puissante mais ce combat elle ne peut le perdre. Alors elle susurre à l'oreille de Neveu ses vieilles histoires, sa vie. Elle lui insuffle la force de ses racines de ses ancêtres. Elle invoque le lynx, l'orignal et l'ours parce que face à la folie, à la barbarie et à la boucherie de cette guerre il faut des êtres puissants et dignes.

Ce récit est comme un conte initiatique. C'est l'histoire d'un peuple meurtri qui inlassablement se relève, toujours digne. Derrière la plume de Joseph BOYDEN j'ai entendu en écho celle de Richard WAGAMESE. Même humanité, même magie.
Portée par les mots, submergés par eux, j'ai fait un voyage incroyablement triste et lumineux. Peu d'auteurs savent faire cohabiter la laideur et la beauté, la cruauté et l'humanité sans que cela sonne faux, mais ici le tissage des émotions et des sentiments est d'une rare beauté.
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En chroniquant un roman de Louise Erdrich, un nom est apparu au détour des commentaires, celui de Joseph Boyden. Coup de coeur de plusieurs amis sur Babelio, je n'ai pas longtemps hésité à me jeter sur ce roman dont le magnifique titre et la couverture pleine d'une douleur sourde et touchante me plaisaient.
Je referme ce livre et je me demande comment, face à un livre d'une telle qualité à la fois littéraire, émotionnelle et historique, je vais pouvoir trouver les mots pour rendre compte de mes émotions et dire combien ce roman m'a plu, émue, touchée, bouleversée.

*
Ce récit porte un regard intéressant sur un aspect de la Première Guerre mondiale que je ne connaissais pas. En effet, j'ai appris que des Amérindiens s'étaient portés volontaires pour combattre en Europe.
Nous sommes en 1919. Xavier Bird revient chez lui, dans l'Ontario, après plusieurs mois passés dans l'enfer des tranchées d'Europe. Parti avec son ami d'enfance Elijah Whiskeyjack, il revient seul, bien différent du jeune homme insouciant, robuste et confiant qu'il était auparavant : il est amaigri, malade, amputé d'une jambe et fortement dépendant de la morphine.

Sur le quai de la gare, sa seule parente encore vivante, Niska est là. Après un voyage de plusieurs jours en canoë jusqu'à la ville, la vieille indienne Cree pensait accueillir Elijah à la descente du train. Quelle n'est donc pas sa surprise de découvrir son neveu Xavier qu'elle croyait mort rentrer sans son meilleur ami.

« Où est-il ? Nous aurons passé toute la guerre côte à côte pour nous perdre aux tout derniers jours. Un obus est tombé trop près. Il m'a lancé dans les airs et, soudain, j'étais oiseau. Quand je suis redescendu, je n'avais plus ma jambe gauche. »

C'est un voyage de trois jours qu'ils vont entamer en redescendant la rivière vers la Baie d'Hudson pour retrouver leur terre, leur forêt, loin de la civilisation et des hommes blancs.

*
J'ai aimé la progression de l'histoire qui s'ancre à la fois dans le présent et dans le passé des deux protagonistes.
On suit le méandre de leurs pensées qui se croisent. A chaque coup de pagaie, le récit glisse dans le territoire des souvenirs de Xavier ou de Niska dans un fondu parfait qui permet de passer d'une histoire à une autre sans que le lecteur perde de vue l'ensemble.

Sous l'effet de la morphine, le jeune homme nous laisse voir sa vie avant la guerre, les parties de chasse avec son ami, l'expérience de la guerre. Les souvenirs le hantent, le tourmentent. La guerre l'a forcé à faire des choix pour survivre. Mais quelque chose s'est brisé en lui, son innocence, son âme d'enfant.

« Vous vous conduisez en lapins, l'heure est venue de vous conduire en loups ! »

Alors que les réserves de morphine se réduisent comme peau de chagrin, Niska voit son jeune parent souffrir et s'affaiblir. Craignant que plus rien ne le retienne à la vie, la vieille chasseuse de windigos essaie de l'amarrer à sa vie d'avant, à son histoire, à ses souvenirs heureux, à ses racines, en lui parlant l'histoire de sa famille, d'Elijah, de ses pouvoirs de vision et de guérisseuse transmis par son père.

*
L'auteur ne cherche pas les effets de style, au contraire. Sobre, sensible, mélancolique, poétique et d'une justesse parfaite, c'est par la simplicité que l'auteur a réussi à me toucher.

Campés avec autant de justesse, de profondeur que de tendresse, les trois magnifiques personnages de ce roman prennent vie et forme sous sa plume poétique. Plus vrais que nature, terriblement attachants, leurs personnalités se dessinent peu à peu. Si Elijah est désinvolte, intrépide et exubérant, Xavier est au contraire réservé et peu bavard. Quant à Niska, elle déborde d'un amour discret et bienveillant.

« Mon corps vibre à la douleur de Neveu ; à l'idée qu'il n'est rentré chez lui que pour mourir. »

*
Avec ce récit, le lecteur part à la découverte du peuple nord-amérindien des Ojibwa-Cree situé dans le Nord de l'Ontario.
A mesure que Niska se remémore son passé, on pénètre leur culture, leurs traditions, leurs légendes et leurs modes de vie traditionnels. Mais en même temps, on prend conscience des conditions de vie extrêmement rudes des peuples amérindiens subissant la domination des Blancs, l'auteur mettant l'accent sur la politique d'assimilation et de « civilisation » par l'éducation des enfants autochtones dans des pensionnats.

Le lecteur est aussi catapulté dans l'horreur des tranchées. L'auteur les décrit avec brutalité mais sans exubérance.
Les talents de chasseurs des deux jeunes indiens sont vite repérés par les gradés, des qualités utiles pour la guerre. A mesure que le ciel canadien s'assombrit de nuages et que le tonnerre résonne au loin, les souvenirs de Xavier reviennent auxquels les grondements des canons, le sifflement des obus, leur choc assourdissant et leur souffle meurtrier font écho. Entre peur et survie, absurdité et folie, douleur et fatigue, souffrance intérieure et mal du pays, les mots tombent, explosent, se fracassent, répandant chairs et entrailles sur le sol détrempé et crevassé, gorgé d'eau croupie et de cadavres en décomposition.

« Je glisse dans un demi-sommeil bizarre, couché là, sous la surface de la terre, parmi les morts. Je sais qu'ici, je suis en sûreté, que mon heure n'est pas venue de les rejoindre. »

*
« le chemin des âmes » est un roman choral puissant et poignant, violent et cruel, tendre et pudique qui évoque avec subtilité des destins brisés par la bêtise des hommes.
Il y a beaucoup d'amour, de tristesse et de souffrance dans ce livre. J'en ressors émue, conquise par l'émotion de ce récit aussi sombre et que lumineux. Ses personnages vont m'habiter pendant longtemps tellement j'ai aimé partager, au fil des pages, leurs vies, leurs joies et leurs souffrances, leurs doutes et leur honte.
Un roman passionnant, foisonnant.
Un très gros coup de coeur.
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