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Antoine de Latour (Traducteur)Didier Souiller (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253098270
162 pages
Le Livre de Poche (01/09/1996)
3.8/5   423 notes
Résumé :
La force de cette comédie baroque du XVIIe siècle espagnole tient dans une idée maîtresse : la vie est un songe, toute réalité n'est qu'illusion trompeuse. Les protagonistes de l'histoire vont en faire l'expérience. Basile, roi de Pologne, a fait enfermer son fils Sigismond. Les astres avaient prédit la mort de sa mère au moment où elle donnerait naissance à leur enfant Sigismond. Et les astres ne se sont pas trompés. La reine est morte. Le roi ne veut plus croire q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (41) Voir plus Ajouter une critique
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Même si vous avez un petit niveau d'espagnol, cette édition et ce support particulier qu'est une pièce en vers du début XVIIème doit vous encourager à vous lancer à l'eau pour tenter l'expérience de découvrir La Vida Es Sueño en VO.

Souvenez-vous que plus l'espagnol est ancien, plus il ressemble au français et, au pire du pire, vous avez toujours le secours de la traduction à votre droite si la tâche vous semble insurmontable. Donc, comme disent certains politiques, c'est une stratégie " gagnant-gagnant ".

La pièce en elle-même, l'une des plus fameuses du répertoire classique espagnol, vaut vraiment le détour. Même si le démarrage et, de façon générale tout le premier acte, ne me semblent pas hyper prenants, la pièce prend par la suite une ampleur et une puissance dramatique digne des meilleurs Shakespeare.

À ce propos, il n'est probablement pas illégitime de rapprocher La Vie Est Un Songe de la sublime pièce du maître anglais La Tempête. Ici aussi il est question de pouvoir et d'identité usurpés.

On se souvient des vers magnifiques de Shakespeare : " Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée d'un sommeil. " (We are such stuff as dreams are made on, and our little life is rounded with a sleep.) Dans cette thématique, le titre de la pièce de Calderón de la Barca a le mérite d'être suffisamment explicite en l'espèce.

Ainsi, au lointain royaume de Pologne règne le bon roi Basile, féru de sciences et d'horoscopes (tiens, ça me rappelle un certain Prospero). Ce roi, si bien au fait des expériences divinatoires et des prédictions sérieuses, a reconnu naguère dans la naissance de son fils un douloureux présage de tyrannie et de cruauté qui mettrait à feu et à sang sa bienaimée Pologne.

Fort de cette information prédictive, il décide de cacher l'existence de son fils nommé Sigismond et de le faire enfermer à l'abri des regards dans une sinistre tour reculée, enfouie au milieu des montagnes les plus inhospitalières. Ce fils, vêtu de peaux de bêtes, grandit des années durant dans le plus terrible dénuement et dans la réclusion la plus totale. Sa seule fenêtre sur l'extérieur étant son précepteur, Clothalde, strict et impitoyable envers lui par ordonnance du roi Basile.

L'histoire se complique d'une dame étrangère, Rosaure, travestie en homme, qui vient en début de pièce assouvir une mystérieuse vengeance ou, à tout le moins, demander réparation d'une offense dont on ignore tout, de la nature et de l'agent.

L'intérêt de la pièce augmente lorsque le souverain, au soir de sa vie, reçoit ses deux neveux, issus de ses deux soeurs : le prince Astolphe et la princesse Étoile. Les deux cousins ayant des prétentions sur le royaume de Pologne, une tacite entente semble leur dicter que le mieux serait encore de se marier l'un à l'autre pour éviter toute friction et au contraire assurer fermement la succession au trône de Basile.

Mais c'est alors qu'en plein dans ces savants calculs, la vieille tête chenue de Basile leur annonce qu'il a d'autres projets. Il annonce qu'il est en réalité le père d'un fils légitime, élevé depuis sa naissance loin de toute tentation de pouvoir et d'hégémonie.

Grâce aux vertus narcotiques de certaines plantes dont il connaît les secrets, il compte faire l'expérience de transplanter le prince Sigismond en sa position effective de prétendant au trône et à sa succession.

Si les oracles se sont trompés et que Sigismond s'avère un bon souverain, tout rentrera dans l'ordre et la lignée royale sera respectée.

Si, comme il est à craindre, les prédictions ont pu voir juste et que le prince présente un caractère tyrannique, celui-ci sera plongé illico dans les mêmes brumes du songe anesthésique provoqué par les plantes et réintégrera à jamais sa tour carcérale. Auquel cas, Astolphe et Étoile assureront la succession au trône de Pologne.

Sigismond se voit donc, en quelques heures transporté de l'état d'esclave prisonnier à celui de monarque tout-puissant. Ses manières quelque peu sauvages et sa longue haine refoulée ne tardent pas à semer quelques cadavres.

Basile, désemparé, déçu, mortifié par le fruit de ses entrailles se résout à renfermer son fils dans la tour oubliée pour y ensevelir sa honte.
Tout n'aura donc était que l'espace d'un songe pour Sigismond... et peut-être aussi pour les autres... Je ne vous dévoile pas le dénouement de la pièce ou de nombreux autres éléments entrent en ligne de compte.

Je m'intéresse seulement à la portée philosophique de ce que nous dit Calderón de la Barca, à savoir que ce que nous prenons pour la réalité n'est peut-être qu'illusion et que ce que nous croyons fantasmé pourrait bien avoir quelques parcelles de vérité.

Ainsi, l'auteur nous invite à ne pas trop conjecturer notre avenir ni notre destin, à vivre l'instant et à jouir de ce qui se présente et nous semble bon, au moment où cela se présente, sans tabler sur l'éventuelle durée de ce plaisir ni sur l'hypothétique mieux qu'on aurait pu en attendre.

Nos possessions, notre pouvoir, nos ascendants sur le monde des êtres et des objets n'est voué qu'à être transitoire et/ou illusoire alors autant ne pas s'en soucier.

J'ai particulièrement savouré le second acte (deuxième journée) de cette pièce, qui en est le morceau principal et que je trouve vraiment grandiose. L'amorce (première journée) m'apparaît quelque plus faible et le final, bien qu'intéressant ne me semble pas égaler la partie centrale. Cependant, l'impression générale est très positive et c'est sans peur que je la considère souffrir la comparaison avec les meilleures oeuvres de son quasi contemporain William Shakespeare.

Je vois également dans cette pièce une sorte de trame de fond à ce qui deviendra Ubu Roi sous la plume d'Alfred Jarry, le tout, bien sûr, passé à la moulinette du burlesque et de l'absurde dont il nous a fait l'offrande.

Bref, un très bon moment de théâtre du siècle d'or espagnol, caractéristique une fois encore de l'air de son temps avec cette facture tragi-comique très en vogue à l'époque, notamment sous la plume de Lope de Vega.

En outre, n'oubliez jamais que l'avis est un songe, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Alors qu'après le XVIe siècle, qui a été un siècle d'or pour l'Espagne en ce qui concerne sa puissance politique et économique, le XVIIe manque un déclin continu sur ces deux plans. Mais en revanche, le XVIIe siècle est le siècle d'Or sur le plan artistique, et tout particulièrement pour le théâtre, qui connaît une période d'extraordinaire création. Un théâtre très original, qui va inspirer des auteurs d'autres pays européens.

Les comedias espagnoles sont des pièces théâtrales hybrides, qui ne rentrent pas dans la classification classique de comédie, tragédie, tragi-comédie. le comique peut côtoyer le tragique, la pièce peut faire rire et pleurer à la fois. le genre ne s'accommode pas des fameuses règles des unités ; il a été donc qualifié de baroque.

Une autre des spécificité de ce théâtre est d'accorder une grande place aux pièces à caractère religieux, l' auto sacramental ; pièces essentiellement allégoriques, symboliques, avec une portée morale. Sur scène des Vices et de Vertus, l'Homme, et l'intervention divine joue un rôle essentiel dans le déroulement de la pièce. Représentées le jour de Fête Dieu, sur les places, dans les rues, des villes et villages. Ouvertes à tous, véritablement populaire donc. Les grands auteurs du théâtre espagnol ont écrit des pièces appartenant à ce genre, à côté de leur production de comedias profanes. Les deux formes s'influencent forcément, par exemple Calderón va reprendre la trame de la vie est un songe dans un auto.

Les spécialistes semblent distinguer deux périodes dans ce théâtre du siècle d'or, une première période, jusqu'en 1625 environ, Lope de Vega est l'auteur le plus célèbre de cette première phase, puis la deuxième comedia, dont Calderón est le plus grand représentant. Cette deuxième période a été favorisée par l'arrivée au pouvoir en 1621 de Philippe IV, grand amateur de théâtre. La deuxième moitié du siècle va connaître un déclin de la production théâtrale, provoqué par les malheurs de l'Espagne, entre défaites militaires et autres désastres. La mort de Calderón en 1681 marque pour beaucoup la fin de cet art, qui sera redécouvert par les romantiques.

Calderón est issu de la petite noblesse, sa famille a été anoblie récemment. Il a été instruit par les Jésuites, il a fait une carrière à la cour, et il est entré tardivement dans les ordres. Il est donc marqué par une allégeance à la royauté et à l'Église. Auteur très fécond, il aurait écrit environ 1200 pièces.

La vie est un songe est sa pièce la plus célèbre, la plus jouée encore à l'heure actuelle. Elle aurait été écrite vers1629-1630, sans doute révisée vers 1635, deux éditions un tant soit peu différentes paraissent en 1636.

La pièce se passe, comme les comedias de l'époque en trois journées, sans séparation des scènes. Dans la première journée, Rosaure, déguisée en homme, et Clairon, son valet, arrivent à une tour dans laquelle un homme est enchaîné. Il dit sa révolte du traitement qu'il subit sans savoir pourquoi. Arrive Clothalde, le gardien qui fait arrêter les deux visiteurs, car il est interdit de pénétrer dans la tour et de parler au prisonnier. Il reconnaît en Rosaure son enfant, mais n'hésite pas à le livrer au roi.

Celui-ci, devant les demandes de son neveu et nièce, qui espèrent tous les deux hériter du royaume de Pologne, se résout à révéler l'existence d'un fils, Sigismond. Né sous des mauvais présages, annoncé par les astres comme un futur tyran cruel, il a été enfermé dans une tour. le roi Basile se propose de le libérer, de lui céder la couronne ; s'il se comporte « bien » il la gardera, mais s'il suit les présages, il sera remis dans la tour, et le neveu épousera la nièce, le couple devant par la suite hériter du trône. Compte tenu de ces événements, Rosaure et Clairon sont libérés.

Dans la deuxième journée, le prince Sigismond est transporté au palais et investit du pouvoir royal. Evidememnt il ne sait pas user de ce pouvoir, il est rempli de ressentiment pour Clothalde, son geôlier et pour son père qui a ordonné son enfermement. Par ailleurs nous découvrons l'histoire de Rosaure, séduite par Astolphe, le neveu du roi, elle est venue en Pologne soit pour s'en faire épouser, soit pour s'en venger. Mais le prince envisage maintenant d'épouser Etoile, sa cousine, pour accéder à la couronne.

Le prince est remis dans sa tour, et aussi Clairon, qui en trop vu. Ses geôliers ont mis dans son esprit l'idée qu'il n'a fait que rêver, qu'il n'a jamais occupé la place royale, et qu'il vient de se réveiller.

Dans la troisième journée, une révolte populaire déferle sur la tour, le peuple refuse Astolphe, le prince moscovite, et veut mettre sur le trône Sigismond, dont la roi a révélé l'existence. Sigismond ne sachant pas s'il rêve ou pas, suit quand même l'insurrection. Mais il change son comportement, il se montre précautionneux dans ses actes, de peur d'être dans un rêve. Il est victorieux, et fait grâce à son père et à tous ses antagonistes. Il oblige Astolphe à épouser Rosaure, et lui-même convole avec Etoile. Devenu bon roi, par peur d'un cruel réveil, il déjoue les prévisions des astres.

Baroque est forcément le mot qui vient à l'esprit devant ce foisonnement, cette abondance d'intrigues, cette diversité de registres, entre comique, tragique, scènes de batailles...Une langue recherchée et poétique, chargée par moment, de symboles, de références, entre autres mythologiques. Visiblement pas une langue populaire, accessible à tout un chacun, même si le personnage de Clairon, le valet est là pour donner une version plus simple, plus triviale, de de qui se passe. Mais de longues tirades ou monologues des personnages nobles, ne rendent pas forcément tout cela facile à appréhender.

C'est un théâtre du mouvement, il se passe toujours quelque chose, même si on parle beaucoup. C'est aussi un théâtre de l'instant. Il ne faut pas chercher une vraisemblance psychologique chez les personnages, ils sont des fonctions, des symboles plus que des personnes. Il y a sans doute un finalité morale et philosophique dans le récit.

Mais la pièce est très riche, et permet des lectures différentes de celles qu'à voulu lui donner l'auteur. le roi Basile a eu tort parce qu'il a voulu transgresser l'ordre de succession royale, même si Sigismond devait être un roi cruel et tyrannique, il devait monter sur le trône. C'est cela qui est sa faute, non le déni de paternité, et les souffrances infligées à un enfant puis un jeune homme innocent, d'une façon « préventive ». Evidemment, ce sont maintenant ces aspects qui touchent le lecteur et le spectateur. L'abus de la toute puissance royale, la cruauté et le manque d'amour paternel. de même le personnage de Clothalde, conçu comme le sujet parfait, exécutant les ordres sans se poser aucune question, prêt à sacrifier sa fille, nous paraît presque monstrueux, inquiétant, dans son allégeance aveugle et sourde au pouvoir. Alors qu'il était un modèle à suivre de son temps.

La pièce de la toute puissance royale et paternelle, mais les enfants-sujets finissent par avoir gain de cause. Même si c'est en entrant dans un moule, dans ce que l'on attend d'eux. Sigismond devient un prince modèle, maîtrisant ses colères et ses passions, et lorsqu'il acquiert cette maîtrise, le destin (donc Dieu) lui permet de retrouver sa place.

Le théâtre baroque était friand du théâtre dans le théâtre. Ici, même ce n'est pas une pièce, nous assistons à une représentation dans la deuxième journée, dans laquelle le pouvoir est donné à Sigismond. Mais un pouvoir sous haute surveillance, et le metteur en scène Basile, a si bien créé la situation, qu'il en connaît d'avance l'issue, qui fera retourner son fils dans sa prison, en le dédouanant de toute faute, de toute culpabilité.

Une des rares oeuvres de ce siècle d'Or à avoir traversé les siècles et à être jouée d'une façon qui n'est pas exceptionnelle, cette pièce le mérite sans aucun doute. La mise en scène doit être intelligente et permettre au spectateur d'accéder à cet univers lointain, mais c'est possible, et peut même être passionnant.
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"La vie est un songe" est une comédie dramatique; comédie parce que l'épilogue est heureux, drame parce que des intérêts s'affrontent, un père et son fils croisent les armes, le sang coule. Il en faut peu pour que cette pièce de théâtre ne soit qualifiée de tragédie.
Me référant aux pièces de nos auteurs français classiques du 17 ème siècle, je m'attendais à être confrontée à une lecture assez ardue du fait de l'emploi de tournures anciennes. Mais la traduction de l'Espagnol au Français rend cette découverte aisée car le style est moderne. La lecture de cette oeuvre de Calderon est donc facile et agréable. "La vie est un songe" est un grand classique de la littérature espagnole, tout à fait abordable pour un lecteur contemporain. Comme la pièce ne comporte que trois actes et un nombre assez restreint de pages il serait dommage de passer à côté de cette lecture et de bouder un plaisir.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Cette relecture - vingt ans après avoir étudié cette pièce classique pour les épreuves du Bac - ne m'a pas donné entière satisfaction, bien que l'oeuvre ne soit ni ennuyeuse ni trop complexe.

Sigismond, prince héritier de Pologne, spolié dès sa naissance de son droit à régner en raison d'un horoscope défavorable le destinant à devenir un tyran, vit prisonnier d'une tour isolée et bien gardée. Vêtu de peaux de bêtes et à moitié sauvage, il n'a que des notions assez vagues de la société et de la politique. Ce qui ne l'empêchera pas - théâtre oblige - de se montrer immédiatement à la hauteur des événements les plus délicats une fois libéré.

Par le moyen d'un subterfuge, son royal père, lui fait goûter l'exercice du pouvoir l'espace d'une seule journée, en lui faisant croire qu'il vit un rêve de manière à pouvoir l'enfermer à nouveau s'il s'avère despotique... Questions d'honneur, luttes de pouvoir, jeu des ambitions, réflexions sur la destinée, et même batailles, il y a un peu de tout cela dans cette pièce et pour moi c'est presque trop. L'action va trop vite, les liens se nouent et se dénouent trop rapidement. Les personnages, assez nombreux, ne me semblent pas tous bien exploités.

Je gardais un souvenir plus enchanté de ma première lecture mais je retiens surtout de la seconde le personnage de Clairon, le valet, dont les répliques pleines de prosaïsme m'ont beaucoup amusée. Je laisse le mot de la fin au prince Sigismond : "j'ai appris par là que tout bonheur en ce monde passe comme un songe, et je veux profiter du mien pendant qu'il en est temps…"


Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge Petit Bac 2017 - 2018
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Dans le cadre du ‘Challenge temps modernes', j'ai un peu fouiné pour trouver des textes qui pourraient me plaire.

Mon choix s'est porté vers cette pièce espagnole de 1673 et je ne le regrette pas. J'ai énormément apprécié cette lecture.

J'ai eu la bonne idée de lire l'introduction après le texte. Bernard Sesé y raconte en détail l'intrigue et en donne une analyse approfondie. Je préfère toujours lire le texte d'abord pour me faire ma propre opinion.

Rosaure arrive en Pologne déguisée en homme accompagnée de son valet Clarín. Ils découvrent une tour dans laquelle un homme est enchaîné : c'est Sigismond. Il est emprisonné depuis sa naissance, il ignore pourquoi.

Son père est Basyle, le roi de Pologne. On apprend rapidement ce qui l'a poussé à enfermer son fils. Il va cependant lui donner une chance de prouver sa valeur. Il va lui rendre ses privilèges pendant une journée et s'il devait ne pas répondre à ses attentes il sera renvoyé à sa prison.

De son côté, Rosaure cherche à laver son honneur d'Astolphe qui est décidé à épouser Étoile. Astolphe & Étoile sont le plan B du roi. Si Sigismond n'est pas à la hauteur, ils régneront après la mort de Basyle.

Dans l'ensemble, j'ai trouvé le texte très accessible et j'ai beaucoup aimé l'histoire et les personnages. J'ai bien envie de lire d'autres textes de l'auteur.





Challenge muti-défis 2023 (16)
Challenge temps modernes 2023
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Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
Allons régner, fortune; ne m'éveille pas si je dors, et si c'est la réalité ne m'endors pas; mais que ce soit réalité ou singe, bien se conduire est ce qui importe: si c'était la réalité, parce que cela l'est, et sinon, afin de nous faire des amis pour l'heure de notre réveil.
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SIGISMOND : L'expérience m'enseigne que l'homme qui vit rêve ce qu'il est, jusqu'au réveil. Le roi rêve qu'il est roi et vit dans cette illusion, ordonnant, disposant et gouvernant ; et ces louanges qu'il reçoit à titre précaire sont inscrites sur du vent et changées en cendres par la mort — la cruelle infortune ! — ; et il se trouve quelqu'un pour vouloir régner, en sachant qu'il se réveillera dans le sommeil de la mort ! Le riche rêve dans sa richesse, qui lui apporte un surcroît de soucis ; le pauvre rêve qu'il subit sa misère et sa pauvreté ; il rêve, celui qui commence à s'élever, il rêve, celui qui se démène et sollicite, il rêve, celui qui outrage et offense : bref, dans le monde tous rêvent ce qu'ils sont, bien que nul ne s'en rende compte. Moi, je rêve que je suis ici, chargé de ces fers, et j'ai rêvé que je me voyais dans une autre condition plus flatteuse. Qu'est-ce que la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction ; et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes sont des songes.

(SEGISMUNDO : La experiencia me enseña
que el hombre que vive, sueña
lo que es, hasta despertar.
Sueña el rey que es rey, y vive
con este engaño mandando,
disponiendo y gobernando ;
y este aplauso, que recibe
prestado, en el viento escribe,
y en cenizas le convierte
la muerte, ¡ desdicha fuerte !
¡ Que hay quien intente reinar,
viendo que ha de despertar
en el sueño de la muerte !
Sueña el rico en su riqueza,
que más cuidados le ofrece ;
sueña el pobre que padece
su miseria y su pobreza ;
sueña el que a medrar empieza,
sueña el que afana y pretende,
sueña el que agravia y ofende,
y en este mundo, en conclusión,
todos sueñan lo que son,
aunque ninguno lo entiende.
Yo sueño que estoy aquí
de estas prisiones cargado,
y soñé que en otro estado
más lisonjero me vi.
¿ Qué es la vida ? Un frenesí.
¿ Qué es la vida ? Una ficción,
una sombra, una ilusión,
y el mayor bien es pequeño ;
que toda la vida es sueño,
y los sueños, sueños son.)

Acte II.
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SIGISMOND. Eh bien ! tu vas mourir ; car je ne veux pas qu’il existe personne qui soit instruit de ma faiblesse ; et seulement parce que tu m’a entendu, je vais te presser entre mes bras robustes et te mettre en pièces.

CLAIRON. Pour moi je suis sourd, et par conséquent je n’ai pas pu vous entendre.

ROSAURA. Si tu as en toi quelque chose d’humain, me voilà à tes pieds, épargne-moi.

SIGISMOND. Je ne sais par quelle secrète puissance, mais ta voix m’attendrit et ta présence me trouble. Qui es-tu ? — Car bien que je ne connaisse rien du monde, puisque cette tour, ou, pour mieux dire, cette caverne, a été jusqu’ici mon berceau et mon tombeau ; bien que depuis ma naissance je n’aie jamais vu que cet affreux désert, où je n’ai qu’une misérable existence aussi monotone et aussi triste que la mort ; bien que je n’aie jamais parlé à aucun être vivant, si ce n’est à un homme qui partage ma disgrâce et qui m’a donné quelques renseignements sur le ciel et sur la terre, sur le cours des astres, sur l’art de gouverner les états ; bien qu’à vrai dire, — ce qui cause ton effroi, — je sois un homme parmi les bêtes sauvages et une bête sauvage parmi les hommes, et que tu puisses à bon droit m’appeler un monstre ; — toi seul, sache-le, tu as suspendu ma colère, adouci ma tristesse, et charmé mon oreille et ma vue. Chaque fois que je te regarde, je t’admire davantage, et à mesure que je le regarde je désire davantage te regarder. Je ne comprends pas que mes yeux se fixent ainsi sur loi, car en te voyant je meurs d’envie de te voir. Mais n’importe, laisse-moi te voir, et que je meure ! car si à te voir je ressens un tel effet, que ressentirais-je donc à ne te voir pas ? Ne serait-ce pas une douleur cruelle, une fureur, une rage pires que la mort ? car, après avoir vécu si malheureux, ne serait-ce pas horrible de mourir au moment du bonheur ?
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CLAIRON : De tout ce que tu as vu aujourd’hui et qui t’a émerveillé, qu’as-tu trouvé de plus à ton goût ?
SIGISMOND : Rien ne m’a ébloui, car j’étais préparé à tout ; mais s’il y avait quelque chose au monde dont je dusse m’émerveiller, ce serait de la beauté de la femme. Je lisais un jour, dans les livres que j’avais, que ce à quoi Dieu a apporté le plus d’application, c’était l’homme, parce qu’il est un monde en raccourci, et la femme, car avec elle est apparu un ciel en raccourci, et la beauté qu’elle renferme est supérieure à celle de l’homme de toute la distance qui sépare le ciel et la terre.

IIème journée.
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SIGISMOND : Puisque la vie est si courte, rêvons, mon âme, rêvons une fois encore, mais que ce soit en prenant garde et en considérant que nous devons au moment le plus imprévu nous réveiller de ce bonheur ; si en effet nous nous souvenons de cela, la désillusion sera moindre, car c’est déjouer le malheur que de le devancer par la pensée. Sachant ainsi d’avance que, lors même qu’il serait réel, tout pouvoir est d’emprunt et doit être rendu à son possesseur, affrontons tous les risques.

IIIème journée.
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Vidéo de Pedro Calderon de la Barca
CALDERÓN de la Barca – Une Vie, une Œuvre : Une vie en songe (France Culture, 1996) Émission "Une Vie, une Œuvre », par Jacques Munier, diffusée le 19 mai 1996 sur France Culture. Invités : Didier Souiller, Bernard Sesé, Marc Vitsé et Laura Alcoba.
Dans la catégorie : ThéâtreVoir plus
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