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EAN : 9782810404551
240 pages
Prisma Media (19/09/2013)
5/5   2 notes
Résumé :
Georges Braque (1882-1963), l'un des principaux fondateurs du cubisme avec Picasso, a travaillé avant et pendant la Seconde Guerre mondiale sur la nature morte. Ces recherches, présentées pour la première fois avec autant de détails, ont été menées par le peintre à la façon d’une enquête durant laquelle il a étudié, dans ses oeuvres, les objets du quotidien, les intérieurs et la perception-même de ces objets. Dans cet ouvrage, les reproductions de toiles sont accomp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un très bel ouvrage issu du travail de collaboration entre la Phillips Collection et le Mildred Lane Kemper Art Museum, pendant la préparation de la récente exposition en 2013 "George Braque and the Cubist Still Life (1928 - 1945), aux États-Unis.
Ce livre est consacré aux natures mortes de Braque entre 1928 et 1945. Il se compose en cinq essais qui analysent de manières différentes le travail de Braque.
De plus, il contient certaines republications de premiers grands critiques de l'artiste.

Pour commencer j'ai aimé le livre en lui-même : un grand livre broché qui fait son poids, avec sa double couverture papier. Les deux types de papiers utilisés à l'impression sont de très bonne qualité. La mise en page est excellente.
J'ai particulièrement apprécié le fait que toute une première partie soit consacrée aux essais avec quelques illustrations de peintures et de photographies pour les références liées au texte. Puis la seconde partie consacrée aux planches uniquement. Viennent à la fin les republications, une chronologie et l'index.
Bref, j'ai trouvé cet ouvrage très bien organisé dans sa présentation.
J'avais un peu peur de tomber sur un livre contenant quasiment que des illustrations mais ce n'est pas le cas ici.

Je ne connaissais pas bien le travail de natures mortes de ce peintre mais je l'ai découvert avec un plaisir certain grâce à cet ouvrage.
On en apprend beaucoup sur le contexte historique et politique qui a influencé l'artiste dans ses productions. On parcourt également sa vision du cubisme pour mieux comprendre ses oeuvres.
On prend connaissance de la vie professionnelle de l'artiste, notamment à travers certaines de ses relations qui ont marqué sa vie comme le critique d'art et collectionneur Phillips Duncan et aussi son ami Carl Einstein, historien de l'art.
Les interprétations et explications de certaines de ses oeuvres sont vraiment intéressantes.
De plus, le dernier essai sur les matières et les techniques qu'utilisait Braque pour ses natures mortes est subjuguant et très bien illustré avec les photos de détails de peintures. On perçoit alors tout le soin et la subtilité de son travail.

De nombreuses interrogations se posent lors de cette étude, notamment sur le travail de recherche de Braque sur l'espace, qui prend alors tout son sens : entre l'espace visuel qui sépare les objets entre eux et l'espace tactile qui nous sépare des objets. Et également la question sur l'impact que les événements historiques peuvent avoir sur les oeuvres des artistes.
Un superbe travail de la part des auteurs.

Pour résumer, j'ai adoré cet ouvrage ! Je remercie les Éditions Prisma pour cet envoi et également Babelio pour sa superbe opération de Masse Critique.
Ce magnifique ouvrage est un très beau cadeau pour les amateurs et les professionnels de l'art.
Je lui mets cinq étoiles et il les mérite amplement !
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A côté de l'immense célébrité de Picasso, Braque reste finalement méconnu du grand public. Je ne le connais que très peu même si j'ai pu admirer certaines de ses toiles dans de très grands musées comme le MOMA. D'ailleurs Braque comparait lui-même son travail avec Picasso à de l'alpinisme en remarquant que Picasso était le 1er de cordée..

Il faut dire que les thèmes qu'il affectionne tout particulièrement à savoir les intérieurs bourgeois ou les natures mortes ne sont pas vraiment ma tasse de thé. Je préfère les fresques historiques, les vanités pleines de sens cachés.

Alors j'ai tout à apprendre de cet artiste et tout à découvrir de ce genre de peinture car Je n'en suis pas fière Je suis remplie de stéréotypes sur les natures mortes et ce livre va m'ouvrir les yeux sur la quantité d'informations passionnantes qu'une nature morte de Braque est capable d'apporter.

Georges Braque : l'espace réinventé est un très beau livre d'art scientifique qui se compose de deux parties : la première contient 5 essais de scientifiques qui décortiquent les oeuvres de Braque durant l'entre deux guerre jusqu'à la fin de la seconde guerre mondiale. La deuxième partie se compose des planches contenant les oeuvres analysées et deux textes de critiques d'art contemporain à cette période de grande création de Braque. Je dois avouer qu'à première vue, j'ai mis du temps à ouvrir ce livre, la lecture me paraissant trop dense, érudite et pointue et pas franchement alléchante. Mais dès les premières lignes de la préface j'ai été happée, passionnée par son contenu! Il faut dire qu'il y de l'intelligence et de la pédagogie chez les rédacteurs de ces essais. Ce livre fait le lien entre l'analyse d'un contexte historique agité durant lequel Braque a peint ses natures mortes et une analyse scientifique pointue des différentes techniques et matériaux utilisés.


Différents acteurs de la réussite de G braque sont ici évoqués comme ayant contribué à la défense, la connaissance et la célébrité de cet artiste : des collectionneurs et des critiques d'art : Duncan Philips, Carl Einstein et Jean Paulhan, le poète Francis Ponge et le Mildred Lane Kemper Museum etc… Il s'agit aussi d'expliquer l'acceuil français mais aussi américain fait aux oeuvres de l'artiste.

Ce qui est au coeur de ce livre c'est la raison pour laquelle cet artiste s'est intéressé aux natures mortes. Il s'agit ici d'un véritable travail de recherche.

Pourquoi préfère t-il le statique, l'immobile ? En fait, Braque étudie « ce qui nous sépare de l'objet », « l'espace entre ». Il décrit d'ailleurs lui-même son obsession : « L'espace visuel sépare les objets les uns des autres. L'espace tactile nous sépare des objets. Toute ma vie, ma grande préoccupation a été de peindre l'espace »

Ce que permet ce livre c'est d'accéder à cette compréhension en nous décrivant, en analysant les tableaux peints par cet artiste. Grâce à ces descriptions érudites j'ai pu accéder à des tableaux qui m'étaient restés inaccessibles. On m'a donné à voir le travail complexe de cet espace tactile que Braque veut nous faire appréhender.
Un exemple m'a beaucoup frappé, celui de l'atelier au vase noir de 1938, j'ai été capable de voir cet espace entre le peintre et la nature morte grâce à cette grille que je n'aurai jamais vu sans les explications de ce livre. Tout aussi passionnant, pour moi professeur d'histoire, est l'étude du « non engagement » de Braque quand Picasso lui défend ses idées durant la période la plus trouble du XXème siècle.

Cet homme qui selon Einstein, ne décris pas seulement le monde mais le transforme en oeuvre d'art
Cet homme qui fait du cubisme un processus intellectuel
Cet homme qui selon Ponge crée des tableaux qui regardent le spectateur
Cet homme qui selon divers scientifiques est un chercheur du tactile, un architecte de la peinture

est un artiste passionnant à découvrir grâce à ce magnifique livre dont l'érudition ne doit pas rebuter car elle est mis au service du public pour l'aider à comprendre.

Et comme pour me faire pardonner du temps, assez long, qu'il m'a fallu pour rédiger cette critique je finirai par le mot de l'artiste lui-même qui revenait sans arrêt sur ces créations : « je trouve qu'il faut travailler lentement »….
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Georges Braque? «C'est le patron! » C'est ce que Jean Paulhan, critique d'art et éditeur, rappelera en 1952.
1908, Premières toiles cubistes: les maisons, le viaduc, le paysage et les grands arbres à l'Estaque.
L'histoire sera plus encline à attribuer la paternité du mouvement au « brillant bruyant » Picasso.
Braque le discret, l'introverti, le travailleur, l'acharné poursuit en bleu de chauffe sa route obstinément dans le clos de son atelier.

«  George Braque, l'espace réinventé », ouvrage réalisé lors de la grande exposition qui s'est tenue aux États Unis en 2013, se concentre sur une période particulière de l'oeuvre de Braque : de l'entre deux guerres à la libération. Période d'introspection pour l'artiste et non période de recul.
Matières et techniques : les outils de Braque.
Visions, hallucinations empliront le lexique de sa perspective.
Espace, surface, seront les fondement de ses compositions.

Grièvement blessé au combat, trépané, en 1915, aveugle durant deux ans, Braque pouvait deviner le liant putride qui allait infecter le monde. Il s'est alors entièrement concentré, centré sur son art peignant inlassablement des natures mortes. Braque c'est le peintre de l'espace et de la perception, de l'espace tactile entre l'homme et l'objet. le rapport à l'objet épousseté des notions de profondeur, de grandeur.
La vision se hiérarchise par rapport au rapport que l'homme entretient tactilement avec l'objet.
C'est ainsi qu'il réinvente, qu'il réordonne l'espace.
Sa main touche à l'objet et non à la perfection de la vision, la perception est à l'oeuvre.
L'ESPACE À PORTER DE MAIN.
Pour Braque l'art, et donc l'artiste ne peut s'offrir le luxe de souffrir de son temps. Il revendique son indépendance face à l'événement. «  un tableau n'est pas un instantané ». Pour lui l'art n'entre pas dans le champs de l'actualité. Et en cette période de brumes et de brouillard, Braque défend son atelier, il peint, l'homme face à son chevalet, face à l'objet et rien d'autre.
Voilà sa démarche, même si on ne peut pas faire l'impasse sur son acharnement à vouloir peindre ses natures mortes. Même si on ne peut oublier qu'il ait perdu l'usage de ses pinceaux durant un an, lorsqu'il reçu l'annonce du suicide de son ami Carl Einstein en 1940 face aux troupes nazies.
Pour Braque le présent est « perpétuel ». Alors ces natures sont elles véritablement mortes ?

Braque n'est pas un peintre du mouvement mais d'une surface qu'il s'autorise à explorer d'une autre manière , en qualité d'espace. La toile définit l'espace, il peint un guéridon , ce n'est pas le guéridon dans l'entrée, dans l'appartement, dans la ville, c'est le guéridon , l'espace qu'occupe ce meuble, cet espace qui préoccupe l'artiste.
Véritable marqueterie de l'espace, un véritable travail d'ébénisterie se réalise sur la toile.
Il colle, il plaque, il superpose. Transparence de l'objet.
L'intelligence propre de l'espace sera rendu par la matière. Sables, graviers, il fait entrer la matière au coeur même de sa peinture.
Territoire secret, monde inconnu, Braque cherchera, tentera, inventera, essaiera.
L'alchimiste de l'espace.
Cet ouvrage contient deux essais extrêmement important dans l'histoire de l'art du 20e sicle : celui de Carl Einstein de 1933 et celui de Jean Paulhan de 1952.
Paulhan nous met en garde sur les maisons de verre, ces maisons où tous ont accès, où tout se doit d'être vu et su par tous. Cette dictature du dévoilé qu'instaure et impose le pouvoir. L'artiste n'a pas à se justifier, il n'a que sa vérité qui, si le passant y le consent, peut être une interpellation, un appel, et pourquoi pas une question, jamais une déclaration encore moins une réponse. Il n'a pas d'autorité, il n'a que son travail.
Le dossier regroupant analyses chromatique et chimique opérées sur plusieurs toiles de Braque montre le soin avec lequel Braque opérait. Avec lenteur mais en ayant toujours le soucis du « mieux faire ». Pas du mieux paraître, pas du mieux semblant, mais du plus près de sa réalité à l'instant où son oeil devient sa main.
« On ne se rappelle pas d'avoir vu ça », en regardant un tableau de Braque, « on ne s'en rappelle pas », « on ne s'en souvient même pas ».
C'est ce que Carl Einstein définissait comme étant la création de mythes visuels.
Donner un sens multiple à l'objet par l'abstraction de l'espace afin de réinventer sa surface en la percevant différemment.
L'objet avance chez Braque il ne recule pas. C'est en sorte une perspective inversée.

Carl Einstein disait qu'un tableau est terminé lorsque l'émotion est voilée, et Paulhan rappelait qu'à divulguer le mystère on lui retire sa vertu.

Braque nous touche bien au delà de notre vision, il nous touche par sa perception.
C'est là que réside peut être le mystere.

Opération Babelio - Masse critique février 2014.

Astrid Shriqui Garain


Lien : https://dutremblementdesarch..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'espace visuel sépare les objets les uns des autres. L'espace tactile nous sépare des objets. Toute ma vie, ma grande préoccupation a été de peindre l'espace.
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