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EAN : 9782359051445
160 pages
Ecriture (08/01/2014)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Élie Benarous, écrivain, rencontre Bernard Cisse, entrepreneur cousu d'or. Ce dernier est en train de créer une maison d'édition qui s'appellera Double-Cisse : il propose à Benarous d'en devenir le directeur éditorial.
Élie accepte et, alors que rien ne l'y préparait, se retrouve confronté aux aléas du métier : cohabitation difficile avec un patron aussi mégalomane qu'imprévisible, rapports conflictuels au sein l'équipe qu'il dirige, avalanche de textes illis... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'écrivain marocain Élie Benarous, honnête romancier qui connaît quelque succès, passionné d'art brut véritable, se voit courtiser assidûment par un extravagant autodidacte mégalomane, devenu nouveau riche grâce à ses boucheries prospères. On sait comment on l'affaiblissement mental rend malléable : dépression passagère après le décès de la mère, perte du goût de la nourriture et des choses, la galerie d'art brut va à veau-l'eau et la porte s'ouvre pour un opportuniste comme l'opulent boucher Bernard Cisse, qui se pique de littérature en apprenant par coeur les citations latines roses du dictionnaire. " - Est-ce que tu te rends compte Élie ? Diriger une maison d'édition...Une telle opportunité à ton âge, il faudrait être fou pour refuser, ce serait la consécration de tout ce que tu as fait jusqu'à présent." En acceptant de travailler pour la maison d'édition Double-Cisse financée par le parvenu – également versé dans le calembour facile –, Benarous entre dans un vrai cauchemar. On n'applique pas (on ne devrait pas appliquer) à la littérature les recettes pour réussir dans l'agroalimentaire. Même avec le renfort de millions pour s'entourer de personnes compétentes, on n'édite pas n'importe quoi, et surtout pas des livres racoleurs ni même des livres de cuisine luxueux qu'on vendra dans les boucheries... Puis il y a Chita – Conchita Martinez Y Gomez –, le bras droit comptable de Cisse, caricature des garçonnes fréquentant les cafés lesbiens à Paris dans les années 30, qui situe immédiatemment le malheureux Élie : En résumé, vous êtes l'idiot du village, un gentil neuneu qui n'effraie personne car il vous manque les indispensables coordonnées personnelles de journalistes réputés, votre couvert dans quelques dîners en ville et les relations mondaines nécessaires pour lancer un écrivain.

Mais bien entendu, pour Élie, il y a la bonne littérature, celle en laquelle il croit.

Raillant, drôle et parfois excessif, le récit de Émile Brami nous fait vivre l'histoire d'une maison d'édition née d'un caprice. La parodie est extrême au point que la multiplication des initiatives déplorables du ploutocrate parvenu conduit à une farce qui, à force d'être non crédible, pourrait faire oublier les dessous du monde éditorial qu'elle dénonce. Brami s'explique dans l'avertissement de cette fiction romanesque où il s'appuie sur la phrase de Pierre-Daniel Huet : "La fable représente des choses qui n'ont point été, et n'ont pu être; le roman représente des choses qui ont pu être, mais qui n'ont point été." Entre fable et roman, on ne doute pas qu'il ait fallu une bonne part de vécu (Brami est libraire et a été petit éditeur) pour griffer ainsi l'univers de l'édition. le narrateur de la fiction, auteur d'un premier roman Baby doll, est manifestement la transposition marocaine de l'auteur tunisien Brami qui écrivit Histoire de la poupée.

Le livre insiste sur des maillons moins connus de la chaîne du livre qui sont pourtant essentiels et coûteux : la distribution, où on entrepose et gère les stocks de livres, et la diffusion sans laquelle on ne vend pas, car c'est via ses agents - à convaincre - qu'un livre sera placé en autant d'exemplaires dans tel ou tel rayon de vente. On comprend que dans les tractations à ce niveau on est à mille lieues de l'homme inspiré devant sa page blanche. Alors que c'est quand même pour le travail de celui-ci, au final, que tout cela devrait fonctionner.

Si l'envie vous prend de dépenser vos économies dans la promotion d'auteurs prometteurs ou dans la recherche de perles rares, s'il s'agit de vous faire publier même, réfléchissez à deux fois avant de faire votre petit Actes Sud : Éditeur! vous met en garde...
Lien : http://www.christianwery.be/..
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Bien loin de son précédent roman " le baiser blanc ", Emile Brami nous propose un portrait du monde de l'édition sous la forme d'une grosse farce assez savoureuse.
Elie Benarous, écrivain talentueux mais méconnu, vivotant grâce à une galerie spécialisée dans l'Art brut, se retrouve harcelé par un admirateur richissime et grotesque, un dénommé Bernard Cisse, créateur d"un empire alimentaire démarré à partir d'un pâté en conserve immonde. le puissant industriel, veut diversifier son activité en créant une nouvelle maison d"édition et nomme à sa tête notre pauvre écrivain. Habitué à diriger tout, à ce qu'on lui obéisse au doigt et à l'oeil, il va faire appliquer ses méthodes de nouveau riche et ses goûts de beauf dans le milieu ultra codé du monde de l'édition. Installé avenue Foch dans un luxueux appartement clinquant et entouré d'une bande improbable de directeurs littéraires ou financiers, le pauvre Elie va vivre deux années absolument insupportables...
Visiblement Emile Brami connaît bien ce qu'il décrit ayant lui même participé à la création d'une maison d'édition. La caricature est savoureuse, drôle et bien vue et bourrée sans doute de souvenirs personnels. Par curiosité, j'ai navigué sur le site de la maison d'édition de "L'éditeur" chez qui il fut directeur éditorial. Je n'y ai pas trouvé des titres aussi ringards que "Emile verra Rennes" ou "Quatre balles dans le Dubuffet".... Par contre, il semblerait que les magnifiques bureaux aux tentures rouges décrits dans le roman viennent bien de là et il y a bien eu quelqu'un pour demander haut et fort le jour de la fête de lancement si c'était une maison d'édition ou un lupanar (Eric Naulleau, pour ne pas le citer).
Bien troussé, agréable à lire, "editeur!" est une jolie friandise qui saura vous détendre entre deux romans plus plombants. Cependant, avant d'en terminer, je voudrai citer quelques lignes de ce roman. Emile Brami, qui brosse vraiment un sacré portrait de l'édition d'aujourd'hui, n'épargne personne dans son jeu de massacre, y compris les blogueurs qui sont présentés ainsi (page 58 )
La fin sur le blog
Lien : http://sansconnivence.blogsp..
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critiques presse (3)
Lexpress
12 février 2014
Fort de son expérience dans l'édition, Émile Brami signe là un petit livre drôle et dénué de toute aigreur sur le monde de l'édition.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Actualitte
28 janvier 2014
Un roman ambivalent, où l'on rit franchement à certains moments (l'épisode sur le salon du livre est assez hilarant) mais qui ôte toute illusion au lecteur, lui-même étrillé dans ce processus de désacralisation du monde littéraire français.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Bibliobs
09 janvier 2014
Faut-il lire sa satire comme un règlement de comptes? L'auteur proteste [...]. Ce roman décapant mérite aussi le détour pour ce qu'il dit des coulisses de l'édition contemporaine.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Le principe est simple : qui connaît son alphabet sait, peut, doit écrire et, pour reprendre le vieux mot de Lacan, n'a à s'autoriser que de lui-même. Sauf que chacun se raconte à plat: «Ceci est une pomme, une pipe, une vie et rien de plus», toute pudeur oubliée, dans un ennui accablant, sans le style qui permet tout ni la distance et la transposition indispensables pour, en sublimant la réalité, faire parfois une œuvre d'art.
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"Sur le net, soi-disant écrivains et pseudo-critiques pullulent. Dans ce gigantesque Café du commerce où chacun est certain d'avoir son mot à dire, les blogueurs, sans autre légitimité que celle qu'ils s'arrogent, dont la parole ne vaut ni plus ni moins que celle du consommateur qui donne son avis accoudé au comptoir, fabriquent de la monnaie de singe avec l'espoir de la voir convertir un jour en espèces sonnantes et trébuchantes. Ils rêvent d'échapper dès que possible à l'espace virtuel qui les aura fait connaître pour revenir à la réalité, d'être enfin imprimés sur du bon vieux papier, que les billets de Monopoly accumulés sur la Toile se transmutent, même à perte, en euros."
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