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Cycle des Ouragans (Brussolo) tome 0 sur 4
EAN : 9782070428083
708 pages
Gallimard (13/05/2003)
3.84/5   113 notes
Résumé :
" Le vent se leva au moment même où l'astronef posait son train d'atterrissage sur la piste bétonnée de l'aéroport.
À l'instant précis où les grosses ventouses métalliques montées sur vérin entraient en contact avec le sol - agrandissant le réseau de lézardes sillonnant l'aire de stationnement -, le souffle déferla sur les bâtiments, fouettant les lignes sans grâce d'une architecture presque uniquement composée de dômes joufflus percés de meurtrières. " Sur l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Un recueil de trois récits ou le vent vous souffle dans les bronches ! ( au propre comme au figuré ) .

L'auteur n'est plus à présenter , il écrit abondamment et il sait à la perfection matérialiser des univers fantasques sous un jour fabuleusement rationnel avec des personnages qui ont énormément de présence , de sens et de portée ...

Il a écrit dans des genres très différents et en introduction de cette modeste bafouille misérable , je voudrais préciser que ce recueil de trois romans est de l'authentique science-fiction , plus particulièrement dans le registre du sous-genre planète opéra tout à fait orthodoxe .

Les trois récits qui composent ce recueil , sont assez cohérents ( à cause de l'univers ) sans que pour autant on puisse parler de suites systématiques ... Ces trois textes s'abordent d'ailleurs tout à fait séparément les uns des autres , mais je pense que le lecteur a tout à fait intérêt à suivre l'ordre de publication ...

Le vent souffle très fort sur la planète Santal , il va dans la direction du coeur de cette planète qui semble vouloir dévorer tout ce qui se trouve à sa surface où le quotidien est totalement subordonné à ces vent à la rage impitoyable ...
Cet univers est superbement présent et ces textes sont de qualité . C'est une très bonne expérience de planète opéra ...
Le lecteur est plongé dans un magma de dépaysements divers et variés , ces vents permanents qui tapent sur le système , des extraterrestres troublants au ou des cultes tout à fait savoureux comme celui des Pesants , par exemple ..

S'adapter à un contexte aberrant génère des aberrations en boucles , elles sont savoureuses et elles interrogent notre propre réalité en miroir C'est un délice à plusieurs niveaux de lecture .

C'est enfin, une sorte d'apocalypse permanente...

J'aime moins le second récit , je donne les titres des trois textes car ils sont très évocateurs de l'ambiance qui imprègne cet univers :
- le rempart des naufrageurs .
- La jeune fille et le doberman .
- Naufrage sur une chaise électrique .

Bienvenu sur ce monde où les maisons se baladent et où il vaut mieux s'enchainer , une fois n'est pas coutume , sourire ...
PS : Je recommande ce recueil à un lecteur exigent qui voudrait découvrir le genre planète opéra au travers de textes de qualité ...
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C'est en lisant la critique d'Alfaric de l'adaptation BD de « La horde de Contrevent » que j'ai eu envie de lire ce livre. C'est mon premier Serge Brussolo (enfin mes trois premiers vu qu'il s'agit d'une trilogie).

Quel rapport avec le roman d'Alain Damasio vous demanderez-vous? Je cite Alfaric (à nouveau) : « Avec son livre-univers « La Horde du Contrevent », Alain Damasio a transposé une histoire de planet opera de Robert Silverberg (« Les Royaumes du Mur ») à un univers de planet opera de Serge Brussolo (« La Planète des Ouragans »). »

Le Silverberg lu, il me restait à lire le Brussolo pour boucler la boucle ^_^

L'univers de Brussolo est assez déstabilisant… mais je me suis laissée happer par l'histoire. Des trois romans, j'ai de loin préféré le premier (« Rempart des naufrageurs » 5*) avec les personnages de David, Judi et surtout Saba la Cythonienne avec ses mystérieux tatouages. Bienvenue sur Santäl la planète des sept vents !

Je suis claustrophobe et je ne supporte pas les attractions à sensations fortes et certaines scènes m'ont un peu bousculée. Mais bon, j'ai suivi avec intérêt leur progression à travers les contrées dévastées par le vent. Judi est là pour vendre sa drogue qui rend obèse, Saba est en pèlerinage pour découvrir son avenir et David lui se rend vite compte qu'il n'a rien à attendre de Santäl.

Je pensais que la trilogie tournerait autour de ces trois personnages mais les deux « vrais » personnages principaux sont une petite fille et son chien (Nathalie et Cedric).

Les personnages secondaires surgissent et disparaissent en coup de vent et je dois avouer que j'ai eu un peu de mal avec Nathalie. D'un autre côté j'aimais bien le tandem Nathalie-Cedric.

Dans « La petite fille et le doberman » (4*), Nathalie et Cedric se réfugient à Almoha dans le musée d'histoire naturelle (qu'il compare à une poubelle du temps, faut oser). Almoha est le siège d'une secte, la Compagnie du Saint-Allègement, qui s'est arrogé un droit de vie ou de mort sur les habitants. D'un côté, il y a les privilégiés : les musiciens (dont Isi), les culs-de-jatte et des énergumènes suspendus à des ballons. De l'autre, les gueux : la chair à nourrir le vent.

On y apprend beaucoup de choses sur Santäl même si je me suis parfois demandée quel rapport il avait avec la première histoire, si des personnages allaient réapparaître ou pas.

Pour terminer, il y a le « Naufrage sur une chaise électrique » (3*) qui m'a moins emballé que les deux autres romans.. quoi que. C'est très étrange, souvent je me suis demandée où j'étais tombée (dans le sens « mais quel monde absurde ») et en même temps… l'écriture de Brussolo est si fascinante (j'ai adoré, pour ainsi dire, toutes ses métaphores et ce qu'il faut lire entre les lignes).

Je n'ai pas eu de réponse à toutes mes questions… mais j'ai refermé le livre avec une espèce d'ivresse : comme après un petit tour sur les montagnes russes. J'aurai aimé une autre fin… mais cela aurait pu être pire.

Un bon moment de lecture.


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Club Serge Brussolo
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Sur Santäl le vent souffle fort. Il souffle aussi sur des destins qui vont s'y entrecroiser.
David, est en charge d'effectuer une étude pour y installer une base de loisir.
Saba, une très jeune Cythonienne, qui vient pour révéler au soleil de Santäl, ses tatouages de naissance pour connaître son futur.
Judi, arrive pour y commercialiser un produit obésifiant afin que les habitants soient plus lourds pour résister aux tempêtes.
Tous trois vont partir, à dos de tortues, pour le rempart des naufrageurs, sources des ouragans.
J'ai très vite était emballé, par le début, par le dessin sur la page de couverture mais j'ai très vite déchanté. Je n'ai pas vraiment réussit à me passionner pour ce livre de science-fiction même si par moment le récit reprend de la vigueur. L'auteur à une imagination fertile, décrivant des mondes effrayants mais la plupart du temps mon esprit s'est égaré, balloté certainement par de trop fortes rafales.
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Pour une belle surprise, c'est une belle surprise ! Moi qui ne lis pas dutout de SF, j'ai été conquise par la planète des ouragans. J'ai adoré l'imaginaire débridé de l'auteur, son côté déjanté, halluciné, très original. En plus, la présentation sous forme d'intégrale donne à cette trilogie toute l'ampleur qu'elle mérite.

Et que dire de l'écriture ! Serge Brussolo utilise un vocabulaire riche, bourré de métaphores pour décrire de manière imagée l'environnement de Santal, ses animaux fantastiques, ses habitants.

Si je savais dessiner, j'adorerais coucher sur le papier les créatures et les personnages qu'il a inventés. Ses trouvailles font naître en moi des images fantastiques qui ne sont pas sans me rappeler les films d'animation japonais de Hayao Miyazaki ou les dessins de quelques albums jeunesse que j'affectionne particulièrement (Graines de cabane de Philippe Lechermeier, les échasses rouges d'Eric Puybaret ou l'univers graphique de Rebecca Dautremer). Tout cela en beaucoup plus noir, évidemment. Serge Brussolo ne fait pas dans le rose bonbon !

Mais ne vous y trompez pas ! Brussolo ne vous propose pas un simple trek cauchemardesque sur une planète balayée par des ouragans inexpliqués. Non ! La portée de son récit est bien plus grande. Il démontre comment la peur d'un phénomène qui dépasse l'entendement modifie en profondeur le comportement des sociétés qui y sont soumises : dérives sectaires, repli corporatiste, coutumes horribles, croyances imbéciles pour mieux asservir les peuples. D'ailleurs, le clergé en prend pour son grade !

Même si la planète Santal n'est pas vraiment l'endroit rêvé pour passer des vacances, je vous conseille tout de même d'y faire un tour. L'univers de Brussolo décoiffe !

Lien : https://belettedusud.wixsite..
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Critique de Marc Obregon, L'Incotidien, 20 mai 2020.

Longuement cantonné aux éditions Fleuve Noir, assimilé à cette littérature de gare regrettée, à ces couvertures bariolées et provocatrices qui s'effeuillaient avec délice sur les étals des buralistes, Brussolo reste aujourd'hui injustement sous-estimé. C'est sans doute, encore à ce jour, un des piliers de la littérature française de l'imaginaire, autant par son ambition que par sa production pléthorique, tant il est capable de s'adapter à tous les genres (thriller, science-fiction, horreur, polar historique et j'en passe) avec autant de ferveur et de radicalité.


Brussolo, on en a souvent fait une sorte de Stephen King français : il partage en effet avec le maître de Bangor une même enfance chaotique et secrète, une graphomanie qui confine parfois à la démence et un goût pour les situations inextricables. Mais Brussolo est aussi bien français : son inspiration, il l'a puisée autant dans le surréalisme que dans le fantastique francophone des années 60 à 80, de Jean Ray à Topor, en passant par les expérimentations punks de Métal Hurlant.


Son écriture est souvent jugée pachydermique, notamment pour l'emploi systématique de métaphores qui font ressembler certaines de ses oeuvres à de longues collections d'analogies fatales, frisant le fétichisme morbide. Mais alors que des écrivains ultra-politisés comme Damasio ou Bordage trustent aujourd'hui les ventes, Brussolo c'est aussi l'alternative d'une science-fiction allégorique complètement dénuée de réalisme, simplement peuplée de visions, d'un pouvoir évocatoire sans pareil. Brussolo est un alchimiste des mots là où les autres se contentent parfois de brasser une idéologie poussive, des concept hard science hâtivement bricolés pour paraître solubles dans leur moraline. La comparaison est d'autant plus flagrante lorsqu'on met côte à côte La Planète des Ouragans, son oeuvre-somme, et La Horde du Contrevent, best-seller de Damasio, deux planet operas fondés sur la même idée, à savoir un monde éternellement tourmenté par les vents. Si le page turner de Damasio vaut pour sa grande exigence stylistique et sa tenue littéraire, c'est presque un livre sage et timide en comparaison du livre-monstre de Brussolo, sorte de délire psychédélique vénéneux et angoissé, qu'on jurerait écrit sous psilocybes.


Brussolo, dans son processus de création, prend souvent le chemin inverse auquel nous ont habitué les écrivains de SF : au lieu de bâtir le squelette d'un monde et sa rationalité fictive afin de le peupler ensuite, il part d'images pures, d'hallucinations poétiques, de gouaches démentielles qu'il tente ensuite de relier entre elles par la grâce d'une intrigue souvent étique. Comme souvent, les héros de Brussolo sont de simples observateurs qui débarquent dans un univers aux lois absurdes, dont ils comprennent peu à peu les mécanismes grippés et la logique déviante. La littérature de Brussolo est bien une littérature du regard, profondément innervée par une instance picturale, qui dicte la passivité à ses héros, perdus dans un décor grandiose, burlesque, ou les deux à la fois.


Dans La Planète des Ouragans, le héros est un jeune commercial dépêché par sa société, une agence de voyage, pour évaluer le potentiel touristique de Santäl, la Planète des Vents. Autant dire qu'il ne sera pas déçu…bâti autour de trois grandes parties aux titres évocateurs (Rempart des Naufrageurs, La Petite Fille et le Dobermann, Naufrage sur une Chaise Electrique), le roman peut se lire comme un guide de voyage halluciné, le mode d'emploi d'une planète dégénérée où chaque peuple a développé une croyance et une pratique relatives à la menace continuelle du vent : Les Pesants, qui s'alourdissent et s'arriment à la terre, cultivant l'obésité, les Aériens qui s'affament au contraire et font culminer leurs frêles empires dans les hauteurs mouvantes de la planète, ou encore cette secte qui troue les corps et sculpte les os pour en faire des flûtes humaines capables de chanter la rhapsodie des ouragans… On y croise un lac aimanté où vivent des chevaux aux sabots de fer, provoquant des foudres d'étincelles sur leur passage…une maison charriée par le vent, équipée d'un soc pour fendre la Terre jusqu'à son issue fatale…des coquillages géants dans lequel se love toute une population en quête d'oubli…et bien d'autres images qui frappent durablement l'imagination, aussi sûrement que certaines peintures d'Alfred Kubin ou de Beksinski. A lire absolument.



Par Marc Obregon



La Planète des Ouragans, Serge Brussolo
Folio SF, 720 pages
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Citations et extraits (28) Voir plus Ajouter une citation
Elle pleura longtemps alors que le jour baissait. Elle pleura accrochée au doberman comme une naufragée à un récif, et ses larmes collaient les poils de la bête, laissant entr'apercevoir la peau violette sous le pelage sombre.
Elle murmurait des mots sans suite, ces litanies de peur qu'on psalmodie aux heures de grande fragilité.
Elle chuchotait dans la nuit naissante opacifiant les verrières.
- Cédric, Cédric sanglotait Nathalie avec sa voix de l'en dedans, d'abord tu n'as été qu'une poignée de fourrure dans ma main. Quelque chose d'à peine vivant. Une loque chaude, une boule morveuse qui cherchait en aveugle une niche où se tapir. C'était sous mon bras, à l'intérieur d'un tricot. Il te fallait des terriers remplis de mon odeur. Souviens-toi. Nous frottions nos museaux l'un contre l'autre, échangeant nos baves. Tu me débarbouillais à la langue papier de verre. Tu étais si chaud, j'avais besoin de ta fièvre naturelle, de tes 38° d'animal bien portant.
Cédric, ma bouillotte interdite, ma bassinoire vivante que papa arrachait du lit par la peau du coup. Cédric, mon oreiller musclé au pelage si doux. Je posais ma joue sur ton flanc et j'écoutais battre ton coeur de chien comme un métronome familier, une comptine rythmée qui m'acheminait lentement vers le sommeil. Ta langue me lavait, ton corps m'habillait, tu étais mon manteau vivant, mon jumeau, mon siamois, ma béquille à quatre pattes.
"C'est déjà si loin, Cédric, tu vieillis trop vite pour moi, nous ne sommes plus synchronisés. Je suis toujours engluée dans l'enfance et toi tu es déjà un adulte, un mâle. Tu ne m'as pas attendue. Nos sabliers coulent un grain différent. J'ai peur, Cédric.
C'est comme si tu étais passé de l'autre côté de ma vie, comme si tu n'allais plus te rappeler. Comme si tu allais oublier nos niches partagées sous les couvertures, nos nuits dans la même caisse d'emballage.
Je crois que tout ça se rétrécit dans ton cerveau de chien. Ta tête trop chaude est un petit grenier où il n'y a que peu de place, alors la nature évacue les vieux meubles. Les vieux cartons bourrés d'enfance. De notre enfance.
"Cédric, tu files sur une autre dimension, le temps te mange plus vite que moi.Tu parais si fort et tu es pourtant une proie si facile ! Tes vrais ennemis sont les jours, ils te grignotent et tes crocs ne peuvent rien contre eux. Nos parallèles vont diverger. Mon Dieu ! ton enfance n'a été qu'un rêve, la mienne s'éternise comme une condamnation. Je voudrais que tu sois de nouveau ce caoutchouc palpitant qui courait après sa queue.
Tu faisais la guerre aux pantoufles dodues, tu les mettais en pièces avant d'en mastiquer interminablement la semelle. C'était ton chewing-gum de chien, je le répétais souvent à papa.
"Cédric,je suis sûre qu'il n'y a plus aucune trace de tout ça derrière tes yeux. Tu te transformes et je traîne. Tu galopes et je viens seulement d'apprendre à marcher. Nous allons nous perdre de vue. Ho ! je voudrais que tu te rappelles, toi mon frère de chaleur. Tu me léchais et je t'imitais en lissant tes oreilles du bout de ma langue. A chaque fois je toussais en avalant tes poils, et papa accourrait. Alors je disais : " C'est la poussière, c'est le vent!"
Cédric, tu attends de moi des ordres, des commandements. Tu te feras tuer pour moi, mais je préfèrerais ce jour-là-s'il vient-que tu t'enfuies en couinant comme un chiot peureux. Je ne veux pas de ta résolution d'adulte, de ton sérieux de mâle accompli, de ton sacrifice consenti par avance, inscrit dans ton potentiel génétique.
"Je ne te veux pas soldat suicidaire, chien esclave. Si je meurs, survis-moi, lape mon sang en guise d'au revoir et galope loin de ce monde de fous. Si tu le peux, même, dévore mon cadavre pour que je passe en toi, pour que je parte avec toi.
"Cédric, tu es trop calme, trop sage... trop vieux déjà. Tu es mon jouet de toujours, la boule noire qui s'installait sur ma tête pour me faire un bonnet à quatre pattes. Nous jouions au trappeur, tu étais ma coiffure de castor, ta queue me chatouillait la nuque et tu me bavais sur le nez... Oh ! Cédric, toutes ces années, si courtes pour moi, si longues pour toi. On ne nous a pas distribué la soupe du temps avec la même cuiller.
"Et maintenant nous marchons côte à côte. Il n'y a pas si longtemps je veillais sur toi, tu étais mon nourrisson velu à la gueule machouillante, je t'évitais les traquenards domestiques, les piqûres d'insectes, les aliments dangereux....
Aujourd'hui tu t'es raidi dans ton rôle de défenseur. La situation s'est renversée. Tu sais au fond de toi qu'on me veut du mal, que tôt ou tard se produira l'inévitable affrontement. Tu as été préparé de toute éternité à cette confrontation. Peut-être même y aspires-tu confusément pour mourir comme doivent mourir les "bons chiens" ?
"Oh ! Cédric, ne meurs pas inutilement pour défendre un corps sans vie. Ne t'obstine pas en un absurde baroud d’honneur.... Fais volte-face et disparais dans la nuit, emportant un peu de mon image au fond de tes cellules grises. Conduis-toi en chiot non en mâle entêté.
"Tu es mon chiot géant, Cédric, et je pose encore une fois ma joue sur ton flanc. Tu as trois mois, j'ai six ans. Le monde n'existe pas, nous le créons chaque jour à grands coups de langue râpeuse et de caresses ébouriffées. Nous n'avons besoin que d'une niche pour deux. Je ne sais pas encore que tu n'es qu'un animal, tu ne m'as pas encore attribué le statut d'humain. Nous sommes dans l'indifférencié, nous n'avons pas de sexe ni d'âge,notre vie est si entamée qu'on peut encore la croire intacte.
Bonsoir, Cédric.... il est si tard qu'il vaut mieux dormir pour oublier le temps, pour oublier que tu vieillis sept fois plus vite que moi et que, malgré tous mes efforts, je ne peux me maintenir à ta hauteur dans la course que tu mènes sur cette piste en forme d'horloge..
"Je voudrais que nous échangions nos sangs, que tu me donnes un peu de cette impatience à mourir qui te mène, que je t'infuse quelques gouttes de mon interminable enfance. Qu'une moyenne s'établisse qui nous fasse ex æquo au tableau d'arrivée. Oh ! Cédric, je déconne parce que j'ai peur du sommeil comme de la mort, parce que tout va à la fois trop vite et trop lentement.
Attends-moi ! Ne cours pas si vite... J'ai un point de côté."
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"N'entassez plus! N'entassez plus, vous êtes trop nombreux, la chaloupe va sombrer. Cessez de vous reproduire, d'ajouter des tonnes de chair humaine à d'autres tonnes de chair humaine. Je suis un ascenseur surchargé dont les câbles vont se rompre, je suis un vieux pont de bois vermoulu dont les piles vont céder sous le poids d'une foule trop dense!" Voilà ce que hurle le vent...
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- Vous êtes un vieux combinard un peu cinglé. Je vais chercher Isi, elle jouera et je vous ferai descendre l'escalier à coups de pied dans le cul. J'espère qu'en bas Cedric vous bouffera les mollets. Il n'a jamais mangé de momie, ça le changera!
Werner éclata d'un rire grêle.
- Ah! s'exclama-t-il, parlez-moi de la douceur des petites filles d'aujourd'hui! Elles grandissent sur le dos d'un doberman et menacent les vieillards. Décadence!
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"Pourquoi vouloir connaître l'avenir?" Mais pour organiser nos sentiments, bien sûr, pour se débarrasser des espoirs inutiles, éviter les fausses pistes. Pour savoir avec précision quelle est notre place dans l'ordre du monde.
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Il s'abattit sur le côté, bavant sur les draps une salive rose. Son sexe se recroquevillait dans le ventre d'Isi, escargot mort au milieu de la touffe de poils amidonnés.
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ATG#94 : le Retour de Brussolo
Serge Brussolo fut l’un des premiers invités de l’ATG ! Pratiquement 7 ans plus tard, Serge écrit toujours d’excellents romans mais c’est pour une plongée dans un passé plus lointain qu’il est de retour : la Rome antique !
Misteur D, encadré par L.U.D.M.I. et Lord Ton Père, ont écouté religieusement le professeur Serge Brussolo qui nous a emporter vers les rives du Tibre.
J’espère que vous serez aussi passionnés que nous le fûmes et merci encore à Serge pour ce moment de pur bonheur !
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