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Critique de moustafette


1905, de graves troubles ébranlent tout l'Empire de Russie, la première Révolution russe est en marche. Juin de la même année, les marins du cuirassé le Prince Potemkine de Tauride se mutinent, hissent le drapeau rouge, entrent dans le port d'Odessa et fraternisent avec les grêvistes et les étudiants. L'armée causaque réprime violemment les manifestations et massacre la foule. Paris 1926, on projette le Cuirassé Potemkine, film muet d'Eisenstein, célèbre pour la fameuse scène du landeau qui dévale le gigantesque escalier de la ville d'Odessa..

Fiodor Zavalichine, Théo pour ses amis, vit en France depuis qu'il s'est engagé en 1916 dans le corps expéditionnaire russe pour combattre l'Allemagne. Resté à Paris après sa démobilisation, il travaille dans la société cinématographique Gaumont, puis devient photographe. Comme pour les nombreux Russes blancs en exil, la projection du film est l'occasion de revoir un peu de la terre natale. Or il s'avère que le régiment de Théo a participé à la violente répression d'Odessa avant de quitter rapidement la ville pour une autre destination et d'autres troubles à mâter. le film fait subitement prendre conscience à Théo qu'il a tiré de loin sur la foule massée le long du célèbre escalier et qu'il a sans doute tué des gens. Cette révélation déclenche chez lui une telle panique qu'il se rend au commissariat le plus proche afin d'avouer son crime. On l'envoie gentiment balader mais, pris de soudaines convulsions, Théo se retrouve hospitalisé. le même jour non loin de Deauville, on découvre les corps de sept femmes égorgées. Convalescent, Théo apprend cette nouvelle en lisant le journal, l'article fait mention de témoignages de gens de la région qui se souviennent d'une équipe de tournage, quelques femmes accompagnées de plusieurs hommes dont un portant une calotte métallique sous son chapeau. On sent que cette nouvelle interpelle Théo...

Jusque là cette histoire est prometteuse. Les toutes premières pages sont surprenantes et destabilisent étrangement le lecteur, on ne sait pas trop où on est ni où on va...

C'est après, pour moi, que ça se gâte. S'il ne fait aucun doute que le fil conducteur de ce roman est la culpabilité, j'ai été incapable d'en apprécier toute la finesse ainsi que toute la gravité. Il est indubitable que le héros et ses comparses auraient leur place chez Dostoïevski, auteur dont je suis, et ce n'est pas faute d'avoir essayé, hélas peu friande... Donc forcément, je suis passée à côté de ce livre.

Déception d'autant plus grande que j'avais été absolument bouleversée par le roman précédent de Iouri Bouïda - le train zéro* - qui a eu guère d'écho en France. Pourtant on est dans le même registre de la folie qui côtoie l'absurbe. Mais là où ce dernier titre m'avait prise aux tripes, je suis restée de glace devant les tentatives de rédemption du pauvre Théo. le sujet est original, pour ne pas dire déroutant, on oscille entre l'atmosphère russe - belliqueuses chez les rouges, nostalgie chez les exilés - et la frivolité grisante du Paris des Années folles, le style est alerte et s'honore même de jolies formules, l'écriture agréable, bref j'ai lu le livre sans réel déplaisir mais, en dehors de sa célèbre référence historique, les mots ont glissé sans m'imprégner d'émotions. Dommage...

(*Le train zéro ressort actuellement en poche chez Gallimard dans la collection L'imaginaire)


Lien : http://moustafette.canalblog..
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