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Henriette Loreau (Traducteur)
EAN : 9782070762699
322 pages
Gallimard (13/06/2001)
3.52/5   244 notes
Résumé :
" Il ne m'était pas difficile de découvrir la meilleure manière de cultiver l'esprit de Frances, de satisfaire son âme altérée, de favoriser l'expansion de cette force intérieure que le froid et la sécheresse avaient paralysée jusqu'à présent.

Une bienveillance continuelle cachée sous un langage austère et ne se révélant qu'à de rares intervalles par un regard empreint d'intérêt ou par un mot plein de douceur, un profond respect dissimulé sous un air ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (47) Voir plus Ajouter une critique
3,52

sur 244 notes
Premier roman que Charlotte Brontë chercha à publier-et non premier texte d'une grande maîtresse de la littérature car, rappelons-le nous, les enfants Brontë ont noirci des milliers de pages avant de créer leurs grands chefs d'oeuvre, Le Professeur fut refusé par les éditeurs et ne fut publié qu'après la mort de son autrice. Comment expliquer ce rejet constant, même après l'éclatant succès de Jane Eyre, et alors que Charlotte aimait son roman mal aimé et ne le reniait en rien ? Je ne sais pas trop. le narrateur-William Crimsworth-est un jeune homme mi-aristocrate mi-bourgeois, déclassé et passablement insupportable à donner à tous des leçons de morale...Mais Charlotte n'use jamais d'aucun subterfuge narratif pour lui donner raison de l'extérieur, donc rien ne dit qu'elle l'approuve entièrement. Quand on a su que l'auteur de Jane Eyre était une femme, on lui a reproché de n'avoir pas su, dans ce premier texte, créer un homme crédible...Comme si les héroïnes d'auteurs mâles du XIXème siècle, ces purs anges de douceur (madame de Rénal, madame de Mortsauf, madame de Bidule et autres …) l'étaient plus...Bref, mystère.
Le roman n'est pas Jane Eyre. Point de romantisme échevelé, de gothique, de folles enfermées, de pasteur fanatique, d'homme sombre, fatal et ténébreux, de landes hantées...Mais les régions industrielles d'Angleterre et la sereine Belgique. Un "héros" en proie à des dilemmes pédagogiques très actuels (nihil novi sub sole) : comment éviter de se faire ratatiner par une classe, de garçons comme de filles (et on sent l'expérience chez Charlotte, qui donne de très bons conseils pour les débutants) des problèmes de famille et des problèmes d'argent. Des amours compliqués mais banals. Quoi de génial là-dedans ? Les interstices, les failles, les non-dits : d'où vient la dépression qui accable parfois William ? Pourquoi, à la fin, les personnages sont-ils si inquiets pour leur fils Victor ? Qui est Hudson Yorke Hudson, l'homme qui suit toujours de loin William et l'aide toujours, sans qu'il sache vraiment pourquoi ni ne s'y intéresse vraiment, au grand désespoir de la lectrice devant son aveuglement ? Pourquoi la si raisonnable et matérialiste mademoiselle Reuter tombe-t-elle si follement amoureuse du narrateur ? Celui-ci insiste sur sa grande myopie, qui lui rend difficile de saisir les visages et leurs expressions. Sa myopie est aussi intellectuelle, et les obscurités qu'il laisse dans sa vie nous travaille et nous obsèdent. Ses préjugés sur les Européens nous hérissent, d'autant que ses compatriotes l'ont fort mal traité...William est un homme dans le déni, qui ne voit pas les ténèbres...Peut-être est-ce là le sens du personnage météorite de Victor, son fils, environné d'ombre alors que le roman semble annoncer une happy end...Une vision de son propre père, le pasteur Brontë, n'ayant pas vu à temps les démons de son fils Branwell, trop sûr de lui et trop aveugle.
Quoiqu'elles écrivent, je suis fascinée par les Brontë, et par Le Professeur comme par tous les autres.
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Résumons cette lecture en deux mots : pauvre Charlotte Brontë ! Ce livre, elle l'écrivit de retour de Bruxelles, où elle séjourna dans un internat pour développer ses connaissances en langues. Elle y resta presque deux ans, d'abord avec sa soeur Emily en tant qu'élèves, puis seule en tant que professeur d'anglais. Elle y tomba amoureuse du directeur, Constantin Héger, qui malheureusement était marié. De retour en Angleterre elle écrivit ce roman, son tout premier, qui fut refusé par tous les éditeurs et ne parut qu'à titre posthume. Et malheureusement… On comprend pourquoi.

Le narrateur, un jeune homme d'origine aristocratique mais réduit à la pauvreté, cherche protection auprès d'un frère ainé qu'il connait à peine. Ce dernier lui procure un emploi dans son usine, mais développe une violente haine à son égard, et le lui fait sentir. Un jour il se fait un ami singulier du nom de Hunsden, qui l'insupporte au plus haut point mais dont il suit le conseil : donner sa démission et partir vivre à Bruxelles. Là, il trouve un emploi de professeur d'anglais dans une école privé pour garçon. Un pensionnat pour jeunes filles voisin sollicite également ses services. L'une des professeurs, une jeune fille pâle et timide, demande à pouvoir également assister à ses cours. Il découvre qu'elle est d'origine anglaise…

Disons le tout net, le héros est l'un des plus imbuvables de toute la littérature. Asocial, hautain, d'une morale digne d'un bloc de marbre en Antarctique, il affiche le mépris le plus total pour les catholiques « d'une nature corrompue et immorale » et les Flamands « lourdauds de corps et d'esprits », et plus généralement pour tout ce qui n'est pas purement britannique. Un regard en coin est pour lui d'une débauche éhonté ; les jeunes filles du pensionnat lui semblent d'une grande dépravation d'esprit. Dans ces conditions, son idylle ressemble à l'amour entre un ours blanc et un iceberg.

Qu'avons-nous derrière tout cela ? Jusqu'au départ pour Bruxelles, une première partie excellente nous présentant un jeune homme d'autant plus malade de fierté qu'il vit dans une misère noire, menant une vie morne et dénuée de tout plaisir ou d'espoir. Un personnage génial, Hundsen, plein d'ironie et de sarcasme. Et après… Toute la tristesse de la vie de Charlotte. La pauvreté et la fierté du professeur, c'est la sienne. La jeune fille timide, maladive, souffrant du mal du pays et de la solitude… C'est elle. Et dans le professeur au regard dur et à la critique impitoyable, on reconnait sans peine Constantin Héger. On a envie de lui dire : « non très chère, corriger sèchement les fautes d'orthographes de quelqu'un n'a jamais été et ne sera jamais une technique de séduction !»

Et puis, l'on pense à la jeune fille ayant grandi dans le deuil, seule loin de son pays et de sa famille, amoureuse d'un homme marié et de surcroit catholique – autant dire vivant sur une autre planète… Et on lui reconnait bien le droit de rêver un peu. du moins si vous êtes un pur fan des Brontë, car sinon mieux vaut passer votre chemin.
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Un jeune anglais sans titre ni fortune décide de tenter sa chance en Belgique avec dans sa poche une lettre de recommandation pour l'enseignement. Il devient après quelques péripéties professeur dans un collège de garçons, qui jouxte un pensionnat de jeunes filles. Rapidement, il est intrigué par les voix et les rires qu'il entend du jardin qui lui cache la vue du pensionnat. La qualité de son enseignement l'amène à donner quelques cours dans ce nouvel établissement, à sa plus grande satisfaction. Il est d'ailleurs assez vite intéressé, voire séduit, par la directrice du pensionnat.

Moi qui suis fan de Jane Eyre, ce petit bijou de la littérature anglaise, je suis terriblement déçue par ce Professeur ! Ce premier livre de Charlotte Brontë fut refusé, parait-il, à sa sortie, par les éditeurs... Pour moi, il est simplement très... décevant !

L'histoire est assez convenue, sans grande surprise. J'ai surtout été assez ulcérée par l'intransigeance des propos tenu par notre petit professeur anglais ! Selon lui, les belges sont bêtes, et portent leur infériorité intellectuelle sur leur faciès ("Certes les deux pauvres garçons étaient Belges et avaient la figure nationale, où l'infériorité intellectuelle est gravée de manière à ne pas pouvoir s'y méprendre"), et les catholiques malhonnêtes ("J'ai besoin de me retrouver au milieu des protestants ; ils sont plus honnêtes que les catholiques. Dans cette maison, ceux qui l'habitent ne sont que perfidie et trahison. Pour eux, le mensonge est légitime, et ils appellent politesse la fausse amitié qu'ils vous témoignent et dont ils couvrent la haine que vous leur inspirez."). Les femmes ne sont pas mieux traitées, au pire elles sont bêtes et vénales, au mieux, en attente d'un homme, un professeur, qui reconnaisse dans leurs yeux baissés l'intelligence et lui permette, avec de patientes leçons, de révéler son potentiel... de façon plus globale, point de salut pour William Crimsworth hors des Anglais et des protestants !! de même, j'ai trouvé presque limite le petit affolement pas très moral qui le titille à l'idée d'enseigner à des jeunes filles ("Être admis dans un pensionnat de demoiselles, quel évènement dans ma vie ! ce devait être si intéressant de donner des leçons à des jeunes filles ! "). le tout n'est finalement qu'une histoire à l'eau de rose qui sert de prétexte à de hautes considérations sur l'intellectuel et la rigueur morale. Reste la jolie plume de Charlotte Brontë, sa capacité à décrire précisément les états de l'âme, et à mettre, de temps en temps, du piquant dans les dialogues.
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Le professeur est en fait le premier roman de Charlotte Brontë qui a été refusé par des éditeurs. Finalement, c'est à titre posthume que celui-ci a été publié. On comprendrait ce refus par l'atmosphère bilieuse, irascible qui se dégage de ce livre. L'écriture, par contre, est autant une saveur comme on s'y attendrait avec Charlotte. En effet, la plume nous empoigne dès les première pages, avec une longue lettre que William adresse à un ami d'école, dans laquelle il raconte comment ils sont devenus orphelins, son frère et lui. Recueilli par ses oncles. une fois devenu jeune homme, il se trouve dans un embarras de choix pour se tracer un chemin. Les propositions de ses oncles ne l'enchantent point. Il opte de suivre la voie de son grand-frère qui, entre temps, est parvenu dans l'industrie. Celui-ci lui contraint de rompre d'abord toute relation avec leurs oncles, ce que fait William. Il rejoint son frère par la suite...ce ne sera qu'un rêve, un chemin, un espoir illusoire...
Des rencontres dans ce livre sont sulfureuses, des personnages sont étranges, ils ont des tiques assez invraisemblables, ambivalents, leurs manières contrastent fortement avec leur langage. Puisque c'est dans le regard de William que nous côtoyons ce monde, et son regard n'est que réprobation, il est exigeant, soupçonneux, tout lui parait fade, terne. Même quand il devient professeur dans un pensionnat de jeunes filles, on s'attendrait qu'il s'attendrisse un peu devant ces jeunes fleurs, non. Il est implacable quand il fait la description de ce milieu. Il est lui-même sec, antipathique, impulsif, fermé, opiniâtre jusqu'à ce qu'il accueille Mlle Henri dans sa classe...là, peu à peu, il se métamorphose...
Quand la plume, savoureuse, savoureuse!!!
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Roman tardif (et publié à titre posthume si je ne me trompe), "Le professeur" de Charlotte Brontë est bien moins connu que le monument "Jane Eyre". Et pour de bonnes raisons. Non que "Le professeur" ne soit pas un bon roman, c'est même un beau roman plein de sensibilité mais il n'a pas l'envergure de son aîné.

William, le narrateur, est orphelin. Issu d'une famille naguère prospère, aujourd'hui ruinée, il cherche à s'employer chez son frère industriel dans le Nord de l'Angleterre (cette partie se ressent de l'influence du superbe "Nord et Sud" d'Elizabeth Gaskell). Devant l'échec de la relation fraternelle, William passe à l'étranger et s'installe à Bruxelles en qualité de professeur dans un pensionnat de jeunes filles en fleur...

Charlotte Brontë en connaît long sur la servitude de l'état d'enseignant. Gouvernante ou professeur, elle connaît les arcanes du métier et le décrit avec précision. Il est intéressant de constater que bien qu'une femme tienne la plume, le jugement qu'elle porte sur ses consoeurs n'est pas toujours tendre même si, personnellement, je le trouve plutôt juste, et toujours pondéré par l'expérience de Charlotte et de ses soeurs, des femmes de tête et de lettres dont l'existence fut tout un roman à elle seule.


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Citations et extraits (42) Voir plus Ajouter une citation
"Dès qu'une femme méprise celui qu'elle a épousé, dit Frances d'une voix profonde, elle n'est plus que son esclave ; et contre l'esclavage tous ceux qui pensent et qui raisonnent se sont toujours révoltés. Alors même que la torture serait le prix de la résistance, elle doit être subie ; et la route qui mène à la liberté vous conduisît-elle à la mort, il ne faudrait pas hésiter à la suivre : qu'est-ce que la vie sans liberté ? Je lutterais donc, monsieur, de tout mon pouvoir, de toutes mes forces ; et, quand ma faiblesse serait à bout, la mort me protégerait contre les mauvaises lois et leurs indignes conséquences.
- Le suicide, Frances ?
- Non, monsieur ; j'aurais le courage de survivre aux angoisses que le destin m'aurait imposées, afin de protester et de combattre jusqu'au dernier soupir pour la justice et pour la liberté.
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Je cherchai à rencontrer son regard, désireux d'y trouver l'intelligence que ne me révélait ni son visage ni sa conversation ; elle avait l'œil petit et brillant ; je vis tour à tour la coquetterie, la vanité et l'enjouement percer à travers sa prunelle, mais j'attendis vainement un seul rayon qui vînt de l'âme ; les fleurs resplendissent au soleil et nous plaisent dans la prospérité ; mais que de jours pluvieux dans la vie, et combien le ménage de l'homme, combien son foyer même serait triste et glacé, sans la flamme de l'intelligence qui l'anime et le vivifie !
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"J'ai besoin de me retrouver au milieu des protestants ; ils sont plus honnêtes que les catholiques. Dans cette maison, ceux qui l'habitent ne sont que perfidie et trahison. Pour eux, le mensonge est légitime, et ils appellent politesse la fausse amitié qu'ils vous témoignent et dont ils couvrent la haine que vous leur inspirez.
- Vous parlez des élèves, répondis-je, d'enfants sans expérience qui n'ont pas encore appris à distinguer ce qui est bien de ce qui est mal.
- Au contraire, monsieur, les enfants sont toute sincérité ; ils n'ont pas encore eu le temps d'apprendre la dissimulation ; ils mentent parfois, mais sans aucun artifice, et chacun voit lorsqu'ils font un mensonge, tandis que les grandes personnes trompent tout le monde, et le font à bon escient.
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Bref, il en est, pour le professeur, de la jeunesse et des charmes de ses élèves, comme d'une tapisserie dont il verrait continuellement l'envers ; fût-il parfois à même de regarder la surface brillante dont chacun admire les détails, il connait trop bien les nœuds, les points démesurés, les tortillons, les bouts de laine emmêlés qui se trouvent par derrière, pour être séduit par l'éclat et la pureté de lignes qu'on expose à la vue de tous.
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Que savais-je de la nature féminine avant mon arrivée à Bruxelles ? moins que rien ; j'avais à cet égard une idée vague, un pressentiment confus à travers lequel mon imagination voyait briller une forme vaporeuse, quelque chose d'insaisissable comme un nuage que la vue seule peut atteindre. Maintenant que je me trouvais en contact avec cette substance éthérée, je la voyais très palpable, souvent pesante, parfois très dure, ayant en elle un mélange de plomb et de fer.
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C'est « Un livre merveilleux, très étrange par endroits mais admirablement écrit » : ce n'est pas moi qui le dis, c'est la reine Victoria. Mais savez-vous pour quel livre la reine Victoria s'est enflammée ainsi ?
« Jane Eyre » de Charlotte Brontë, c'est à lire en poche chez 10/18.
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