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Philippe Audoin (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070318773
182 pages
Gallimard (29/09/1971)
3.71/5   94 notes
Résumé :
(Source Wikipedia)

"Les Champs magnétiques" est un recueil de textes en prose écrits en mai et juin 1919 par André Breton (1896-1966) et Philippe Soupault (1897-1990) et publié en mai 1920. Ce livre de jeunesse au sens fort du terme, fruit des premières applications systématiques de l'écriture automatique, est considéré par André Breton comme le « premier ouvrage surréaliste (nullement dada).»
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Les champs magnétiques constituent un repère majeur du surréalisme initié par André Breton et Philippe Soupault.
Cet ouvrage offre au lecteur des textes très esthétiques qui font voyager le lecteur dans les arcanes de la pensée des auteurs.
On prend plaisir à lire ces textes et ces poésies qui ont ouvert une période foisonnante sur le plan artistique et culturel.
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Laisser venir les mots, les laisser inventer une réalité autre, méthode poétique efficace? Les errances automatiques alternent bizarreries et ambiances brumeuses, mondes à la Dali et beaux mots qui, parce qu'il leur reste un brin d'artifice, tombent, comme un cheveu sur la soupe. Parfois le choc fait sourire, souvent il égare, monde de mots dits, de maudits mots, comme dans un brouillard, dans un rêve, ailleurs que dans la langue ordinaire. Les hommes et les femmes, les machines à coudres et les parapluies dialoguent mais ne se parlent pas. Toujours, la réplique fuit la question, ouvre une brèche vers l'inconnu, et cette langue faite de clichés et d'inventions dit en silence ce que la communication empêche.
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Je vais être brève car je n'ai pas été magnétisée par ce recueil de textes expérimentaux. Il n'en demeure pas moins que "Les champs magnétiques" est un livre unique parce qu'il s'agit d'écriture automatique. Il a été écrit à deux mains par André Breton et Philippe Soupault et il est considéré comme le premier livre surréaliste.
La succession de phrases est surprenante, parfois poétique, mais je n'ai rien compris en dehors de propos assez sombres et morbides. Il faudrait sans doute approfondir en lisant les analyses contextualisées pour l'apprécier à sa juste valeur.


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Ce recueil (écrit dès 1919 !) est l'un des plus anciens du mouvement surréaliste. André Breton en est d'ailleurs devenu l'un de ses leaders, par la suite; Philippe Soupault, qui a cosigné cet ouvrage, est également un poète important dans le même courant. Les pièces présentées relève de "l'écriture automatique", qui était alors tout à fait nouvelle. Elle rompait avec toute la poésie "travaillée" et académique antérieure. De gré ou de force, elle a donné un sérieux "coup de jeune" à la poésie du XXème siècle. Avec le recul, il faut reconnaitre que le caractère révolutionnaire du "kaléidoscope littéraire" résultant de ces expériences novatrices. Et la production de Breton/Soupault est parfois une réussite. Toutefois, on finit par se lasser de ce type de poésie. C'est du moins la sensation que j'ai eue tout au long de ma lecture.
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— L'écriture automatique renouvelle l'expérience poétique. Breton et Soupault se livraient à une débauche d'énergie dans le processus : ils pouvaient passer de huit à dix heures consécutives à noircir des feuillets dans une fièvre créatrice. Cette méthode a vocation à faire jaillir la pensée sans filtre. Ce recueil délivre un louvoiement inédit de l'esprit puisque sa production elle-même est expérimentale, achevée grâce à des moments d'euphorie et d'ivresse. le mouvement surréaliste en sort renforcé, marqué du sceau de la spontanéité artistique. Objet de distractions, le poète peut rendre compte du "fonctionnement réel de la pensée", laissée libre dans son expression.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
PLEINE MARGE

A
Pierre
Mabille

Je ne suis pas pour les adeptes
Je n'ai jamais habité au lieu dit
La
Grenouillère
La lampe de mon cœur file et bientôt hoqueté à l'approche des parvis

Je n'ai jamais été porté que vers ce qui ne se tenait

pas à carreau
Un arbre élu par l'orage
Le bateau de lueurs ramené par un mousse
L'édifice au seul regard sans clignement du lézard

et mille frondaisons

Je n'ai vu à l'exclusion des autres que des femmes qui avaient maille à partir avec leur temps

Ou bien elles montaient vers moi soulevées par les vapeurs d'un abîme

Ou encore absentes il y a moins d'une seconde elles me précédaient du pas de la
Joueuse de tympanon

Dans la rue au moindre vent où leurs cheveux portaient la torche

Entre toutes cette reine de
Byzance aux yeux passant

de si loin l'outre-mer
Que je ne me retrouve jamais dans le quartier des
Halles

où elle m'apparut
Sans qu'elle se multiplie à perte de vue dans les glaces

des voitures des marchandes de violettes

Entre toutes l'enfant des cavernes son étreinte prolongeant de toute la vie la nuit esquimau

Quand déjà le petit jour hors d'haleine grave son renne sur la vitre

Entre toutes la religieuse aux lèvres de capucine
Dans le car de
Grozon à
Quimper
Le bruit de ses cils dérange la mésange charbonnière
Et le livre à fermoir va glisser de ses jambes croisées

Entre toutes l'ancienne petite gardienne ailée de la
Porte

Par laquelle les conjectures se faufilent entre les pousse-pousse

Elle me montre alignées des caisses aux inscriptions idéographiques le long de la
Seine

Elle est debout sur l'œuf brisé du lotus contre mon oreille

Entre toutes celle qui me sourit du fond de l'étang de

Berre
Quand d'un pont des
Martigues il lui arrive de suivre

appuyée contre moi la lente procession des lampes

couchées
En robe de bal des méduses qui tournoient dans le lustre
Celle qui feint de ne pas être pour tout dans cette fête

D'ignorer ce que cet accompagnement repris chaque jour dans les deux sens a de votif

Entre toutes

Je reviens à mes loups à mes façons de sentir
Le vrai luxe

C'est que le divan capitonné de satin blanc
Porte l'étoile de la lacération

Il me faut ces gloires du soir frappant de biais votre bois de lauriers

Les coquillages géants des systèmes tout érigés qui se présentent en coupe irrégulière dans la campagne

Avec leurs escaliers de nacre et leurs reflets de vieux verres de lanternes

Ne me retiennent qu'en fonction de la part de vertige

Faite à l'homme qui pour ne rien laisser échapper de la grande rumeur

Parfois est allé jusqu'à briser le pédalier

Je prends mon bien dans les failles du roc là où la mer
Précipite ses globes de chevaux montés de chiens qui

hurlent
Où la conscience n'est plus le pain dans son manteau de

roi
Mais le baiser le seul qui se recharge de sa propre braise

Et même des êtres engagés dans une voie qui n'est pas

la mienne
Qui est à s'y méprendre le contraire de la mienne

Elle s'ensable au départ dans la fable des origines
Mais le vent s'est levé tout à coup les rampes se sont

mises à osciller grandement autour de leur pomme

irisée
Et pour eux c'a été l'univers défenestré
Sans plus prendre garde à ce qui ne devrait jamais finir
Le jour et la nuit échangeant leurs promesses
Ou les amants au défaut du temps retrouvant et perdant

la bague de leur source

O grand mouvement sensible par quoi les autres

parviennent à être les miens
Même ceux-là dans l'éclat de rire de la vie tout encadrés

de bure
Ceux dont le regard fait un accroc rouge dans les

buissons de mûres
M'entraînent m'entraînent où je ne sais pas aller
Les yeux bandés tu brûles tu t'éloignes tu t'éloignes
De quelque manière qu'ils aient frappé leur couvert est

mis chez moi

Mon beau
Pelage couronné de gui ta tête droite sur tous ces fronts courbés

Joachim de
Flore mené par les anges terribles

Qui à certaines heures aujourd'hui rabattent encore

leurs ailes sur les faubourgs
Où les cheminées fusent invitant à une résolution plus

proche dans la tendresse
Que les roses constructions heptagonales de
Giotto

Maître
Eckhardt mon maître dans l'auberge de la raison


Hegel dit à
Novalis
Avec lui nous avons tout ce qu il

nous faut et ils partent
Avec eux et le vent j'ai tout ce qu'il me faut

Jansénius oui je vous attendais prince de la rigueur
Vous devez avoir froid

Le seul qui de son vivant réussit à n'être que son

ombre
Et de sa poussière on vit monter menaçant toute la

ville la fleur du spasme
Paris le diacre

La belle la violée la soumise l'accablante
La
Cadière

Et vous messieurs
Bonjour

Qui en assez grande pompe avez bel et bien crucifié

deux femmes je crois
Vous dont un vieux paysan de
Fareins-en-Dôle
Chez lui entre les portraits de
Marat et de la
Mère

Angélique
Me disait qu'en disparaissant vous avez laissé à ceux

qui sont venus et pourront venir
Des provisions pour longtemps

Salon-Martigues, septembre 1940.
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LES ÉTATS GÉNÉRAUX

Dis ce qui est dessous parle

Dis ce qui commence

Et polis mes yeux qui accrochent à peine la lumière

Comme un fourré que scrute un chasseur somnambule

Polis mes yeux fais sauter cette capsule de marjolaine

Qui sert à me tromper sur les espèces du jour

Le jour si c'était lui

Quand passe sur les campagnes l'heure de traire

Descendrait-il si précipitamment ses degrés

Pour s'humilier devant la verticale d'étincelles

Qui saute de doigts en doigts entre les jeunes femmes

des fermes toujours sorcières
Polis mes yeux à ce fil superbe sans cesse renaissant

de sa rupture
Ne laisse que lui écarte ce qui est tavelé
Y compris au loin la grande rosace des batailles
Comme un filet qui s'égoutte sous le spasme des

poissons du couchant
Polis mes yeux polis-les à l'éclatante poussière de

tout ce qu'ils ont vu
Une épaule des boucles près d'un broc d'eau verte
Le matin

Dis ce qui est sous le matin sous le soir

Que j'aie enfin l'aperçu topographique de ces poches

extérieures aux éléments et aux règnes
Dont le système enfreint la distribution naïve des

êtres et des choses
Et prodigue au grand jour le secret de leurs affinités
De leur propension à s'éviter ou à s'étreindre
A l'image de ces courants
Qui se traversent sans se pénétrer sur les cartes

maritimes
Il est temps de mettre de côté les apparences individuelles d'autrefois
Si promptes à s'anéantir dans une seule châtaigne

de culs de mandrilles
D'où les hommes par légions prêts à donner leur vie Échangent un dernier regard avec les belles toutes

ensemble
Qu'emporte le pont d'hermine d'une cosse de fève
Mais polis mes yeux
A la lueur de toutes les enfances qui se mirent à la

fois dans une amande
Au plus profond de laquelle à des lieues et des lieues
S'éveille un feu de forge

Que rien n'inquiète l'oiseau qui chante entre les 8
De l'arbre des coups de fouet
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Etoiles véritables de nos yeux, quel est votre
temps de révolution autour de la tête ? Vous
ne vous laissez plus glisser dans les cirques
et voilà donc que le soleil froisse avec
dédain les neiges éternelles ! Les rivières
sont taries sur terre et dans les cieux. Les
anciens naufrageurs ont la partie belle et
vous voilà devant une cheminée endurcie
qui n'apprivoise plus même les étincelles
des forges ! Allons-nous en de nos âmes si
pauvres et faussées à force d'avoir été
brutalement ouvertes. Les berceaux ne
connaissent plus de voiles et je vois dans
leur flèche une enseigne atroce pour l'avenir
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- Il m'arrive de faire les cent pas pendant des heures entre deux numéros de maisons ou quatre arbres d'un square. Les promeneurs sourient de mon impatience, mais je n'attends personne.
- Je ne vous oublierai jamais.
- L'oubli comme le vent assemble les feuilles sur le pas des portes, puis les chasse.
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- Avez-vous quelquefois, monsieur, quand vient le soir,
Pris garde à la pauvresse errant sur un trottoir ?
Comme un spectre dans l'ombre, et d'allure furtive,
Vous la voyez passer et repasser, craintive,
Maigre, déguenillée, et pressant dans ses bras
Un pauvre corps d'enfant que vous ne voyez pas :
Cher fardeau qu'un haillon emmaillote et protège,
Et qui repose en paix sous la pluie et la neige,
Trouvant, près de ce sein flétri par la douleur,
Son seul abri, sans doute, et sa seule chaleur !
Elle vous tend la main. Suppliante et muette,
Sous les rayons blafards qu'au loin le gaz projette,
Elle glisse rapide, et, dans les coins obscurs,
Au détour des maisons ou le long des vieux murs
S'approche, d'un regard vous disant sa misère...
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Vidéo de André Breton
"Il est des livres qui s'imposent. Crayon noir pourrait appartenir à ceux-là. (...) Écrire sur Samuel Paty a été une urgence doublée d'une évidence."
Ces quelques mots de Valérie Igounet, historienne, journaliste et directrice adjointe de l'observatoire du conspirationnisme, se trouvent en préface de Crayon noir, un roman graphique nécessaire publié en octobre 2023, 3 ans après l'assassinat de Samuel Paty. Il s'agit d'une enquête dessinée qui retrace l'engrenage qui a mené à ce drame, la façon dont cet événement nous a bouleversés et transformés, à un niveau individuel et collectif, mais c'est aussi un récit plein de vie qui nous fait entrer dans l'univers de Samuel Paty, son quotidien de professeur, la passion qui l'animait.
Une bande dessinée qui s'adresse à un large public, qui met des mots sur ce drame et permet de ne pas oublier, et que nous explorons dans cet épisode en compagnie de ses auteurs, Valérie Igounet et Guy le Besnerais.
Voici la liste des ouvrages évoqués dans cet épisode :
Crayon noir, de Valérie Igounet, Guy le Besnerais et Mathilda (éd. Studiofact) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22774624-crayon-noir-samuel-paty-histoire-d-un-prof-valerie-igounet-studiofact ;
Le Chevalier de la charrette, de Chrétien de Troyes (éd. Classiques Garnier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/17994823-le-chevalier-de-la-charrette-lancelot-chretien-de-troyes-classiques-garnier ;
La Chute, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/887645-la-chute-albert-camus-folio ;
Noces, suivi de L'Été, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/91666-noces-suivi-de-l-ete-albert-camus-folio ;
Nadja, d'André Breton (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/394481-nadja-andre-breton-folio.
Invités : Valérie Igounet et Guy le Besnerais
Conseils de lectures de : Julien Laparade, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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