Des mots, des dessins et des peintures pour raconter le temps qui s'enfuit, la douleur de l'existence et le mouvement salvateur de la création. Trois textes écrits à des époques différentes, agrémentés de peintures où il y a souvent un regard qui porte tant d'interrogations. "La pensée, à cet instant, se précise : il y a eu effraction, c'est indéniable. Mais effraction de quoi ? Est-il question d'une effraction physique ? Psychique ? Symbolique ? Ou totalement "imaginaire" ? se demande
Louise Brun dans un fragment intitulé «état des lieux". Et puis surviennent d'autres hypothèses : "Un inceste ? de qui ? Comment ? Par qui ? Un inceste vraiment ? Ou peut-être "des mots" ? Des mots blessants qui auraient produit des effets ?".
L'écriture et les arts accompagnent
Louise Brun depuis des années ; elle a été également danseuse, enseignante, elle est aujourd'hui psychologue clinicienne à Paris. "Écrire, dessiner, sont ainsi des gestes, des mouvements, qui prolongent à leur manière le mouvement dansé que j'ai longtemps pratiqué. Tisser, mettre en lien, tenter de saisir ce qui inconsciemment travaille, tenter de dire et donner forme au plus près de ce qui s'écrit", souligne
Louise Brun.
Trauma est un livre à parcourir, à relire, à méditer ; les mots précieux et profonds de
Louise Brun guident le lecteur vers l'essentiel, vers une rencontre avec lui-même, malgré la fureur du quotidien de cette époque moderne tourmentée et souvent incertaine. "Si
Louise Brun m'évoque un peintre, c'est à
Jean Rustin que je pense. Mais un Rustin non figuratif. Et pourtant Rustin comme le peintre qui a su montrer la catastrophe ordinaire des corps en chute. Si elle me rappelle un écrivain, c'est
Nathalie Sarraute qui me vient en tête, une Sarraute qui serait proche d'Artaud, et qui s'attarderait longuement sur les failles, les coupures et les blessures dont nous sommes couturés", écrit le psychanalyste
Jean-Michel Hirt dans une belle postface qui restitue admirablement l'atmosphère captivante du livre.