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Critique de Seraphita


Des failles étoilent la Lune. C'est certain : elle se meurt. Avec elle, la Terre va disparaître et tous ses habitants « et tous les enfants et les papas, et les mamans, les plages et le sable et le souffle blanc quand il fait froid, la sueur sur le front et la neige dans la télévision » (p. 295) C'est l'apocalypse, autrement nommée « fin du monde ». Ça a l'air terrifiant, ça a l'air très beau aussi, comme des feux d'artifice qui en éclatant révèlent leur superbe visage destructeur. La fin du monde se chante sur Blue FM au rythme des tubes aux titres suggestifs. Au milieu de tout cela, dans un Londres déboussolé, le Docteur Loom s'est lancé à la poursuite d'un film très convoité pour sauver sa femme qui se meurt de chagrin. Des hommes en noir vont faire barrage tandis que les couples se pressent pour s'inscrire au grand marathon de danse sur Trafalgar Square…

Cette oeuvre a la douceur et l'amertume des bonbons d'antan : en fondant lentement sur la langue, les mots révèlent une nostalgie pleine d'une tendresse douce-amère. Dans ce passé-futur qu'invente David Calvo, le lecteur vogue parmi des personnages décalés, absurdes, attachants. « Wonderful » est une sorte d'« Alice au pays des merveilles », un conte fantastique, fantaisiste, labyrinthique, où l'on ne se perd pourtant jamais, si l'on accepte de lâcher la bride du sens pour s'ouvrir à la langue de l'au-delà des mots. le sens est peut-être niché dans ce flocon de neige, le bel « Ornette » qui clignote dans le tube cathodique d'une télé remplie de neige ? La poésie coule à flot, côtoyant l'absurde, le révélant, l'embellissant. L'absurde d'un monde voué à une fin. le point final est effrayant, dérangeant, on l'élude ou on le met en lumière, comme David Calvo, pour louer sa beauté terrifiante. En suspens, suspension d'espace. En attente, capitonnée, feutrée. Et finalement, la fin paraît bien belle, comme ce feu d'artifice qui en éclatant de lumière terrifie si sûrement.
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