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EAN : 9782915018813
256 pages
Quidam (07/01/2015)
3.78/5   16 notes
Résumé :
Elles sont le plus souvent seules, fragiles, à bout de nerfs ou sous influence et, à la quarantaine, mélancoliques voire désespérées. De Beverly Hills aux appartements anonymes de quartiers déclassés, parfois filles-mères, elles fréquentent les Alcooliques Anonymes, se confrontent à l'irréparable ou attirent des hommes qu'elles auraient mieux fait d'éviter.

En une langue sensuelle et luxuriante, Bleu éperdument raconte l'abîme intérieur de quelques fe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Sur la côte californienne, le bleu intense de l'océan et le vert luxuriant des collines sont les couleurs tropicales qui dévorent les femmes issues du recueil de nouvelles de l'auteure américaine Kate Braverman.
11 portraits de femmes entières et insoumises jugées excentriques mais souvent incomprises. Des portraits sombres, parfois douloureux quand c'est l'enfant qui prend conscience tardivement de l'amour défunt de son père ou de sa mère. "Bleu éperdument" et "le crépuscule des pères" m'ont ainsi particulièrement touchée.
Dans ce recueil, les hommes sont présents mais ils restent isolés car profondément meurtris par la guerre.
A l'aube de la quarantaine, tenaillées par la peur de vieillir et confrontées à la solitude liée à la création littéraire, ces femmes se tiennent dangereusement au bord du précipice, prêtes à tout, du meilleur comme du pire.
Femmes blessées et vulnérables, elles combattent l'emprise de l'alcool et osent en parler sans tabou.
Elle ne sont pas pour autant dénuées de lucidité, et voient dans le noir de la nuit, une couleur libératoire "C'est dans les ruines de ces ténèbres que l'on absout ceux qui nous aiment si mal. Dans ces ténèbres où nous jouissons d'une connaissance absolue de nous-mêmes, nourris des profonds chagrins du passé, lumineux sans les étoiles".

L'écriture est âpre et sans détour dans la description très réaliste des sombres évènements mais aussi lestée d'une grande tendresse quand l'auteure évoque les rapports filiaux très présents dans chacune des nouvelles.
J'ai aimé les références aux poétesses américaines comme Sylvia Plath et Anne Sexton aux destins fascinants et pourtant si tragiques.

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On ouvre ce recueil de nouvelles avec une femme qui se souvient de la petite fille qu'elle était et de sa mère, poétesse l'ayant éduqué de « façon excentrique selon une méthode de son cru ». On poursuit avec Erica et sa fille Flora, l'année de Tchernobyl, s'ennuyant à mourir au cours d'un hiver pluvieux. Puis on croise le chemin d'une écrivaine cocaïnomane harcelée par un type dont la toxicité s'avérera bien supérieure à celle de la drogue. Il y a aussi dans ce recueil Joan Moore, fêtant son quarantième anniversaire à Hawaï et bien décidée, enfin, à quitter son mari, Laurel Sloan, qui repense aux années d'université où elle écoutait Dylan à plein volume, Suzanne Cooper, fraîchement divorcée et en pleine reconstruction ou encore Jessica, aussi riche que désoeuvrée…

Des portraits de californiennes au bord du précipice. Des femmes seules, désespérées, neurasthéniques, fréquentant les Alcooliques Anonymes. La mélancolie suinte à chaque page, les illusions perdues ne faisant qu'attiser les regrets. L'héritage des années hippies a laissé chez beaucoup de douloureuses cicatrices qu'elles traînent comme un boulet alors que le 21ème siècle approche à grands pas.

Ça pourrait (ça devrait même) être totalement plombant si la langue de Kate Braverman n'était pas aussi belle. « Sensuelle et luxuriante », précise la 4ème de couverture, j'avoue que ce n'est pas faux, même si c'est finalement beaucoup plus que ça.

Un magnifique recueil et, pour l'amateur de nouvelles que je suis, la découverte d'une voix envoûtante.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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« Bleu éperdument » retrace la vie de femmes vivant ou ayant vécu à Los Angeles à l'aube du deuxième millénaire et qui ont toutes en commun un passage par les Alcooliques Anonymes pour s'extraire de la dépendance à l'alcool ou à la drogue.
Ce livre, que j'avais cru être un roman, est en fait un recueil composé de onze nouvelles.
J'avoue avoir eu beaucoup de mal à comprendre la structure du livre, cette succession d'histoires avec comme uniques fils conducteurs, les AA et les dépendances.
Est-ce la traduction, l'écriture de l'auteure elle-même, le fatalisme de ces héroïnes… ou alors me manquait-il d'être également dans un état de dépendance pour comprendre ce que Kate BRAVERMAN essaie de nous transmettre ?
« Bleu éperdument » est une histoire de couleurs : l'auteure cite, il est vrai, toutes les « Nuances de Bleu », mais pas que : toutes les couleurs y passent ! C'est l'overdose!
Seul le contraste du noir et blanc des pages imprimées ramène à plus de sobriété...
La lecture est loin d'être aisée et fluide. Il faut lire attentivement, voire relire, voire faire une pause pour comprendre le sens de la phrase et espérer arriver à entrapercevoir ce que l'auteure a voulu dire.
Les mots sont parfois mis bout à bout pour obtenir un bouillon de complexité grammaticale dénué de sens.
En résumé, la lecture de ce livre a été longue, très souvent interrogative et finalement ennuyeuse.
Je n'ai pas apprécié « Bleu éperdument » et pourtant je suis habituellement « bon public ».
Ce livre promettait d'être la mise en exergue de tranches de vie humaines, intenses et profondes ; il n'a été que le récit de la déliquescence de la vie de ces femmes.
Heureusement d'autres que moi y ont visiblement trouvé un sens…Vive la diversité !
Pour ma part, je passe mon tour sur cet ouvrage.
J'ai lu dans le cadre de l'opération Masse Critique et j'en profite pour remercier par la présente critique Babélio et Quidam Editeur.
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Portrait de femmes américaines à Los Angeles et Hawaii. Des femmes tristes, addicts, des enfants négligés, des hommes qui leur font souvent plus de mal que de bien.

Bleu éperdument est un ouvrage qui compile des nouvelles originellement publiées dans deux recueils. Chacun de ces textes est centré sur une femme californienne qui raconte sa vie (ou du moins un épisode de celle-ci) : la petite amie d'un musicien raté agacé par le bébé auquel elle vient de donner naissance, la fille d'une poétesse morte d'un cancer, l'alcoolique qui tombe sous le charme d'un dealer… L'écriture de Kate Braverman est très réaliste, souvent extrêmement juste, mais non dénuée de poésie.

Mais le recueil est mal conçu : les thèmes des différentes nouvelles sont trop similaires. La construction des textes, leurs intrigues sont assez répétitives. Thèmes, lieux, évènements… sont très semblables. Les personnages se ressemblent tous, sans pour autant avoir de lien. Et si certaines nouvelles se détachent, comme la très belle et cruelle Nuit païenne, on finit par se lasser.

Un recueil inégal et trop long.
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La langue est envoutante.

J'aurais du mal a réellement parlé de ce recueil mais au moins il y a cela, une véritable ambiance qui se crée, ce bleu et ce vert qui sont autant de prison, ces lumière rose et jaune de fin d'aprés-midi parfumés d'alcool.

D'une nouvelle a l'autre, Kate Braverman décline un portrait de femme, toujours la même. Enfin non, jamais la même.
Une palette de possible, regardé avec des angles différents, a des moments différents. Multiplication d'une image.

Certains texte m'ont davantage plu, mais aucun ne m'a vraiment déplu. C'est un recueil sensible, qui écorche un peu, en équilibre au dessus de l'effondrement.

L'écriture est en suspension entre ciel et terre.
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Elle tente d’élucider pourquoi tant de poètes américains se sont auto-détruits et ce que cela révèle de notre société. Elle a choisi Hart Crane, Anne Sexton et Sylvia Plath comme exemples. Entre-temps, elle doit mélanger de la farine et de l’eau afin d’obtenir une pâte pour les collages de Flora, des photographies découpées dans des revues que la petite plaque ensuite sur du papier gris cartonné. Entre-temps, Erica doit changer sa fille, trouver un chandail, une deuxième et une troisième paires de chaussettes montantes. Elle doit lui brosser les cheveux et les dents, aussi.
Erica songe à Hart Crane sautant d’un navire au large de Cuba. Elle voudrait soudain s’agenouiller et prier pour les poètes. Elle imagine leurs visages immaculés ravagés, des colliers de lunes mises à sac, des chicots noirs en guise de dents. Les poètes, ces collections de croissants de lune et de bandages inutilisés, d’images confuses et d’adieux éprouvants. Qui portent des camées vénéneux. Qu’accompagne la prophétie de ponts et de trains lointains.
Flora lui tire la manche. Lui demande de changer les habits de sa Barbie. Erica s’échine à glisser le bras de la poupée dans le vêtement miniature. Puis Flora veut de la glace. Erica lui dit d’aller la chercher toute seule.
— Je suis trop petite pour l’attraper, explique Flora.
Elle reste patiente.
— Prends une chaise, crie Erica. Utilise tes deux mains.
Elle n’arrête pas de dire à Flora d’utiliser ses deux mains. Possible que la symétrie ne soit pas un phénomène naturel. Qu’elle relève, somme toute, de l’acquis.
— Je ne peux pas, concède Flora. Je ne peux pas, c’est tout.
Elle a l’air surprise et apeurée. Elle se met à pleurer.
C’est plus tard, bien après la crème glacée. Erica boit de la vodka russe pure. Elle soupire. Elle se dit souvent que le seul moyen de se réfréner serait qu’on la capture et qu’on lui couse la bouche. Quatre mois plus tard, quand elle apprend que le réacteur nucléaire de Tchernobyl a fondu, son premier réflexe est d’écumer les magasins de Cotati pour se constituer un stock de vodka russe. Juste au cas où la contamination de l’eau ou de l’air en Russie aurait une incidence sur les exportations d’alcool. Juste au cas où ils cesseraient d’en produire. (« Blues d’hiver »)
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J'ai douze ans et je suis dans le séjour, chez Roxanne Cohen. Je sais qu'il est risqué de se trouver dans la même pièce qu'eux. Il y a quelque chose d'affreusement défectueux chez ces pères. Ils ont cicatrices et des tubes. Ils sont difformes et couverts de bandages, brisés. On leur a enlevé les cordes vocales. Leur squelette s'effondre. Ils ne peuvent pas marcher, ne peuvent pas respirer, ne peuvent pas se laver seuls. Et les mères sont absentes. Nous avons appris à traîner le plus longtemps possible dehors. Nous jouons sans bruit dans les halls et les buanderies le long de l'allée principale. Parfois on se faufile dans un garage resté ouvert. Sur le sol en ciment nous jouons aux osselets et à la Barbie. Mais ce jour-là il fait trop froid. C'est sans doute l'hiver. Il pleut. Voilà pourquoi je suis chez Roxanne Cohen, dans leur salle de séjour. Les persiennes lacèrent l'air, gris et austère. La lumière est allumée.
(Dire ce qui est)
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Il y a un bruit sec non identifié puis les lumières s’éteignent. Plus d’électricité pendant six jours. Et plus de bois de chauffage. Elle reste assise, seule, dans le noir.
Erica pense aux vies des poètes américains de ce siècle. Ils sautent depuis des ponts et des navires. C’est un mois de janvier élastique, un mois de janvier tissé d’inventions dissolues, de deuils perpétuels et d’amulettes. Les poètes enfoncent leurs têtes dans les fours. Attirés qu’ils sont par le pouls de la flamme bleue. Leurs crânes sont des plazas de chagrin et de pourriture. Ils ont au fond des yeux des entrepôts et des jetées. Il y a le déchirement atroce du coeur au moment de partir. Puis ils s’enquillent du monoxyde de carbone par la bouche. N’ont de cesse de tomber malades sous l’évangile fielleux de la lune. C’est une saison de crimes. Ils portent leurs pathologies comme on porte des guirlandes, des colliers de fleurs de frangipanier. Ils tournent en rond dans les centres commerciaux. Ils sont en quête de quelque chose d’inéluctable et n’ont jamais la moindre certitude. Alors ils font de leurs enfants des orphelins. (« Blues d’hiver »)
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Elle resta un moment assise dans sa voiture. Le ciel semblait étrangement bleu, comme esquissé dans la teinte du radium ou de substances narcotiques. Ou bleu de Chine, peut-être. Était-ce une couleur? Le bleu de la mer de Chine? Le bleu du Vietnam. Quand il évoquait l'Asie, elle imaginait ce bleu, embrasé par une fièvre ancestrale, des ponts en ruines, la récolte engloutie dans des flammes bleues.
(Tu veux que j'te raconte le Mékong ?)
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Entrais-je le matin dans la cuisine, vêtue de mon uniforme rassurant, c’était pour trouver ma mère plantée près du four, en robe de chambre, l’air ailleurs, fumant cigarette sur cigarette. Des plateaux de cookies refroidissaient sur le plan de travail. En général, il n’était pas rare qu’elle passe la nuit à en préparer, juste avant de céder à nouveau à la tentation de boire. Et durant des semaines, voire des mois, c’en était fini des cookies. Ma mère était occupée à picoler, la porte de sa chambre verrouillée, une bouteille de vodka sur sa table de chevet. La radio diffusait les Rolling Stones ou les Eagles.
Puis, tout à coup, les cookies réapparaissaient par plateaux entiers ou enveloppés dans du papier aluminium et empilés. Elle reprenait les réunions et observait les trois premières étapes. Elle admettait avoir perdu la maîtrise de sa vie. Elle priait pour qu’une puissance supérieure à sa personne lui rende la raison. La troisième étape lui donnait du fil à retordre, car il lui fallait confier sa volonté et sa vie aux soins de Dieu tel qu’elle le concevait. L’ennui, c’est que ma mère ne concevait point Dieu. (« Bleu éperdument »)
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