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EAN : 9782714451255
272 pages
Belfond (23/08/2012)
3.12/5   26 notes
Résumé :
Le jour où María, petite blonde de dix-sept ans, sèche son rendez-vous hebdomadaire avec de jeunes marxistes étudiant Le Capital, elle sort des rails tout tracés pour elle et débute avec délectation une errance nocturne, rythmée par la drogue, le rock et la salsa, qui l’entraîne de fête en fête. D’abord avec son ami Ricardito le Misérable, qu’on retrouvera mort avant la fin de la nuit, puis avec son amie et double, Mariángela. À chaque nouvel amant, un nouvel univer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Viens… Je t'emmène, jusqu'au bout de la nuit, au bout de la vie. Une folle nuit d'insomnie, à Cali. Santiago de Cali, berceau colombien de la salsa et de la danse. La musique déverse son flot de déhanchements à chaque coin de rue, et crois-moi, j'aime le déhanchement de ces femmes, dans le genre brune épicée au sourire ravageur. Timidement, je suis du regard Maria qui n'a de regard que pour ces ténébreux colombiens aux regards de braise capables de lui traduire les grandes chansons de rock américain, de danser toutes les sambas de la nuit, de lui fournir quelques comprimés d'une blancheur cocaïnée… Bref rien pour moi, mais je me contente d'observer son sourire et sa vie à distance. Elle a de toute façon l'air si heureuse loin de ma personne que personne ne s'en émeuve la bouteille de rhum à portée de main la narine hésitante face à cette ligne toute tracée et immaculée.

Une ballade et balade, nocturne, musicale, sous le clair de lune, dans les ruelles sombres et sous cocaïne, odeur puissante d'urine et de vomis. du rock à la rumba, des pierres qui roulent, de la mousse dans un verre, Que Viva la Musica ! dirait un révolutionnaire, suivi de la belle Maria et de son sourire, fuyant sa clique d'admirateurs à sa suite. Elle est belle, Maria, toujours aussi belle qu'à son premier chapitre, toujours aussi fraîche même au bout de la nuit, mélange de jasmin et de sueur, je renifle, non pas de coke pour moi, juste sa fragrance enivrante, mon envie de lui verser sur son corps ma bouteille de rhum qui glisse entre ses seins, qui imbibe ses poils pubiens que je m'empresse de lécher, la langue assoiffée de ces prénoms en a. A moins que cette nuit de débauche et de rumba ne soit qu'une longue hallucination solitaire dans l'ombre de la lune bleue.

J'aime quand Maria me prit la main, me détourna de mon chemin, son sourire si bandant qu'il en est inhumain, pour le misérable être que je suis, demeure, meure, des heures à penser à elle, une ritournelle dans la tête qui tourne tourne tourne comme la mini-jupe virevoltant au-dessus de ces fesses, me montrant la voie de la vie sa voie anale une voix de l'amour, incompris car on ne comprend plus l'amour sans mot les maux de demain, à l'ombre des collines, le regard porté vers la nuit, l'âme tourné vers la lune, les yeux bleuis par ce spleen j'en vomis de ma vie, une musique un relents. Bientôt, le jour se lèvera, Maria se détournera, le regard hagard d'une nuit pétillante, le sourire toujours aussi lumineux que la lune, de mon regard, elle allumera le poste de radio, un air de Rolling Stones, sans Brian Jones, crachera son rock anglais et à la manière d'une révolutionnaire les seins à l'air entonnera l'hymne de tout un peuple : « Que Viva la Musica ! »
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60- 70, le monde découvre ce qu'il est encore capable d'engendrer.
Cet entre jambes temporel va enfanter un fruit au goût amer, et allaiter les cinquante années à venir.
Le monde tentait de garder la cadence et se mettait en transe .
L'horreur du Viet nam, la guerre froide, Woodstock, le rock psychédélique, la mini jupe, les émeutes de stonewall, les avions supersoniques, les blacks panters, les dictatures sud américaines, le Biaffra, l'Est et l'Ouest grelottaient, les quartiers sud acidifiaient les quartiers nord, les étudiants entraient dans les usines, à bout de souffle, le cinéma français rêvait du troublant genou De Claire....
60-70 années vénéneuses, années merveilleuses sans doute... .
Les petits d'hommes cultivaient leur paradis. Certains d'entre eux allaient cueillir des fleurs artificielles aux épines mortelles .
«La quête du plaisir n'est jamais très loin de la mort»
« Que Viva la musica » d'Andrés Caicedo n'est pas un livre facile.
Il faut saluer le travail exceptionnel de cette traduction de l'espagnol «colombien» réalisée par Bernard Cohen aux éditions Belfond.
La langue de Caicedo ( mélange de lucumi, de calo, de germania), le rythme hallucinogène imposé par les braises de la Salsa étaient deux grands défis qui sont ici relevés, avec passion.
L'héroïne de Caicedo, Maria, jeune bourgeoise des quartiers Nord de Cali, cité métisse, va embraser ses nuits dans le désert d'une vie où elle ne trouve pas sa place.
«Personne n'aime les enfants qui vieillissent».
Elle danse. Et ce rythme , cette course va l'entraîner sur la piste de la perversion.
« Rendre nécessaire et douloureuse n'importe quelle banalité, parce que la Salsa est là». Voilà sa santeria. La «toujours vivante» décide de ce que ne sera jamais sa vie.
Alcools, violences, drogues, sexes, - Las Vegas Parano? Orange mécanique?- ...
Chacun y trouvera son enfer. Un espace hors de la Loi. «J'ai perdu la crécelle du scrupule».
« La Loi est une alliance qui se fonde sur un échange: protection contre allégeance. le défaut de la première légitimera le refus de l'autre» ( Catherine Millot – Intelligence de la perversion).
Ce qui donne à ce livre un éclat si particulier, c'est bien son intelligence. Ne venez pas y chercher une morale, ou d'évidentes beautés.
Ici nous parlons d'une oeuvre et votre perception suffira.
Acide, pimenté, coloré, suffoquant, brûlant, bruyant, suant, haletant, âcre. Rien n'est doux, rien n'est sucré. Tout tend au paroxisme.
La beauté? Vous en trouverez justement là on vous croyez qu'elle a déserté les lieux.
Aussi difficile que soit l'écoute de cette musica, l'incroyable se produit: on tient le rythme, et alors qu'apparaissent les images, les sons et odeurs les plus psychédéliques, Andrés Caicedo reste maître de son écriture, alors que son héroïne ôte la bonde de son esprit.
Pour lui la poésie était une danse. Il a dansé jusqu'à l'épuisement, en passant le 33 tours de sa vie en 45 tours, c'est le défi de la salsa colombienne, et à ce jeu là tous les saphirs risquent leur éclat.
Dr. Samuel Johnson écrivait Celui qui se transforme en bête se délivre de la douleur d'être un homme.
Andres Caicedo, le Rimbaud des Lettres colombiennes, auteur précoce, curieux et talentueux, se suicida en 1977 à l'âge de 25 le jour même où il reçu de son éditeur le premier exemplaire de ce roman. «D'une main je me soutiens, de l'autre j'écris – Malcom Lowry » telle est l'une des citations retenues par Caicedo.
L'art n'est pas un exemple à suivre, c'est une question à laquelle il faut trouver la réponse à notre propre pertinence.
« Que viva la musica ! » dans les nuits colombiennes …puisque les révolutions meurent toutes , un jour …
Astrid SHRIQUI GARAIN
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Que viva la musica
Nous suivons les pérégrinations d'une jeune fille, son obsession pour la musique au coeur d'une ville, Cali, l'écriture épouse le rythme de la salsa, son influence majeure sur toute une génération, la portée politique du roman touche l'ensemble de l'Amérique latine. La musicalité de la langue est peut-être impossible à rendre, la traduction en français doit y perdre beaucoup, mais on se laisse malgré tout entraîner dans cette sarabande truffée de références musicales, un appareil critique accompagne la lecture. La musique, le sexe et la drogue sont les moteurs de ce chant de Maldoror moderne, et autant d'armes venant dézinguer une vie bourgeoise qui se meurt d'ennui et de morale, la narratrice se détache tout autant du courant marxiste et révolutionnaire émergeant, partant à la recherche d'émotions brutes, plaçant la musique au coeur de son existence, brûlant la vie à un rythme soutenue afin qu'elle n'ai pas le temps de pourrir. Sans esprit cartésien, sans réflexion, elle épouse le monde, danse avec lui jusqu'à l'épuisement, elle le laisse pantelant, stupide et paresseux, derrière elle, le regard toujours tourné vers cette montagne qui domine les
impressions de la ville, elle poursuit sa danse avec Eros ou Thanatos, sans distinguo, se transformant en une Béatrice dantesque. Je ne connais rien à la salsa, mais le roman en est manifestement imprégnée, l'écriture possède un rythme singulier, novateur, à l'image du courant musical de l'époque, la discographie proposée en fin d'ouvrage proposant des pistes aux explorateurs éventuels. Publié en 1977, le destin fulgurant de l'auteur a fait que ce premier roman est devenu culte en Colombie et en Amérique latine.
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Je connais pourtant bien la Colombie mais ce roman m'a laissé complètement froid. L'un explique peut-être l'autre. Je pense qu'on entre dans le délire de l'auteur ou qu'on n'y entre pas. Moi, je n'y suis pas entré. le style est intéressant mais le récit en lui-même, cette descente aux enfers, reste sans émotion.
Une "oeuvre mythique", une "véritable ode sensuelle à la musique"? le sort tragique de l'auteur ne peut justifier tous les qualificatifs...
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On ne peut pas nier qu'il y ait la patte d'un auteur de talent, un style très particulier, qui démarre tranquillement pour finir dans un rythme effréné et chaotique.
Plus on avance dans le roman et plus la narratrice "lâche la rampe", elle quitte la réalité pour le monde des psychotropes. Il n'y a plus de vie sociale, plus de morale... il ne reste que la musique, le rythme, la transe de la danse, le plaisir immédiat. le présent.

Plus j'avançais dans ma lecture et plus je perdais le fil (tout comme la narratrice). C'est bien sûr intentionnel de la part de l'auteur (et très bien fait) mais une fois le principe d'écriture compris, je n'ai pas eu envie d'en savoir plus, j'ai fini par perdre de vue l'intérêt du récit.
Je ne me suis absolument pas attachée à la blonde narratrice (amoureuse de ses cheveux) et ses délires de perceptions de junkies ne m'ont pas intéressée.
j'ai senti que je tenais entre les mains un roman de qualité mais je n'ai pas su l'apprécier
Lien : http://lesgridouillis.over-b..
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critiques presse (1)
Lhumanite
19 novembre 2012
Il y a des livres que la légende précède. Ainsi en est-il de celui d’Andres Caicedo, Que viva la musica !
Lire la critique sur le site : Lhumanite
Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
On écoutait de la musique vingt-quatre heures sur vingt-quatre, vu qu’avec la cocaïne on ne dort jamais. J’ai emmagasiné une culture impressionnante. Qu’on ne vienne pas me dire que Brian Jones est mort d’irresponsabilité ou de flemme, pas même de chagrin d’amour. Les choses ne sont pas si simples : il est mort de désenchantement. C’est lui qui les avait tous réunis, qui avait été le premier à déchiffrer la musique, qui leur avait tout appris, qui était le plus photogénique, qui s’était essayé aux instruments les plus rares, cithare, harpe, marimbas, toutes sortes de cordes et de cuivres, mellotron, violoncelle, tandis que ce taré de Keith Richard se contentait de faire « chaca-chaca ». Il voulait chanter, lui, le joli petit singe. C’est le Jagger qui l’en a empêché, l’éternel exhibitionniste. Ensuite, ça a été impossible de composer pour qu’un usurpateur chante à sa place, et le travail à fond, donner tous ces concerts parce que c’est ce qui rapporte le plus d’argent, faut pas oublier que Jagger avait étudié l’économie deux ans, et puis le coup le plus dur : une nuit, Keith Richard s’est occupé d’Anita Pallenberg, la gadji de Brian, celle qu’il aimait à la folie, tu la vois avec son air de se moquer de tout le monde et ses grandes dents, je ne sais pas ce qu’elle a pu trouver de bien à ce Richard aux chicots cariés, il y a des femmes qui sont vraiment bêtes. Le lendemain ils sont allés ensemble chez Brian pour lui annoncer qu’Anita se le tapait. Ils ne l’ont pas trouvé. Ils l’ont cherché à Londres, puis à travers tout le grand Londres, et ils ont fini par tomber sur lui dans un bois des environs, en train de souffler dans sa flûte. Anita lui a dit : « Brian, c’était pour te prévenir que je vais vivre avec Keith », et le Keith ne le quittait pas des yeux. Brian s’est levé, il a souri sans rien dire, il les a vaguement serré dans ses bras, de cette manière qu’il avait, et il n’a plus joué de flûte.
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Dans ce silence soudain, le transistor de Tico a résonné majestueusement, la guitare lead chuintait, la basse enflait et la plainte d’Eric Burdon – comme je connaissais la version espagnole de Los Speakers, je savais de quoi parlait la chanson – commençait à tendre un voile d’ombre sur les montagnes, un voile aux contours carrés qui avançait rapidement vers la ville, attiré par son ronronnement de chat, et qui nous a gratifiés pour la première fois ce samedi-là d’une obscurité totale. Avec elle est arrivée une brise marine.
« Ta radio est fabuleuse, Tico, j’ai dit, et il s’est haussé du col tandis que Bull toussait, jaloux. Avec cette musique, j’ai ajouté en regardant les garçons, vous m’avez toute à vous. »
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Déjà Leopoldo, le très attentionné, mettait de la musique. Un acte tout simple mais dont l'effet, si je peux l'expliquer, reste pour moi impossible à mesurer. Des quatre points cardinaux du grand salon – et de chaque coin de la maison, comme je l'ai appris après – s'échappait de la beauté distillée en doses parfaites, une guitare jouée lentement et dans le plus haut des aigus, le plus haut. C'était le disque le mieux enregistré que j'avais écouté dans ma vie, la transmission la plus fidèle et puissante, la chanson la plus électrisante, et je me suis déclarée sans force pour rendre grâce à une telle grâmerveillece. Je me suis figée au milieu de la pièce, témoin inutile de cette fantasmagorie. Sans avoir à me le formuler, j'ai compris que l'écheveau de la musique était mon destin.
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Sous cette lune et ce soleil, l’herbe, si ce n’était pas à cause de la prolifération des pavots, ressemblait à un essaim de libellules délirantes en train de gaspiller leur énergie diurne, et comme le ruisseau qui donnait son nom à l’endroit était très impétueux, son murmure contre les rochers noirs et les berges de boue rougeoyante donnait l’impression que toute cette herbe bougeait sans avancer, comme un nauséabond évacuateur de vagues… Il y a des trucs bizarres dans ma petite tête…
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Ne te sens jamais rassasiée.
Apprends à ne pas perdre la vue, à ne pas capituler devant la myopie par laquelle on survit dans la ville. Arme-toi de tes rêves pour garder ta lucidité.
Oublie l’idée que tu pourras un jour atteindre ce qu’ils appellent la « normalité sexuelle » et n’espère pas que l’amour t’apportera la paix. Le sexe est l’acte des ténèbres, et s’énamourer la conjonction des tourments. Ne caresse jamais l’espoir de parvenir à la compréhension avec le sexe opposé : il n’y a rien de plus dissemblable et de moins enclin à la réconciliation. Toi, pratique la menace, le viol, la lutte, la violence, la perversion et la voie anale, si tu crois que la satisfaction dépend de l’étroitesse et de la position dominante.
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Videos de Andrés Caicedo (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Andrés Caicedo

Andrés Caicedo - Que viva la musica ! - Présentation de l'Book enrichi
Présentation de l'eBook enrichi de "Que viva la musica !" du colombien André Caicedo, un chef d'oeuvre de la littérature latino-américaine du XXe siècle. Contenus disponibles : vidéos, archives, bande son, introduction de l'universitaire Anouck Linck, carte interactive... Plus d'informations : www.belfond.fr
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