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Simone Beuzebosc (Traducteur)
EAN : 9782859407469
320 pages
Phébus (30/11/-1)
3.38/5   13 notes
Résumé :
On vient de remettre sous les projecteurs l'oeuvre romanesque de Louis Bromfield (1896-1956) en rééditant avec succès Précoce automne (prix Pulitzer 1926) Mississippi (boueux à souhait) et Emprise (un rien oppressant). Une oeuvre incroyablement populaire des années 20 aux années 50, puis un peu vite oubliée, et que l'on est en train de redécouvrir pour ce qu'elle fut aussi (et que l'on évitait alors de crier sur les toits) : une dénonciation carabinée de la bonne co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
En 1888, dans une ville du Colorado, le fils d'un magnat des mines revient au bercail après ses années d'études en Angleterre. Il y découvre, entre autres, l'amour (chaste, je vous rassure), la vérité sur sa filiation, les soubresauts de la vie politique locale et sa vocation professionnelle.


Pour quelle raison lire Louis Bromfield aujourd'hui? D'abord, par nostalgie teintée de curiosité pour un des rares écrivains américains qui figuraient dans la bibliothèque de nos grands-parents, après guerre, aux côtés de Pearl Buck et John Steinbeck.
Ensuite, par penchant pour l'exotisme et l'aventure, que Bromfield exploite souvent dans ses romans - il s'agit parfois de l'Inde ("La Mousson", "les nuits de Bombay"), ici c'est le Far West, celui des clichés, avec montagnes, trains à vapeur, villes champignons, éleveurs de bestiaux, filles de saloon et blanchisseurs chinois.
Et enfin, par envie de retrouver les subtilités dans l'étude des caractères dont l'auteur avait fait preuve dans "Précoce Automne", que j'ai déjà critiqué ici, et qui lui avait fait mériter le prix Pulitzer en 1927.


Sur ce dernier point, "Colorado", publié en 1947, déçoit tant, qu'on peine à reconnaître la plume qui reçut le Pulitzer vingt ans auparavant.
Intrigue infiniment prévisible, dialogues calamiteux, personnages archétypaux, division binaire entre les bons et les méchants, rien ne nous est épargné. Pour se simplifier la tâche fastidieuse de la description physique des personnages, Bromfield décide que les méchants seront une lignée de brutes épaisses de père en fils, tous bruns et poilus, tandis que les gentils se reconnaitront facilement grâce à leur physique délicat (mais viril) et leurs cheveux blonds.


Le final est peut-être ce qu'il y a de pire, avec le sauvetage de la belle jeune fille, digne des pires mélodrames populaires de l'Ouest, tels que les ont caricaturés Goscinny et Morris dans l'album de Lucky Luke "Le cavalier blanc". Imaginez sérieusement le principal protagoniste masculin prononçant la phrase "Je suis là, ma chérie, et je ne vous quitterai plus jamais". Ce n'est pas "Le cavalier blanc", c'est du Bromfield dans le texte.


Autant la comparaison avec Henry James ou Edith Wharton était méritée pour "Précoce Automne", autant je me demande quelle mouche a piqué l'éditeur chez Phébus, qui a osé comparer sur la quatrième de couverture, ce mauvais roman de gare aux "Frères Karamazov" (rien de moins).
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A Silver City, tout appartient à P.J. Meaney. Colosse hirsute, avec des mains comme des battoirs, ses trois fils lui ressemblent comme deux gouttes d'eau, aussi mal dégrossis et vulgaires que lui ; sa fille Eudora pour son malheur aussi ; seul son fils Dick de retour d'Angleterre, où il était parti pour recevoir une éducation de gentleman, est raffiné comme sa mère.

Sa mère justement, Ellie May, regarde son mari s'agiter et note scrupuleusement toutes ses petites malversations dans son carnet. Toute la ville la considère comme une grande dame, aussi bien que pour toutes les attentions qu'elle prodigue aux mineurs exploités par P.J et aux défavorisés ainsi qu'à l'organisation de la ville, que par son caractère, car il en faut du caractère et de la patience pour supporter un mari aussi colérique et bestial, qui d'entrepreneur plein de fouge est devenu un potentat avide.

Madge, maitresse de P.J depuis 20 ans, tenancière du lieu de divertissement le plus chic de Silver City, intelligente, autoritaire et respectée ; née homme elle aurait été général ; est le deuxième coeur féminin qui tient aussi la ville. Ellie May et elle se respectent et s'estiment à distance.

Dick rentre d'Angleterre et avec lui M. Chatsworthy. Ce dernier, anglais typique, qui regarde avec vertige ce pays sans limites, est bousculé dans son for intérieur par l'effervescence qui règne à Silver City. Il se prend à rêver d'être un cowboy. Il va d'ailleurs fait l'objet de toute l'attention d'Eudora. La fille de P.J et Ellie May s'est clouée sur son lit depuis 10 ans, suite à la rupture de ses fiançailles elle a décidé qu'elle était malade, et ne sort plus de sa chambre. Elle observe Silver City avec sa longue vue et ne rate néanmoins rien des évènements de la ville. Elle va connaître une guérison foudroyante.

Dans le train qui amène Dick, nous avons aussi Melle Belle da Ponte, jeune fille d'une beauté renversante, chanteuse d'opéra, qui va faire tourner toutes les têtes, mais qui veille sur sa vertu telle une duègne, seul bien qui lui reste.

Cet été aurait dû se passer comme tous les autres, mais entre le mécontentement grandissant des mineurs exploités par P.J, les honnêtes gens révulsés par ses malversations et sa tyrannie et les élections qui approchent avec Henry Caldwell, ex meilleur ami de P.J, qui se présente au poste de gouverneur en ayant comme objectif de faire régner la probité et l'honnêteté, la situation est explosive à Silver City et l'auteur va nous conter avec beaucoup de drôlerie la saga des Meaney jusqu'à l'embrasement final.


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