Cette fiction est là pour rappeler que tous les Pieds-noirs ne furent pas favorables à l'OAS et même que certains comprirent que l'indépendance algérienne était inéluctable, tel Jacques Chevalier maire d'Alger de 1953 à 1958 (d'ailleurs très marqué à droite du point de vue social) ou Jean Baptiste Joseph Scotto (né en 1913 à Hussein Dey) qui sera évêque de Constantine de 1970 à 1983.
Toutefois si un des personnages appartient à ce milieu, le héros est un appelé breton qui se retrouve infirmier dans l'armée français alors que nous sommes dans les derniers mois du conflit. le fait de refuser de tirer sur qui que ce soit aura des conséquences multiples dont une se traduira par le sauvetage d'une quinzaine de ses camarades pris dans une embuscade.
La question de la torture est évidemment un sujet quasi récurrent. La fin de l'ouvrage est un peu trop dans le "happy end" de manière générale et surtout par rapport au fonctionnement de l'armée. Alternent des chapitres qui évoquent la fin de l'enfance du héros en Bretagne et d'autres qui se passent au présent en Algérie et plus précisément en Kabylie. La lecture de l'ouvrage "Nous n'étions pas tous des salauds" gagnerait à trouver un prolongement dans le livre dirigé par Leila Sebbbar "L'enfance des Français d'Algérie" avant 1962.
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Dès les premières lignes nous sommes plongés dans l'enfer de la guerre d'Algérie. Avec Yann, fraîchement débarqué de sa Bretagne natale, nous découvrons la chaleur de plomb, la peur face à une attaque de rebelles et la hargne du Sergent Ciruni, profondément raciste.
Yann espérait échapper à la mobilisation surtout après le retour de son frère ainé traumatisé par trente mois en Afrique du Nord. Il est infirmier et ne peut se résoudre à tuer des êtres humains, ce qu'il veut c'est soigner. Ce qui l'amènera à désobéir plusieurs fois aux ordres du sergent…
La force du roman est en grande partie due à l'alternance des chapitres. Nous passons de l'horreur de la guerre à la Bretagne des années 50 où Yann grandit, entouré d'affection Mais la vie en Bretagne n'est pas un long fleuve tranquille. Certes il y a l'amitié, l'amour, la douceur des paysages, mais il y a aussi des coups de feux, des morts et de la souffrance. ..Et en Algérie c'est la même chose… ou plutôt ce serait la même chose s'il n'y avait la guerre, et surtout la haine, la sauvagerie qui conduisent Yann à tuer un prisonnier… En état de choc, il est alors soigné à Tizi Ouzou par la troublante Dominique Leclerc, avant de retrouver Erwan qui après avoir vu trop d'horreurs est devenu à son tour haineux et méprisant. L'horreur monte crescendo ; quand Yann doit intervenir pour » remettre d'aplomb « un supplicié afin que ses tortionnaires puissent à nouveau lui extorquer des renseignements.
Nous sommes interpelés par les personnages profondément humains. Ils ont une personnalité complexe déterminée par leur vécu et par la nécessité de survivre. Comment garder sa dignité humaine quand des camarades sont massacrés sous vos yeux ? Comment ne pas haïr les algériens quand des membres du FLN ont massacré votre famille ? L'odieux sergent Ceruni n'aurait il pas perdu la raison après avoir été confronté aux horreurs en Indochine sous le regard indifférent de la hiérarchie ?
Un livre sensible et juste qui donne à réfléchir…
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Avec 1 jeu publié pour Cannes avec Blue Orange, un finance sur Ulule qui se finit à la fin du mois pour le jeu "Martial Art" chez Jyde Editions et un jeu qui arrive aussi sur Ulule, "Drekki" chez Lud'act, le 27 mai, intéressons-nous à Franz Couderc, auteur de jeu à l'actualité bien chargée.