En août 431 Hippone où vécut Augustin est incendiée, un peu plus d'un an après sa mort, il semble que la bibliothèque ait miraculeusement échappée aux flammes. Possidius évêque de Calame compila un catalogue complet de ses oeuvres et est probablement le rédacteur de "la vie d'Augustin". Il pris un soi particulier pour que augustin jouissez après sa mort d'une postérité littéraire immédiate et sans problèmes. Ses écrits devaient son legs au monde catholique. Aucun lecteur n'aurait à se demander quel livre était de lui, quel était son contenu, quand et pourquoi il avait été écrit.
Possidius allant jusqu'à conclure sciemment sa vie d'augustin mais de manière surprenante pour un évêque chrétien par la citation de la pierre tombale d'un poète païen :
"Tu veux savoir, passant, comment un grand poète peut vivre au delà de la tombe ?
Tu es là et tu lis ce vers : et c'est moi alors qui parle.
En lisant celui-ci à haute voix, ta voix vivante est la mienne"
Peter Brown le dit lui même : à quoi au juste ressemble cette voix qu'il a tenté de capturer dans les écrits d'Augustin. Ni la voix d"Augustin le philosophe, ni la voix d'augustin le penseur. Mais plutôt la voix d'Augustin l'évêque, saisi tour à tour dans sa plus profonde intimité et dans la plus simple routine.
En s'appuyant sur le corpus des des grandes oeuvres théologique d'Augustin,
Peter Brown nous livre LA biographie de
Saint Augustin.
Et c'est est un brillant tour de force qui ravira tout lecteur familier avec l'histoire de la pensée théologique ou de la fin de l'empire romain, voire les deux .
Il raconte la vie et les luttes intellectuelles d'un personnage fascinant, éclaire les écrits d'un philosophe important et dresse un brillant portrait de la société africaine au Ve siècle. . Il prend des thèmes intellectuels de controverses dans la vie d'Augustin (d'où les titres de chapitre en latin) et raconte l'histoire autour de ces thèmes en les mettant en perspective historique et théologique
La première chose à comprendre est que Brown a écrit une véritable biographie ; pas une spéculation sur la vie de l'homme connue à travers ses actions et quelques sources écrites. Brown disposait de toute la gamme de matériaux nécessaires pour composer une véritable histoire de l'homme public et privé. A sa disposition se trouvaient de volumineux écrits, des sermons et des lettres de la plume d'Augustin ainsi que de nombreuses autres sources contemporaines.
En d'autres termes, Augustin a mis suffisamment de lui-même dans ses Confessions et ses lettres pour que le biographe moderne puisse recréer l'homme intérieur aux différentes étapes de sa vie, ce que fait Brown et de façon magistrale.
Il présente Augustin comme un penseur qui a été exposé à de nombreuses idées et qui y a profondément réfléchi. Il a reçu une éducation classique de l'époque romaine. Il fut brièvement manichéen puis passa la majeure partie de sa carrière professionnelle en tant qu'évêque catholique à combattre deux hérésies : le donatisme et le pélagianisme. Les grandes réalisations d'Augustin pour la postérité ont été d'unir le platonisme au christianisme et de jeter les bases du calvinisme à travers le développement de la doctrine de la prédestination. La réussite du livre de Brown est qu'il donne au lecteur une compréhension du contexte intellectuel dans lequel Augustin a été éduqué et a vécu, tout en expliquant comment les oeuvres d'Augustin sont passées à la postérité et marquées profondément l'antiquité tardive voire plus.
Car c'est ce puissant sens du dynamisme qu'Augustin légua directement dans les années après sa mort aux catholiques d'Italie et de Gaule... Les écrits de l'un de ses admirateurs Prosper d'Aquitaine, montrent que ceux qui se sont ralliés en Italie et en Gaule aux vues d'Augustin sur la grâce et le libre arbitre l'ont fait parce qu'ils appréciaient les hommes d'action coulés dans le moule de l'Antiquité tardive. de tels hommes démontraient que la grâce de Dieu était toujours à l'oeuvre dans un monde devenu dangereux. C'est la prise en compte de cette foule infiniment variée d'hommes et de femmes simples en lesquels, chacun selon sa manière, selon les sermons d'Augustin, la grâce était censée travailler. Dans l'Occident romain, les provinces déchirées par la guerre aspiraient à nouveau à des héros, à des figures publiques un peu plus grandes que la vie. le chrétien moyen était moins présent dans la vision du monde de Prosper. Mais Prosper était sûr d'une chose. Comme son maître, il prenait toujours soin de souligner que « les élus recevaient la grâce non pas Pour demeurer oisifs mais pour leur permettre d'agir de manière juste ».
Cette affirmation résolue résume aussi bien que n'importe quel autre legs plus immédiat la contribution d'Augustin à la naissance de l'Europe médiévale.
Cette Vie de
Saint-Augustin de
Peter Brown est un livre merveilleux, qu'il faut prendre le temps de lire car parfois la lecture peut se révéler plus complexe.
Alors pourquoi ne pas avoir à portée de main une oeuvre de
Saint-Augustin que ce soit
Les Confessions, La cité de Dieu, voire la remarquable édition
Oeuvres philosophiques complètes (une valeur sûre de l'histoire, indispensable référence culturelle, un style fulgurant et accessible) publiées par Les
Belles Lettres ce qui permet de retrouver les divers renvois à l'oeuvre initiale faits par l'auteur, et de faire des pauses bienvenues