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Critique de Luniver


Si la chaleur de ces derniers jours vous paraissait déjà irrespirable, il vaudrait mieux vous abstenir d'ouvrir ce livre, qui pourrait bien vous achever. John Brunner imagine un monde futur, mais pas lointain du tout, dans lequel le mode de vie occidental n'a connu aucun frein.

Résultat, la pollution a explosé ; toutes les villes sont couvertes par un épais smog, et rares sont les habitants à pouvoir encore apercevoir le soleil. Se baigner dans une rivière ou la mer est aussi pertinent que de vouloir piquer une tête dans une décharge publique. Les antibiotiques et les pesticides ont été utilisés à outrance, permettant aux virus et bactérie d'acquérir une immunité. Les poux, les puces, les tiques, les insectes ravageurs de culture s'en donnent alors à coeur joie, ignorant les doses de plus en plus massives de produits chimiques qu'on leur inflige dans des tentatives désespérées de reprendre la main. Dans cette guerre chimique, les humains s'en tirent moins bien : vous ne croiserez pas une personne qui ne soit atteinte d'asthme, de gonorrhée, de diarrhée ou de psoriasis. Quant aux bébés, rares sont ceux qui naissent sans handicap, physique ou mental.

Le monde présenté par Brunner est glaçant de réalisme. On se sent sale, poisseux, on cherche à reprendre son souffle en parcourant les pages. Cet effet est d'autant plus réussi que l'auteur ne cherche pas à nous donner de grandes explications géopolitiques. On suit au contraire les petits tracas quotidiens de citoyens tout à fait normaux, qui, on s'en rend compte, pourraient être nous dans quelques années : l'un attrape le typhus pour avoir bu de l'eau du robinet sans la traiter, un autre doit subir un traitement de plusieurs mois pour une maladie vénérienne qui se traite en une semaine aujourd'hui, un couple se ruine pour acheter de la nourriture à peu près saine pendant la grossesse de madame, des habitants d'immeubles cossus se résignent à cohabiter avec les rats, etc.

L'auteur n'est pas plus optimiste sur les solutions à apporter. Les habitants sont répartis en deux catégories : les partisans de la fuite en avant, qui considèrent que les problèmes causés par la technologie ne peuvent se résoudre qu'avec plus de technologie, et les résignés, qui attendent la catastrophe à venir en imaginant un mode de vie qui pourrait fonctionner après l'apocalypse. Les rares lanceurs d'alerte sont applaudis le temps de leur passage à la télévision, puis oublié dès le générique de fin d'émission.

Alors, c'est vrai que se balader avec un masque est déjà devenu recommandé dans certains grandes villes d'Asie si on ne veut pas voir son espérance de vie diminuer de dix ans, que de nouvelles épidémies apparaissent sporadiquement, et que les pesticides font régulièrement débat… Mais bon, nous, nous ne sommes quand même un troupeau aveugle… Si ?
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