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Critique de purplevelvet


Un livre choisi par hasard tiens un Bradbury dont je n'ai jamais entendu parler...et pour la première fois, c'est une demie déception.

En fait le problème de ce livre vient du fait qu'il s'agit d'un recueil de nouvelles disparates, pour la plupart déjà publiés ailleurs, et qui ne veut pas se reconnaitre comme tel "la sorcière vagabonde", je l'ai déjà lu sous le titre "la sorcière d'avril" dans Les pommes d'or du soleil et aussi dans l'un des opus de la dimension fantastique au passage. Retravaillée pour être intégré à ce nouveau livre, la sorcière d'avril est devenue une sorcière de fin d'été, mais c'est exactement la même histoire: une femme qui prend possession à distance du corps d'une autre pour draguer un homme. La nouvelle originelle ne m'avait d'ailleurs pas plus emballée que ça, et se terminait en fin ouverte. Bradbury a donc décidé de récupérer cette histoire, plus quelques autres déjà parues dans "le pays d'octobre" (Oncle Einar) ou " à l'ouest d'Octobre" ( A l'ouest d'Octobre, le voyageur de l'Orient-Express) et quelques autres isolées, pour composer une Famille fantasque de morts-vivants, dont fait Partie Cecy, la sorcière, donc.
Dans un manoir lugubre qui s'est construit tout seul, Il y a donc Cecy, la femme qui passe son temps à dormir sur du sable dans le grenier, et prend possession de n'importe quel corps, ou plutôt investit la pensée de n'importe quel être vivant, du moment qu'il est situé dans un espace de quelques kilomètres carrés , autour de son grenier.
Il y a les parents, très grands et lugubre, le père dort le jour, la mère ne dort pas du tout.
Il y a "Mille fois trisaïeule", l'ancêtre, une momie rangée quelque part dans les combles.
Il y a l'oncle Einar, doté d'ailes vertes. Ce n'est pas un vampire, il pourrait voler de jour, mais préfère éviter pour ne pas se faire canarder aussi sec par les paysans de ce coin de l'Illinois nommé "Octobre".
Il y a aussi des fantômes, des cousins facétieux, une souris, une chatte et une araignée de compagnie.
Et Timothy, un enfant humain abandonné, recueilli par cette famille de bric et de broc.

Je l'ai déjà dis ailleurs mais je le redis, Ray Bradbury était un formidable conteur (EST, pardon, des fois que son fantôme vienne contester !). J'ai bien aimé certaines des nouvelles, celles qui ne mettent pas Cecy en avant , ce personnage m'ennuie profondément et m'est vraiment antipathique, dommage c'est un peu le personnage central. L'histoire de l'oncle Einar est excellente: un jour d'abus de boisson, il entre en collision avec un pylone électrique et détraque son système d'écholocation, et comme il ne peut plus voler de nuit, et ne veut pas voler de jour, ça créée des problèmes.
J'ai adoré la nouvelle du voyageur de l'Orient Express, parce qu'elle met en avant la lecture et l'imagination : (une infirmière en retraite rencontre dans le train un home qui parait mourant: il s'agit d'un fantôme, malade de ce que les gens ne croient plus au surnaturel. Il souhaite rejoindre l'Ecosse, le seul endroit sûr pour lui où il pourra trouver une mansarde à hanter. Mais pour celà il faut traverser le pays de Descartes! L'infirmière a une idée géniale pour requinquer son nouveau patient: lui lire des histoires fantastiques: Hamlet, Macbeth, le chien des Baskerville, la charrette fantôme, un conte de Noël...

Mais l'ennui c'est que l'auteur a voulu recomposer un roman avec ses nouvelles, qu'il a donc cousues ensemble un peu comme il a pu. C'était le cas pour les Chroniques Martiennes déjà .Et, contrairement aux Chroniques, ça n'est pas une réussite. le liant n'est pas toujours très convaincant, et le résultat a des allures de créature de Frankenstein ( vous me direz, pour une série de nouvelle autour des monstres et de l'idée d'Halloween...), cousue à la grosse ficelle. C'est vraiment, vraiment dommage. D'une part parce que Bradbury est tellement bon ( j'ai pensé à mettre le présent cette fois) dans le format court, que ses personnages de nouvelles ne gagnent pas forcément à revenir à plusieurs reprises. D'autre part parce que j'avais déjà croisé ailleurs certaines de ces nouvelles, donc, ça fait un peu réchauffé.

Dans la Postface, Bradbury indique que ces histoires d'Octobre sont le projet de toute une vie, il a mis 55 ans à les écrire, en se basant sur des souvenirs de sa propre famille . J'ai presque préféré cette anecdote en fait. Je le crois volontiers, et c'est triste de penser que le projet qui lui tenait le plus à coeur n'est pas une réussite. dommage encore une fois parce qu'il y a de très bonnes idées, une ambiance particulière une écriture souvent poétique ( un trait caractéristique de Bradbury, ça je ne l'avais pas dit je crois, mais il n'y a qu'à lire la liste des titres pour s'en convaincre, personnellement , rien que ses titres me donnent envie de me jeter sur le livre toutes affaires cessantes." Je chante le corps électrique", par exemple, je trouve ce titre absolument fascinant)
Vous mesurez à quel point ça m'ennuie de devoir être critique avec un auteur qui fait partie de mes favoris...

L'autre problème vient de l'édition française qui présente le livre comme un roman engagé, ce qu'il n'est pas! La politique n'a rien à voir là dedans, et la dictature mise en avant par la 4° de couverture n'est évoquée que de très loin.
Et en plus, nous propose une illustration de couverture totalement banale, façon " Bates Motel sous l'orage".

L'édition américaine était illustrée à la demande de Bradbury par un de ses bons copains, Charles Addams, le grand spécialiste en famille déglinguée.
Il devait avoir plusieurs illustrations, ce qui n'a pas pu se faire, Addams est mort avant que l'édition ne se concrétise. Imaginez un peu ça..
Lien : http://chezpurple.blogspot.f..
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