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Critique de TRIEB



Tout commence d'une manière on ne peut plus commune : Léon Delmont, représentant d'une entreprise italienne de machines à écrire, Scabelli, entreprend, par le train Paris-Rome, un voyage vers la ville éternelle où il compte rencontrer Cécile, son amante, connue à Rome. Elle l'émerveille en lui faisant découvrir les arcanes de cette prestigieuse Cité .Il compte quitter Henriette, épouse légitime, dont la vie commune encore partagée ne lui inspire plus guère qu'ennui et lassitude de moins en moins dissimulée.
La trame serait on ne peut plus commune si des traits profondément originaux de ce roman ne venaient le différencier aux yeux du lecteur : il est écrit à la deuxième personne du pluriel, ce qui imprime aux différentes descriptions une distance constante vis-à-vis du roman. Ce mode de récit pourrait provoquer une identification aux personnages décrits, à leurs aspirations, à l'évolution de leurs sentiments respectifs nourris les uns envers les autres .Il n'en est rien , et nous sommes les témoins, grâce à ce subterfuge , des descriptions les plus détaillées, les plus fouillées des pensées constituant en fait l'ensemble de la vie intérieure des participants à cette intrigue .C'est parfois le ton d'une plaidoirie d'avocat qui est adopté : « Ce voyage devrait être une libération, un rajeunissement, un grand nettoyage du corps et de votre tête ;ne devriez-vous pas en ressentir déjà l'exaltation ? Quelle est cette lassitude qui vous tient, vous diriez presque ce malaise ? »
A d'autres moments du récit, c'est l'anticipation de la situation des protagonistes qui est souvent utilisée, comme pour permettre au lecteur une meilleure intériorisation de la structure de leurs réflexions les plus essentielles : « Maintenant, Cécile allait venir à Paris et vous demeureriez ensemble, de cela vous étiez, vous êtes bien certain, (…) mais de la triomphante joie de Cécile qui vous avait tant taquiné sur votre bourgeoise hypocrisie. »
L'auteur prête également par l'intermédiaire de notre amant voyageur, une vie imaginaire à ses compagnons de compartiment, tous et toutes affublés d'un statut social, d'une vie et de projets dérivés de l'imaginaire de Léon Delmont.
Il est fait appel dans le roman aux divers paysages , monuments et quartiers des villes de Rome et de Paris , pour mettre à nu les raisons profondes de Léon et de Cécile de choisir comme théâtre définitif de leur passion la ville de Rome .L'histoire antique et la mythologie viennent à la rescousse pour alimenter les scrupules , les interrogations de Léon Delmont .Ces dernières l'emportent , il doute du bien-fondé de ce voyage , censé à l'origine représenter un seconde chance pour lui : « Il faudrait donc( ….) que vous puissiez jouir de l'apparence de ce bonheur qui, lui, vous échappe, goûter quand même à un fragment de cette vie que vous imaginiez si prochaine et qui s'éloigne de plus en plus dans l'illusoire et l'impossible. »
Est-ce vraiment un voyage qui est décrit là ? On peut y voir la tentative, parfaitement aboutie, de recenser et de hiérarchiser tous les flux de pensées qui composent la vie intérieure des individus. L'écriture du roman est élégante ; les phrases, par leur longueur, nous rendent complices des tourments et joies composant cette intrigue. Elles prennent leur temps, celui de la dissection, de la radiographie des passions humaines.

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