Quelle chance ont les acteurs! Ils peuvent choisir de jouer dans une tragédie ou une comédie, de souffrir ou de rendre heureux, de faire rire ou pleurer. Mais dans le monde réel, les choses sont différentes. Il n'y a pas de choix possible. Le monde est une vaste scène, mais nous ne pouvons y jouer d'autre rôle que celui qui nous a été attribué.
Nous détestons parfois ce que nous aimons le plus.
Et nous nous détestons d'aimer ce que nous ne devrions pas aimer, d'aimer ceux que nous savons indignes de notre amour.
Je suis le prince de la procrastination, dit-il.
C'est un péché qui me guette sans cesse. Je ne remets jamais au lendemain ce que je peux faire... Le surlendemain.
-Qu'est-il advenu de votre envie d'huîtres et de champagne?
-C'était il y a un quart d'heure et nous nous trouvions au sud de la Tamise. J'ai changé d'avis depuis. La constance, comme vous le savez, est l'ultime refuge de ceux qui manquent d'imagination.
— Il avait la beauté de la jeunesse. Et j'ai une passion pour la beauté. Comme Wordsworth, comme Robert. Comme vous-même, docteur, j'en suis sûr. La poésie est «l'afflux spontané de sentiments puissants». Une passion pour la beauté n'est rien d'autre qu'un désir sublimé de vie.
[ le docteur à qui s'adresse Oscar Wilde est Conan Doyle ]
[ la phrase entre guillemets est de Wordsworth ]
L'esprit n'est pas un appareil photographique mais un pinceau d'artiste. Il n'enregistre, hélas, aucune image. Il peut seulement se rappeler la couleur du jour, l'impression de l'instant. Quant aux détails, ils disparaissent. C'est un instrument adapté aux peintres et aux poètes, mais de bien peu d'utilité pour le détective !
Il y a bien des choses que j'ai oubliées, et bien d'autres dont j'aurais préféré ne pas me souvenir.
Il baissa les yeux sur son costume funèbre.
- C'est aujourd'hui mon anniversaire, Robert, et je porte chaque fois le deuil d'une année de ma jeunesse disparue dans le néant. Je pleure mon été qui peu à peu se fane... Tempus fugis irreparabile !
La nuit, les chandelles qui vacillaient aux fenêtres et les becs de gaz accrochés aux façades faisaient de la pauvreté un conte de fées, transformaient l'alignement de banales maisons en une rangée de cottages tout droit sortis d'Hansel et Gretel.
Tandis qu'il se tenait là, lourdement chargé, nous saluant et nous souriant, il émanait de lui une assurance et une droiture évidentes. Au cours de mon existence, j'ai rencontré beaucoup de personnages remarquables, des poètes, des pionniers, des soldats, des hommes politiques, mais j'en ai connu peu de meilleurs et aucun de plus franc qu'Arthur Conan Doyle.