Il était honorable en ces temps-là de fumer une Gitane avec son whisky et de lire le Nouvel Obs. Ce magasine avait une experte en psychologie sociale du nom de
Claire Bretécher, et s'il y a un traité sur la relation médecin-malade qui passe les modes, c'est son grand oeuvre,
Docteur Ventouse Bobologue. Bretécher a observé par-dessus nos épaules quelques ruses et vilénies bien tentantes. La réponse sadique à l'hypocondriaque : « Symptômes. Début des symptômes page 12. Examens de laboratoire, radios, tomos, électros, divers. Traitements. Complications dues aux traitements, traitement des complications […] Et selon vous cette histoire finit comment docteur ? Vous mourez péniblement sans jamais savoir la vérité ». La contrition pour l'hypocondriaque mâle : « C'est comme une douleur sourde au plexus mais ça fait le tour jusque dans le dos, ça irradie dans le ventre et parfois ça porte au coeur. Déshabillez-vous, vous pouvez garder votre culotte […] Prenez une date fourrée. Non merci, je ne… Prenez une datte fourrée vous dis-je... c'est l'élément humain ! » le beau cas : « Le syndrome de Spinne-Decke c'est quoi au juste ? le syndrome de Spinne-Decke ? tu n'as qu'à lire ma thèse, mes innombrables communications traduites en 12 langues, mes papiers hebdomadaires dans The little psychiatrist ». le traitement radical du Sida (indescriptible, nous sommes en 1985). L'objectivation du regard : Ventouse examine sa patiente sous tous les angles. Sa secrétaire la reconduit et conclut « Exactement ce genre de pouffe qui vous fait de l'effet » et Ventouse se précipite à la fenêtre. La consultation pour un tiers : les tantes à héritage dont la nièce avalé une perle.
Tout ça n'est rien, il faut voir les dessins.