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EAN : 9782917237915
122 pages
Des Ronds dans l'O (21/01/2016)
3.96/5   39 notes
Résumé :
Etenesh débarque sur les côtes de Lampedusa en Italie, presque deux ans après être partie d'Addis Abeba, Éthiopie. Elle a traversé le Soudan, le désert du Sahara, pour finir dans les mains de trafiquants d'êtres humains, et dans une prison en Libye. Elle a traversé la mer Méditerranée dans un bateau gonflable en pensant à chaque mètre, que tout serait en vain.

Dans un style graphique intense et inventif, nous voyons apparaître à travers les traits des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Allez. Il est grand temps de me lancer dans les avis de livres graphiques. Je compte m'y mettre petit à petit, prendre le temps de m'immerger dans ce genre de littérature, de me l'approprier et de me constituer une petite base de références. Je tiens aujourd'hui à vous proposer un article sur une bande dessinée - empruntée à la médiathèque de ma ville - dont la couverture m'a interpellée. Il s'agit de ETENESH, L'Odyssée d'une migrante, par Paolo Castaldi aux éditions Des ronds dans l'O.


Etenesh signifie “Tu es ma soeur”, tels sont les premiers mots de ce livre, les premières pierres de cet édifice aussi troublant que nécessaire. L'Odyssée d'une migrante, qu'est-ce que cela ? Un long chemin pavé d'obstacles, un périple qui éprouve aussi bien vos nerfs que votre détermination, une marche pour la survie plus que pour la vie. C'est une route sinueuse et dangereuse, entre mer et désert, entre insulte et violence. Etenesh incarne cette traversée, à la fois une et multiple, anonyme parmi les anonymes. Son ombre viendra-t-elle grossir le tableau des disparus ?

Une ambiance austère pour un récit glaçant, un coup de crayon particulier et relativement peu de couleurs criardes, tout est dans la sobriété. Ce récit s'inscrit davantage, à mes yeux, dans une volonté de nous immerger au coeur du désespoir et de la violence, suggérer plutôt que montrer sans pour autant négliger d'exposer les faits, de les souligner. de l'Ethiopie à l'Italie, rejoindre un ailleurs, fuir une situation pour en (re)trouver une autre, affronter ses peurs et vivre l'instant présent. J'ai bien mis une bonne dizaine de planches à me familiariser avec les dessins, avec ces jeux de couleurs plutôt sombres qui contribuent à accentuer la gravité de ce qui est dit, de ce qui est montré.

Du jaune pour le désert, du bleu pour la mer, deux ambiances, deux tonalités mais un même sentiment, celui de la misère et de l'urgence. le rouge symbolise le personnage principal, celle dont nous suivons le périple, traversant l'Ethiopie, parcourant le Soudan et le désert du Sahara… On s'adapte voire s'acclimate à ces conditions particulières, à ce mode de vie plus que rudimentaire qui vous ôte toute humanité. Ces hommes et femmes, qui fuient, pourraient être n'importe qui comme tout le monde, une foule de visage, un océan de nom, une terre désolée.

L'ouvrage nous livre quelques témoignages recueillis comme de sublimes gouttes d'eau, des tranches de vie qui touchent et font réfléchir. Certaines planches sont totalement vierges de cartouches de la moindre parole ou inscription textuelle, nous sommes invités à découvrir, imaginer et ressentir par la seule force du dessin, de ces traits très marqués, dont je ne suis pas spécialement fan, je dois bien le reconnaître. Je trouve que les traits sont grossiers, non pas vulgaires mais pas fins non plus, que le tout est quelque peu minimaliste. Je peux comprendre cette volonté de montrer que l'on part sans rien, avec uniquement des souvenirs et peut être aussi l'espoir, ce sentiment qui s'estompe jusqu'à disparaître… Je peux le comprendre mais je n'y ai pas été sensible. Quelques vignettes sont plutôt dures, violentes, peuvent mettre mal à l'aise. Les dialogues sont généralement secs, à l'image du rapport de force instauré par les passeurs et les migrants, du traitement qu'on leur réserve.


Il s'agit ici de retranscrire un parcours, de transmettre des émotions et de véhiculer un message de paix et de tolérance, une envie de tendre la main pour éviter ce genre de situation. Paolo Castaldi nous offre un plongeon au coeur de l'horreur, une descente aux enfers méthodique et millimétrée qui entraîne de nombreuses âmes dans son sillage. Combien meurent anonymement ? Privés de sépulture ? Combien de familles sont déchirées par départs précipités, par ces sinistres destinées ? Etenesh c'est un cri du coeur, une envie de voir plus loin que le simple mot de “migrant”, le besoin de montrer toute l'aberration de cette dramatique entreprise. Cette bande-dessinée mérite qu'on prenne le temps de la feuilleter, pour toutes celles et ceux qui quittent leur pays, pour tous les exilés, pour toutes les victimes et les destins brisés.
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Migrants, grand remplacement, réfugiés... Que de fois dans l'actualité ces dernières avons nous entendu ces mots. souvent en refusant de voir la réalité des hommes et des femmes que cela recouvrait.
Donc, non, ils ne fuient pas leur pays pour les allocations ou l'école gratuite ou pour nous envahir. Ni pour dépenser leurs économies dans un voyage d'agrément à travers désert, prison, violence et incertitude.
Si le roman Encore de Hakan Günday avait déjà fortement fait comprendre que la condition de migrants/réfugiés cherchant asile en Europe était un parcours semé d'embuches mortelles, Etenesh le donne à voir. Couleurs et contours flous, pour donner une idée de la fragilité de la vie de ces personnes, violences à chaque page (viols, prison, massacres...), décors réduits à l'essentiel, rien ne parasite le propos.
L'auteur est lui aussi un demandeur d'asile, qui a eu la chance de l'obtenir. Son témoignage est à la fin de l'ouvrage. Il a réalisé des documentaires, recueillis des témoignages de réfugiés, mais aussi des secouristes et des habitants de l'île de Lampedusa, en première ligne pour l'accueil des naufragés.
Une oeuvre qu'il faudrait peut-être mettre entre certaines mains. Notamment celles qui se réclament de la tradition chrétienne et refusent la charité...
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Qui sont les migrants qui tentent de venir en Europe ? Quel est leur itinéraire ? Quelles sont les raisons de leur exil ? Quelles épreuves traversent-ils ?

L'auteur nous propose le parcours d'une femme d'Ethiopie, Etenesh, comme représentante d'une traversée de l'enfer à partir d'un beau texte et de magnifiques illustrations.

L'histoire commence par rappeler que le départ n'est en aucune façon une question de choix. Il est l'unique porte laissée à des milliers de personnes aujourd'hui dans le monde pour survivre.

La jeune femme a quitté son pays seule sans pouvoir garder de liens avec sa famille. Son périple commence par un an d'esclavage au Soudan avec le souhait de réunir la somme suffisante afin de rejoindre la Libye.

Mais trouver du travail et garder sa dignité sont totalement impossibles. Chaque halte est l'occasion d'un racket incessant, de violence et de mort. le plus terrible est l'espoir qui s'amenuise et la perte de toute humanité autour de ces hommes qui luttent.

Les liens tissés avec les compagnons d'infortunes sont à la fois essentiels et terribles. le chemin de croix est jalonné de cadavres.

Si on ne voit que le destin d'Etenesh, l'auteur nous permet d'entendre et de sentir la voix et le profil de nombreux autres migrants avec ses dessins et leurs mots qui sont égrainés dans l'ouvrage.

L'universalité du propos est renforcé par la force du dessin. Les hommes semblent perdus dans une immensité sans nom où seule prédomine la couleur rouge, celle de l'héroïne, sorte de Marianne du peuple des migrants mais aussi représentative d'un monde sans pitié.

Un album qui permet non pas de comprendre mais de parler de l'immigration autrement et de voir derrière les chiffres des visages. En espérant que cela contribue à dénoncer les marchands d'âme et à ouvrir l'Europe...

A lire !
Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Chronique ETENESH, L'Odyssée d'une migrante, par Paolo Castaldi aux éditions Des ronds dans l'O.
Le récit relate le périple d'Etenesh entre Addis Abeba, Éthiopie et l'île Lampedusa en Italie. presque deux ans pendant lesquels elle est passée entre les mains de passeurs – ou de trafiquants d'hommes – pour une cauchemardesque traversée du Soudan, elle a connu l'enfer du désert du Sahara et celui d'une prison en Libye.
Le style du dessin est acéré. Les traits sont durs. Presque géométriques. Les couleurs sombres.
Noir et ocre. Noir, comme la couleur de la nuit des prisons. Comme la couleur du sang. Comme la couleur du sang sur le sable du Sahara.
Noir et bleu. Bleu comme la couleur dans le fond de l'océan, là où gisent tant de morts oubliés. Comme la couleur des larmes. Comme la couleur du sel de l'eau de mer qui ronge les os et les espoirs.
Au-delà des faits et de leur violence (la torture, les viols qui sont suggérés sans être dessinés), l'émotion suinte, à fleur d'une peau déchirée. Une émotion vive comme le dessin et forte.
Le terme Odyssée dans le titre me questionne. En effet, dans l'Odyssée, Ulysse semble invaincu. Il surmonte les obstacles. Un à un. Sans rien perdre de sa détermination. Sans souffrir de l'absence. Sans souffrir de l'exil. Ce n'est pas le cas ici. le traumatisme est là. le traumatisme est tel que l'héroïne ne tient plus à la vie. Ce n'est plus de la survie, car ce n'est plus de la vie. Elle n'est plus en vie puisqu'elle n'est plus considérée comme un être humain.
Un récit bouleversant. Qui ne laisse pas insensible. Qui devrait être placé entre toutes les mains de ceux qui déclarent : « ils n'ont qu'à rentrer chez eux ». « Il n'y a pas de place ici ».
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Cette oeuvre est à l'antipode de la pensée dominante actuellement dans notre pays vis à vis de la question des réfugiés. J'ai été touché par la détresse de cette femme qui abandonne son pays sans avenir pour une vie meilleure. Il faut dire que le voyage dans le Sahara sera plus qu'éprouvant. Que dire également de l'accueil réservé en Libye !

Je n'ai pas aimé le dessin un peu trop anguleux mais j'ai apprécié la manière dont on tourné ce récit. On arrive à comprendre les sentiments que traverse Etenesh à commencer par la peur et le désespoir au milieu de cet ignoble trafic humain.

Les gens devraient découvrir cela avant de juger hâtivement et de renvoyer ces pauvres gens à une mort certaine. Bref, c'est un témoignage plutôt difficile mais indispensable à la compréhension de ce problème.
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critiques presse (1)
Sceneario
12 février 2016
Un récit fort, un récit très dur. Et une fin heureuse, mais pour combien d’autres destins brisés sur les chemins de l’exil ?
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Quiconque a le malheur d'immigrer une fois - une seule ! - restera toujours métèque toute sa vie, et étranger partout, même dans son pays d'origine. C'est notre malédiction à nous, immigrants.
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J'ai vu mourir devant mes yeux 44 des 50 compagnons de voyage avec lesquels nous étions partis.Nous sommes restés deux semaines perdus au milieu du désert, sans eau, ni vivres.Les deux chauffeurs soudanais nous avaient abandonnés dans le désert.Ils nous ont dit d'attendre que deux autres voitures nous rejoignent pour continuer le voyage.Mais elles ne sont arrivées que deux semaines après...
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-Tes proches ne savent rien de ton histoire.

-Depuis que tu t'es échappée,tu n'as pris contact avec personne.

-J'ai fait l'esclave pendant plus d'un an.Je ne pouvais pas sortir,je n'avais rien le droit de faire.Seulement travailler.Tout cela pour 1000 dollars. À présent, je ne peux plus faire marche arrière.
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Cependant si on part c'est qu'il n'y a pas d'alternative en Éthiopie. Il n'y a pas les conditions pour se sacrifier ou pour mourir car il n'y a même pas l'espoir d'un changement.

A présent la mort de l'un de nous, en Éthiopie, serait un sacrifice inutile.
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J'appris vite que la mer peut laver le sable des vêtements,mais pas nettoyer l'angoisse de vivre dans un pays où, étant clandestin, tu vaux moins qu'un animal.
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Videos de Paolo Castaldi (4) Voir plusAjouter une vidéo
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