AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Position politique du surréalisme (4)

"Transformer le monde" , a dit Marx ; "changer la vie " , a dit Rimbaud : ces deux mots d'ordre pour nous n'en font qu'un.
Commenter  J’apprécie          20
Objecteurs en tout sens, à quelque obligation particulière que ce monde tente de nous réduire. La plus révoltante dérision est à la clé de toutes les démarches par lesquelles ce monde a l'impudence de vouloir nous gagner à sa cause.
Commenter  J’apprécie          20
On sait la critique fondamentale qu’ont fait subir Marx et Engels au matérialisme du XVIII e siècle : 1° La conception des anciens matérialistes était « mécaniste » ; 2° elle était métaphysique (en raison du caractère antidialectique de leur philosophie) ; 3° elle n’excluait pas tout idéalisme, celui-ci subsistant « en haut » dans le domaine de la science sociale (inintelligence de matérialisme historique). Il est bien entendu que, sur tous les autres points, l’accord de Marx et Engels avec les anciens matérialistes ne peut prêter à aucune équivoque.

Le surréalisme n’éprouve, pareillement, aucune difficulté, dans le domaine qui lui est propre, à désigner les « bornes » qui limitaient non seulement les moyens d’expression, mais aussi la pensée des écrivains et artistes réalistes, à justifier de la nécessité historique où il s’est trouvé d’éliminer ces bornes, à établir qu’à l’issue de cette entreprise ne peut éclater aucune divergence entre le vieux réalisme et lui quant à la reconnaissance du réel, à l’affirmation de la toute-puissance du réel. Contrairement à ce qu’insinuent certains de ses détracteurs, il est aisé, comme on va voir, de démontrer que, de tous les mouvements spécifiquement intellectuels qui se sont succédés jusqu’à ce jour, il est le seul à s’être prémuni contre toute velléité de fantaisie idéaliste, le seul à avoir prémédité dans l’art de régler définitivement son compte au « fidéisme ».

S’il s’avère que deux démarches spirituelles à première vue aussi distinctes que les précédentes présentent un tel parallélisme et poursuivent, ne serait-ce que dans l’ordre négatif, une telle fin commune, il est trop évident que l’argumentation qui tend à les opposer l’une à l’autre, à les faire tenir pour incompatibles du point de vue révolutionnaire, ne peut que misérablement s’effondrer. (1935, pp. 109-110)
Commenter  J’apprécie          10
De notre place, nous soutenons que l’activité d’interprétation du monde doit continuer à être liée à l’activité de transformation du monde. Qu’il appartient au poète, à l’artiste, d’approfondir le problème humain sous toutes ses formes, que c’est précisément la démarche illimitée de son esprit en ce sens qui a une valeur potentielle de changement du monde, qu’une telle démarche — en tant que produit évolué de la superstructure — ne peut que venir renforcer la nécessité du changement économique de ce monde. Nous nous élevons en art contre toute conception régressive qui tend à opposer le contenu à la forme, pour sacrifier celle-ci à celui-là. Le passage des poètes authentiques d’aujourd’hui à la poésie de propagande, tout extérieure comme elle est définie, signifierait pour eux la négation des déterminations historiques de la poésie même. Défendre la culture, c’est avant tout prendre en mains les intérêts de ce qui intellectuellement résiste à une analyse matérialiste sérieuse, de ce qui est viable, de ce qui continuera à porter ses fruits. Ce n’est pas par des déclarations stéréotypées contre le fascisme et la guerre que nous parviendrons à libérer à jamais l’esprit, pas plus que l’homme, des anciennes chaînes qui l’entravent et des nouvelles chaînes qui le menacent. C’est par l’affirmation de notre fidélité inébranlable aux puissances d’émancipation de l’esprit et de l’homme que tour à tour nous avons reconnues et que nous lutterons pour faire reconnaître comme telles.

« Transformer le monde », a dit Marx ; « changer la vie », a dit Rimbaud : ces deux mots d’ordre pour nous n’en font qu’un. (1935, pp. 67-68)
Commenter  J’apprécie          10




    Lecteurs (16) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Philo pour tous

    Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?

    Les Mystères de la patience
    Le Monde de Sophie
    Maya
    Vita brevis

    10 questions
    438 lecteurs ont répondu
    Thèmes : spiritualité , philosophieCréer un quiz sur ce livre

    {* *}