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EAN : 9782749126524
112 pages
Le Cherche midi (24/01/2013)
3.57/5   7 notes
Résumé :
La face noire de la Libération de la France en 1944-1945, ce fut une épuration qui ne devait rien à la justice mais beaucoup à la vindicte de résistants de la dernière heure.
Au cœur de ces exactions, il y eut le carnaval barbare de femmes tondues devant des foules devenues populaces. Qu'elles aient collaboré à l'horizontale ou tout simplement aimé, ces victimes expiatoires saluées par Paul Eluard et chantées par Georges Brassens sont devenues une tache indél... >Voir plus
Que lire après Juliette ou le chemin des immortellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Avis mitigé sur ce livre, alors même que le thème avait tout son intérêt : comment peut-on se construire et vivre quand on sait que l'on est le fruit d'une relation amoureuse entre une femme adultère et un boche ?

Le plutôt décevant : la photo de couverture du livre et son résumé semblaient faire la promesse de l'évocation d'un contexte (période de l'épuration après-guerre) et d'une histoire de vie (notamment celle du couple des parents de l'auteur : elle, Juliette, la mère, jeune française ayant "fauté" par amour, et lui, le géniteur mais pas le père officiel, jeune médecin militaire allemand l'ayant finalement délaissée après-guerre).
Or, si c'est effectivement le point de départ de l'ouvrage (sa maman a compté parmi les femmes tondues à Bordeaux pour avoir "collaboré à l'horizontal"), il n'en est finalement que très peu question.
Décevant également, le fait que la rencontre entre l'auteur et son géniteur allemand ne se soit pas faite (ou très furtivement) et ne lui ait pas permis de se reconstruire a posteriori.

Le plutôt intéressant et attachant : la façon dont l'auteur rend compte des non-dits familiaux (alors même qu'il percevait bien qu'il était l'épicentre d'un trop lourd secret), du poids qui pèse sur ses épaules, et des conséquences sur sa vie : son isolement, son manque de confiance en soi, sa difficulté à se poser, à construire une vie qui ait un sens pour lui et les autres. Mais aussi, conséquences sur l'ensemble de la famille (un père officiel aux abonnés absents, une mère vivant dans la nostalgie du passé, une fratrie (un frère plus grand, une soeur cadette) partagée entre obligation morale de soutien et rejet.
La forme est également déroutante : de très courts chapitres qui suivent une chronologie régulière, une prose composée de courtes phrases qui se succèdent sans forcément avoir de lien, mais qui, petit à petit, par touches successives, voire opposées, tendent à composer un portrait sensible de l'auteur empêtré dans sa douleur, son silence, ses contradictions et ses renoncements.

Puis, il y aura pour l'auteur, en chemin, une éclaircie : sa découverte de la littérature et du pouvoir des mots. le lyrisme évocateur de cette période est parfaitement rendu. On se dit, ouf, il est sauvé... Et pourtant, on verra qu'il n'en sera rien.

C'est clairement bien écrit, il y a de nombreuses phrases fortes, les poèmes qui accompagnent le texte sont très touchants. J'interprète ce texte comme une nécessité impérieuse pour l'auteur de l'écrire, sans doute à des fins thérapeutiques, pour sa descendance ou peut-être pour mettre des mots écrits sur un parcours qu'il ne pouvait expliquer, exprimer à l'oral ? Il a été publié en 2013 alors même qu'il s'était fait connaître comme écrivain et poète dès 1974.
Peut-être cela explique-t-il sa brièveté (91 p), sa forme particulière et cette sensation diffuse d'un texte pas forcément abouti (on dirait les bribes d'un journal intime organisées après coup en vue d'une publication) alors qu'il en ressort quand même une grande force et des émotions.

Malgré mon intérêt pour les histoires de vies, et pour les témoignages liés à la Seconde guerre mondiale, je crains que ce court opus de l'oeuvre littéraire de Tristan Cabral ne me laisse un souvenir très fugace.



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Les habitués de ce blog ne seront pas étonnés d'apprendre que je ne connaissais absolument pas Tristan Cabral, poète dont le premier recueil s'intitulait Ouvrez le feu! (1974)
Mais il s'agit ici d'un récit autobiographique, fort court, évoquant la vie si remplie de l'auteur. Un fort joli texte, dépouillé et intense, sobre et éclairant. Son parcours et ses engagements méritent d'être connus (oh que oui!), mais je me limiterai à deux souvenirs.

Tristan Cabral est né en 1944, des amours de sa mère Juliette avec un médecin militaire allemand. le couple ne se reverra jamais, et Juliette reprendra la vie commune avec son mari.
"Le jour de mes dix-huit ans, le 29 février, Juliette m'a dit, le dos tourné : 'Tu sais bien que Claude n'est pas ton père!'
C'était un dimanche après-midi. J'ai pleuré et j'ai ri. Juliette disait enfin ce que j'avais toujours su sans le dire. le silence se fendait. J'étais en mots. Je n'étais plus tout à fait l'enfant d'un long silence."

Vers dix ans, le mystère des mots lui est révélé, par un instituteur.
"J'étais sauvé. Je savais tout. Les mots, c'était le vrai monde. (...) Mes premiers poèmes, je les appelais 'mes vers secrets'. Je n'en ai gardé qu'un. Il est bien sûr dédié à Juliette. Il m'a valu le prix de la fête des Mères. le journal Sud-Ouest l'a publié. Juliette l'a eu dans un vieux portefeuille toute sa vie.
Le voici:
La mise en mer
A Juliette des Océans
Je regagnais les portes
des marées de septembre
quand une vague morte
est venue me surprendre

alors j'ai pris ton corps
j'ai fermé tes paupières
et j'ai longtemps marché
en direction du nord
et puis je t'ai couchée
dans un filet de pierre

J'ai tressé dans les algues
des fleurs de sable vert
et je t'ai mise en mer
dans le creux d'une vague...
(Sur la jetée du Moulleau, j'avais onze ans) "


Tu as vu , Aifelle, une grande première, un poème sur mon blog!

Pour la suite, à découvrir!
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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livre ABSOLUMENT admirable !! un choc, un ouragan .......une langue poétique exceptionnelle, la force de cette histoire déchirante dont on ne ressort pas indemne.......sur l'île déserte , c'est obligatoirement ce livre là!!
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Livre reçu dans le cadre de masse critique, et je remercie Babélio.
Je vais avoir beaucoup de mal à publier une critique pour ce court récit autobiographique de Yann alias Tristan Cabral.
Pourquoi? En choisissant ce livre, je ne m'attendais pas du tout à ce que j'allais découvrir. je pensais trouver un roman fort sur le sort de ces femmes soupçonnées de collaboration horizontale durant la seconde guerre mondiale.
En fait, il s'agit de la vie de l'auteur, né justement d'une union entre une française et un officier allemand. On suit son parcours, certes mouvementé et dépassant de nombreuses frontières des débuts jusqu'à nos jours.
C'est court, très bien écrit, même si j'ai parfois beaucoup de mal avec la succession de phrases très courtes, de plus, c'est assez littéraire.
Alors, en conclusion, une impression fort mitigée, car berné par le titre et la couverture.

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C'est difficile de rendre compte de cette lecture à l'écriture magnifique, où perce en permanence une souffrance liée à l'enfance et une révolte qui trouvera à s'exprimer dans les années 68-70. Pourtant le récit n'est pas lourd, l'enfance à Arcachon avec son frère et sa soeur, les promenades sur le chemin des immortelles, la mère, amoureuse en attente de retrouvailles chimériques, le mari effacé. Plus tard il y aura l'emprisonnement pour "démoralisation de l'armée", les voyages à Jérusalem, dans les Andes, Istanbul, à la recherche d'un absolu insaisissable.
Lien : http://legoutdeslivres.canal..
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critiques presse (1)
Actualitte
31 mai 2013
Tout en lui s'exprime avec poésie et il n'est pas de phrases dont le lecteur ne voudrait se souvenir et transmettre, faire siennes.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
J'étais sauvé. Je savais tout. Les mots, c'était le vrai monde. (...) Mes premiers poèmes, je les appelais 'mes vers secrets'. Je n'en ai gardé qu'un. Il est bien sûr dédié à Juliette. Il m'a valu le prix de la fête des Mères. Le journal Sud-Ouest l'a publié. Juliette l'a eu dans un vieux portefeuille toute sa vie.
Le voici:
La mise en mer
A Juliette des Océans
Je regagnais les portes
des marées de septembre
quand une vague morte
est venue me surprendre

alors j'ai pris ton corps
j'ai fermé tes paupières
et j'ai longtemps marché
en direction du nord
et puis je t'ai couchée
dans un filet de pierre

J'ai tressé dans les algues
des fleurs de sable vert
et je t'ai mise en mer
dans le creux d'une vague...
(Sur la jetée du Moulleau, j'avais onze ans)
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"J'étais sauvé, je savais tout. Les mots, c'était le vrai monde. Ma famille n'existait pas parce qu'elle n'avait pas les mots. Mon cahier de poèmes, illustré par Juliette, je voulais l'emmener jusqu'au ciel. J'avais compris, comme Arthur, je serai poète. De ce jour, j'ai dévasté l'armoire de livres, au fond de la classe, jusqu'au Génie du Christianisme de Chateaubriand. Enfin, j'étais moi. Dans ma vraie famille. Je ne regardais plus le monde par une fente. Je savais qu'il était désormais dans les livres. Alors il fallait tout lire, TOUT !"
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Le jour de mes dix-huit ans, le 29 février, Juliette m'a dit, le dos tourné : 'Tu sais bien que Claude n'est pas ton père!'
C'était un dimanche après-midi. J'ai pleuré et j'ai ri. Juliette disait enfin ce que j'avais toujours su sans le dire. Le silence se fendait. J'étais en mots. Je n'étais plus tout à fait l'enfant d'un long silence.
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J’étais sauvé. Je savais tout. Les mots, c’était le vrai monde. Ma famille n’existait pas parce qu’elle n’avait pas les mots. Mon cahier de poèmes, illustré par Juliette, je voulais l’emmener jusqu’au ciel. J’avais compris. Comme Arthur, je serai poète. De ce jour, j’ai dévasté l’armoire de livres, au fond de la classe, jusqu’au Génie du christianisme de Chateaubriand. Enfin, j’étais moi. Dans ma vraie famille. Je ne regardais plus le monde par une fente. Je savais qu’il était désormais dans les livres. Alors il fallait tout lire, TOUT ! »
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J'ai bien vite été très mal vu par l'administration et surtout par les parents d'élèves.Je ne faisais pas le programme et j'ai même refusé de recevoir un inspecteur.On m'a même accusé d'avoir entraîné des lycéennes derrière le temple de Diane, dans les jardins de La Fontaine, et aussi d'avoir fumé du hasch avec les pensionnaires du lycée.
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Videos de Tristan Cabral (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tristan Cabral
Avec Arthur H, Rim Battal, Seyhmus Dagtekin, Maud Joiret, Sophie Loizeau, Guillaume Marie, Emmanuel Moses, Anne Mulpas, Suzanne Rault-Balet, Milène Tournier, Pierre Vinclair & les musiciens Mathias Bourre (piano) et Gaël Ascal (contrebasse) Soirée présentée par Jean-Yves Reuzeau & Alexandre Bord
Cette anthologie reflète la vitalité impressionnante de la poésie francophone contemporaine. Quatre générations partagent des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 17 ans, les plus âgés sont nonagénaires. Ils sont ainsi 94 à croiser leurs poèmes sur la thématique du désir, un mot aussi simple que subversif.

ADONIS – ARTHURH – Olivier Barbarant – Linda MARIA BAROS Joël BASTARD – Rim BATTAL – Claude BEAUSOLEIL – Tahar BEN JELLOUN – Zoé BESMOND DESENNEVILLE – Zéno BIANU – Carole BIJOU – Alexandre BONNET-TERRILE – Alain BORER – Katia BOUCHOUEVA – Julien BOUTREUX – Nicole BROSSARD – Tom BURON – Tristan Cabral – CALI – Rémi Checchetto – William CLIFF – François de CORNIÈRE – Cécile COULON – Charlélie COUTURE – Laetitia CUVELIER – Seyhmus DAGTEKIN – Jacques DARRAS – Michel DEGUY – Chloé DELAUME – René Depestre – Thomas DESLOGIS – Ariane DREYFUS – Renaud EGO – Michèle FINCK – Brigitte FONTAINE – Albane GELLÉ – Guy GOFFETTE – Cécile GUIVARCH – Cécile A. HOLDBAN – Philippe JAFFEUX – Maud JOIRET – Charles JULIET – Vénus KHOURY-GHATA – Anise KOLTZ – Petr KrÁL – Abdellatif LAÂBI – Hélène LANSCOTTE – Jean LEBOËL – Yvon LE MEN – Perrine LEQUERREC – Jérôme LEROY – Hervé LETELLIER – Sophie LOIZEAU – Lisette LOMBé – Mathias MALZIEU – Guillaume MARIE – Sophie MARTIN – Jean-Yves MASSON – Edouard J.MAUNICK –
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