Dino Buzzati
EAN : 9782869433335
162 pages
Actes Sud
(23/01/1992)
4/5
1 notes
Fin dramatique d'un musicien célèbre : Le Manteau - Petite promenade - Les Fenêtres - La Fin du bourgeois
Résumé :
Dans son théâtre, comme dans ses romans et ses très nombreuses nouvelles, Dino Buzzati joue à cache-cache avec la mort. Dans une Italie en proie aux croyances, il fait fi de toute superstition... La mort qui lui est une alliée naturelle grandit dans sa montagne natale, sévit dans les villes ternes et bruyantes, et ne reste pas toujours invaincue. Le théâtre de Dino Buzzati, dans sa fiction, dans son écriture fantastique, reste ancré dans la réalité.
SCHIASSI (de mauvaise humeur, parlant à lui-même) — Bien sûr, ils rient, mais plus comme avant. Autrefois, les spectateurs, du moins ceux des premiers rangs, étaient pris de convulsions en écoutant mes blagues. Il y avait souvent des crises d'épilepsie. Des cas d'infarctus ou des congestions cérébrales. Des soirées inoubliables. Aujourd'hui, ils rient et c'est tout. Tout au plus, quelqu'un a le hoquet. Jamais contents... Chaque année, il faut augmenter la dose d'humour, sinon ils ne bougent pas d'un poil. Il leur faut des sketches de plus en plus piquants. Ce sera bientôt comme au temps des Toltèques, lorsque, pour déclencher l'hilarité des foules, il fallait écarteler les vierges sur la place. Dieu seul sait comment tout ça finira.
(La fin du bourgeois)
LE PROFESSEUR (calme) — C'est de ta faute. Les autres comprennent tout de suite qui je suis, dès qu'ils entendent mes pas s'approcher de leur maison. Dès que j'arrive, les visages deviennent plus pâles que la lune et les bouches se mettent à trembler, elles bredouillent de ferventes prières. Toi, tu ne comprenais pas. Même lorsque, dans la rue, les gens se sont mis à te regarder d'une étrange façon, tu n'as même pas deviné.
(Petite promenade)
ANNA — Gino, je te le répète. Pourquoi, lorsque tu rencontres un mot que tu ne connais pas, continues-tu à lire sans demander ? Ou alors, tu sais ce que veut dire pressentiment ?
GINO — Je croyais, je le savais, je l'ai entendu une fois, je le savais. Mais maintenant...
ANNA — Je le savais, je le savais. C'est tout ce que tu sais dire. Et toi, Pietro ?
PIETRO — Je crois que cela veut dire comme quand on fait un rêve...
(Le manteau)
LES VIEUX — Giovanni, écoute, écoute, regarde bien ta maman, regarde-la pour la dernière fois. Regarde la vieille maison, regarde les murs, l'armoire, regarde les fleurs et la poussière, regarde l'araignée dans le coin, regarde le feu et les ombres. Regarde ta sœur dans les yeux, regarde le soleil et ta mère, regarde-les bien, puisque tu ne les reverras plus jamais.
(Le manteau)
IZAR — Ca alors, il faut faire de l'alpinisme pour arriver chez vous.
ANGELA — Vous connaissez Claudio, les artistes ont tous leurs obsessions. Il a fait construire la maison ici en haut, pour que les voitures n'arrivent pas. Il n'a voulu ni route, ni téléphone.
(Fin dramatique d'un musicien célèbre)
Retrouvez les derniers épisodes de la cinquième saison de la P'tite Librairie sur la plateforme france.tv :
https://www.france.tv/france-5/la-p-tite-librairie/
N'oubliez pas de vous abonner et d'activer les notifications pour ne rater aucune des vidéos de la P'tite Librairie.
Avez-vous déjà eu l'impression que votre vie se passait à attendre ? Attendre l'amour fou, attendre le poste de vos rêves, attendre le prochain voyage, attendre, au fond, que la vraie vie commence enfin ?
« le désert des Tartares » de Dino Buzzati est publié en poche chez Pavillons Robert Laffont.