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Michel Manoll (Préfacier, etc.)
EAN : 9782232121920
480 pages
Editions Seghers (08/10/2001)
4.56/5   40 notes
Résumé :
A l'occasion du cinquantenaire de la mort de Cadou, Seghers - son principal éditeur - réédite ses oeuvres poétiques complètes, réunies en 1978. Ses six grands recueils s'y retrouvent ainsi que des inédits et une bibliographie mise à jour. Une poésie personnelle et simple, nourrie d'un lyrisme singulier, ancrée dans la campagne bretonne, reflétant les émotions suscitées par les manifestations de la vie quotidienne, chacun pouvant faire sienne l'universalité de son la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
René-Guy Cadou (1920-1951) fait partie de ces artistes qu'on ne met jamais en avant, mais qui sont là, solides, images d'une certaine stabilité, d'une certaine permanence, pas le génie, mais le bon artisan (artisan et artistes sont de la même famille), pas la super star, mais l'acteur honnête qui produit un travail ciselé et qui, mieux que la superstar, est "aimé" de son public (la superstar, elle, ou plutôt son image, n'est qu'adulée).
René-Guy Cadou est mort à 31 ans, comme André Chénier ou Franz Schubert. Sa courte vie se résume en quelques lignes Parents instituteurs (on pense à François Seurel), instituteur lui-même, il épouse une institutrice (Hélène, poétesse elle-même), et passe quasiment toute sa vie dans une salle de classe. Au point même que, après la classe, il accueille ses amis sur les bancs désertés par les élèves, pour échanger sur les poètes et la poésie : c'est ce qu'on a appelé l'Ecole de Rochefort : autour de lui, on trouve Jean Bouhier, Michel Manoll (qui deviendra son biographe), Jean Rousselot, Marcel Béalu, Lucien Becker ou encore Luc Bérimont. Plus d'autres, et non des moindres, qui de près ou de loin se sont reconnus dans cette "école" (ou comme disait René-Guy Cadou : "tout au plus une cour de récréation") : Maurice Fombeure, Luc Decaunes, Eugène Guillevic, Alain Borne, Georges-Emmanuel Clancier ou Pierre Béarn.
La poésie de René-Guy Cadou est empirique : elle se nourrit de la terre de son enfance, des prés et des champs, des étangs et des marais et des personnes qui vivent dans cet univers. Elle puise sa force et son inspiration dans cette salle de classe, tout comme dans l'amour de ses parents, de sa femme Hélène et de l'amitié de ses frères en poésie... Cadou est un bucolique, à la façon de Francis Jammes ou de Paul Fort. Mais, à la différence de ces deux grands devanciers, il élargit son propos et lui donne une dimension humaine : sa poésie est parcourue d'intenses émotions. Ses poèmes de guerre, par exemple montrent un Cadou à la fois patriotique et attentif ô combien aux "dommages collatéraux" de la guerre (cf "Les fusillés de Chateaubriant"). Quant aux poèmes d'amour dédiés à sa femme Hélène, ce sont des modèles du genre, son lyrisme n'est sans doute pas aussi éclatant que celui d'Aragon, mais tout autant riche en authenticité et en émotion.
René-Guy Cadou est aujourd'hui un peu oublié. Les amateurs de poésie le connaissent, mais le grand public ne se souvient que de quelques poèmes appris à l'école, notamment celui-ci :
AUTOMNE


Odeur des pluies de mon enfance.
Derniers soleils de la saison !
A sept ans comme il faisait bon,
Après d'ennuyeuses vacances,
Se retrouver dans sa maison !

La vieille classe de mon père,
Pleine de guêpes écrasées,
Sentait l'encre, le bois, la craie,
Et ces merveilleuses poussières
Amassées tout un été.

O temps charmant des brumes douces,
Des gibiers, des longs vols d'oiseaux !
Le vent souffle sous le préau,
Mais je tiens entre paume et pouce
Une rouge pomme à couteau.

(Les amis d'enfance – 1965)


Un grand poète à (re)découvrir : vous apprécierez son authenticité, sa droiture intellectuelle et morale, son honnêteté foncière, vous aimerez la clarté et l'émotion de ses poèmes, vous serez charmé(e)s par sa petite musique, vous sentirez à travers ses vers, les odeurs de la classe et celles de la terre mouillée, vous retrouverez un peu de votre enfance...
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Voici le livre qui recueille l'oeuvre, et pour ainsi dire, la vie complète d'un poète.
La poésie de Cadou me fait l'effet d'être des plus autobiographiques et des plus intuitives qui soient. Dans cette somme extraordinaire de vers composée sur si peu de temps (Cadou est l'éphémère qui ne vit que 31 années), l'urgence de témoigner est pareille à l'urgence de vivre du passereau. Dire la grande parole soufflée dans le vent du pays de Brière. Cadou est sans doute un poète des petites gens (voyez que passent l'artisan, l'écolier de campagne et son maître, le père de famille besogneux, le facteur, le curé...) et des petites choses de la vie de tous les jours. Mais les ramassant tous et toutes dans son chant, il en fait un hymne ample et transcendant. C'est le chant de la Vie, du coeur antédiluvien des hommes dans l'espoir et l'agonie.
L'obsessionnel pressentiment de mort qui traverse ces poèmes est le marqueur de la destinée tragique du poète. En plein, en creux, dans la lumière comme dans les ombres, l'idée en est omniprésente le faisant double de son père chéri et perdu.
En exil d'une société qui ne peut le reconnaître il affronte cette jeunesse de sa mort dans la soupente de sa maison d'école en tissant ligne à ligne son éternité d'encre.
L'appel d'un chien au loin, un train passé, et la grande silhouette marchant d'un Christ pour escorter l'homme redevenu enfant dans sa marche définitive.
Les poèmes en offrande à Hélène qui fut celle à venir, celle qui fut et resta sont l'accomplissement de l'autre destin du poète, destin amoureux et celui-ci pareillement accompli la plume à la main.
Le chant est dit, il résonne et résonnera encore.
Je referme le livre...
Ah ! Que la campagne native me manque !

(Cette édition regroupe également les notes de Cadou sous le titre "Usage interne")
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L'un de mes livres de chevet.
La poésie de René Guy Cadou, c'est la vie mise en vers. La vie et ses sentiments, ses regards posés sur les amis, la nature, la femme aimée. Une poésie qui nous réconcilie avec nous -mêmes.
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LE livre, l'oeuvre que j'aimerais emporter dans ma tombe... mais qui m'accompagne quotidiennement dans cette vie.
Un poète trop méconnu... mort si jeune.

Tout est dans ces poèmes, et ses poèmes sont en tout.

La vie.

Une oeuvre.

Entière.
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un grand et vrai bonheur ! presque du claude roy c'est peu dire, presque du charles vildrac, presque du verlaine : à succuler à petites et grandes gorgées, sans modération aucune : prévoir ceci cela ? JAMAIS !! (Giono)
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Citations et extraits (78) Voir plus Ajouter une citation
LE CHANT DE SOLITUDE



Laissez venir à moi tous les chevaux toutes les femmes et les bêtes

bannies

Et que les graminées se poussent jusqu'à la margelle de mon établi

Je veux chanter la joie étonnamment lucide

D'un pays plat barricadé d'étranges pommiers à cidre

Voici que je dispose ma lyre comme une échelle à poules contre le ciel

Et que tous les paysans viennent voir ce miracle d'un homme qui

grimpe après les voyelles

Étonnez-vous braves gens ! car celui qui compose ainsi avec la Fable

N'est pas loin de trouver place près du Divin dans une certaine

Étable !

Et dites-vous le soir quand vous rentrez de la foire aux conscrits ou

bien des noces

Que la lampe qui brûle à l'avant du pays très tard est comme la

lanterne d'un carrosse

Ou d'un navire bohémien qui déambule

Tout seul dans les eaux profondes du crépuscule

Que mon Chant vous atteigne ou non ce n'est pas tant ce qui

importe

Mais la grande ruée des terres qui sont vôtres entre le soleil et ma

porte

Les fumures du Temps sur le ciel répandues

Et le dernier dahlia dans un jardin perdu !

Dédaignez ce parent bénin et maudissez son Lied !

Peut-être qu'un cheval à l'humeur insolite

Un soir qu'il fera gris ou qu'il aura neigé

Posera son museau de soleil dans mes vitres.
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Je ne ferai jamais que quelques pas sur cette terre

Et dans cette grande journée
Je ne passerai pas pour un vieil abonné

Si les miracles font qu'une image demeure
La mienne tremblera dans les vitres gelées
Comme le chant lointain d'un enfant colporteur

Le temps qui m'est donné que l'amour le prolonge

Et dans ma solitude un instant habitée
J'accrocherai des panoplies de bout du monde
De grands pays couverts
d'oiseaux effarouchés



(Extrait du poème la Barrière de l'Octroi)
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LA FLEUR DE L'AGE

Voici le jour naissant
Houblon de la lumière
Le frou-frou des paupières
Et le premier passant

Sous le rêve encore chaud
La conscience chemine
Et déjà le soleil
Gonfle ses étamines

On marche sans penser
Vers un destin plus clair
L'oiseau lit son passé
Dans la paume de l'air

Les voiles des vergers
Lentement se redressent
La terre s'agrandit
D'un halo de tendresse

Un sourire suffit
Pour combler ce regard
Tout l'amour est donné
Le cœur a pris sa part

Et debout dans le ciel
Offrant des mains béantes
Je glisse peu à peu
Vers une aube qui chante.
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L'étrange douceur

Comme un oiseau dans la tête
Le sang s'est mis à chanter
Des fleurs naissent c'est peut-être
Que mon corps est enchanté

Que je suis lumière et feuilles
Le dormeur des porches bleus
L'églantine que l'on cueille
Les soirs de juin quand il pleut

Dans la chambre un ruisseau coule
Horloge aux cailloux d'argent
On entend le blé qui roule
Vers les meules du couchant

L'air est plein de pailles fraîches
De houblons et de sommeil
Dans le ciel un enfant pêche
Les ablettes du soleil

C'est le toit qui se soulève
Semant d'astres la maison
Je me penche sur tes lèvres
Premiers fruits de la saison



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POUR T'AVOIR, POUR DEVINER

Pour t'avoir là dans la maison
Comme une étoffe toujours blanche
Et sans souci des lunaisons
Te caresser le long des hanches

Pour deviner ta jambe nue
Comme un soleil d'été qui traîne
Dans le ruisseau d'une avenue
Un matin de tristesse humaine

Pour ne savoir te désirer
A chaque instant dans chaque femme
Pour t'aimer comme un beau cheval
Dans la rue pleine de passants

Pour soulever dans ton sourire
Un ciel d'automne ses pommiers
Pour balayer d'une main large
Les flocons noirs du souvenir

J'ai retrouvé tout mon courage.
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Vidéo de René Guy Cadou
René Guy CADOU — Un siècle d'écrivains : 1873–1914 (DOCUMENTAIRE, 1999) L'émission "Un siècle d'écrivains", numéro 196, par Jean Rouaud et Jean-Pierre Prévost, diffusée le 19 mai 1999 sur FR3.
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