Les imposteurs, tome 1

Albert, jeune homme docker la journée et trompettiste le soir pour arrondir ses fins de mois, rentre chez lui, un soir. A la suite d'une rencontre hasardeuse, une jeune femme le prend pour Albert Fenta, un célèbre écrivain. Se laissant conduire par cette dernière, il se retrouve dans une soirée mondaine où ne se côtoient que les nantis et les hommes de pouvoir. Séduit par les excès et l'insouciance de cette réception, il décide de jouer les imposteurs en endossant le rôle de cet écrivain. Commence alors pour lui une nouvelle vie à laquelle il tentera de s'adapter...

Un graphisme incisif et nonchalant, des traits fins et anguleux, des couleurs vives et expressives, un esthétisme un peu rétro, bref un style réellement atypique pour cet album de grande qualité.
Un texte poétique et acerbe, des dialogues efficaces.
Un thème, celui de l'imposture, qui offre toutes possibilités quant au devenir du héros.
Un album de talent et de sensibilité.

Les imposteurs... laissez-vous avoir...

Docker le jour, souffleur de biniou la nuit, Albert sait que le monde se divise en deux. Les nantis, qui profitent de la vie, et les autres, qui voient les limousines passer depuis les bas-quartiers et se demandent "pourquoi pas moi ?" Un jour ou plutôt une nuit, une méprise conduit Albert sur l'autre berge. On le prend pour un écrivain célèbre. Et si l'imposture durait plus d'une soirée ?...

Magnifique de tendresse et de cynisme mêlés, cet album est un bijou. L'histoire nous prend et nous laisse aussi flotter, comme le héros prisonnier de sa vision du monde et sa supercherie. Les ellipses et le texte - dialogues et pensées du personnage alternent sans légende ni récitatif -, forment une vraie poésie. le dessin est un pur bonheur. Il soigne les décors comme des scènes de spectacle ou des couloirs ouverts vers le rêve. Chaque caractère a une apparence forte : en va-t-il de même pour son identité ? Et celle-ci est-elle son rôle en société ?

Cailleaux signe aussi une mise en scène parfaite. Les jeux de regards et le découpage captivent et entraînent. On vogue entre deux eaux comme le héros entre deux mondes. Réalisme et abstraction, modernité et rétro voisinent et se marient dans des couleurs magnifiques. Cet album et sa suite trône au sommet de ma bédéthèque... et sans la moindre imposture !

Jouer les imposteurs pour se retrouver dans un monde de bourgeois oisif et ainsi échapper à la misère sociale, c'est le postulat de départ de cette série qui se déclinera en trois actes à la manière d'une pièce de théâtre. le dessin est assez épuré et minimaliste. On l'oubliera vite au profit de la mise en scène avec des personnages qui jouent leur rôle avec une certaine élégance.

J'ai bien aimé la psychologie qui en fait une oeuvre plus mâture que la moyenne. Cependant, il est dommage que le troisième tome vienne tout gâcher par une improbable histoire d'achat de tableau censé punir les mafieux de service. Et pourtant, notre héros imposteur n'est pas vraiment très clean. La subtilité qui était de mise se transforme en quelque chose de plus vulgaire avec un happy end de circonstance.

Il restera néanmoins de cette lecture des réflexions plus vraies que nature sur le fait par exemple que chacun joue un rôle dans la société.

Un quidam lambda se retrouve projeté par hasard dans des soirées huppées, il est pris pour un autre. Il décide de se prêter au je sur le long terme.

Pas fan des dessins. L'histoire prend une tournure intéressante dans le tome 2, mais devient bien complexe dans le 3.