Ce court roman qui se déroule peut-être dans les années 50 en Irlande évoque une pratique abusive dont j'avais entendu parler et qui a fait l'objet de reportages et de films mais qui était sans doute méconnu ou ignoré à l'époque.
Le couvent des soeurs Magdalènes accueillait des jeunes filles ayant "fauté" d'une manière ou d'une autre aux yeux d'une stricte morale religieuse.
C'est le cas de Rose, amoureuse de Sean, l'orphelin apprenti berger. Ils se rencontrent en cachette le soir en attendant que Rose puisse présenter son futur fiancé à ses parents.
Lorsque son père apprend ça, il rejette sa fille et la fait enfermer au couvent où elle devient esclave de la mère supérieure et des soeurs aigries (pour la plupart) qui l'assistent.
C'est une histoire assez désespérante et ce qu'on vécu ces jeunes filles est réellement horrible et inhumain.
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Quelle est donc cette faute ? D'être tombée amoureuse de Sean, berger orphelin, et de s'être enfuie avec lui.
La punition ? Mise dans le couvent des soeurs Magdalènes, avec d'autres filles ayant fauté. Elles subissent mauvais traitements, mauvaise nourriture, sont traitées en esclave pour le salut de leur âme. Au point qu'une fracture du coude n'est pas soignée... Et si elles sont vraiment rétives, elles partent en ambulance...
Rose ne cessera de lutter pour recouvrer sa liberté et retrouver Sean.
Le roman n'est en aucun cas voyeuriste, il esxpose les faits, la lutte de Rose sans fioriture, ce qui le rend fort et marquant. Nous assistons à la métamorphose d'une jeune fille douce en boule de haine, rendue haineuse par ses "rédemptrices" ; cela est ironique si l'on songe que ce snt des femmes de Dieu...
Ce genre de couvents ou maisons de redressement existaient réellement en Irlande, jusqu'en 1996. Environ 30000 femmes y furent enfermées.
Un film sur ce sujet fut réalisé en 2002 par Peter Mullan : Magdalene Sisters.
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Rose a 16 ans. Elle vit dans un petit village d'Irlande où peu de choses se passent, où les hommes boivent et où les femmes n'ont pas le choix de leur vie. Lorsque Rose rencontre Sean, elle tombe vite amoureuse, mais Sean est orphelin, nouvel arrivé dans le village et les parents de Rose voient leur amour d'un mauvais oeil. Les deux jeunes décident alors de s'enfuirent. Rose est cependant rattrapée et est envoyé dans le couvent des soeurs Magdalènes.
Un histoire touchante à une époque pas si éloignée de la notre. le récit est bien écrit, facile à lire et à comprendre. Je me suis déjà intéressée au sujet par le biais du film Magdalenes' sisters, sortie dans les années 90.
Je regrette seulement que l'auteur n'ai pas un peu plus développé ce qu'il se passait dans le couvent. Je pense que la haine de Rose aurait été plus compréhensible pour les lecteurs ne connaissant que trop peu le sujet.
Un ouvrage à mettre entre toute les mains !
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Mettant en scène des thématiques extrêmement fortes, La faute de Rose ne manquera pas de faire réfléchir les adolescents d'aujourd'hui sur les mœurs d'un temps pas si lointain que cela. Atrocement indispensable.
Lire la critique sur le site : Ricochet
J'ai toujours pensé que soeur Bridget et mère Abigail nous menaient en bateau. Pourquoi punir des filles pour des crimes qu’elles n’ont pas commis ? Laquelle d’entre nous est véritablement coupable ? Et coupable de quoi ? D’aimer, d’être aimée ? Je n'ai jamais rien lu de semblable dans la Bible. Je me souviens bien de mes cours de caté avec le curry de Clonakilty, le « aimez-vous les uns les autres » qu’il nous expliquait en long et en large et qu'il reprenait dans un sermon dominical. Alors, comment peuvent-elles nous contraindre à nous laver de nos péchés s’il n'y a pas eu faute ? Ne devraient-elles pas plutôt nous soutenir d'avoir été rejetée par nos familles ? Je me demande si elles ne tirent pas une certaine satisfaction de notre souffrance. C’est peut-être exagéré de le croire, mais il m’est arrivé de le voir sourire quand une de mes compagnes pleurait ! Elles ne ressentent aucune pitié quand nous sommes exténuées ou tristes. Les sentiments de compassion et d’empathie les ont désertées, leurs cœurs sont secs, comme leurs yeux et leur corps.
J’aurais pu la tuer ! Il suffisait de serrer un peu plus fort mes doigts autour de son cou de poulet fripé. Ses yeux ronds auraient gonflé, elle aurait suffoqué, happé le filet d’air, sans se débattre, ses jambes auraient pédalé en accompagnant son souffle, elle est si vieille, et moi, je l’aurais regardée payer de sa mort mes semaines de souffrances. Sur les murs, le Christ en Croix et la Vierge des tableaux auraient souri.
Au lieu de cela, j’ai dégagé mes doigts, je n’ai pas fait tout ce chemin pour devenir une tueuse.
Elle me regarde avec des yeux étonnés, comme si elle ne comprenait pas ce qui lui est arrivé. Sa cornette est de travers, le bandeau blanc cachant ses cheveux descend sur son front. Elle se lève péniblement, son âge grince dans ses articulations. Ma colère cogne encore dans mes veines, je tremble, je cache mes mains, je ne veux pas qu’elle s’amuse de mon état. Elle est sereine, elle devait savoir que je n’irais pas jusqu’au bout.
Puis je me secoue, je lutte. Il faut que le retrouve ma colère, cette fureur qui m'a fait tenir jusqu'à présent. Celle qui m'a aidée à ne pas baisser les yeux devant les humiliations subies, une fois équestrée entre les quatre murs du couvent des Magdalène.
J'en avais rêvé de ce premier baiser et j'en avais eu peur. Je m'en étais fait un monde. Quand je ne savais pas encore que ça pouvait être si bon ! (p.47)
Se taire, c'est être complice de notre mauvais traitement, des tortures que ces femmes de Dieu nous font subir. Je ne pense pas qu'elle soit dans ce couvent depuis longtemps. Sa conscience a dû drôlement la tourmenter pour qu'elle en arrive à cette conclusion. (p.91)
Né Coupable, écrit par Florence Cadier, à paraître le 20 novembre 2020.
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