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EAN : 9782875230553
96 pages
Nevicata (01/04/2014)
4.17/5   9 notes
Résumé :
Le Rwanda sera à la une au printemps prochain. Pour une raison tragique : le vingtième anniversaire du génocide de 1994 qui ravagea le pays des mille collines et provoqua, au-delà des massacres, une profonde remise en cause de l'interventionnisme occidental dans l'Afrique des Grands Lacs et, dans l'ancienne puissance coloniale belge, un débat toujours pas refermé sur les responsabilités historiques des colonisateurs. L’Âme des peuples ne pouvait ignorer cette commém... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Colette Braeckman laisse ici de côté sa casquette de journaliste pour nous faire part de son expérience personnelle du Rwanda. D'emblée, elle avouera en toute humilité : « plus j'y vais, plus je sais que je ne sais rien. L'âme de ce pays m'échappe, sa vérité m‘est dissimulée. ». Embarras, malaise, pudeur qu'on comprendra aisément au vu de l'histoire récente de ce magnifique pays.

Braeckman retrace l'histoire de ce petit royaume à partir de la colonisation par les missionnaires européens qui – les premiers – feront une distinction entre Tutsis et Hutus, favorisant d'abord les uns pour ensuite privilégier les autres. Puis elle aborde l'ère de l'Indépendance et la mise en place des premiers massacres (1959, 1963, 1972), l'exil des Tutsis, avant d'en arriver à l'année 1994.

Braeckman n'explique rien mais donne les éléments essentiels de l'histoire et de la politique. Elle n'hésite pas non plus à dénoncer nommément les instigateurs du génocide, les intellectuels qui ont incité à la haine d'une façon ou d'une autre. Elle dénonce aussi l'aveuglement (mais est-ce le terme correct ?) de la France et de la Belgique dans leur soutien au président Habyarimana, ouvertement ethniste et raciste, la passivité (la complicicité ?) de l'Eglise catholique.

Outre l'aspect historique, Braeckman évoque comment l'appauvrissement de la langue rwandaise, le dépouillement de ses nuances et de ses subtilités a permis de manipuler les masses. Comment l'interdiction des chants et des danses traditionnels, … qui permettaient de libérer la violence guerrière de façon symbolique a mené au passage à l'acte et aux déchainements de barbarie … Comment tous ces sentiments (ressentiments ?) refoulés s'étaient finalement exprimés avec une violence aveugle.

Et je ne peux m'empêcher de penser au Rwanda d'aujourd'hui où il n'y a plus de mariage inter-ethnique, où d'ailleurs il est interdit de parler d'ethnies, où les témoins et les familles de victimes du génocide côtoient au jour le jour les coupables, leurs voisins parfois … Et je ne peux m'empêcher de craindre l'avenir.

Un complément indispensable pour celle ou celui qui s'intéresse au Rwanda, à la région des Grands Lacs. A lire en complément de « Petit Pays » de Gael Faye et de « Inyenzi ou les cafards » de Scholastique Mukasonga. Entre autre.
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Il y a vingt ans, en avril 1994, le Rwanda, pays des mille collines, est plongé dans un génocide qui marquera à jamais son Histoire. Colette Braeckman, une journaliste, tente de décoder les origines de ce génocide et de nous montrer la nouvelle facette du Rwanda.

Beaucoup d'ouvrages sur le Rwanda, et plus spécifiquement sur le génocide qui s'y est déroulé en 1994, sont sortis sur le marché du livre durant ces vingt dernières années. Les uns se voulaient être révélateurs d'une vérité cachée, les autres porteurs de témoignages pouvant effrayer le reste du monde. Dans ce petit livre, nous n'avons aucun témoignage mais un écrit qui se veut être objectif et qui décrypte le pourquoi du comment.

Nous visualisons le Rwanda d'avant, du pendant et d'après. Un Rwanda d'avant qui se basait sur des coutumes ancestrales et se référait à un roi choisi par les dieux.
Un Rwanda qui, pendant le génocide, est devenu le terrain de tueries sanglantes et inexpliquées.
Un Rwanda d'après qui a évolué en un rien de temps sous une poigne de fer, Paul Kagame. Un Rwanda qui veut faire table rase des différences entre Hutus et Tutsis mais où l'on peut encore ressentir des tensions cachées...

Dans ce livre, j'ai appris beaucoup de choses sur le Rwanda et pourtant j'y ai vécu sept ans. Comme le dit si bien Colette Braeckman, plus on y vit, moins on le comprend. Elle nous parle des coutumes, des langues, des habitudes de vie, etc. C'est très intéressant d'un point de vue ethnologique.

Ce livre ne jette que des bases – solides – sur le génocide rwandais. Mais il peut être destiné à la fois aux débutants en la matière et aux experts qui veulent remonter à la source. C'est une sorte de condensé de tous les écrits sur le génocide rwandais.

J'ai apprécié sa structure simple qui se lisait comme un petit roman historique. Les mots sont forts et restent gravés dans la mémoire du lecteur. On s'instruit et on s'interroge.

Une expression, jetée par Jean-Pierre Chrétien, m'a beaucoup chamboulée car je n'y avais jamais pensé : le génocide rwandais pourrait être qualifié de « nazisme tropical ». En effet, les rwandais se sont entretués et les Hutus voulaient exterminer, jusqu'au dernier, les Tutsis comme cela a été le cas pour les nazis avec les juifs.

Un petit livre qui pourrait éclaircir quelques idées aux adeptes de ce pays des milles collines, mais aussi des milles douleurs...
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Comment donner une critique sur un livre aussi complexe que le pays qu'il décrit ? le Rwanda, je le connais et je l'aime. J'y ai vécu les plus belles années de ma vie. La manière dont Colette Braeckman décrit ce peuple est tour à fait juste, dans ses bons comme dans ses mauvais détails.

A vrai dire, l'auteure résume qu'elle ne parvient pas à saisir l'essence même de ce pays. Je me suis longuement demandée si, pour connaître le Rwanda, ne faudrait-il pas être Rwandais ?

Je laisserai malgré tout un dernier propos négatif pour conclure cette certitude, tout comme Braeckman dans son livre, ce qui m'a dérangé. Ce pays a réussi à renaître de ses cendres, et certes, établit sa stabilité sur une dose de non-dit, mais reste un modèle pour de nombreux pays d'Afrique et même d'occident. pourquoi donc mettre le point final après une citation négative renvoyant à des prophètes mediuminiques dont la réalisation des prévisions est totalement scabreuse ?
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J'ai choisi ce livre dans le cadre de l'opération masse critique et je ne regrette pas.
J'ai beaucoup apprécié le regard que porte l'auteure sur le Rwanda. J'y ai appris énormément comme l'origine du nom Rwanda, ses coutumes, son peuple, ses danses (entretien très intéressant de Dorcy Rugamba). L'auteure essai (et réussit) à montrer les deux facettes de ce pays. On y voit le "pour" et le "contre". C'est très agréable et fluide à lire.

Malgré tout un des problèmes majeurs de ce livre est son nombre de pages (à peine 90!). Certains sujets auraient pu être plus approfondis. Bien qu'il ne s'agisse pas du sujet j'aurai aimé plus d'informations sur le passé du Rwanda qui pourrait apporter un meilleur éclairage sur ce génocide.

Mais je le recommande pour toute personne souhaitant s'informer sur le Rwanda.
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« Une nouvelle collection de petits livres ciselés. Des récits de voyage, des reportages soignés et de grands entretiens pour découvrir les nuances d'un pays et d'un peuple, pour en comprendre les ressorts profonds. Des auteurs aux regards originaux, nourris de leur familiarité avec un pays, sa langue, sa culture, sa géographie, son histoire, sa population. Parce que pour connaître les peuples, il faut d'abord les comprendre », telle est la façon dont se présente la collection « L'âme des peuples » des éditions Nevicata, qui consacre un premier opus au continent africain en choisissant le Rwanda et l'écriture de Colette Braeckman.
Lire la suite sur http://laplumefrancophonee.wordpress.com/2014/07/04/colette-braeckman-rwanda-mille-collines-et-mille-traumatismes/
Lien : http://laplumefrancophonee.w..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La communauté internationale refusa d’intervenir. Et en trois mois, un million de Tutsis furent massacrés. Les Hutus avaient bien « travaillé ». La transgression de toutes les valeurs était passée par un détournement sémantique, même les mots avaient été trahis. Les tueurs avaient qualifié leurs voisins de traîtres, de complices, de cancrelats et les avaient considérés comme un « ennemi intérieur ». Mais cet « ennemi intérieur », atrocement mis à mort, ne sommeillait-il pas en chaque citoyen ? N’était-ce pas l‘âme du Rwanda ancien qu’il s’agissait de bannir à tout jamais et d’offrir en sacrifice ? L’ordre symbolique d’autrefois, si longtemps déconsidéré, mis sous le boisseau, qualifié d’étranger, ne s’était-il pas vengé en surgissant dans le réel ? La violence guerrière, qui naguère s’exprimait dans le chant, la danse, la subtilité de la langue – des voies trop longtemps obturées – n’avait-elle pas explosé dans le passage à l’acte ? Le refoulé n’était-il pas revenu en force ?
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Pour franchir les barrières défendues par des jeunes qui hurlaient « A mort les Tutsis » et triaient les passants en examinant leur carte d’identité, les soldats belges chargés d’évacuer les expatriés – et eux seuls – tiraient en l’air. Lorsque les Casques bleus belges quittèrent l’ETO, l’Ecole technique officielle, où des milliers de Tutsis s’étaient réfugiés, ils lâchèrent des rafales pour forcer les désespérés qui s’accrochaient aux pare-chocs à lâcher prise. « C’est ici que j’ai laissé une partie de mon âme » dira plus tard l’aumônier des paras, le père Quertemont. Ces soldats s’étaient pourtant engagés à protéger les Tutsis qu’ils avaient amenés à l’ETO. Mais sur ordre de Bruxelles, ils abandonnèrent à la mort 2500 personnes. A l’extérieur de l’école, les Interhahamwe qui attendaient la curée poussèrent des cris de joie.
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Les filles tutsies s’avançaient. Nous admirions le modelé de leurs bras écartés, la longueur de leurs doigts, la finesse de leurs mains qui ondulaient au son de la musique. Tout en elles évoquaient l‘animal sacré, fondement de l’identité rwandaise, la vache Ankole aux longues cornes recourbées, au pelage soyeux, la vache que l’on caresse, que l’on respecte. Chaque animal possède son nom propre, plus de cent qualificatifs désignent la couleur ou le dessin des robes.
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Il me semble aujourd’hui qu’en plus de l’enchainement fatal des circonstances (la préparation matérielle, le conditionnement des esprits, la guerre, le rôle de la communauté internationale), ce crime absolu a été une sorte de paroxysme des manipulations de l’histoire, le prix maximal que le peuple rwandais a été obligé de payer pour sortir des chaînes de la domination coloniale et postcoloniale. Le génocide de 1994 fut un événement à la fois dévastateur et fondateur. Une table rase sur laquelle s’édifie désormais autre chose. Bien ou mal, mais autre chose.
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Nous ignorions que la langue rwandaise elle-même, ce kinyarwanda poli et enrichi par des générations de conteurs, de poètes de cour, d’historiens, avait été simplifié, sinon mutilé, privé de ses nuances et de ses subtilités.
Ignorance fatale. Durant des siècles, la danse, la musique, la « belle parole » poétique avaient été les arts majeurs du Rwanda, exprimant les émotions, les sentiments, transformant en beauté l’agressivité, le chagrin, la rancune. Au sein de la diaspora, cette culture était donc devenue un instrument de résistance : une manière de transmettre aux jeunes générations la connaissance et la flamme d’une tradition séculaire, mise sous le boisseau du pays d’origine. Car depuis l’accession au pouvoir des Hutus avec l’indépendance, seules étaient encore tolérées les danses venues du Nord. Piétinements et sauts de guerriers terriens, manifestation de force et de puissance. Quant aux femmes, encadrées par les religieuses et les ONG, elles se contentaient de broder des nappes et des serviettes vendues aux touristes. A l’intérieur des frontières, l’essentiel de la culture rwandaise était occultée, interdite.
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Video de Colette Braeckman (1) Voir plusAjouter une vidéo

Rwanda : la ségrégation
Historique sur le Rwanda. En 1973, des incidents raciaux font 300 morts. En juillet, un coup d'Etat militaire met de côté le Président KAYIBAMDA, et permet au major général Hutu, Juvenal HABYARIMANA, d'accéder au pouvoir. Images d'archives en couleurs datant de 1973. Interview de Colette BRAECKMAN , journaliste du quotidien "Le Soir", expliquant que la Belgique soutient le Rwanda. En 1979,...
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