Engagé à gauche, mais critique du régime d'Allemagne de l'Est, le dramaturge allemand Bertolt Brecht, traverse un demi-siècle d'histoire allemande et propose un théâtre marxiste qui fait réfléchir le spectateur sur sa condition.
Pour comprendre l'influence qu'a eue la Première Guerre Mondiale sur Bertold Brecht, Tiphaine de Rocquigny reçoit Irène Bonnaud, metteuse en scène et traductrice, et Hélène Camarade, professeure en études germaniques à l'Université Bordeaux-Montaigne, spécialiste de la résistance allemande et de la mémoire du national-socialisme.
#economie #histoire #bertoltbrecht
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Bertolt Brecht
Jean-Marie Valentin (Éditeur scientifique)/5 7 notes
Jean-Marie Valentin (Éditeur scientifique)/5 7 notes
Résumé :
Brecht est l'auteur qui a voulu réconcilier le théâtre avec la modernité. Sa théorie d'une esthétique de la "distanciation" cherche à ouvrir la scène aux dimensions du monde moderne. Contre une esthétique naturaliste qui emprisonne le personnage dans un milieu et une psychologie donnés, contre une esthétique expressionniste qui, elle, donne trop de prééminence au sujet, Brecht prône une esthétique de la "distanciation" qui instaure un rapport dialectique entre la sc... >Voir plus
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Le mode de travail capitaliste de la littérature dramatique contemporaine a amené les dramaturges à chercher seulement quels sujets (actions, milieu) intéressent la société, et à s'occuper ensuite essentiellement de la FORMULATION. Naturellement, c'est tout à fait dans l'intérêt de la société ; il y a donc déjà longtemps que s'est consolidée dans l'opinion publique la conviction qu'il s'agit davantage du « comment » que du « quoi ». Comme, la plupart du temps, le « comment » est très mauvais, les gens de progrès mènent ici un combat acharné pour la qualité. Ce combat les accapare totalement. Donc, selon le point de vue qui règne aujourd'hui, tout processus est intéressant « en soi » (tout dépend seulement de la façon de le représenter). Ce point de vue est renforcé par les efforts de la partie la plus avancée de nos gens de théâtre pour rendre intéressantes certaines actions classiques inintéressantes « en soi », en révélant leurs rapports avec notre temps. »
Fondée sur l'oppression, la bourgeoisie toute entière n'a pas eu la possibilité par le passé (elle ne l'a pas plus aujourd'hui) de concevoir ne serait-ce qu'UN seul projet libre. Elle ne disposait d'aucun moyen pour repérer une situation vraiment tragique, car son univers était entièrement régi par de vulgaires lois économiques. Le tragique, c'était pour elle ce reste de douleur que l'ordre social existant – qui se doit bien entendu de passer pour meilleur – ne parvenait pas à écarter et qui lui semblait donc un mal incurable, éternel, un arrêt du destin. Il y avait beaucoup de tragique dans cet ordre du monde qui n'existait que dans l'infiniment petit.
Car toutes les percées, toute émancipation par rapport à la nature dans la production, entraînant une transformation de la société, toutes ces tentatives dans des directions nouvelles, que l'humanité entreprend pour améliorer son sort, nous inspirent – que les littératures les dépeignent comme des réussites ou des échecs – un sentiment de triomphe et de confiance, et nous procurent cette jouissance causée par les possibilités que toute chose a de changer.
Analyser la fable et la transmettre par les distanciations appropriées, voilà la grande affaire du théâtre. Et le comédien ne doit pas tout faire, encore que rien ne doive être fait sans référence au comédien. La « fable » est analysée, produite et donnée par le théâtre tout entier : comédiens, scénographes, maquilleurs, costumiers, musiciens et chorégraphes. Tous associent leurs arts pour l'entreprise commune, sans toutefois renoncer à leur autonomie.
Nous avons vu dans l'auteur de "Michael Kramer" un talent à l'œuvre qui considérait certaines imperfections d'ordre social comme des problèmes insolubles, éternels, propres à la nature humaine. Sans le savoir, il exerçait ainsi une fonction particulière dans la société en ce qu'il empêchait l'homme de changer les conditions mêmes de ce « tragique ».
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