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Christophe Mercier (Traducteur)
EAN : 9782743622268
474 pages
Payot et Rivages (11/05/2011)
3.96/5   162 notes
Résumé :
A l'été 2005, un terrifiant ouragan dévaste le sud de la Louisiane. Son impact sur La Nouvelle-Orléans évoque la bombe atomique qui a anéanti Hiroshima. Envoyé en renfort dans la métropole sinistrée, Dave Robicheaux découvre un tableau apocalyptique : les pillards y font la loi, la désorganisation a permis l'explosion de toutes les formes de violence, la société moderne civilisée a régressé au stade d'une jungle primitive où rôdent les prédateurs. Chacun se cache et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (34) Voir plus Ajouter une critique
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Il y a des fulgurances poétiques et oniriques dans ce roman. Tout le long d'une écriture classique, elles s'échappent ; elle crèvent à la surface comme des bulles d'air. Les ouragans Katrina et Rita ravagent la Louisiane à quelques jours d'intervalle ; le doigt de Dieu écrase la Nouvelle-Orléans. La religion a son importance chez Jame Lee Burke. Dave Robicheaux est autant guidé par sa foi que par son instinct de flic. Cette "nuit la plus longue"  relate donc les ravages de Katrina  et de Rita, avec en toile de fond une enquête policière complexe. Toutes les digues sont rompues dans cette histoire, au sens propre et figuré ; Robicheaux tente de colmater les brèches. Ce que décrit J.L. Burke à propos de l'ouragan Katrina, du chaos et du désespoir à la Nouvelle-Orléans, est probablement bien en dessous de la réalité. La littérature même si elle peut s'approcher au plus près du réel ne peut le surpasser, ni assimiler l'essence de sa vérité. Bien sûr, il y a une enquête policière. Elle sert de fil rouge à une critique du gouvernement américain, des institutions, des préjugés, des problèmes raciaux, de la brutalité des humains et de leur inconscience. L'écriture de J.L. Burke est rude, atténuée par une réelle empathie pour les déclassés et les classes moyennes américaines. Nous avons l'impression que tous font ce qu'ils peuvent avec ce qu'ils ont ou ce que la vie (qui souvent n'a pas été franchement favorable) leur donne. Certains caractères, certaines situations pourraient paraître tout à fait manichéens et notre esprit européen des Lumières pourrait facilement se gausser sauf que J.L. Burke nous offre une peinture sociale américaine cohérente, complexe, sans langue de bois, sans apologie, sans outrance. Sa seule glorification est pour la description de la Louisiane, cet état qui, selon lui, n'en fut jamais un, mais qui fut une chanson, une pensée. La végétation, la lumière, l'eau omniprésentes sont des îlots miraculeux de beauté dans l'opacité.
Clete Purcell, l'ami de Robicheaux et lui-même regardent cette ville – la Nouvelle-Orleans – qu'ils aiment, s'effacer, s'engloutir, devenir le fantôme de leurs regrets. Je parlerai de Clete Purcell dans Swan Peak où il est un pivot central de l'histoire.
Et puis la Nouvelle-Orléans fut la ville de Jame Lee Burke ; c'est donc un cri du coeur, un cri d'amour pour « sa ville » disparue ; une oraison funèbre rageuse, impuissante et désolée.
La fin du livre est un tableau biblique, comme une ultime prière. Peut-être le seul rachat pouvant absoudre la destruction, la honte et la violence dans le coeur des hommes.
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Louisiane 2005, La Nouvelle-Orléans est frappée par Katrina et pour ajouter à la dévastation de l'ouragan, les digues mal entretenues se rompront et des quartiers de la vielle seront complètement submergés.

Dans ce décor de cauchemar, d'autres crimes sont commis. Un jeune Noir est tué et un autre a été gravement atteint à la colonne vertébrale. Ce ne sont que deux victimes dans cet enfer, mais le blessé était justement recherché par Clete Purcell, détective privé, pour le compte d'un prêteur sur gages. Et quand son ami policier Dave Robicheaux se trouve mêlé à l'enquête, on sent qu'ils iront jusqu'au bout, même si leurs proches sont menacés.

Un polar très violent. En plus des noyés de Katrina et du racisme endémique, il sera question d'un viol collectif, de gens torturés, de règlement de compte et de « diamants de sang ». On ne passera pas sous silence aussi l'ampleur de la corruption, avec la manne de l'argent de la reconstruction qui est détourné au profit de criminels à cravate.

Un bon polar, mais c'est du lourd, il faut avoir le coeur bien accroché. On le classe dans la liste : Les 100 meilleurs polars américains selon Sang Froid n°3 : https://www.babelio.com/liste/12915/Les-100-meilleurs-polars-americains-selon-Sang-Fro
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« La nuit la plus longue » est le seizième opus de la longue série consacrée aux aventures de Dave Robicheaux, dit « Belle mèche », ancien du Vietnam, inspecteur à New Iberia et de son incontrôlable acolyte Clete Purcel, privé à la Nouvelle Orléans.

Si un mélange détonnant de noirceur et de lyrisme constitue la marque des romans de James Lee Burke, son oeuvre est avant tout un hommage à la Louisiane. Elle célèbre la beauté sauvage de ses paysages, les exhalaisons salées du lac Pontchartrain, le vent qui souffle dans les bougainvilliers en fleurs ainsi que le jazz qui ne cesse jamais de swinguer dans le « Vieux carré » de la Nouvelle Orléans. Les heures sombres du passé de la région, tels les fantômes de soldats confédérés en guenilles ou ceux d'esclaves noirs encore rivés à leurs chaînes rouillées hantent l'oeuvre de Burke. Ce dernier fouille tel un archéologue dans l'histoire tourmentée de la Louisiane, lieu à la beauté languide des fleurs du mal qui semble avoir été maudit par un dieu malveillant.

« La nuit la plus longue » tient une place à part dans l'oeuvre du romancier dans la mesure où il se déroule pendant la destruction de la Nouvelle Orléans par l'ouragan Katrina à l'été 2005. Au coeur de la tempête qui s'abat sur la ville, Robicheaux enquête sur le meurtre de jeunes noirs abattus en pleine nuit alors qu'ils venaient de piller la maison d'un gangster notoire et d'y trouver tout à la fois de l'argent liquide à profusion, de la cocaïne et « les diamants du sang », des pierres précieuses au passé maudit. Avant de trouver la mort sur un bateau de fortune, ils avaient été mêlés au viol d'une adolescente ainsi qu'à la disparition de Jude Leblanc, ancien ami de Dave et prêtre au bout du rouleau qui tentait de sauver de la noyade ses ouailles enfermées dans son église.

Comme dans la plupart des romans de James Lee Burke, les ramifications et les protagonistes de l'intrigue sont multiples. On y croise Ronald Bledsoe, un tueur en série aussi psychotique que sadique qui suit la trace des « diamants du sang » et a le malheur de s'en prendre à Alafair, la fille adoptive de Belle mèche. On y suit également les pérégrinations aux airs de chemin de croix de Bertrand Melancon, un jeune homme complice des deux noirs abattus, en quête d'une improbable rédemption.

En s'emparant de l'anéantissement de l'âme de la Louisiane, le roman prend une dimension biblique et plonge son lecteur dans ce moment d'apocalypse qu'a constitué la submersion de la ville par une tempête d'une violence inouïe. Au delà des milliers de familles déportées, des pillages, des violences en tous genres, des meurtres, c'est un monde qui disparaît à tout jamais sous les yeux ébahis de Dave Robicheaux et de Clete Purcel, et ce monde c'est le seul qu'ils aient jamais vraiment connu, le monde de leur enfance transformé en quelques heures en une cité engloutie par les eaux, telle une nouvelle Babylone balayée par le déluge.

« La nuit la plus longue » est un grand livre qui transcende le genre du roman noir en nous transportant au sein de l'ouragan qui se déchaine, en creusant au coeur des ténèbres de l'holocauste qui emporte la Nouvelle Orléans et en mettant à nu la laideur du monde qui survit à l'effondrement d'une civilisation.
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A la fin du mois d'août 2005, l'ouragan Katrina atteint les côtes de la Nouvelle Orléans, avant de bifurquer. le cyclone ne passera pas sur la ville mais provoquera un raz-de-marée qui dévastera la ville, notamment les quartiers les plus pauvres, faisant des centaines de morts. Cela provoquera une annihilation quasiment complète des "services publics", hôpitaux et police en tête, ouvrant la voie à de nombreux pillages. 


C'est dans ce cadre que s'ouvre le dernier roman de James Lee Burke, romancier américain originaire de Louisiane, dont toute l'oeuvre est consacrée à cette région. Dans la nuit fatidique, deux jeunes noirs qui pillaient une maison des quartiers riches sont abattus. Un autre parvient à s'enfuir. L'affaire aurait dû s'arrêter là tant la pagaille régnaient dans la ville. Seulement, la maison que les jeunes pillaient était celle d'un malfrat et le butin qu'ils y trouvèrent dépassaient leur espérances. de plus, Dave Robicheaux, l'inspecteur fétiche de Burke se met à enquêter...

Autour d'une intrigue bien ficelée, Burke parvient à décrire au delà de la destruction d'une ville l'effondrement de la société qui en découle. Ce tableau d'une société en proie à la violence, livrée à elle-même, capable d'engendrer le pire et le meilleur est un peu à part dans la série des Robicheaux. Si sa maîtrise du rythme, des dialogues et de la narration est bien là, la plume est moins lyrique que d'habitude, plus dure, âpre et nostalgique. On devine par le biais des personnages la colère froide et les désillusions de l'auteur qui dénonce la tragédie d'une Louisiane qui restera toujours le rebut d'un pays qui a décidé de lui tourner le dos.. Ce roman magnifiquement écrit sonne comme un requiem.

Un livre fort, toujours aussi humain, qu'on peut conseiller au-delà du cercle des amateurs du genre policier. Un des meilleurs livre sur Katrina.
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James Lee Burke a pris l'excellente habitude de nous livrer des bouquins dont la qualité est l'exacte opposée de son nom !

Durant l'été 2005 , Katrina frappe la Louisiane de plein fouet . La nouvelle-Orléans ressemble à un champ de ruines . C'est dans ce contexte apocalyptique que Burke a choisi d'y décrire son dernier thriller , et de quelle maniere !
Les maisons , desormais abandonnées , attirent les voleurs de tout poil et ça n'est certes pas pour y faire du rangement . Parmi les heureux veinards ayant pu conserver intacte la leur , il y a la famille Baylor . Veinards sur ce coup-ci car il y a quelques années , leur fille Thelma ( fille d'Otis pour etre plus précis puisque ce dernier s'est remarié ) fut violée par trois noirs jamais retrouvés....Occasionnant un traumatisme profond toujours present comme on peut l'imaginer . C'est donc durant l'une de ces nuits post-apocalyptiques qu'ils furent témoins du saccage de la maison d'en face , maison appartenant aux Kovick . Mr Kovick est un fleuriste respecté mais également un personnage beaucoup plus sombre aux dires de certains puisque possiblement à l'origine de la disparition du responsable de la mort de sa petite fille lors d'un accident de voiture . Disparition à ce jour non élucidée . Personnage à qui il vaut mieux éviter de se frotter donc ! Mauvais point pour les voleurs...
Ces derniers , cette nuit là , sont au nombre de quatre à dériver silencieusement en bateau ( moyen de locomotion desormais à la mode...) , dans cette rue désolée , à l'affut du larcin facile . Parmi eux se trouvent Eddy et Bertrand . Deux freres avec un casier long comme le bras et toujours dans les bons coups . Thelma , témoin priviligié de ce vol en regle croit alors reconnaitre deux de ses violeurs .Une fois la maison des Kovick rapidement délestée d'un lourd secret par ces vautours , plusieurs coups de feu retentissent laissant sur le carreau l'un des pilleurs , en expediant un autre à l'hopital.. Bertrand , et son ulcere persistant , y réchappera miraculeusement en cultivant sa peur des représailles avec son envie de vendetta . Qui est donc à l'origine de ces meurtres ? Assassinat délibéré ? Racisme légitimé par cette situation de chaos ? Vengeance personnelle ? Simple volonté de se proteger contre ces profiteurs sans aucun état d'ame ? Qu'a t il donc été volé de si précieux dans la maison de ce fleuriste si particulier ? C'est des lors le début d'une enquete rondement menée par l'ami Robicheaux qui s'étend sur pres de 500 pages sans jamais lasser !

Livre interessant de par son contexte historique . Meme si l'auteur ne s'y attarde pas plus que de raison et ne sombre jamais dans le miserabilisme , il dépeint avec brio ce catyclisme naturel et nous y immerge du début à la fin .
Autre point fort de ce récit , sa multiplicité ! Il n'est pas question que de meurtre , de vol , de disparition , de quete de soi mais bien de tout cela à la fois ! Ces differentes histoires s'entremelent , se percutent avec un réalisme tout à fait surprenant . Burke ne fait pas dans la surenchere gratuite mais officie sur plusieurs fronts de façon plutot brillante et toujours au service d'un récit ultra coherent . Il fait penser à ces films à la mode , ces films chorale ou l'on y croise plusieurs destins n'ayant en apparence aucun point commun les uns avec les autres mais qui tendent au final vers un épilogue les réunissant tous !
Les personnages sont tour à tour effrayants , énigmatiques , tenaces , violents...Ils sont simplement humains avec tout ce que cela induit de faillible ! Point tres appreciable chez Burke , l'absence de manichéisme dégoulinant . Chaque personnage , qu'il soit dans le camp des "bons" ou des "mechants" doit vivre avec ses fantomes , ses parts d'ombre et de lumiere..
Robicheaux doit toujours faire face a ses vieux démons ( vietnam , alcoolisme ) alors que son pote , Clete , lui , s'y noie jusqu'à se perdre..Sa fille , Alafair , se revelera comme quelqu'un de perspicace et ne s'en laissant pas compter , y apportant meme son écot final a la résolution des problemes paternels .
Baylor , assureur de son état amoureusement épris de sa femme semble tout désigné dans cette affaire de meurtre ! Toutes les apparences sont contre lui mais ne dit-on pas qu'elles sont parfois trompeuses ?
Kovick est l'un des personnages les plus interessants car meme s'il apparait peu , il fait penser au parrain ! Façade respectable , arriere-cour jonchée de cadavres..
Autre personnage incontournable car énigmatique au possible : Ronald Bledsoe . Personne ne sait d'ou il vient ni quelle est sa mission . Travaille t il pour Kovick et dans ce cas , pourquoi harcele t il les Robicheaux ? Il n'a pas d'existence propre car son passé semble flou , il n'a aucun casier judiciaire permettant de le confondre . Tout ce qui transpire de lui , c'est un profond sentiment de malaise à son contact ! Ce mec qui jamais ne s'énerve , vous parle toujours de façon tres polie avec un petit sourire en coin sans jamais se dévoiler pue le danger à plein nez !
Ce bouquin traite également de la repentence et du pardon . Peut-on vivre avec ses fantomes , s'en liberer par une action rédemptrice ? de meme , avons nous la force de pardonner suite à l'indicible ? Les personnages ont une vraie épaisseur et sont tres loin des clichés éculés ( excepté le flic alcoolo bien sur !) régulierement usités dans ce type de roman...Ce qui fait qu'un roman passe de la catégorie "pas maaal " à "oh putaing cong que c'est bong!" , c'est bien évidemment son final . Ici, l'on se trouve dans le deuxieme cas avec un dénouement qui tient la route en plus d'etre des plus surprenants !
Burke , grace à une écriture enlevée au service d'une intrigue à tiroirs nous délivre une fois de plus un thriller digne de ce nom ! Un thriller situé comme de juste en Louisiane ; état si cher au coeur de l'auteur ! Mankell sait décrire amoureusement sa Scanie , Burke , et sa Louisiane , en est son pendant Americain .
Un grand merci à Babélio et à la collection Rivages/Thriller pour ce moment de bonheur occasionné dans le cadre de Masse Critique !

Il vous faudra , tout comme moi , plusieurs nuits pour venir à bout de cette nouvelle enquete mais en aucun cas , vous ne direz que ce fut La nuit la plus longue...de votre vie de lecteur !

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critiques presse (5)
Telerama
06 juillet 2011
James Lee Burke dresse le portrait d'un pays en pleine apocalypse. Il réussit un grand roman tragique et enragé.
Lire la critique sur le site : Telerama
LePoint
29 juin 2011
Burke est un extraordinaire poète du pays des bayous, ces "petites rivières tranquilles et immobiles", en langage des Indiens Choktaw. Ses histoires imprégnées de descriptions magiques ont la même lenteur suspecte, cachant de brutales et terrifiantes accélérations.
Lire la critique sur le site : LePoint
Lexpress
21 juin 2011
Un texte puissant et terrible sur cette région [La Louisiane] laissée à l'abandon et où s'est noyée la civilisation. Magnifique.
Lire la critique sur le site : Lexpress
LaPresse
20 juin 2011
Ce polar raconte une histoire envoûtante, peuplée de personnages inoubliables profondément humains et qui vous hantent longtemps!
Lire la critique sur le site : LaPresse
Lhumanite
18 juin 2011
Brillamment écrit, impeccablement documenté, on y retrouve le talent, la générosité et l’indéniable sincérité de celui qui est sans doute le plus grand romancier « noir » actuel.
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (37) Voir plus Ajouter une citation
Le plus impressionnant, ce n'était pas les kilomètres de bâtiments privés de leurs toitures, les fenêtres arrachées ni les rues inondées de déchets flottants, ni les chênes verts qui avaient été projetés à travers le toit des maisons. Ce qui était impressionnant, c'était l'impuissance absolue de la ville. Le réseau d'électricité avait été détruit et il n'y avait plus de pression dans aucun robinet des paroisses de St. Bernard et de la Nouvelle-Orléans. Les pompes qui auraient dû tirer l'eau des égouts étaient inondées, et complètement inutilisables. Des conduites de gaz brûlaient sous l'eau ou, parfois, explosaient depuis le sol, remplissant en quelques secondes le ciel de centaines de feuilles roussies arrachées à un vieil arbre. En une nuit, la totalité de la ville était, techniquement, revenue au Moyen-Âge. Mais, tandis que nous passions sous la chaussée surélevée et nous dirigions vers le Convention Center, j'ai vu une image qui ne me quittera jamais, et qui restera toujours emblématique de ce que j'ai vécu à La Nouvelle-Orléans, Louisiane, le 29 août de l'an de grâce 2005. Le corps d'un gros homme noir, à plat ventre, dansait sur l'eau contre un pilier. Ses vêtements étaient gonflés d'air, ses bras flottant à angle droit avec ses flancs. Dans notre sillage, une auréole sale d'écume jaune passait sur sa tête. Son corps est resté là au moins trois jours.
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La Nouvelle-Orléans, c'était une chanson, pas une ville. Comme San-Francisco, elle n'appartenait pas à un Etat, elle appartenait à un peuple.
Quand Clete et moi faisions quelques pas sur Canal Street, il y avait de la musique partout. Sam Butera et Louis Prima jouaient dans le Carré. Au Preservation Hall, de vieux noirs exécutaient The Tin Roof Blues. Sur Magazine, des fanfares de funérailles faisaient trembler les vitrines. Quand le soleil se levait sur Jackson Square, la brume restait suspendue comme une barbe à papa dans les chênes derrière St. Louis Cathedral. L'aube sentait l'eau de mare, la pierre couverte de lichen, les fleurs qui ne fleurissent que la nuit, le café et les beignets du Café du Monde. Chaque jour était une fête, tout le monde était invité, et l'entrée était gratuite.
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Dans le Lower Nine, ce qui semblait irréel, ce n’était pas la destruction de chacune des maisons prise individuellement. Ce que le regard avait du mal à accepter, c’était le fait qu’elles n’étaient plus connectées à leur environnement. Elles avaient été soulevées de leurs fondations, arrachées à la plomberie qui les reliait au sol, redéposées cul par-dessus tête, ou entassées l’une sur l’autre comme si on les avait jetées du haut du ciel. Certaines étaient à moitié enfouies dans des rivières durcies de la boue qui avait coulé par les portes et les fenêtres. L’intérieur de chacune était d’un vert sombre, à cause de la vase et de la moisissure, et, à l’extérieur, on avait bombé des numéros codés pour indiquer celles qui avaient déjà été fouillées à la recherche de corps.
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Tout écrivain, tout artiste qui a visité La Nouvelle-Orléans en est tombé amoureux. Si la ville était la Grande Putain de Babylone, peu de gens oubliaient son étreinte, ou la regrettaient.
Quel était son avenir?
Je scrutais à travers mon pare-brise, et, partout, je voyais des arbres abattus, des lignes électriques et téléphoniques pendant aux poteaux, des feux de circulation éteints, des bâtiments éventrés et si endommagés que leurs propriétaires n'avaient pas pris la peine de clouer du contreplaqué sur les fenêtres arrachées. Le travail à effectuer était herculéen, et il était compliqué par un degré de malhonnêteté de la part des entreprises, et d'incompétence et de cynisme de la part du gouvernement, probablement sans équivalents en dehors du tiers-monde. Je n'étais pas certain que La Nouvelle-Orléans ait un avenir.
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Dans le jardin, le sommet des chênes était secoué par le vent, et des feuilles tombaient sur la surface du bayou. Je voyais des enfants jouer au Frisbee sur la pente verte du City Park, et j’entendais leur voix de l’autre côté de l’eau. C’était un bel après-midi, un après-midi qu’on n’aurait pas dû souiller en pensant à des types comme Ronald Bledsoe. Mais le mal est le mal, et il ne déserte pas nos existences juste parce qu’on en a envie.
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Vidéo de James Lee Burke
?Robicheaux de James Lee Burke aux éditions Rivages/Noir ??https://www.lagriffenoire.com/1011046-nouveautes-polar-robicheaux.html ? ?Dans la brume électrique de James Lee Burke aux éditions Rivages Noirs ?? https://www.lagriffenoire.com/28333-poche-dans-la-brume-electrique.html ? ? ? Chinez & découvrez nos livres coups d?coeur dans notre librairie en ligne ? ?? lagriffenoire.com ? ? Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv ? ? Notre Newsletter ?? https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter ? Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel ? ? ? #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #sudradio #conseillecture #rentréelittéraire2019 #éditionsseuil #éditionsxo #éditionsbuchetchastel #éditionspocket #éditionsflammarion #éditionsfleuve #éditionsactessud #éditionsgallimard
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