pbLes vrais durs - T. C. Boyle - Babelio
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EAN : 9782246855194
448 pages
Grasset (23/03/2016)
3.58/5   65 notes
Résumé :
Alors qu’il est en croisière en Amérique centrale avec son épouse, Sten Stensen, proviseur à la retraite et ancien Marine vétéran du Vietnam, tue à mains nues un des hommes qui s’apprêtaient à les détrousser. Retenu un temps à quai, il fait la Une de tous les journaux, mais ne tarde pas à retrouver avec bonheur et sans la moindre poursuite judiciaire le calme de sa vie californienne. Sara Hovarty Jennings est une jeune femme en colère. Elle vit seule avec son chien,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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Une histoire américaine, de courage, de maladie mentale et de complotisme.

Le roman commence lorsqu'un couple âgé est en croisière au Costa Rica. Près de Puerto Limon, une visite dans un parc est offerte. Ils partent en bus, mais le conducteur s'arrête dans un endroit isolé où des voleurs arrivent et exigent argent, bijoux et passeports. La réaction de Sten Stensen sauvera peut-être le groupe, mais non sans lui laisser quelques séquelles.

De retour chez eux, ils retrouvent leur fils Adam, affecté depuis longtemps par la maladie mentale. Cette fois, il s'est épris d'une femme « libertarienne » qui affirme n'avoir pas passé de contrats avec la Californie et qui refuse donc l'autorité de la police locale. Et bien sûr, la situation va dégénérer…

Un très bon roman, avec du suspens, mais aussi une analyse psychologique et sociale, car l'auteur a le talent d'amener le lecteur dans la tête de ses personnages, des américains qui ont chacun leurs parcours et leurs particularités.
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T.C. Boyle (Tom Coraghessan Boyle) est un écrivain et romancier américain né en 1948 à Peekskill dans l'Etat de New York. Depuis 1978, il anime des ateliers d'écriture à l'Université de Californie du Sud et vit près de Santa Barbara, dans une maison dessinée par l'architecte Frank Lloyd Wright. Il est l'auteur de plusieurs recueils de nouvelles ainsi que de nombreux romans. Dernier livre traduit chez nous, Les Vrais durs est paru en 2016.
Alors qu'il est en croisière en Amérique centrale avec son épouse Carolee, Sten Stensen, tue un petit malfrat qui tentait de détrousser leur groupe de touristes descendu à terre. de retour au pays, notre héros malgré lui n'aspire qu'à retrouver sa vie de paisible retraité sous le soleil californien. Pour son malheur, Sten a un fils, Adam, qui souffre depuis l'enfance d'une forme aiguë de psychose paranoïaque et délirante aggravée par les drogues, il se prend pour John Colter le célèbre trappeur (membre de l'expédition Lewis et Clark, qui avait pour but d'explorer les Montagnes Rocheuses) et ses ennemis sont les flics et les Chinois ! Pour envenimer les choses, le jeune homme s'est entiché de Sara - à moins qu'il ne soit tombé dans ses filets - de quinze ans son aînée. Sara vit seule avec son chien, et le reste du monde est son ennemi, ne reconnaissant pas les lois et les représentants de l'autorité fédérale. Adam et Sara contre le reste du monde, tout cela ne peut que mal se passer et sombrer dans la violence…
Un bon roman, mais… sur la forme on peut le voir de deux manières différentes. Contrairement à ses dernières productions, si le texte reste dense et le rythme rapide, la narration n'y est pas du tout éclatée, les faits s'enchainent logiquement et chronologiquement, le ton général y est moins virulent, bref on n'y trouve pas la démesure d'autres des romans de Boyle. Certains s'en réjouiront, d'autres le déploreront. C'est vous qui voyez, selon votre degré d'exigence.
Ce bémol évacué, TC Boyle nous plonge dans cette Amérique qui nous fascine autant qu'elle nous effraye (Comme dirait Jean-Paul Dubois, L'Amérique m'inquiète). Fascination devant ces gens qui au nom de la liberté individuelle vivent en marge de la société en s'exemptant de ses lois, inquiétude devant ces mêmes qui sont armés, seuls ou organisés en milices, prêts à survivre dans des bunkers en cas de fin du monde. Sara qui pourrit sa propre vie par son attitude devant les règlements de la société, Adam un cran au-dessus vit dans son monde intérieur, une folie qui l'aveugle et le rend d'autant plus dangereux qu'il est armé.
L'Amérique est devenue folle nous dit (et répète sans cesse) TC Boyle avec ce cocktail mêlant chez ses personnages, un doigt d'écologie, une dose de xénophobie, un soupçon de drogues et une large rasade de violence meurtrière.
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Très bon livre sur l'Amérique actuelle. TC Boyle a écrit là un de ces livres les plus puissants. Comme dans "Riven rock", il s'attache à décrire le processus de dissociation d'un jeune homme psychotique, et ses conséquences à la fois sur la société, et sur son entourage, parents et amis. Mais là où "Riven Rock " s'attachait à la prise en charge psychiatrique d'un héritier, au début du vingtième siècle, Adam, qui se fait appeler "Colter", du nom d'un trappeur célèbre, n'est pas vraiment évalué selon sa maladie. On lit ça et là que les parents qui l'ont investi ont bien chargé à le faire consulter des psy, par le passé, mais à la vue des problèmes massifs de ce jeune homme, vivant dans son monde, se pose la question du déni des troubles, et de la permissivité d'une société s'amalgamant à de l'indifférence, jusqu'au moment où la situation explose.
Il faut dire que la société actuelle, et à plus forte raison l'Amérique, se gargarisant de la liberté de chaque homme et du droit de s'affirmer, jusqu'à porter des armes de guerre, ne peut engendrer que l'indifférence, sous un vernis hypocrite de respect du droit de chacun à vivre selon sa guise. Adam, dans son image de "Stallone", ou plutôt de "colter", ce trappeur dont il imagine être la réincarnation, est en résonnance avec les mythes fondateurs de l'Amérique et de la frontière; en cas de crise, ce jeune homme survivrait là où les autres succomberaient, perdu dans la forêt primaire. Mais son délire qui pourrait être supportable à une autres époque où dans une autre situation, comme celle d'un corps d'armée, 'n'est plus adaptée à l'Amérique actuelle
On a fait le procés des institutions psy, "enfermant les hommes", mais ce roman dense pose la question de l'enfermement dans un délire paranoïaque, et le danger offert ainsi à la fois au malade, et à la population., en n'intervenant pas, en refusant de voir l'évidence.
Peu de livres sur la folie en tous cas sont si prégnants, et si vrais dans leur description clinique des troubles.
A comparer avec le tout excellent " le garçon boucher" de Patrick Mac Cabe, et "Dans la forêt", d'Edna O'Brien, deux romans Irlandais, des chefs d'oeuvre, sur la folie, et la conséquence sur leurs proches et la société.
. Et autant les questions qu'il pose. Depuis la publication de ce roman, Trump a été élu, puis est parti. Impossible de ne pas penser à ce cadre politique quand on lit ce livre, ainsi qu'à l'apparition des sectaires de qAnon, et des flippés du survivalisme.
J'ai avalé ce livre en quelques jours. Rien à jeter. L'auteur a du métier, du style, et sait mener son intrigue au mieux. IL parvient à créer une empathie avec tous les personnages qu'il dresse. On suit l'itinéraire des parents, qui jettent de loin en loin un regard sur leur fils, incapables de changer quoi que ce soit à son itinéraire, après avoir tenté de l'aider comme ils pouvaient.
le père est un ancien prof, ancien du Vietnam, maintenant retraité, aspirant à une vie paisible. le roman commence curieusement en Amérique centrale, où par pure réflexe cet homme va sauver les autres touristes de l'attaque d'un gang. Promulgué héros, sans qu'il l'est cherché, son image va ensuite se métamorphoser quand son fils va de plus en plus se perde.
Une sorte de raccourci métaphysique sur les hasards du destin et la fragilité des situations humaines, sur nos parts de responsabilités envers nos proches, et le storrytelling que la société construira, quoi qu'on fasse.
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Au terme de la lecture de ce roman, je m'interroge toujours sur le sens de l'introduction, qui constitue une histoire complète à part entière, semble déconnectée de la suite et avoir peu d'incidences sur les personnages, sauf au moment où Sten apprend le nom de celui qu'il a tué, certes en état de légitime défense, mais de façon exagérément brutale. L'émotion apparaît lorsque le nom est dit : il rend son âme et sa place dans la société à celui qui n'était qu'un corps anonyme.

Il y a peu d'émotions dans ce livre, mais des faits, une succession de faits et de descriptions des faits. le ressort intime des personnages - par ailleurs fort peu sympathiques - restera insondable. Emmurés dans des convictions inébranlables, portés par des valeurs dépassées, mus par une violence physique et psychologique sous-jacente rarement interrogée, ils ne sont plus que des marionnettes aux mains de leur instinct.

La critique relaie l'idée que l'auteur explore la psyché américaine et sa violence latente. Pour ma part, j'y vois surtout la description de faits divers, de personnages frustres - malgré leur position sociale - d'un jeune homme malade (schizophrénie ?) Adam, qui n'a pas reçu les soins appropriés à son état. Sa rencontre avec Sara (une marginale), sans être déterminante, lui permet de tenir dans la durée, jusqu'à sa course folle vers son destin, laquelle s'entrelace avec celle de Colter, figure mythique, trappeur de l'Ouest, sans doute le premier homme blanc à découvrir le Yellowstone et qui survécut à une célèbre coutume guerrière des indiens pieds-noirs, la "chasse à l'homme".


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Le préambule en Amérique centrale met en scène des retraités états- uniens en croisière : le ton est satirique, l'action mouvementée…
De retour au pays, Sten aura besoin de tout son sang froid pour affronter les épreuves que lui réserve son fils Adam.
En effet Adam, bien perturbé psychologiquement, a rencontré une libertaire inconditionnelle qui a des problèmes constants avec « les autorités ». de son côté, Adam voue un culte à Coster, légendaire trappeur contemporain de Buffalo bill. de là à vouloir jouer lui-même son western…
Bien que les personnages et leurs actions s'interpénètrent, on discerne en gros trois épisodes palpitants, vécus par le lecteur avec les 3 protagonistes principaux, et marqués chacun par une forme spécifique de suspens ;
- L'épisode Sten : on craint pour lui les suites locales d'une mésaventure qui le propulse sur le devant de la scène.
- L'épisode Sarah : on suit avec appréhension les conséquences de désobéissances civiles qui s'additionnent lui font adopter une conduite pleine de risques.
- Avec Adam, le suspens prend une autre dimension : son équipée à travers bois et forêts nous fait entrer dans le domaine de l'épopée.
C'est, à mes yeux, le mérite suprême de ce récit intelligent et bien agencé, qui entraîne le lecteur dans un tourbillon de violences. L'Amérique, en proie au racisme anti-mexicain et au délire sécuritaire, est passée du colt au fusil d'assaut.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Une fois de plus, il s'étonna que ces gens, cet endroit, existent indépendamment de lui et de tout ce qui composait son quotidien américain : comme s’il avait été aspiré hors de lui-même, spectre voguant à travers une réalité différente. Il tentait d’immortaliser cette ambiance avec son appareil photo, mitraillant avec zèle, mais ses clichés étaient éphémères, ses images se succéderaient sur un écran d’ordinateur, reliées à rien, et il savait que personne ne les regarderait jamais.
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Mais pourquoi Adam aurait-il eu envie de tirer sur un train ou de s’en approcher ? Sten ne connaissait pas la réponse, sauf qu’Adam avait la rage en lui et que cette rage devait trouver une cible, pour s’y frotter, la sentir, faire savoir au monde ce que c’était que d’avoir en soi une telle chose qui ne cherchait qu’à sortir. (…) La plupart d’entre eux réprimaient cette rage et affrontaient le monde, devenaient flics, prédateurs boursiers, militaires de carrière ou simples travailleurs manuels, alors que d’autres ne s’en défaisaient jamais et finissaient en prison, estropiés à la suite d’un accident de moto ou réduits en bouillie sur le bitume. Ou assassinés. Ils se faisaient tirer dessus.
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Quand, pour attraper la bouteille, il se pencha vers elle, et il dut quasiment l'enlacer, il sentit un infime pincement à l'aine, à droite : rappel de son mal au dos intermittent et des exercices que le thérapeute lui avait prescrits afin qu'il ne perde pas sa souplesse, des exercices qu'il avait négligés parce qu'il était en vacances, en croisière, et que tout ce qui semblait compter, sur un bateau de croisière, c'était manger et boire : on n'en avait pas pour son argent si on ne prenait pas de dix kilos et ne saturait pas son foie.
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Il n’y avait pas d’issue mais ça n’importait guère. Tu devais simplement être dur, fabriquer ta propre légende et advienne que pourra.

(Grasset, p.424)
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Alors, Sten revint à lui, mais il dut encore baisser les yeux car il ne pouvait permettre à cet homme (ni à lui ni à un autre, d'ailleurs) de le percer à jour, de voir ce qu'il était ou la façon dont cette affaire lui tordait les entrailles.
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Vidéo de T. C. Boyle
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