Plus je lis du
Charles Burns, plus je l'adore. Il y a ce trait, unique, si personnel, reconnaissable au 1er coup d'oeil. Et il y a son univers... Habituellement, je n'aime pas trop parler de "l'univers" d'un auteur, je trouve que ce terme a été galvaudé par une utilisation à tort et à travers. Pourtant, dans le cas de Burns, il est vraiment approprié tant cet auteur propose une oeuvre cohérente et personnelle. "
Fleur de peau" s'inscrit encore une fois dans la même veine.
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Fleur de peau", écrit avant la consécration "Black hole", regroupe 3 histoires qui s'enchaînent les unes aux autres de façon astucieuse. On retrouve ce ton si particulier de Burns, dérangeant et hypnotique. L'atmosphère dans laquelle baigne chacun des récits est étrange, inquiétante et provoque une fascination teintée de malaise. Impression amplifiée par le trait si particulier de Burns dont l'impact est renforcé par un encrage simple et profond.
Les intrigues de ces 3 récits sont du pur Burns. On rencontrera d'abord un homme qui a tendance à se comporter comme un chien. Cela pourrait donner lieu à une comédie mais on est chez Burns alors même s'il y a une pointe d'humour, très acide, le ton n'est pas vraiment à la rigolade. Burns évoque ici la violence des rapports humains.
"Brûle encore" raconte le destin de Bliss Blister, prédicateur et gourou malgré lui. En utilisant des ingrédients SF de façon très pertinente, Burns s'attaque à l'endoctrinement des masses par des individus avides de pouvoir et d'argent.
Le dernier récit, "un mariage en enfer" permet à Burns de s'attaquer à l'institution du mariage. Pour Burns, le couple, et donc le foyer, est loin d'être un refuge et si la violence y est plus feutrée, moins visible, elle est bien là.
J'ai adoré cet ouvrage du début à la fin. L'univers de Burns est dérangeant, inconfortable et pourtant j'adore me plonger dans ces histoires noires, tordues qui dressent un portrait peu flatteur de notre société. Burns est décidément un auteur indispensable pour tout amateur de B.D indépendante.