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EAN : 9782235004596
255 pages
Tallandier (12/06/1992)
3.81/5   8 notes
Résumé :
Roi de Germanie, d'Italie, de Sicile et de Jérusalem, Frédéric II de Hohenstaufen est l'un des plus fascinants souverains du Moyen âge. Au XIIIe siècle, parce qu'il étudiait avec passion l'Antiquité païenne et la culture orientale et qu'il fréquentait d'éminents savants musulmans il fut l'Antéchrist. Réformateur, protecteur des sciences et des arts, maîtrisant sept langues, il semblait déjà préfigurer la culture renaissante. Dans un récit saisissant, Marcel Brion re... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Marcel Brion fut l'auteur de l'une des plus belles biographies de Frédéric II de Hohenstaufen (1194-1250).
Né a Iesi, dans la marche d'Ancône, Frédéric était le fils de l'Empereur Henri VI et de Constance de Hauteville, la fille du roi de Sicile, le Normand Roger II. Il fut très tôt projeté sur la scène de l'Histoire : ayant perdu son père en 1197 et sa mère en 1198, il fut placé sous l'autorité du pape Innocent III ; son titre de roi des Romains lui fut retiré à cette époque au profit de Philippe de Souabe ; Frédéric vit son royaume réduit par le pape à la Sicile et à l'Italie méridionale ; c'est que le pape ne voulait pas que les États pontificaux fussent pris en tenaille entre la Germanie et le sud de l'Italie ; Frédéric passa son enfance et sa jeunesse à Palerme, où il acquit savoir et culture : il fut formé à la pensée philosophique d'Aristote et à celle d'Averroes ; il s'intéressa à la poésie, aux mathématiques et aux arts ; il connut bientôt plusieurs langues, allemand, normand, français, latin, grec, arabe.
Il fut marié en 1208 à Constance d'Aragon, de onze ans son aînée. Mais le pape dressa contre lui un rival : Othon IV de Brunswick fut couronné empereur romain germanique en 1209. Puis le Pape Innocent III se ravisa et fit déclarer devant la diète de Nuremberg en 1211 qu'il apporterait son soutien à Frédéric pour le trône de Germanie. La contrepartie devait être l'abandon de la couronne de Sicile qui devait revenir à Henri, fils de Frédéric. Frédéric put donc franchir les Alpes et être fait Empereur à Mayence le 9 décembre 1212. Un peu plus tard, Othon IV connut une humiliante défaite face au roi de France Philippe II Auguste, à Bouvines, le 27 juillet 1214. On trouva dans ses bagages les insignes de l'Empire germanique, que le roi capétien fit remettre à Frédéric. Un an plus tard, le 23 juillet 1215, Frédéric fut couronné pour la deuxième fois, cette fois-ci à Aix-la-Chapelle. Innocent III puis Honorius III confirmèrent successivement le fait, le deuxième, depuis Rome, en 1220.
Mais l'idylle avec la Papauté cessa à ce moment-là.

Marcel Brion nous conte tous les déboires de Frédéric II avec le Saint-Siège, depuis sa promesse de partir en Croisade, ce qui aurait bien fait les affaires des papes, qui auraient été trop contents d'éloigner d'Italie cet Empereur germanique, jusqu'aux difficiles années de la fin. Comme Frédéric tardait à faire passer dans les faits l'engagement qu'il avait pris d'aller libérer Jérusalem, alors qu'il devait affronter une ligue de cités lombardes révoltées contre son autorité, il dut faire face dorénavant aux attaques les plus virulentes de la papauté, qui n'hésita pas à prononcer son excommunication. C'est Grégoire IX qui arrêta cette décision en prenant prétexte du défaut (et même simplement du retard) d'exécution du saint voeu prononcé par Frédéric pour frapper l'Empereur de ses foudres. On connaît la suite, le départ en Croisade d'un Frédéric II séparé de la communauté des fidèles, sa manière peu orthodoxe de faire la Croisade, ses négociations secrètes avec le sultan d'Egypte Malik al-Kamel, l'arrangement qui permit à la Chrétienté de récupérer le plus pacifiquement du monde pour quelques années la ville de Jérusalem et les localités de Nazareth et de Bethléem, le couronnement de Frédéric comme roi de Jérusalem le 18 mars 1229, les liens tissés avec le grand-maître des chevaliers Teutoniques qui devait servir d'ambassadeur pour de nombreuses tractations avec divers interlocuteurs, y compris auprès de la papauté, les intercessions de Louis IX pour tenter de raccommoder le Pape et l'Empereur et la fin de vie difficile de Frédéric qui eut à lutter contre des personnes qui, poussées en avant par le Souverain Pontife, contestèrent à l'Empereur le droit à régner en Sicile, en Italie et en Allemagne. Déposé en 1245, par Innocent IV, réfugié à Lyon, où il bénéficiait de la protection de Louis IX, battu en 1248 par les Palermitains, qui avaient fini par s'insurger contre lui, il mourut dans les Pouilles, à Fiorentino, le 13 décembre 1250.
Il est connu pour avoir entretenu des relations d'amitié avec des princes arabes et avec leurs envoyés et il n'en finit pas d'étonner ses contemporains par ses choix culturels, avec l'idée de marier les styles orientaux et occidentaux et de faire se rencontrer les croyants chrétiens et les tenants de l'Islam. Il faisait briller tout cela partout autour de lui, à la grande "stupeur du monde" ("stupor mundi").
On lui doit par ailleurs un traité de fauconnerie et, surtout, des mesures qui maintenaient les privilèges des ecclésiastiques et princes allemands.
Il est inhumé dans la cathédrale de Palerme.
François Sarindar, auteur de : Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu
(2010)
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Pour les amateurs d'Histoire, Marcel Brion est connu pour avoir écrit plusieurs biographies sur d'illustres personnages qui ont marqué leur temps et L Histoire: Attila, Blanche de Castille, Laurent le Magnifique,... Toutefois, parallèlement à son travail d'historien, l'auteur est également romancier et cela se voit dans son style et se ressent à la lecture.

Sa biographie de Frederic II de Hohenstaufen se lit presque comme une oeuvre littéraire et Marcel Brion décrit le célèbre empereur et ses actes comme s'il l'avait connu lui-même. C'est d'ailleurs là mon principal bémol. L'historien cite peu ses sources et les notes de fin de volume sont plutôt maigres. Attaché à ce souverain, Brion en perd son impartialité et prend vite parti pour lui. Pas au point de passer sous silence ses erreurs et son caractère parfois violent mais en les minimisant. Sa biographie en perd en crédibilité.

Cela dit, si l'on arrive à faire l'impasse sur cette complaisance et à rester vigilant sur certains points, le livre est à la fois instructif et passionnant. Pas forcément complet - l'auteur passant trop vite certains épisodes de la vie de Frederic - mais constitue une bonne mise en bouche pour celui qui souhaiterait se pencher sur ce destin hors-norme.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
A peine avait-il échappé aux griffes des Allemands qu'il tomba entre les mains des Sarrasins. Ceux-ci voulaient-ils, en s'emparant de cet otage, obtenir le gouvernement du royaume où ils étaient déjà si puissants? Espéraient-ils seulement monnayer cette capture en ne relâchant leur prisonnier que contre paiement d'une riche rançon? On ne sait. Par son adresse, par son intrépidité, Frédéric les tint en respect et les vainquit. Plus raffinés que les Souabes, plus "civilisés", ils respectaient davantage les talents et les qualités qui rayonnaient chez cet enfant. Ils lui donnaient déjà cette admiration et cette amitié qu'il leur rendra plus tard quand il fera de sa cour à Capoue, et à Foggia comme à Palerme, une capitale à demi-mahométane, où leurs savants, leur artistes, leurs poètes se sentiront chez eux aussi bien qu'au Caire, à Damas, à Grenade ou à Cordoue.
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Il connaît les prophéties étranges et terribles qui ont annoncé sa naissance. (...) Est-il l'Antéchrist, dont parlait Joachim de Flore, ou ce Maître du monde que prophétisait Merlin? Que signifie le rêve qu'a fait sa mère, dans lequel elle le voyait sous la forme d'une torche vivante, qui allait mettre le feu à l'Europe? quelque forme que prenne ce destin qui l'attend, il sait qu'il sera exceptionnel et grandiose, mais il devine aussi combien sera longue et pénible cette ascension, quels efforts elle réclamera, combien d'échecs, de reprises, d'incertitudes, l'attendront sur cette route.
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Pendant qu'il s'initiait, trop tôt, aux jeux compliqués et décevants de la politique, il s'instruisait sous la direction du notaire Giovanni di Trajetto et de l'archevêque de Tarente Nicola, dans toutes les sciences qui constituaient le bagage d'une jeune prince et d'un "honnête homme" de ce temps. Au hasard des événements, il découvrit aussi d'autres sciences dont ses maîtres officiels ne lui parlaient pas. Dans cette Palerme cosmopolite où les cabalistes juifs voisinaient avec les savants arabes et les théologiens chrétiens, il ramassa selon la chance des rencontres toutes les bribes des savoirs épars que poursuivait son insatiable curiosité. Il apprit toutes les langues, il s'intéressa à tous les arts. Il écouta les troubadours provençaux, les chanteurs cathares réfugiés en Sicile, et les poètes sarrasins.
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La culture qui représentait pour cet adolescent, tout pénétré déjà de cet esprit qui sera deux siècles plus tard l'esprit de la Renaissance, la fleur la plus exquise de la vie et l'occupation la plus noble de l'homme, adoucissait cette enfance qui avait découvert prématurément la défiance , la crainte, le soupçon et le mépris. Il excella bientôt dans tous les talents de l'esprit et dans tous les arts de la chevalerie. Il s'intéressait aux armes aussi bien qu'aux livres d'Averroes et aux calculs de Fibonacci.
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Un croisé pacifique : on n'avait jamais vu cela, et pourtant on avait vu bien des choses depuis que l'idéal de la croisade avait été si souvent galvaudé et ses moyens détournés de leur but sacré pour servir de louches combinaisons, des intérêts personnels, ou de basses ambitions. Combien chimérique, d'ailleurs, cet idéal pacifique ! Frédéric II, connaissant bien les musulmans, pouvait-il s'imaginer qu'ils abandonneraient de bon gré la Palestine aux chrétiens? Supposait-il que les deux cultes, établis tous les deux autour des ruines du temple de Salomon pourraient cohabiter paisiblement? Ignorait-il le fanatisme intransigeant des mahométans, leur horreur du christianisme?
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Video de Marcel Brion (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Marcel Brion
« Vie et mort de Gérard de Nerval », conférence de Marcel Brion, à l'occasion du 100ème anniversaire de la mort de Nerval. Première diffusion le 21 mars 1955 sur la Chaîne Nationale.
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