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René Belleto (Traducteur)
EAN : 9782264027689
122 pages
10-18 (12/09/1999)
3.9/5   835 notes
Résumé :
Fidèle à son univers d'une inventivité si particulière, mêlant cruauté et tendresse, macabre et poésie, Tim Burton donne le jour à une étonnante famille d'enfants solitaires, étranges et différents, exclus de tous et proches de nous, qui ne tarderont pas à nous horrifier et à nous attendrir, à nous émouvoir et à nous faire rire.
Un livre pour les adultes et pour l'enfant qui est en nous.
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Critiques, Analyses et Avis (134) Voir plus Ajouter une critique
3,9

sur 835 notes
"Once there was the kid who
got into an accident and couldn't come to school..."
(Crash Test Dummies)

Mmm, mmm... tout le long de la lecture de ce petit recueil illustré de Burton, cette vielle chanson des Crash Test n'arrêtait pas de me trotter dans la tête.
Le petit garçon dont les cheveux sont subitement devenus blanc, la fille couverte de taches de naissance : n'ont-ils pas quelque chose en commun avec les créatures bizarres dans les poèmes de Burton ? Ceci dit, Brad Roberts dit bien dans sa chanson que ces deux enfants avaient encore de la chance, car il y a des mômes dont le destin est bien, bien pire. Il avait raison : l'enfant-huître, l'enfant-robot, l'enfant avec des clous dans les yeux, tête de melon ou la fille faite d'ordures - tous ces personnages sont examinés de près pour établir le même diagnostic qui apparaît aussi dans la chanson des Crash Test - l'exclusion, l'isolement et l'incompréhension des autres. Parfois le dégoût.
Finalement, le recueil de Burton est tout aussi triste que la chanson, mais comme il est rempli de l'humour noir propre à l'auteur, l'ensemble reste indéfinissablement hilarant. On entre dans un monde cynique, sans aucune place pour la sentimentalité, naïveté ou pathos. C'est court, précis et direct :

"My name is Jimmy
but my friends just call me
"the hideous penguin boy"." ... quoi rajouter ?

Les amateurs de Burton vont retrouver leur habituel monde tragicomique, humour à la fois horriblement macabre et intelligent, et la fidélité de l'auteur aux caractères étranges à l'apparence tout aussi accablante que leur destin.
L'existence de ces "outsiders" bizarroïdes est bien vulnérable. Leurs tristesses quotidiennes, pertes personnelles et les jours de folie totale; tout ça est codé dans quelques simples lignes rythmiques qui ne sont pas sans rappeler les "nursery rhymes" classiques. On les imagine facilement grâce aux illustration inimitables de l'auteur, qui nous invite à devenir témoins de leurs naissances, destins et "fins".
Ces personnages au charme tragique sont tous dotés de leur propre, exceptionnel et absolument inconcevable handicap, mais ils ont en commun leur "différence", et le sentiment que "quelque chose cloche" à cause de l'embarras et la nervosité qu'ils suscitent dans leur entourage. Malgré tout, on ne peut pas s'empêcher de rire, car Burton y va vraiment sans scrupule, comme dans cette histoire de garçon-momie qui a (enfin) décidé d'aller se promener dans le parc pour voir du monde :

"Look, it's a piñata",
said one of the boys,
"let's crack it wide open
and get the candy and toys."

They took a baseball bat
and whacked open his head.
Mummy Boy fell to the ground;
he finally was dead." ... la vie peut parfois être terriblement injuste !

Le recueil est bilingue, et si vous vous demandez pourquoi je vous impose les extraits en version originale, c'est parce que je trouve la traduction française extrêmement malheureuse. Tout en sachant qu'il y a des livres et des situations où je ne voudrais vraiment pas me retrouver à la place du traducteur : ces lignes sont tellement courtes et chaque mot de Burton est tellement à sa place pour créer l'effet final à la fois comique et cruel, qu'il est tout bonnement impossible de garder à la fois la métrique, l'exactitude du texte et son sens. Je m'incline donc devant le travail de R. Belletto, que j'ai regardé juste par curiosité. La traduction est très loin de l'esprit de l'original, mais j'imagine ses nuits sans sommeil et le désespoir profond quand le cerveau fatigué, avant de sombrer dans le vide noir rempli de cauchemars, mites et toiles d'araignée, finalise la version :

"Pourquoi je connais
son vice effréné ?
Eh bien, quand elle mouche son nez
sur sa face reste collé le kleene
x."
... j'avais longtemps contemplé ce "x" solitaire avec un mélange d'horreur muette et de compassion.
Ca a dû être une pièce infernale en 23 actes, pour un pauvre marionnettiste censé faire bouger ces affreuses petites créatures de la même façon que maître Burton. Ma note va donc seulement au texte de Burton, mais ma pensée solidaire s'envole vers R. Belletto, en espérant qu'il s'en est sorti sans séquelles.

Ce livret est fait pour tous ceux qui ont en eux un peu de Jack Skellington ou de la mariée morte. Ceux qui aiment les mondes où le Beetlejuice existe, où il neige grâce à Edward aux mains d'argent, et où on cherche un gros poisson.
Décidément triste. Décidément drôle. Décidément pas mal.
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Quel joli et intriguant petit volume, que celui de ces portraits écrits et illustrés par Tim Burton!
Je me suis laissé bercer dans ces rencontres horrifiques, tristes et parfois drôles. Une jeune humanité mutante et déglinguée défile devant les yeux du lecteur, accompagnée de la musicalité propre à la poésie.
Quelle imagination et quelles évocations, de la part de ce cinéaste talentueux!
Cela ne surprend qu'à demi, lorsqu'on a vu les films du maître!
De quoi peupler mes songes de l'enfant-robot ou de Bébé Ancre, en anglais ou en français puisque la jolie édition est bilingue!
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Nous connaissons (presque) tous, le grand réalisateur qu'est Tim Burton. Son univers a toujours été très marqué par sa fantaisie fortement influencé par Edgar Allan Poe. Tim Burton nous livre donc son premier "petit roman" composé d'histoire courte, parfois glauque et parfois amusante, qui se lit facilement et rapidement et qui compose tant son univers. Je suis une grande fan de ce réalisateur donc lire ce livre était obligatoire et je ne me suis pas ennuyé! La seule chose de négative, pour moi, dans ce livre a été la traduction française qui ne correspond pas vraiment à l'écriture en anglais que nous donne Tim Burton. Dommage...mais sinon c'est un bon livre pour passer le temps!
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J'ai adoré me plonger dans ce petit recueil de poésie pour le moins macabre. On y fait de drôles de rencontres plus surprenantes et inquiétantes les unes que les autres. Avec le Petit Enfant Huitre qui donne son titre au recueil bien entendu, mais aussi L'Enfant Robot, L'enfant avec des clous dans les yeux, La fille avec plein d'yeux, La Fille Vaudou, L'enfant Brie, L'enfant Momie, certains que l'on retrouve à plusieurs reprises et beaucoup d'autres encore que je vous laisse le plaisir de découvrir.

Des enfants très particuliers mais toujours émouvants sortis de l'imagination lugubre du réalisateur Tim Burton dont les dessins accompagnent d'ailleurs ces poèmes. J'avais déjà eu l'occasion d'apprécier ses talents d'illustrateur dans son livre d'Entretiens avec Mark Salisbury et bien entendu dans certains de ces films. On y retrouve sa patte qui nous rappelle aussi bien Les Noces funèbres que Frankenweenie.

Outre l'inventivité géniale de l'auteur, le vrai plus de ce livre est de nous offrir en face à face la version originale de chacun des poèmes. On peut y lire les vrais mots de l'auteur ainsi que les ajustements et apports inhérents à la traduction de poésie. Il me semble important de saluer le travail du traducteur, l'écrivain René Belletto.

Amateurs de bluettes, gentillettes et proprettes, passez votre chemin ! Tout l'univers de Tim Burton rassemblé dans un petit chef d'oeuvre de noirceur que j'ai découvert avec bonheur.

Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Les enfants imaginés par Tim Burton ne vivent pas dans un monde imaginaire peuplé de fées et de lutins rieurs. le fil conducteur de ce recueil de poèmes est l'évocation d'une marginalité qui commence dès le plus jeune âge. Que l'on soit un enfant huître, que l'on ait un brie de chèvre à la place de la tête, des clous dans les yeux ou des ordures en guise de chair, le mal s'incarne tout le temps au même endroit : dans le regard des autres.


Ces enfants mènent une vie malheureuse marquée par l'ostracisme et l'abandon. Ils se préparent déjà à l'implacabilité d'une vie adulte qui ne ratissera pas davantage de chaleur humaine. Chacun de ces poèmes constitue une ébauche scénaristique en soi. On se souvient d'Edward aux mains d'argent, d'Edward Bloom de Big Fish ou de Charlie, tous personnages caractérisés par un signe distinctif qui les exclut involontairement de la communauté homogène des « gens normaux ». On reconnaît dans cette opposition un manichéisme peu subtil mais il faut y prendre garde… Dans les films de Tim Burton comme dans ses poèmes, on découvre bien vite que les faibles ne sont pas pur angélisme et qu'ils recèlent les mêmes vices que leurs tortionnaires. Ainsi Tim Burton ne vire jamais à l'apitoiement et se montre plutôt cruel, chancelant entre pitié et plaisir machiavélique d'enfoncer toujours plus profondément dans leur misère ces enfants malmenés par l'existence.


Le jeu poétique qui entoure la narration de leur histoire ajoute encore une dose de cruauté à l'imagination de Tim Burton. Les rimes, allitérations et assonances s'égrènent à un rythme qui fait souvent fourcher la langue, comme s'il fallait que la forme se rajoute au fond des malheurs pour distraire le lecteur. On joue à la marelle avec Tim Burton, pendant que ses personnages cheminent fatalement vers une destinée sans vie pour le plaisir de perpétrer une rime :


« Mon fils, es-tu heureux ? Sans indiscrétion,
Rêves-tu quelquefois des célestes régions ?
Ne t'es-tu jamais dit : « Mourons » ? »


Voici un exemple de rime qui marche, sans donner l'impression d'avoir été extorquée à l'insu de Tim Burton. Ce n'est pas le cas de l'ensemble des poèmes de ce recueil. Faute à une traduction qui sacrifie la fluidité à une versification qui n'était pourtant pas formellement revendiquée dans la langue originale. le résultat bancal devient parfois illisible, et on préfère ne pas lire à voix haute certaines monstruosités littéraires :


« Hélas, elle se sait prisonnière d'un sort,
Dont elle ne se sort
Jamais. En effet, dès qu'on s'
Approche d'elle, les épingles encore
Plus profond dans son coeur s'enfoncent. »


Si on maîtrise un peu l'anglais, on se réfèrera de préférence aux textes originaux de Tim Burton qui apparaissent toujours en complément de leur traduction.


Enfin, on peut légitimement se demander si Tim Burton n'était pas ce réalisateur fantasque que l'on connaît –serait-il plutôt un de ces malheureux et anonymes personnages qui peuplent ses poèmes-, l'intérêt porté à son recueil aurait-il été aussi accru ? Sa poésie désenchantée et gentiment morbide s'inscrit en continuité de ses oeuvres mais ne constitue pas une oeuvre en soi. Trois vers ne font pas un poème –encore moins un haïku made in america- et lorsqu'on lit l'histoire de Benjamin, éludée en trois pauvres vers :


« Je suis Benjamin,
Débaptisé par les autres gamins
En « vilain gamin pingouin » »


… une seule chose à répondre à Tim Burton : puisse Benjamin devenir aussi marginalement reconnu que toi.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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critiques presse (1)
Elle
06 décembre 2022
À la fois tendre et cruel, touchant et macabre, cynique et poétique : ce recueil de nouvelles XXS accompagné par des croquis au coup de crayon signature, se dévore en deux coups de cuillère à pot.
Lire la critique sur le site : Elle
Citations et extraits (48) Voir plus Ajouter une citation
"The Melancholy Death of Oyster Boy" ("La triste fin du petit Enfant Huître")

He proposed in the dunes,
they were wed by the sea.

Il fit sa demande au milieu des dunes,
près de la mer, ils devinrent femme et mari.

their nine-day-long honeymoon
was on the isle of Capri.

Neuf jours dura leur lune
de miel, sur l'île de Capri.

For their supper, they had one spectacular dish -
a simmering stew of mollusks and fish.
And while he savored the broth
her bried's heart made a wish.

Au souper, ils eurent un plat grand luxe :
un ragoût mijoté de poissons et mollusques.
Pendant que du bouillon lui goûtait la saveur,
la jeune épousée fit un voeu dans son coeur.


That wish did come true - she gave birth to a baby.
But was this little one human ?
Well,
maybe.

Ce voeu devin réalité : elle eut un bébé.
Mais ce bébé était-il humain ?
Eh bé,
on ne sait point.
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La fille faite d'ordures

Il était une fois une nénette
qui d'ordures était faite.
Elle était vraiment cracra
et puait comme un putois.

Elle vivait dans le malheur,
voire en noire dépression, peut-être à cause des heures
passées dans les décharges et leurs vapeurs.

Le seul répit dans sa vie, la seule lueur,
lui vint d'un type nommé
Stan, qui était l'éboueur
du quartier.

Il l'aima d'amour pur
et lui proposa l'anneau,
mais déjà elle avait fait le grand saut
dans le broyeur d'ordures.
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Mummy Boy

He wasn't soft and pink
with a fat little tummy;
he was hard and hollow,
a little boy mummy.

"Tell us, please, Doctor,
the reason of cause,
why our bundle of joy
is just a bundle of gauze."

"My diagnosis," he said",
"for better than worse,
is that your son is the result
of an old pharaon's curse."

[....]
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"Stain Boy" ("Enfant Tache")

Of all the super heroes,
the strangest one by far,
doesn't have a special power
or drive a fancy car.

De tous les héros, super cotés,
le plus étrange, et de beaucoup,
n'a ni pou-
voir spécial, ni voiture tarabiscotée.

Next to Superman and Batman,
I guess he must seem tame,
But to me he is quite special,
And Stain Boy is his name.

A côté de Superman, de Batman et consorts,
j'imagine qu'il parait sans panache,
mais pour moi ils sort
de l'ordinaire, et son nom est Enfant Tache.

He can't fly around tall buildings,
Or outrun a speeding train,
The only talent he seems to have
Is to leave a nasty stain.

Il ne sait pas voler parmi les buildings,
ni dépasser des trains roulant à toute berzingue :
il semblerait que son seul talent dingue
soit de laisser des taches cradingues.

Sometimes I know it bothers him,
that he's can run or swim or fly,
and because of this one ability,
his dry-cleaning bill's sky-high.

Parfois je sens que ça le contrarie
de ne pouvoir foncer sur terre, sur mer, en altitude,
et, du fait de son unique aptitude,
ce qui monte jusqu'au ciel, c'est sa note de blanchisserie.
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« L’enfant Brie rêva (deux fois, pas plus) que sa tronche
Pleine et ronde n’était plus qu’une tranche.
Le droit de jouer avec eux, les autres enfants jamais ne le lui donnaient,
Mais au moins Brie s’accordait bien avec un bon Chardonnay. »

L’enfant Brie
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