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C'est une comédie sicilienne à laquelle nous invite le malicieux Camilleri dans cet opus composé d'échanges de lettres, alternant avec des dialogues écrits notamment dans le dialecte savoureux qui a fait la renommée de l'auteur.
En 1898, dans la cité imaginaire de Vigatà, au sud de la Sicile, un jeune gandin, Filippo Genuardi, qui a épousé une héritière et manifeste des goûts évidents pour la gloriole, veut absolument une installation téléphonique pour relier son magasin à la demeure de son beau-père. La chose est d'autant moins aisée que les instances de l'Etat dsyfonctionnent, le Préfet étant paranoïaque et les carabiniers faisant la chasse aux sorcières subversives, tandis que le parrain local est en délicatesse avec un ami de Filippo qui ne lui a pas payé ses dettes de jeu. Pris entre ces intérêts divergents, le pauvre Pippo se retrouve en prison après une fusillade commanditée par la mafia... Tout semble s'arranger à la sicilienne, mais l'amour est là et la fin pleine de surprise et d'ironie.
Un véritable régal que la lecture de ces lettres parodiant le style administratif le plus obtus où toutefois le démon du bizarre et la logique sicilienne subvertissent les procédures les plus classiques, et ces dialogues réjouissants où la verve linguistique de Camilleri se donne libre cours : échanges en dialecte siculo-camillerien, sous-entendus, clins d'oeil, chutes divertissantes, le tout compose un puzzle parfaitement maîtrisé d'où émerge une comédie du progrès dans une île largement traditionnelle, où l'administration italienne ne maîtrise pas tout, et où le poids des parrains ne doit pas être sous-estimé, car ils peuvent souffler alternativement le chaud ou le froid...
Pour bien apprécier la saveur de ce petit bijou de malice, la lecture en V.O. est fortement recommandée !
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Satire des us et coutumes de l'administration sicilienne ou polar insulaire et maffieux ?

On s'étonne, on sourit.. mais les promesses de cet auteur qu'on m'avait recommandé n'ont pas été vraiment tenues, en ce qui me concerne: le procédé d'alternance entre courrier administratif et action m'a vite lassée..

Je devrais peut-être essayer un autre titre..j'attends vos suggestions!
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L'intérêt principal de ce roman réside, selon moi, dans sa forme où alternent des «choses écrites» (lettres au style ampoulé, échangées entre les personnages) et des «choses dites» (dialogues parfois assez crus). Lecture originale et divertissante, marquée par l'humour dont l'auteur sait faire preuve.
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Publié en 1998, La concession du téléphone est une tragi-comédie de moeurs, se passant dans la Sicile de la fin du XIXème siècle.

Le roman s'articule entre des passages épistolaires et des dialogues, sans aucune description des personnages ou des lieux de l'action.
Cet aspect un peu bâtard oscillant entre le roman et le théâtre rappelle les premiers amours de l'auteur pour la scène, d'autant plus que l'influence de la comedia del arte est très présente tout au long de l'histoire.

Cette influence se ressent sur les personnages, qui sont des stéréotypes. On trouve la femme objet, le mafieux menaçant, le politicien véreux...Il est parfois difficile de deviner qui est qui à cause des noms et surnoms officiels et officieux, confusion voulue par l'auteur qui en fait la base de son histoire, l'élément perturbateur.

L'élément perturbateur, donc, est le point de départ de l'histoire, qui s'enchaîne de façon très naturelle, chaque rebondissement en entraînant un autre, encore pire. Une vraie chute de dominos poussés par l'hypocrisie et la paranoïa savamment orchestrée, même si le final est un trop accéléré et semble être une issue de secours facile pour l'auteur qui ne savait plus quoi faire de ses personnages. Dommage !

L'une des spécificités de Camilleri est le mélange d'italien et de sicilien qu'il emploie, créant ainsi un langage frais et coloré. Malheureusement, la traduction française n'a pas pu recréer ceci, mais le travail de Dominique Vittoz est plus qu'honorable, surtout dans les dialogues les plus hystériques, très bien rendus.

Au final, la concession du téléphone est un petit roman bien écrit, pas prétentieux pour un sou, et qui se rapidement avec un arrière-goût de soleil sicilien dans la bouche et l'accent chantant des italiens dans les oreilles. Une lecture facilement accessible, parfait pour ceux qui n'aiment pas trop lire et pour ceux qui veulent juste se détendre. Attention, toutefois, au petit goût amer que laisse la fin du roman, tant pour sa morale que pour sa qualité un poil en dessous du reste !
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4ème de couv : Demander une ligne téléphonique : quoi de plus banal, pensera-t-on. Oui, mais pas en 1891. Et pas à Vigàta, bourgade de Sicile, relevant d'un préfet notoirement susceptible. le fringant Filippo Genuardi, qui s'est malencontreusement trompé d'une lettre en écrivant le nom dudit préfet, va sans le savoir être soupçonné d'agitation révolutionnaire. Et, par contrecoup, attirer sur lui le regard de la mafia locale... Rebondissements, retournements, surprises : cette satire malicieuse de la mesquinerie et de la paranoïa humaines, qui sont éternelles, est menée tambour battant. Elle donne la mesure du talent d'Andrea Camilleri, devenu romancier après une carrière consacrée au théâtre, et qui connaît un grand succès en Italie.

Impossible effectivement de confondre avec un autre pays que l'Italie, et je me suis régalée en lisant ces missives à l'administration, tournées d'une façon tellement désuète et alambiquée !
suite sur http://liliba.canalblog.com
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N° 1555 - Juin 2021

La concession du téléphoneAndrea Camilleri – Fayard.
Traduit de l'italien par Dominique Vittoz

Ce roman d'Andrea Camillieri (1925-2019) a été publié en 1998.

L'intrigue est un peu compliquée et se déroule en Sicile à Vigata, une ville imaginaire, sur une année, de 1891 à 1892, période pendant laquelle l'État tente de juguler le socialisme fascisant qui commence à s'installer. Filippo Genuardi, marchand de bois de son état, souhaite avoir une ligne téléphonique privée qui relierait son entrepôt et le domicile de son beau-père . En effet, un décret de 1892, tout à fait officiel donc, autorise les particuliers à obtenir la concession privée d'une ligne téléphonique. Pour cela il envoie en vain une série de trois lettres fort obséquieuses au Préfet Marascianno, dont il orthographie mal le nom, ce que ce dernier prend pour une provocation. Elles vont être suivies de pas mal d'autres qui vont plonger le lecteur dans une atmosphère entre flagornerie, paranoïa et bal des faux-culs et donner lieu à une multitudes de quiproquos, la révélation de magouilles, avec règlements de comptes maffieux, délation, haine, rancoeur, trahison, hypocrisie, adultère, mensonges, ambitions, corruptions, c'est à dire l'ordinaire de l'espèce humaine, sans oublier toutefois le formalisme administratif autant dans la posture que dans la rédaction et qui confine parfois a la folie.

Ce n'est donc pas un roman classique, pas un policier non plus comme Camilleri en a l'habitude, mais une série de lettres suivies de courts récits où Andrea Camilleri s'est amusé à inventer une intrigue humoristique aux multiples répercussions notamment basée sur l'orthographe fantaisiste d'un nom ce qui donne lieu à une interprétation extravagante mais néanmoins savoureuse de la part d'un préfet soupçonneux, sur fond de dialecte sicilien.
Mais au fait, pourquoi Filippo Genuardi tient-il tant à avoir le téléphone ?

C'est fort plaisant à lire nonobstant la multitude des personnages.

Il n'est pas interdit, avant de commencer la lecture de cet ouvrage, de lire le texte introductif de Luigi Pirandello qui brosse un tableau peu flatteur de la Sicile à cette époque mais qui met le lecteur en condition.
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Cette histoire inspirée d'un fait divers se déroule à la fin du XIXè siècle : 1891_92 est située dans son contexte historique.

L'auteur n'applique pas les règles établies du roman et nous offre un chef-d'oeuvre de composition, un essai à l'écriture ironique, une alchimie d'invention, de réalité; de coupables et d'innocents qui se croisent dans un jeu intriguant.
D'un banal fait divers Camilleri a su tirer , avec subtilité et sagacité, une histoire amusante, passionnante comme un polar.

La lecture en V.O. permet d'en apprécier la richesse linguistique.
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Sicile, 1891, une ligne de téléphone sollicitée par un de leurs concitoyens crée suspicions et délires parmi des notables d'une petite bourgade. S'il n'y avait que cela! Non, pour d'autres motifs, la mafia locale s'en mêle et tout va aller de rebondissements en rebondissements, de confusions en ignominies... qui accuseront le pauvre Genuardi notamment d'agitation révolutionnaire ( le dernier de ses soucis...). le rire est au rendez-vous de cette satire divisée en "choses écrites" et en "choses dites". L'auteur a donné au roman un style particulier que l'on sent marqué par son habitude du théâtre. Non seulement on rit aux éclats mais on reste ébahi devant tant de mauvaise foi qui tourne à la psychose... On ne peut s'empêcher de penser aux vieux films italiens en noir et blanc dont l'excès nous envoyait tant de clichés de cette nation méditerranéenne. N'y a-t-il sous chacun un fond de vérité? Nous, européens d'un nord "modéré", nous délections de ces paroles excessives, de ce rythme débordant, de cette gestuelle débridée, de ces manifestations émotionnelles percutantes. Tout cela était moins superficiel que nous pouvions le penser : nous nous trouvions souvent renvoyés à bien des défauts enfouis. Tous ces ingrédients se retrouvent dans ce délicieux livre qui se déguste à la vitesse voulue par l'écrivain, vitesse déroutante parfois : il faut s'y tenir afin de ne pas se perdre dans la multitude de personnages intervenant dans l'histoire (sans doute est-ce pour cela qu'ils sont présentés dès avant de commencer le livre). Un excellent moment spirituel de lecture.

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Camilleri reprend une histoire véridique de 1891 pour la mettre à son goût: la simple demande d'installation d'une ligne téléphonique
de Pippo va tourner au cauchemar mais avec la truculence de notre conteur sicilien devenir, pour nous, une farce réjouissante.

Cette narration est pour beaucoup épistolaire et pour le reste de dialogues. On pourra admirer la flagornerie des différents épistoliers envers les puissants et quelques rares écrits de droiture par des fonctionnaires intègres et toujours, du moins entre amis, quelques crudités bien senties. En général le ton est enlevé.

Un courrier mal adressé, surtout à préfet maladivement soupçonneux,
va déclencher une véritable tsunami guerrier administratif entre différents services
Une petite guerre entre des services de polices et des carabiniers qui en bons soldats sont plus bêtes mais encore très méchants. Des services qui sont surtout plus obnubilés par la politique et le « spectre » socialiste que par les actes mafieux et lorsque les deux se conjuguent c'est l'apothéose. Cela se ressent chez les différents préfets de police ou non , sous-préfets, conseillers, chefs de cabinets, commissaires, colonels jusqu'aux ministres, ah l'administration italienne !

Des services postaux d'une lourdeur pharaonique, des demandes administratives rébarbatives sans fins et l'espoir chevillé au corps du Pippo ardemment soutenu par sa femme Taninè. Et pour cause ces deux-là vivent des rapports érotiques torrides.
Ce qui d'ailleurs provoque lors de la confession de Taninè la colère du père Pirrotta qui voit en la position « ante retro » un acte interdit par la religion mais lorsqu'il apprend qu'en fait c'est la position pour « l'autre vase » dite rectale mais qualifiée de socialiste (sans parler du vermicelle peint en rouge) et là… il se signe maintes fois en levant les yeux! La femme doit « donner une enfant à Dieu » et donc avec « l'autre vase »… Impossible… Il a horreur du socialisme, religion satanique.

Des personnages qui entre leurs déboires administratifs, carrières à ménager, escroqueries mafieuses financières et remboursements impayés, dégelées mafieuses, incendies criminels trouvent toujours le moyen de passer un moment dans leur lit ou celui des autres : les siciliens sont des coucous il faut le dire !

C'est un livre très plaisant parce que on sent que Camilleri a pris beaucoup de plaisir à mettre en place ces quiproquos, à enfoncer ses personnages dans des situations inextricables, à attribuer une fatuité à l'un, une naïveté à l'autre, une névrose et en fait tout va pour le mieux dans le meilleur ce monde sicilien dystopique.

Allez un extrait :
- Dans la dernière, je lui ai presque léché le cul à ce couilles molles de Napolitain. J'ai juste besoin d'informations pour la concession téléphonique, je ne suis pas en train de lui demandé la chatte de sa soeur –

Dit comme ça c'est explicite !
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Faire une demande de ligne téléphonique en 1891 à Vigàta demande de la diplomatie : Philippe Genuardi se heurtant à la mauvaise volonté administrative essaie de mettre de l'huile dans les rouages grâce à un contact mafieux ; de là découleront d'innombrables et périlleux ennuis à base de paranoïa policière et mafieuse et d'inextricables amours clandestines. Camilleri décrit en fait les racines du « malgoverno » sicilien dans une forme originale où il alterne documents écrits de diverses formes et fragments de dialogue.
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Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

1985
1992
1994
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