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EAN : 9782070354917
384 pages
Gallimard (04/01/1984)
4.25/5   6 notes
Résumé :
Martin Buber est le plus grand penseur juif de ce siècle
Dans ce livre qui se présente sous une forme romanesque, il nous offre un tableau du hassidisme, cette grande doctrine mystique , pensée qui a dominé ces derniers siècles le judaisme, à l'époque napoléonienne
Il nous montre les grands penseurs juifs de l'époque et expose leur doctrine : Gog et Magog est un introduction passionnante dans la pensée juive
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Comment la Révolution française et les invasions napoléoniennes furent-elles perçues par les communautés hassidiques d'Europe de l'Est ? A travers quels modes et filtres de compréhension mystiques et messianiques celles-ci comprirent-elles les soubresauts de l'histoire ? Martin Buber, pour répondre à cette question, n'écrit pas d'essai historique, mais a recours à une forme presque romanesque, où tous les personnages ont réellement existé, disent et enseignent ce qu'ils ont vraiment enseigné, et brûlent du même feu dans leur attente de la Rédemption finale et de la venue du Messie. Il faudrait maintenant qu'un Hasid se penche sur ce livre et dise s'il est fidèle à l'esprit de ce temps et du nôtre. En effet, Buber, qui n'est peut-être pas "le plus grand penseur juif du XX°s" comme le dit la présentation, est marqué par sa culture de Juif allemand assimilé, ce qui ne fait pas de lui un témoin entièrement fiable du monde qu'il décrit (aussi bien dans ses Récits Hassidiques). La distance qui sépare les deux mondes, l'Allemagne et la Pologne juives, a été bien mesurée par son ami Franz Rosenzweig, un fameux jour de Kippour de 1913.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Mais à chaque parcelle de ténèbres est imposé un devoir, est imposée une mesure. Car elle a été déléguée pour que dans la profondeur du lieu où elle s'appesantit le plus, quand elle s'est étendue sur la terre, s'éveille le germe de la lumière. Alors, la petite étincelle blanche peut sauter dans le noyau le plus intime des ténèbres, là où le feu pur et incolore s'est extrait de la noirceur, et la lumière peut s'y former et on peut aller l'y chercher. Le devoir et la mesure sont donc imposés à chaque parcelle puisée dans les ténèbres de ne pas dépasser la charge au point d'étouffer le germe de lumière à son réveil. Mais comme les ténèbres craignent la venue de la lumière, il se produit constamment qu'une parcelle puisée dans la nuit s'enfle au delà de la limite qui lui est fixée, comme il en a été fixé une, jadis, au serpent. [...]
Quelque rageusement que se dilatent les ténèbres jamais elles ne réussissent à étouffer le germe de la lumière. La lumière ne cesse de naître et de renaître. Mais toujours, elle se consume à nouveau et s'éteint. Elle s'éteint, mais sa vie entre dans la force d'où se réveille à chaque fois le germe de la lumière. Et la force croit. Bien qu'elle soit toute endolorie de ces extinctions de lumières, elle augmente de plus en plus. C'est ce que l'on dit du Messie quand on raconte qu'il est assis aux portes de Rome, sous la figure d'un mendiant lépreux qui panse ses ulcères; mais il devient de plus en plus fort, et s'il secouait les portes, il les briserait; car le Messie est l'image de la parabole de cette force. Mais sa force en croissance est réservée pour la dernière grande lutte. Car la force des ténèbres croît, elle aussi, et les parcelles taillées dans les ténèbres et envoyées sur les chemins du monde deviennent de plus en plus denses, de plus en plus voraces; et leur puissance appelle de plus en plus formidablement la force opposée de la lumière.
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Le Rabbi s’interrompit un instant. Puis, il reprit d’une voix plus claire encore, plus tranchante :

« Le monde des peuples s’agite, et nous ne pouvons pas vouloir qu’il s’arrête, car il doit s’ouvrir dans les convulsions pour que commence l’enfantement du Messie. La délivrance n’est pas un cadeau tout prêt que Dieu fait tomber du ciel. Elle ne peut naître que si le corps du monde se tort de douleur et risque de mourir dans son effort d’enfantement. A cause d’elle, Dieu permet aux puissances terrestres de s’insurger de plus en plus contre lui-même. Mais il n’est pas encore inscrit sur les tables célestes quand la lutte entre la lumière et les ténèbres entrera dans sa grande et dernière phase. Il est là quelque chose que Dieu a confié au pouvoir de ses Tsaddikim ; et c’est à ce propos qu’il est dit : ‘’Le Tsaddik décide et Dieu accomplit.’’ Et pourquoi en est-il ainsi ? Parce que Dieu désire que nous soyons l’instrument de notre propre délivrance. Nous devons agir nous-mêmes en sorte que la lutte devienne de plus en plus intense jusqu’à se transformer en douleurs d’enfantement messianique. Les nuages de fumée qui entourent la montagne du monde des peuples sont encore petits et éphémères. Il en viendra de plus gros, de plus persistants. Nous devons attendre et espérer l’heure où le signal nous sera donné de les influencer dans les profondeurs du mystère. Nous devons rester vigilants et forts jusqu’à l’heure où le feu sombre lancera au feu clair son téméraire défi. Alors, notre tâche sera, non pas d’étendre la flamme, mais de l’aviver.

Il est écrit : ‘’Les montagnes se liquéfient devant le Seigneur : c’est le Sinaï.’’ Là où les montagnes se désagrègent, là où se produit le miracle est le Sinaï. »

Lorsque le Rabbi eut terminé, un silence général régna dans la salle. Les Soixante se séparèrent sans mot dire. (pp. 169-170)
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(été 1794) On m'a parlé d'un événement qui s'est produit dans la grande capitale des peuples. Là-bas, l'homme devant lequel tout se courbe a annoncé qu'il existe un Etre suprême, et que cet Etre sera glorifié cette semaine au cours d'une grande fête. Et il se peut qu'il y ait des hommes sur la terre qui s'en réjouissent et qui disent : "Vous voyez comme les peuples cessent de renier Dieu !" Or, ce message est pire que toute impiété. Car pour les impies, le trône du monde est vide, et le tréfonds de leur âme est vide, et ils languissent de ne pas connaître la plénitude, et le Dieu de miséricorde aura pitié d'eux, comme il a pitié de ceux qui endurent la misère pour l'amour de la vérité. Ceux-là, par contre, qui proclament l'Etre suprême installent leur ridicule poupée sur le trône du monde. Et le tréfonds de l'âme, qui est fait pour abriter le plus vivant, ils le remplissent des basses oeuvres de la mort. La moindre idole est plus vivante que cet Etre suprême, car les hommes qui l'adorent pensent à la vie et sacrifient la vie ; - mais lui, qui pourrait donc lui adresser sa prière, qui pourrait espérer qu'il vous fasse ce que le vivant fait au vivant ? Celui-là même qui le proclame - un émissaire de la mort qui prétend apporter le message de la vie, un être vide qui fait semblant de représenter la plénitude, stérile et donc sans frein -, cet homme, dis-je, n'aura pas la force de l'acteur pour l'apostropher ; et s'il la trouvait, le rire le tuerait avant le couperet déjà aiguisé pour lui. Que veut-il avec son automate ? Il le munit de pouvoir afin que par lui, son propre pouvoir soit assuré. Mais s'il oublie, par un matin d'épouvante, de remonter sa machine, c'en sera fait des deux.

p. 135
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C’était un grand prieur. La prière se nomme le service du cœur ; et Rabbi Elimèlekh avait légué à cet élève la force de son cœur. Il était ainsi fait qu’il ne priait pas seulement à des heures déterminées ; il priait plutôt comme il respirait. Tantôt, il priait en paroles, tantôt il priait sans paroles du tout. Quand il priait en paroles, il mêlait aux phrases traditionnelles des apostrophes en langue populaire, telles que le cœur, justement, les portait à ses lèvres ; parfois même, il intercalait un mot d’amour en polonais, semblable à ceux qu’on entend dans la bouche des jeunes paysannes, lorsqu’elles vont à la foire avec leur amoureux et qu’elles veulent qu’il leur fasse cadeau d’un joli ruban de broderie ; mais lui, Israël de Kosnitz, ne voulait pas de cadeau. Dans ses conversations avec les gens, sa parole gardait toujours un peu le ton et la cadence de la prière. « Quand on voit dormir le saint Magguid, disait un de ses serviteurs, on sait qu’il prie aussi dans son rêve. »

De partout, on accourait, épiciers juifs et princes polonais pour demander au Magguid de prier en leur faveur et de les conseiller et aider dans l’illumination de la prière. Il priait pour tous. « Si tu ne veux pas encore délivrer Israël, délivre donc au moins les autres peuples ! » – telle était, dit la tradition, une de ses implorations. (pp. 128-129)
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On l'appelait "Le Voyant" parce qu'il avait la vision des chose. A sa naissance, se racontait-on, il avait eu le pouvoir d'étendre le regard d'un bout du monde à l'autre, pouvoir prédestiné à l'homme lorsque, au premier jour de la Création, avant même que les astres eussent parut au ciel, Dieu créa la lumière originelle, lumière qu'il renferma dans son trésor, l'homme s'étant corrompu, afin qu'elle l'éclairât à l'heure de la délivrance. Mais l'enfant, poursuit le récit, fut si consterné à la vu d'un mal sans bornes qu'il supplia de lui enlever ce don et de ne laisser voir autour de lui que dans certaines limites.Néanmoins, à partir de sa douzième année, Yaakob Ytzhak n'avait même plus supporté cela. Sept années durant, il avait couvert ses yeux d'une pièce d'étoffe, ne les libérant que pour la prière et l'étude; au cours de ces sept années, ils avaient faibli, et il était devenu myope. De ce débile regard, derrière lequel persistait sans faiblir l'âme visionnaire, il considérait le front de chacun.
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Vidéo de Martin Buber
Robert Bober Il y a quand même dans la rue des gens qui passent - éditions P.O.L où Robert Bober tente de dire comment et de quoi est composé son nouveau livre "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent", et où il est notamment question de son précédent livre "Par instants la vie n'est pas sûre" et la poursuite de sa conversation avec Pierre Dumayet, d'identité indéterminée et d'identités, d'innocence et de bonté, d' enfance et de rencontres, du yiddish et de Georges Perec, de Seth et de Julien Malland, de Martin Buber et de Gaston Bachelard, de Cholem Aleikhem et du film "Tevye le laitier" de Maurice Schwartz, de Zozo et de la rafle du Vel d'hiv, d'images et livres, de Robert Doisneau et de la photographie, de Pierre Reverdy et de la librairie du Désordre à la Butte aux Cailles, à l'occasion de la parution de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" en octobre 2023 aux éditions P.O.L, à Paris, le 10 janvier 2024

"– Alors, toujours aussi gros ? – Et toi, toujours aussi con ? C'est comme ça que j'ai compris qu'ils étaient copains. le gros, derrière son comptoir, c'était le patron du bistrot-guinguette « Chez Victor » situé derrière la place des Fêtes au fond de l'impasse Compans. le con était accoudé au zinc en attendant d'être servi. Plus tard, bien plus tard, je suis retourné voir le bistrot « Chez Victor », je ne l'ai pas retrouvé. Tout le quartier avait été détruit."
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