Deux hommes, Hrafn et Egill. Deux femmes, Vigdís et Anna. Deux couples, Hrafn et Vigdís, Egill et Anna. Et un chien, Tryggur. Un désert noir, entre glacier et volcan.
Ils sont partis dans pour une randonnée au coeur de ce paysage sauvage et perdu, en une saison où les tempêtes de sables ne sont pas rares. Dans la nuit et dans le confort de leur voiture ils s'égarent et perdent la route, jusqu'à être brutalement arrêté par un violent choc, contre un rocher, au coeur de la nuit et du brouillard, au pied d'une maison aussi noire que le reste du décor. Une vieille femme vit là, avec un homme qui n'a visiblement plus toute sa tête. Ils ne semblent guère enchantés par l'arrivée de ces nouveaux naufragés mais les hébergeront tout de même.
Au lever du jour, il apparaît que la voiture est hors d'usage et qu'il n'y a pas de moyens de communication avec le monde civilisé. A peine arrivent-ils à vaguement situer où ils peuvent bien se trouver sur la carte devenue inutile. Remis de leurs émotions, les deux couples vont s'organiser pour pouvoir tout de même partir et retourner dans leur monde. Mais chaque nouvelle tentative se soldera par un échec et un retour vers cette maison perdue, vers ce couple bien secret dont on ne sait s'il est méfiant ou carrément hostile.
Le climat étrange devient de plus en plus lourd, oppressant et inquiétant. Chacun se retrouve petit à petit face à sa propre histoire, à ses propres peurs. Puis tout va basculer avec la découverte d'un "village" abandonné, construit non loin de là, sur les bords d'un barrage dont l'accès protégé reste bien difficile et dangereux.
Dans ce décor irréel, les rêveries les plus innocentes peuvent virer au cauchemar et les moindres évènements, les moindre accros au quotidien et à la raison, peuvent vite prendre des allures d'épais et menaçants mystères. le silence des grands espaces se peuple de bruits inquiétants, la nuit et la poussières d'images étranges...
Il y a à la fois quelque chose du conte cruel et du récit fantastique, et pas seulement du roman noir dans cette
excursion qui peut sans doute aussi se lire comme une allégorie de la folie de richesse dans laquelle l'Islande s'est embarquée il y a quelques années, jusqu'à se perdre. le prix de la richesse facile et des délires affairistes et financiers, sur les franges de la légalité, finissent toujours par se payer semble nous prévenir cette fable parfois effrayante.
C'est vraiment un curieux conte que
Steinar Bragi nous donne à voir et entendre, dont le scénario implacable, à la fois craint, prévisible et surprenant, nous plonge dans un monde énigmatique, inquiétant, suspendu entre réalisme et mythe réinventé.
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