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EAN : 9782714434043
204 pages
Belfond (16/03/1998)
3.78/5   84 notes
Résumé :
Edith Hope qui, sous un pseudonyme plus aguicheur, écrit des romans sentimentaux, s'est retirée à l'Hôtel du Lac, établissement cossu, situé en bordure du Léman. " Ceux qui croyaient me connaître ne tenaient pas à me voir changer ", dit-elle pour évoquer le carcan dans lequel elle vivait jusque-là enfermée et les raisons qui, vraisemblablement, l'ont incitée à choquer pour toujours la bonne société anglaise. Plutôt que de se confesser, la romancière écrit, écoute et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Lorsque le roman démarre, Edith Hope, 39 ans, écrivaine anglaise de romans sentimentaux, vient d'arriver dans le très sobre hôtel suisse où son entourage l'a forcée à s'exiler temporairement après « un faux pas lamentable », une « chose effarante » dont on ne découvrira que plus tard la teneur. Après s'être morfondue de la situation, elle semble se plier de bonne grâce à l'inanité d'un train-train inepte, s'intégrant petit à petit à la petite communauté respectable de l'hôtel, tout aussi respectable comme si cette sage mortification devait lui permettre de réintégrer sa vie d'avant une fois la parenthèse achevée.

Rien n'est spectaculaire dans ce roman feutrée, à commencer par son héroïne - presque surannée - d'intellectuelle célibataire aux faux-airs de Virginia Woolf ( comme on le lui rappelle souvent ), jamais sans son cardigan. Les enjeux semblent minimes tant il ne se passe rien de notable dans ses journées, balades, déjeuners, tea times, bavardages futiles, si ce n'est l'envie de savoir ce qu'elle a fait pour se retrouver punie ici, la révélation est d'ailleurs très bien amenée, au moment juste.

Et pourtant, on ne s'ennuie pas dans ce roman d'observation à la perspicacité psychologique. L'humour désenchanté de l'autrice culmine lors de portraits acides des personnes rencontrées par Edith. On suit au plus près son point de vue, regardant par dessus son épaule lorsqu'elle écrit des lettres. Sa vision mordante de son entourage explose alors qu'elle affiche toujours une politesse de bon aloi. Les descriptions, nettes et acérées, sont absolument mémorables, très drôles, notamment celles de la douairière Mme Pusey, parangon de la nouvelle riche thatchérienne, boursouflée de narcissisme et de suffisance.

Ce roman condense ce qu'on imagine être l'esprit britannique, entre élégance ironique, écriture ciselée et finesse d'observation. D'autant qu'au deux tiers, Anita Brookner opère une surprenante bascule en soumettant Edith à un test très austenien. Si j'ai été un peu « dérangée » par ce changement de rythme – je m'étais laissée charmée par le balancement lent des observations d'Edith – lorsqu'on referme le roman, je me suis dit que c'était très malin d'avoir ainsi orienté l'intrigue.

Très subtil surtout pour permettre une réflexion pertinente sur la cruauté de la société à l'égard d'une femme célibataire sans enfant qui atteint la quarantaine. Edith n'a pas suivi le chemin conventionnel tracé pour les femmes et elle arrive à un âge où le questionnement sur la justesse de ses choix devient difficile à éviter. Comment Edith, que l'on sent émotionnellement fragile, peut-elle acquérir conscience de soi et dignité sans passer par la case mariage ? Doit-elle passer des compromis avec ses valeurs avec ou s'extraire totalement des diktats sociétaux ?

Un roman introspectif très gracieux sur les regrets, le temps qui passe et les choix d'une vie. L'occasion pour moi de découvrir Anita Brookner, écrivaine anglaise réputée, dont Julian Barnes s'est récemment inspiré pour le personnage d'Elizabeth Finch. L'occasion également de découvrir la maison d'éditions Bartillat ( bel objet livre au beau grammage ) qui réédite ce roman de 1984 avec justement une préface très intéressante de Julian Barnes.
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Je n'avais encore jamais lu Anita Brookner et cette réédition préfacée par mon auteur fétiche Julian Barnes s'est présentée à point pour combler cette lacune. Il s'agit tout de même du Booker Prize 1984 écrit par une romancière que Barnes présente comme une amie et dont il s'est d'ailleurs largement inspiré pour le personnage d'Elizabeth Finch, son dernier roman. Autant dire que je partais avec un a priori très favorable, qui n'a pas été démenti au cours d'une lecture dont j'ai savouré la profondeur du propos et l'adresse de la construction ainsi que l'atmosphère un peu désuète qui imprègne le décor.

L'Hôtel du Lac, sur les rives du lac Léman est un de ces lieux intemporels qui ignorent les modes et dont on se refile l'adresse dans un certain milieu lorsqu'il s'agit de trouver un point de chute à des êtres qui ont besoin d'un peu d'ombre et de recul. C'est là que séjourne Edith Hope, une autrice anglaise de romans sentimentaux à succès contrainte de se faire oublier quelque temps. Pourquoi ? Nous l'apprendrons au fil du récit par des éléments finement distillés qui racontent la situation particulière de la jeune femme, toujours célibataire à l'approche de la quarantaine et partagée entre la satisfaction de l'indépendance et des envies matrimoniales qui la feraient entrer dans une certaine norme sociale. Ce séjour contraint lui offre l'opportunité d'observer quelques-uns des pensionnaires et la comédie sociale qui se joue à chaque moment de la journée tout en essayant de remettre de l'ordre dans la façon dont elle perçoit sa vie.

L'autrice parvient à installer une impression de suspens à plusieurs niveaux, prétexte à interroger ce qui pèse sur la condition d'une femme offerte au jugement d'une société corsetée et le prix à payer pour une dose de liberté. La richesse du propos séduit autant que la très fine touche d'humour qui affûte le regard de l'héroïne et prolonge sans doute l'esprit de l'autrice habile à décocher quelques flèches bien senties. L'unité de lieu permet un pas de côté à la fois original et déstabilisant, propice à la réflexion d'Edith dont nous suivons les méandres à chaque étape jusqu'à une fin dont je vous dirai rien. Il y a comme un petit air de rébellion qui souffle dans ces pages, une incitation à se trouver soi-même et surtout à faire ses propres choix. Quand c'est raconté avec autant d'intelligence, c'est un vrai plaisir.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Anita Brookner a remporté le Booker Prize en 1984 pour "Hôtel du lac".
Ce roman m'a plu encore davantage que le précédent "Regardez-moi". Il est considéré comme l'un des meilleurs de l'auteure.

La toile de fond est toujours occupée par une jeune femme, Edith, un peu décentrée socialement du fait de son célibat, et aussi de son talent d'écrivaine, considéré avec beaucoup de condescendance par ses amies : toutes femmes séduisantes à l'affût des proies masculines les plus valorisantes et possédant tous les codes.

Un jour Edith commet un faux pas, qui lui vaut d'expédiée comme un vulgaire colis dans l'hôtel isolé d'une région montagneuse, très loin de chez elle. Pour prendre conscience de sa faute, se repentir de sa turpitude...

On ignore jusqu'à la fin la nature de ce fameux "faux pas" : on se doute qu'il n'est pas de nature sexuelle, son entourage étant assez déluré. On suppute donc qu'il s'agit d'autre chose, de bien plus grave, sans être un délit ou un crime. Mais quoi de si terrible, pour qu'elle accepte de se laisser punir comme une petite fille prise en faute par des gens qui n'ont aucune autorité sur elle ?

J'ai trouvé les réflexions de l'héroïne sur la solitude et ses observations sur les autres occupants de l'hôtel, profondes et émouvantes, encore plus que dans "Regardez-moi". Sa discrétion et sa distance ne l'empêcheront pas d'être approchée par les autres pensionnaires et de créer quelques liens.

Ce séjour permettra-t-il à Judith de comprendre pourquoi elle en est arrivée là ? Parviendra-t-elle à ne plus être simple spectatrice de sa vie ?

Ces écrivaines anglaises sont formidables, et je préfère de beaucoup ce roman à "Emma" de Jane Austen. Il est vrai que l'Angleterre avait beaucoup changé entre 1815 et 1984. Quoique...
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Anita Brookner (1928-2016), est une romancière britannique. Elle se lance tardivement dans l'écriture en 1981 à l'âge de 53 ans. Dès lors, elle publiera chaque année un livre. Elle remporte le Booker Prize en 1984 pour Hôtel du lac. Elle est l'auteur de vingt-quatre romans, tous traduits en français. Elle est faite commandeur de l'ordre de l'Empire britannique en 1990.
Edith Hope est écrivaine sous pseudonyme de romans sentimentaux. Elle a quitté Londres pour séjourner dans un hôtel au bord du lac Léman durant la morte-saison à la fin de l'été. Immédiatement nous savons qu'elle est ici exilée, le temps de « redevenir celle que j'étais avant de faire cette chose effarante » qui nous semblera longtemps mystérieuse…
Dans cet hôtel au luxe discret et à cette époque, les quelques clients se réduisent à la comtesse de Bonneuil, la vieille veuve Pusey et sa fille Jennifer qui font « une impression puissante et indéfinissable » sur Edith, Monica « dont on devait taire le nom, bien que son mari fût dans le Gotha anglais » très maigre, anorexique, avec un petit chien.
Les journées d'Edith se déroulent lentement, elle travaille sur son nouveau roman, elle observe les clientes de l'hôtel et imagine leurs vies, pourtant « elle était capable d'inventer des personnages de romans, mais incapable de déchiffrer le caractère des gens ». Et puis elle rédige de longues lettres journalières à David, son amant, par ailleurs marié avec des enfants.
La personnalité de notre héroïne se dessine rapidement, elle est proche de la quarantaine, discrète, effacée, coincée dans une vie qui n'est certainement pas celle qu'elle rêverait sans qu'elle en prenne conscience ; elle écrit ses bouquins, voit David quand il est disponible et puis c'est à peu près tout. Et ça pourrait durer ainsi longtemps.
Mais entre en scène Philip Neville, un industriel aisé d'un certain âge, une ombre dans cet hôtel jusqu'alors, il s'intéresse à Edith, « un homme dont la personnalité et la finesse d'esprit sortaient de l'ordinaire ». Quelques sorties alentour et des discussions où ses propos provocateurs et directs, font prendre conscience à Edith de sa situation et trois jours avant de retourner chez lui, il propose le mariage à Edith, un mariage de raison qui serait pour chacun d'eux un contrat gagnant/gagnant (si vous lisez ce livre vous saurez pourquoi). Edith va devoir choisir… !
Une belle analyse des caractères féminins, même si aujourd'hui elle a un peu vieilli par rapport aux années 80.
C'est le second roman de l'écrivaine que je lis et je suis à nouveau surpris, théoriquement ses livres ne sont pas sensés m'intéresser et quand je les entame j'en suis convaincu, pourtant au fil de ma lecture je ne peux m'empêcher de suivre le récit qui se déploie facilement avec beaucoup d'empathie pour ses personnages, sans que le bouquin soit trop long non plus, et je le referme satisfait de ma lecture. Rien d'extraordinaire mais c'est vraiment sympathique.

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Un hôtel au bord d'un lac, en Suisse. Nous sommes en fin de saison, les brumes envahissent tout, les feuilles des arbres jaunissant, tombent. Cet établissement est tenu par des propriétaires très sourcilleux, soucieux d'accueillir une clientèle d'habitués, gens respectables, rassis, de tout repos, se fondant dans le cadre austère, loin de l'agitation touristique. A y regarder de plus près, il semble que c'est le lieu idéal pour se délester de personnes dont on ne sait plus que faire. Edith, autrice d'oeuvres sentimentales, habile à créer des personnages, mais incapable de déchiffrer le caractère des gens, a été fermement invitée à s'y rendre, pour se faire oublier, après un incident embarrassant dont elle a été la principale protagoniste. En détresse, elle rase un peu les murs, elle veut se faire aussi petite qu'une souris, à telle enseigne que sa discrétion ne passe paradoxalement pas inaperçue, et que les autres pensionnaires y voient une manière de dame de compagnie idéale, la confidente idoine, terne et effacée. Mme de Bonneuil a, quant à elle, été oubliée là par son fils, sous la pression d'une épouse autoritaire. Pour ce qui est de Monica, femme à la langue acérée, qui entretient un rapport complexe à la nourriture, délaissant ce qui remplit son assiette, au profit de son chien, Kiki, qui en dégobille la plus grande part, pour se rattraper sur les pâtisseries, c'est son mari, qui, déplorant sa stérilité, lui a enjoint de se mettre au vert, pour retrouver la santé, afin de lui donner une descendance et éviter ainsi le divorce. Enfin, il y a Mrs Pusey, et sa fille Jennifer, absolument satisfaites de leur sort, ignorant tout du principe de réciprocité dans le domaine de la conversation, et qui pérorent à loisir sur le seul sujet qui les intéresse, elles-mêmes. Arrive sur ces entrefaites, Mr Neville, homme riche, élégant et raffiné, professant assez cyniquement, un égocentrisme totalement décomplexé, et qui va apporter un peu d'animation dans ce microcosme qui sent un tantinet la naphtaline.


Hôtel du Lac est un petit bijou d'humour british, d'analyse psychologique fine et cruelle, dans lequel on devine, d'une certaine façon, que l'autrice y a mis un peu d'elle-même, de sa fragilité. Les personnages, plutôt de la vieille école, confits en manies, sont décrits avec une plume acérée. Cela ravira les lecteurs de romans délicatement méchants.
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critiques presse (2)
LeFigaro
16 février 2023
L’œuvre de la grande Anita Brookner (1928-2016) était mystérieusement épuisée en France. Remercions vivement les Éditions Bartillat d’amorcer son retour en librairie avec la reprise de son plus fameux roman, Hôtel du Lac (Booker Prize 1984, traduit chez Belfond quatre ans plus tard).
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
09 janvier 2023
Saisissant huis clos sur le ­Léman, Hôtel du lac se présente comme une galerie de portraits acérés, inspirée à la protagoniste, l’écrivaine Edith Hope, par les pensionnaires de l’établissement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
S'il faut vraiment que ce soit une femme libérée, pourquoi ne descendrait-elle pas au bar raccoler quelque'un ? Le hic, c'est que la plupart des femmes ne font pas çà. Et pourquoi ne le font-elles pas ? Parce qu'elles préfèrent le vieilles fables, dès qu'on en vient à l'essentiel. lles veulent continuer à croire qu'un homme les découvrira, resplendissantes de beauté, derrière des portes closes, au moment même où elles désespéraient de tout, qu'il reviendra du bout du monde en abandonnant ce qui jusque là faisait sa vie, à seule fin de la conquérir.
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Dans mes romans, c'est toujours la jeune fille effacée, discrète comme une souris, qui conquiert le héros, et triomphe de la dédaigneuse tentatrice, tandis que celle-ci quitte l'arène, humiliée, sans espoir de renouer une liaison orageuse. C'est donc la tortue qui gagne à tous les coups. Dans la réalité, bien entendu, c'est le lièvre qui gagne.
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Edith ne considérait vraiment le jardin comme son domaine que le matin très tôt ou en fin d'après-midi quand, une fois achevée sa tâche journalière, elle restait simplement assise sur un banc de fer forgé assez confortable (...) et qu'elle regardait le soleil disparaître derrière la haie tout en humant avec bonheur les odeurs que le soir intensifiait.
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Je ne parle pas des féministes. Celles-là, je comprends leur position, sans être toujours d’accord avec elles. Non, je veux parler des ultras de la féminité. De ces impénitentes mangeuses d’hommes qui sont persuadées que tout leur est dû : cadeaux, faveurs, privilèges. Et qu’elles ont tous les droits : celui, par exemple, de se conduire comme des idiotes et de ne s’intéresser qu’à leur petite personne. Je trouve ça déshonorant. Et terrifiant. Je me dis que les hommes sont peut-être des proies trop faciles. Et que les féministes auraient intérêt à réexaminer la question.
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- Désirez-vous vraiment passer le restant de vos jours à parler de vos entrailles à des femmes affligées ? reprit-il inexorablement.
- Je ne juge pas mes entrailles assez intéressantes pour en parler. dit-elle avec un rire malheureux.
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