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3,37

sur 1284 notes
Une lecture que je redoutais connaissant l'appartenance d'André Breton au mouvement surréaliste. En fait, si ce livre est difficilement classable, il n'est pas hermétique. Ce qui fait son originalité c'est qu'il ne s'agit pas d'un réel récit autobiographique, ni d'un roman, ni d'un essai philosophique, mais d'un mélange des trois genres. Texte particulier donc dans sa forme, mais que j'ai trouvé intéressant et très abordable. de plus l'auteur fournit de nombreuses références littéraires et artistiques, nommant écrivains et peintres. L'ouvrage est enrichi de dessins et photographies. le seul point négatif réside dans la grande quantité de notes annexes ou en bas des pages. Un livre que je conseille. Cette découverte d'André Breton m'incitant à lire d'autres oeuvres de cet auteur.
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Souvent Breton fait partie de ceux avec qui ça passe ou ça casse, tant par rapport au personnage et sa vision du surréalisme qu'au niveau du style en tant que tel. Pour moi Nadja est tout simplement un chef-d'oeuvre.
J'avais déjà eu un gros coup de coeur pour le Paysan de Paris d'Aragon, qui est un peu le pendant onirique (et solitaire) de Nadja. Contrairement à Aragon qui se laisse porter par ses rêveries, Breton, fidèle à lui-même, est beaucoup plus cadré dans son style (ou en l'occurrence sa volonté de non-style qu'il intime au roman surréaliste) et dans sa perception de ce qui l'entoure puisque, pendant ses déambulations, il cherche à comprendre ou intellectualiser ce qui se passe autour de lui, tout en restant dans la position du « témoin hagard ». Témoin qui veut vivre la ville et chercher comment cette dernière peut répondre à l'homme et inversement. Pour Breton, Paris est l'endroit idéal pour se confronter à des rencontres, des situations, une esthétique du quotidien qui participeront à une sorte de quête de soi, tellement qu'il n'hésite pas à situer très précisément les endroits qu'il fréquente, comme pour montrer que c'est une démarche réelle est accessible. Les questions du qui suis-je et du que vis-je se mélangent donc et s'alimentent l'une l'autre. Lors de son parcours un événement renversant arrive, il s'appelle Nadja. Incarnation absolue de l'émancipation et de l'anticonformisme, elle bouleverse l'auteur au beau milieu de son introspection. Elle arrive et repart comme un mystère, presque comme une personnification du surréalisme dans tout ce sur quoi Breton veut le faire reposer. Et s'il faut parler d'histoire d'amour ou de fascination, c'est là qu'elles se trouvent, dans ce que Nadja incarne de manière entière et éperdue, pas dans une attirance du coeur.
Pour un peu qu'on soit charmé, ce livre est une ambiance, une quête, un ton dans lesquels une replongée après lecture, même pour quelques pages, peut directement renvoyer dans cette sensibilité du « merveilleux quotidien ».
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"Un livre sans images, ça ne ressemble à rien" disait l'Alice de Lewis Carroll.
Elle a bien raison Alice, et c'est d'autant plus vrai pour cette Nadja, étrange objet littéraire dont les photos parisiennes qui l'émaillent m'auront au moins donné un point d'appui, et l'expérience d'une pérégrination dans la capitale comme dans un roman de Modiano. Car en dehors de cela, les points d'appui m'auront bien manqué au cours de cette lecture, perdue que j'étais entre les propos obscurs d'André et les échappées de Nadja en dehors du réel.
Toujours est-il qu'il marque, ce personnage de Nadja, comme le ferait un rêve étrange, cotonneux et lumineux, révélateur de vérité et un peu inquiétant. Finalement le pape du surréalisme aura atteint son but : donner à voir la vie dans sa réelle essence, comme une construction issue du mariage du réel et du rêve. Enfermée dans son asile, je me demande si Nadja, elle, y a survécu.
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Si une langue est belle et maîtrisée, elle n'en devient pas forcément "artificielle". La langue magnifique de "Nadja" assume de ne PAS vouloir à tout prix émouvoir son lecteur -- par exemple, avec la détresse psychique manifeste de la personne qui a visiblement servi de "modèle" à l'écrivain...

Cette langue est pudique (comme son auteur). J'aime -- pour ma part -- énormément cette pudeur-là, et me fatigue très vite de tout chantage à l'émotion (Cf. "Charlotte" de D. Foenkinos où l'auteur satellise -- certainement sans en être très conscient -- autour de ses affects personnels la destinée tragique d'une jeune peintre décédée à 28 ans dans les circonstances tragiques que l'on sait...).

La lecture de la "Nadja" d'André BRETON peut avoir sur son lecteur un effet hypnotique (j'en témoigne !).

Lire ce que l'on nomme -- encore aujourd"hui -- "La grande Littérature" (oposée à la paralittérature ou, pire, la NON-littérature dont la prolifération a été dénoncée par Gracq dès 1950 dans son court pamphlet "La littérature à l'estomac") n'est pas forcément le plus "facile", j'en conviens...

On pourra d'ailleurs lire avec profit (pour éclairer notre lanterne poétique) le petit essai amical de Julien GRACQ : "André Breton. Quelques aspects de l'écrivain", (José Corti, 1948).

Sur-travailler un manuscrit n'est pas -- ou pas forcément -- signe qu'on "se regarde écrire". Pour conforter mon propos, C.F. Ramuz a écrit 6 versions successives de son roman magnifique "Le Règne de l'esprit malin" entre 1914 et 1946... (une oeuvre formidable d'originalité et de poésie sombre, toujours méconnue des lecteurs francophones aujourd'hui !), mais plutôt d'une formidable exigence esthétique qui peut aussi "émouvoir"...

L'esthétique de Breton ignorait totalement celle des "faiseurs" de son temps... et se f...tait pas mal des tristes & sinistres "Pri-prix" littéraires, et autres concours à caniches savants qui "font" toujours l'actualité "littéraire" ici et là, hélas...

Et puis, l'aspect proprement "fantastique" des photographies et peintures intercalées dans le texte, comme dans l'onirique roman de Georges RODENBACH, "Bruges-la-Morte" (1892) où le rêve surnage et affleure, accessible au lecteur, à portée de chaque page...

Ceci pour dire que je me souviens encore de cette progressive modification de l'état de conscience de son lecteur (et sans usage de substances psycho-actives qui ait pu lui être concurrent) apportée par la lecture de l'étrange "Nadja" d'André BRETON...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Je referme à l'instant Nadja d'André Breton.
Ce récit auto-biographique raconte un épisode de la vie de l'auteur : sa rencontre avec une jeune femme qu'il va ensuite retrouver régulièrement dans différents lieux parisiens. Autour de Nadja pour laquelle on sent qu'André Breton éprouve de l'amour et une immense admiration, divers événements et coïcidences se produisent constamment. Vers la fin du récit, on apprend que Nadja est finalement internée dans un asile.
Que d'impressions diverses j'ai ressenties à la lecture de ce livre! La réflexion qui m'est ensuite le plus souvent venue étant "Il est très difficile de prendre ensuite soi-même la plume après ce genre de lecture tant la langue française est maîtrisée." A mes yeux, elle est sur-maîtrisée, sur-jouée, elle se regarde écrire, elle commente ce qu'elle est en train de dire avant même de l'avoir totalement exprimé. Les mots ne sont plus les serviteurs d'une pensée ; la recherche d'une belle langue préside au sens. J'ai à la fois admiré cette belle langue et eu constamment le sentiment qu'elle était artificielle : rempart à une immense pudeur?
Cette langue, pour belle qu'elle soit, m'a inspiré d'emblée de l'antipathie pour l'écrivain. Pourquoi se commoufle-t-il tant derrière les mots? On trouve cependant quelques passages sublimes, d'une finesse extrême, tel celui qui figure sur le quatrième de couverture. "J'ai vu ses yeux de fougères s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distingent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terre et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer".
Contrairement à André Breton, je n'ai éprouvé vis-à-vis de Nadja qu'un sentiment de rejet. Je n'ai pas non plus ressenti d'empathie pour l'auteur lui-même. Quelle vie mène-t-il donc pour passer son temps à errer dans Paris? Je n'ai commencé à me sentir bien qu'à partir du moment où j'ai enfin lu "J'avais, depuis assez longtemps, cessé de m'entendre avec Nadja.". Jusqu'ici, je ne pouvais supporter qu'il soit si béat d'admiration, si amoureux d'une personne si inconsistante. S'il peut s'agir d'un génie, nul ne le saura jamais car ses réalisations semblent se limiter à quelques dessins à l'allure d'inachevé. Nous sommes loin de Camille Claudel telle qu'elle est par exemple dépeinte dans Une femme d'Anne Delbée. A chaque page de Nadja, j'étais révolté par l'aveuglement dont l'auteur faisant preuve en l'aimant.
Si lire ce livre n'a pas été agréable, il m'a cependant donné le goût et montré le besoin d'affiner ma façon de m'exprimer, tout en me faisant entrevoir le risque qu'il y peut y avoir à trop raffiner un language.
24.09.2011
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Il est de ces livres qu'on adore ou qu'on déteste. Nadja, sans aucun doute, est de ceux-là. Ce texte hybride aux confins de l'autobiographie, de l'essai et du roman, agrémenté de photos, dessins et références littéraires, est grandiose et foudroyant. Breton ne cherche pas à plaire, bouscule, dérange. Il propulse son lecteur dans le mouvement surréaliste, aux portes de la folie. Qui était Nadja ? Insaisissable, indéchiffrable, Nadja semble être la figure incarnée du surréalisme. Elle semble si irréelle qu'on la croirait sortie de l'imagination de Breton. Pourtant Nadja fut. Mais la véritable et sempiternelle question est ailleurs. Qui suis-je ?

La dernière partie est un magnifique plaidoyer contre la privation de liberté et la médecine psychiatrique balbutiante en un temps où entrer en hôpital "spécialisé" signifiait ne plus jamais en sortir. Eloge de la folie, rejet de la bienséance et droit à la différence. Magnifique et intemporel.
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Léone Camille Ghislaine D. est un coup de foudre, une passion fugace d'André Breton, une danseuse figurante de théatre, dont la fillette a été confiée à ses parents,qui a eu des protecteurs,s'est adonnée au trafic de drogue,une jeune femme rencontrée entre deux guerres au moment des années folles et du mouvement surréaliste.Mais elle est plus que ça.
Nadja, dont le prénom est le début d'espérance en russe est une poupée frêle à la grâce enfantine,aux "yeux de fougère","aux cheveux d'avoine","au sourire imperceptible", sa sensibilité touche André Breton.
"Tu écriras un roman sur moi.Je t'assure..." avait-elle affirmé.
Et effectivement Nadja, roman autobiographique(le livre le plus lu de l'auteur), naitra en 1928, un livre illustré de photos,objets,portraits,documents,dessins symboliques de Nadja qui s'inscrit dans une démarche créatrice surréaliste car les images font écho au texte.
Qui suis-je? s'interroge André Breton, persuadé que les personnages crées sont partie prenante de l'auteur.
Qui est-elle? s'efforce-t-il de répondre dans un deuxième temps.Héroïne surréaliste, elle rit de tout et "jongle avec les noms de certains mets" alors qu'ils déambulent de restaurants en cafés, elle s'effraie de tout, lorsqu'il déclame Baudelaire,elle est une enfant qui touche de sa main l'affiche d'une "main rouge à l'index pointé",elle est la fée "qui se pose à peine en marchant", l'intuitive qui voit ce qui ne se verra que l'instant d'après,mais se donne "des airs du Diable", elle est entre poésie et vraie vie, à la frontière de l'inconscient,elle est surréaliste.
Entre l'hôtel Prince de Galles de Saint Germain et l'éloignement pour la "merveilleuse anonyme", en fait Suzanne Musard citée en fin de livre, Nadja s'attache de plus en plus vu "le pouvoir" qu'il exerce sur elle, (alors que lui ne l'aime pas, elle, vraiment) et elle sombrera par la suite dans la folie pour s'interroger elle aussi Qui suis-je?
Superbe!
André Breton,écrivain français du XX° siècle, promotteur et principal animateur du mouvement surréaliste,fondateur de revues poétiques, a été un poète engagé à la vie tumultueuse.
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Voici le roman du surréalisme. On y retrouve tous les grands principes édictés par André Breton lui-même dans son "Manifeste du surréalisme": construction aléatoire liée au hasard objectif, référence au rêve et remise en cause des codes bourgeois. Mais, contrairement au "Paysan de Paris" d'Aragon, ce roman révèle trop l'égocentrisme de son auteur-personnage. Certes, il a une dimension autobiographique, on s'en rend compte dès le départ, et il est donc logique que Breton parle du personnage-Breton, que le monde, ou la surréalité de ce monde soit perçue depuis son regard et ses fantasmes. Pourtant, on sent tout le long du roman, la haute estime de l'auteur pour sa personne, pour sa place dans la société parisienne et son rôle dans le mouvement surréaliste. Sa rencontre avec le personnage de Nadja est aussi marquée par cette posture. L'empathie qu'il éprouve pour cette femme aux comportements troubles et fantasques est purement égoïste.
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Je craignais un peu de relire ce roman, lu pendant mes études, et dont je ne conservais rien.
Les premières pages semblaient me conforter dans mes craintes avec leurs longues phrases à consonnances philosophiques sur le "qui suis-je?". Et puis, à un moment, j'ai basculé et j'ai lu le roman, certes bien court, d'une traite. Je me suis trouvée comme hypnotisée par la plume de Breton et je voulais poursuivre à tout prix cette balade dans Paris aux côtés de lui et de Nadja.

L'ensemble de l'ouvrage, composé de texte sans beaucoup d'émotion et de photos qui évitent à l'auteur de décrire ou expliquer, confine à l'inexplicable. Autant je comprends que ce roman puisse être complètement hermétique à certains lecteurs, autant je serais bien en peine d'expliquer ce qui m'a tant attirée et poussée à lire jusqu'à la dernière page sans lâcher une fois l'ouvrage.

Une deuxième rencontre qui, cette fois, me laissera quelque chose d'indéfinissable, comme une impression fugace qui me portera sans doute à relire le roman dans vingt ans.
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Breton nous invite à découvrir un épisode de sa vie au cours duquel il fait la connaissance de celle qui se fait appeler Nadja.
Brève rencontre (amoureuse ? ) , racontée de façon quasi "anatomique" : aucune émotion ne traverse ce livre, l'écriture est à ce point travaillée -un modèle pour les amoureux d'une langue française ultra classique, mais désuète ! - que l'on ne peut à aucun moment s'investir dans cette histoire, juger les personnages, attendre qu'ils nous surprennent -de ce point du vue, l'on est évidemment frustré.
Il n'empêche que Breton est celui qui a poussé plus loin les limites de l'écriture "romanesque", son expérience est nécessaire, et fondatrice d'une nouvelle littérature de l'entre-deux guerres.
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