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EAN : 9782070360734
189 pages
Gallimard (27/04/1972)
3.37/5   1284 notes
Résumé :
" Je n'ai dessein de relater, en marge du récit que je vais entreprendre, que les épisodes les plus marquants de ma vie telle que je peux la concevoir hors de son plan organique, soit dans la mesure même où elle est livrée aux hasards, au plus petit comme au plus grand, où regimbant contre l'idée commune que je m'en fais, elle m'introduit dans un monde comme défendu qui est celui des rapprochements soudains, des pétrifiantes coïncidences, des réflexes primant tout a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (71) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 1284 notes
Une lecture que je redoutais connaissant l'appartenance d'André Breton au mouvement surréaliste. En fait, si ce livre est difficilement classable, il n'est pas hermétique. Ce qui fait son originalité c'est qu'il ne s'agit pas d'un réel récit autobiographique, ni d'un roman, ni d'un essai philosophique, mais d'un mélange des trois genres. Texte particulier donc dans sa forme, mais que j'ai trouvé intéressant et très abordable. de plus l'auteur fournit de nombreuses références littéraires et artistiques, nommant écrivains et peintres. L'ouvrage est enrichi de dessins et photographies. le seul point négatif réside dans la grande quantité de notes annexes ou en bas des pages. Un livre que je conseille. Cette découverte d'André Breton m'incitant à lire d'autres oeuvres de cet auteur.
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Souvent Breton fait partie de ceux avec qui ça passe ou ça casse, tant par rapport au personnage et sa vision du surréalisme qu'au niveau du style en tant que tel. Pour moi Nadja est tout simplement un chef-d'oeuvre.
J'avais déjà eu un gros coup de coeur pour le Paysan de Paris d'Aragon, qui est un peu le pendant onirique (et solitaire) de Nadja. Contrairement à Aragon qui se laisse porter par ses rêveries, Breton, fidèle à lui-même, est beaucoup plus cadré dans son style (ou en l'occurrence sa volonté de non-style qu'il intime au roman surréaliste) et dans sa perception de ce qui l'entoure puisque, pendant ses déambulations, il cherche à comprendre ou intellectualiser ce qui se passe autour de lui, tout en restant dans la position du « témoin hagard ». Témoin qui veut vivre la ville et chercher comment cette dernière peut répondre à l'homme et inversement. Pour Breton, Paris est l'endroit idéal pour se confronter à des rencontres, des situations, une esthétique du quotidien qui participeront à une sorte de quête de soi, tellement qu'il n'hésite pas à situer très précisément les endroits qu'il fréquente, comme pour montrer que c'est une démarche réelle est accessible. Les questions du qui suis-je et du que vis-je se mélangent donc et s'alimentent l'une l'autre. Lors de son parcours un événement renversant arrive, il s'appelle Nadja. Incarnation absolue de l'émancipation et de l'anticonformisme, elle bouleverse l'auteur au beau milieu de son introspection. Elle arrive et repart comme un mystère, presque comme une personnification du surréalisme dans tout ce sur quoi Breton veut le faire reposer. Et s'il faut parler d'histoire d'amour ou de fascination, c'est là qu'elles se trouvent, dans ce que Nadja incarne de manière entière et éperdue, pas dans une attirance du coeur.
Pour un peu qu'on soit charmé, ce livre est une ambiance, une quête, un ton dans lesquels une replongée après lecture, même pour quelques pages, peut directement renvoyer dans cette sensibilité du « merveilleux quotidien ».
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Si une langue est belle et maîtrisée, elle n'en devient pas forcément "artificielle". La langue magnifique de "Nadja" assume de ne PAS vouloir à tout prix émouvoir son lecteur -- par exemple, avec la détresse psychique manifeste de la personne qui a visiblement servi de "modèle" à l'écrivain...

Cette langue est pudique (comme son auteur). J'aime -- pour ma part -- énormément cette pudeur-là, et me fatigue très vite de tout chantage à l'émotion (Cf. "Charlotte" de D. Foenkinos où l'auteur satellise -- certainement sans en être très conscient -- autour de ses affects personnels la destinée tragique d'une jeune peintre décédée à 28 ans dans les circonstances tragiques que l'on sait...).

La lecture de la "Nadja" d'André BRETON peut avoir sur son lecteur un effet hypnotique (j'en témoigne !).

Lire ce que l'on nomme -- encore aujourd"hui -- "La grande Littérature" (oposée à la paralittérature ou, pire, la NON-littérature dont la prolifération a été dénoncée par Gracq dès 1950 dans son court pamphlet "La littérature à l'estomac") n'est pas forcément le plus "facile", j'en conviens...

On pourra d'ailleurs lire avec profit (pour éclairer notre lanterne poétique) le petit essai amical de Julien GRACQ : "André Breton. Quelques aspects de l'écrivain", (José Corti, 1948).

Sur-travailler un manuscrit n'est pas -- ou pas forcément -- signe qu'on "se regarde écrire". Pour conforter mon propos, C.F. Ramuz a écrit 6 versions successives de son roman magnifique "Le Règne de l'esprit malin" entre 1914 et 1946... (une oeuvre formidable d'originalité et de poésie sombre, toujours méconnue des lecteurs francophones aujourd'hui !), mais plutôt d'une formidable exigence esthétique qui peut aussi "émouvoir"...

L'esthétique de Breton ignorait totalement celle des "faiseurs" de son temps... et se f...tait pas mal des tristes & sinistres "Pri-prix" littéraires, et autres concours à caniches savants qui "font" toujours l'actualité "littéraire" ici et là, hélas...

Et puis, l'aspect proprement "fantastique" des photographies et peintures intercalées dans le texte, comme dans l'onirique roman de Georges RODENBACH, "Bruges-la-Morte" (1892) où le rêve surnage et affleure, accessible au lecteur, à portée de chaque page...

Ceci pour dire que je me souviens encore de cette progressive modification de l'état de conscience de son lecteur (et sans usage de substances psycho-actives qui ait pu lui être concurrent) apportée par la lecture de l'étrange "Nadja" d'André BRETON...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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"Un livre sans images, ça ne ressemble à rien" disait l'Alice de Lewis Carroll.
Elle a bien raison Alice, et c'est d'autant plus vrai pour cette Nadja, étrange objet littéraire dont les photos parisiennes qui l'émaillent m'auront au moins donné un point d'appui, et l'expérience d'une pérégrination dans la capitale comme dans un roman de Modiano. Car en dehors de cela, les points d'appui m'auront bien manqué au cours de cette lecture, perdue que j'étais entre les propos obscurs d'André et les échappées de Nadja en dehors du réel.
Toujours est-il qu'il marque, ce personnage de Nadja, comme le ferait un rêve étrange, cotonneux et lumineux, révélateur de vérité et un peu inquiétant. Finalement le pape du surréalisme aura atteint son but : donner à voir la vie dans sa réelle essence, comme une construction issue du mariage du réel et du rêve. Enfermée dans son asile, je me demande si Nadja, elle, y a survécu.
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Je referme à l'instant Nadja d'André Breton.
Ce récit auto-biographique raconte un épisode de la vie de l'auteur : sa rencontre avec une jeune femme qu'il va ensuite retrouver régulièrement dans différents lieux parisiens. Autour de Nadja pour laquelle on sent qu'André Breton éprouve de l'amour et une immense admiration, divers événements et coïcidences se produisent constamment. Vers la fin du récit, on apprend que Nadja est finalement internée dans un asile.
Que d'impressions diverses j'ai ressenties à la lecture de ce livre! La réflexion qui m'est ensuite le plus souvent venue étant "Il est très difficile de prendre ensuite soi-même la plume après ce genre de lecture tant la langue française est maîtrisée." A mes yeux, elle est sur-maîtrisée, sur-jouée, elle se regarde écrire, elle commente ce qu'elle est en train de dire avant même de l'avoir totalement exprimé. Les mots ne sont plus les serviteurs d'une pensée ; la recherche d'une belle langue préside au sens. J'ai à la fois admiré cette belle langue et eu constamment le sentiment qu'elle était artificielle : rempart à une immense pudeur?
Cette langue, pour belle qu'elle soit, m'a inspiré d'emblée de l'antipathie pour l'écrivain. Pourquoi se commoufle-t-il tant derrière les mots? On trouve cependant quelques passages sublimes, d'une finesse extrême, tel celui qui figure sur le quatrième de couverture. "J'ai vu ses yeux de fougères s'ouvrir le matin sur un monde où les battements d'ailes de l'espoir immense se distingent à peine des autres bruits qui sont ceux de la terre et, sur ce monde, je n'avais vu encore que des yeux se fermer".
Contrairement à André Breton, je n'ai éprouvé vis-à-vis de Nadja qu'un sentiment de rejet. Je n'ai pas non plus ressenti d'empathie pour l'auteur lui-même. Quelle vie mène-t-il donc pour passer son temps à errer dans Paris? Je n'ai commencé à me sentir bien qu'à partir du moment où j'ai enfin lu "J'avais, depuis assez longtemps, cessé de m'entendre avec Nadja.". Jusqu'ici, je ne pouvais supporter qu'il soit si béat d'admiration, si amoureux d'une personne si inconsistante. S'il peut s'agir d'un génie, nul ne le saura jamais car ses réalisations semblent se limiter à quelques dessins à l'allure d'inachevé. Nous sommes loin de Camille Claudel telle qu'elle est par exemple dépeinte dans Une femme d'Anne Delbée. A chaque page de Nadja, j'étais révolté par l'aveuglement dont l'auteur faisant preuve en l'aimant.
Si lire ce livre n'a pas été agréable, il m'a cependant donné le goût et montré le besoin d'affiner ma façon de m'exprimer, tout en me faisant entrevoir le risque qu'il y peut y avoir à trop raffiner un language.
24.09.2011
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Citations et extraits (150) Voir plus Ajouter une citation
Ces gens ne sauraient être intéressants dans la mesure où ils supportent le travail, avec ou non toutes les autres misères. Comment cela les élèverait-il si la révolte n'est pas en eux la plus forte ? (...) Je hais, moi, de toutes mes forces, cet asservissement qu'on veut me faire valoir. Je plains l'homme d'y être condamné, de ne pouvoir en général s'y soustraire, mais ce n'est pas la dureté de sa peine qui me dispose en sa faveur, c'est et ce ne saurait être que la vigueur de sa protestation. Je sais qu'à un four d'usine, ou devant une de ces machines inexorables qui imposent tout le jour, à quelques secondes d'intervalle, la répétition du même geste, ou partout ailleurs sous les ordres les moins acceptables, ou en cellule, ou devant un peloton d'exécution, on peut encore se sentir libre mais ce n'est pas le martyre qu'on subit qui créé cette liberté. Elle est, je le veux bien, un désenchaînement perpétuel : encore pour que ce désenchaînement soit possible, constamment possible, faut-il que les chaînes ne nous écrasent pas, comme elles font de beaucoup de ceux dont vous parlez. Mais elle est aussi, et peut-être humainement bien davantage, la plus ou moins longue mais la merveilleuse suite de pas qu'il est permis à l'homme de faire désenchaîné. Ces pas, les supposez-vous capables de les faire ? En ont-ils le temps, seulement ? En ont-ils le cœur ? De braves gens, disiez-vous, oui, braves comme ceux qui se font tuer à la guerre, n'est-ce pas ? (...) Pour moi, je l'avoue, ces pas sont tout. Où vont-ils, voilà la véritable question. Ils finiront bien par dessiner une route et sur cette route, qui sait si n'apparaîtra pas le moyen de désenchaîner ou d'aider à se désenchaîner ceux qui n'ont pu suivre ?
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Nantes : peut-être avec Paris la seule ville de France où j'ai l'impression que peut m'arriver quelque chose qui en vaut la peine, où certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux (je l'ai constaté encore l'année dernière, le temps de traverser Nantes en automobile et de voir cette femme, une ouvrière, je crois, qu'accompagnait un homme, et qui a levé les yeux : j'aurais dû m'arrêter), où pour moi la cadence de la vie n'est pas la même qu'ailleurs,
où un esprit d'aventure au-delà de toutes les aventures habite encore certains êtres, Nantes, d'où peuvent encore me venir des amis, Nantes où j'ai aimé un parc : le parc de Procé.
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Je persiste à réclamer les noms, à ne m'intéresser qu'aux livres qu'on laisse battants comme des portes, et desquels on n'a pas à chercher la clef. Fort heureusement les jours de la littérature psychologique à affabulation romanesque sont comptés. Je m'assure que le coup dont elle ne relèvera pas lui a été porté par Huysmans. Pour moi, je continuerai à habiter ma maison de verre, où l'on peut voir à toute heure qui vient me rendre visite, où tout ce qui est suspendu aux plafonds et aux murs tient comme par enchantement, où je repose la nuit sur un lit de verre aux draps de verre, où qui je suis apparaîtra tôt ou tard gravé au diamant.
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C'est cette histoire que, moi aussi, j'ai obéi au désir de te conter, alors que je te connaissais à peine, toi qui ne peux plus te souvenir, mais ayant, comme par hasard, eu connaissance du début de livre, es intervenue si opportunément, si violemment et si efficacement auprès de moi sans doute pour me rappeler que je le voulais "battant comme une porte" et que par cette porte je ne verrais sans doute jamais entrer que toi. Entrer et sortir que toi. Toi qui de tout ce qu'ici j'ai dit n'auras reçu qu'un peu de pluie sur ta main levée vers "LES AUBES". Toi qui me fais tant regretter d'avoir écrit cette phrase absurde et irrétractable sur l'amour, le seul amour, "tel qu'il ne peut être qu'à toute épreuve". Toi qui, pour tous ceux qui m'écoutent, ne dois pas être une entité mais une femme, toi qui n'est rien tant qu'une femme, malgré tout ce qui m'en a imposé et m'en impose en toi pour que tu sois la Chimère. Toi qui fait admirablement tout ce que tu fais et donc les raisons splendides, sans confiner pour moi à la déraison, rayonnent et tombent mortellement comme le tonnerre. Toi la créature la plus vivante, qui ne parais avoir été mise sur mon chemin que pour que j'éprouve dans toute sa rigueur la force de ce qui n'est éprouvé en toi. Toi qui ne reconnais le mal que par ouï-dire. Toi, bien sûr, idéalement belle. Toi que tout ramène au point du jour et que par cela même je ne reverrai peut-être plus...
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Elle me dit son nom, celui qu'elle s'est choisi : "Nadja, parce qu'en russe c'est le commencement du mot espérance, et parce que ce n'en est que le commencement."
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Vidéo de André Breton
"Il est des livres qui s'imposent. Crayon noir pourrait appartenir à ceux-là. (...) Écrire sur Samuel Paty a été une urgence doublée d'une évidence."
Ces quelques mots de Valérie Igounet, historienne, journaliste et directrice adjointe de l'observatoire du conspirationnisme, se trouvent en préface de Crayon noir, un roman graphique nécessaire publié en octobre 2023, 3 ans après l'assassinat de Samuel Paty. Il s'agit d'une enquête dessinée qui retrace l'engrenage qui a mené à ce drame, la façon dont cet événement nous a bouleversés et transformés, à un niveau individuel et collectif, mais c'est aussi un récit plein de vie qui nous fait entrer dans l'univers de Samuel Paty, son quotidien de professeur, la passion qui l'animait.
Une bande dessinée qui s'adresse à un large public, qui met des mots sur ce drame et permet de ne pas oublier, et que nous explorons dans cet épisode en compagnie de ses auteurs, Valérie Igounet et Guy le Besnerais.
Voici la liste des ouvrages évoqués dans cet épisode :
Crayon noir, de Valérie Igounet, Guy le Besnerais et Mathilda (éd. Studiofact) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/22774624-crayon-noir-samuel-paty-histoire-d-un-prof-valerie-igounet-studiofact ;
Le Chevalier de la charrette, de Chrétien de Troyes (éd. Classiques Garnier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/17994823-le-chevalier-de-la-charrette-lancelot-chretien-de-troyes-classiques-garnier ;
La Chute, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/887645-la-chute-albert-camus-folio ;
Noces, suivi de L'Été, d'Albert Camus (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/91666-noces-suivi-de-l-ete-albert-camus-folio ;
Nadja, d'André Breton (éd. Folio) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/394481-nadja-andre-breton-folio.
Invités : Valérie Igounet et Guy le Besnerais
Conseils de lectures de : Julien Laparade, libraire à la librairie Dialogues, à Brest
Enregistrement, interview et montage : Laurence Bellon
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