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Dominique Vittoz (Traducteur)
EAN : 9782253124245
281 pages
Le Livre de Poche (22/04/2009)
3.7/5   25 notes
Résumé :
La Sicile, juste avant l'avènement du fascisme.
Dans la nuit du 21 avril 1921, lors d'une échauffourée dans les ruelles de Caltanissetta, le jeune Lillino Grattuso, sympathisant fasciste, est tué d'une balle de revolver. Bientôt, les témoignages et les rapports " officiels " accusent Michele Lopardo, sympathisant communiste, de l'avoir assassiné. À mesure que s'étend la politique de l'huile de ricin, la victime devient peu à peu, à grand renfort de rhétorique... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Où il ne fait pas bon, lorsqu'on est un maçon communiste, se promener la nuit dans les ruelles obscures

Où il vaut mieux avoir l'ouïe fine si l'on veut faire éclater la vérité

Où le Duce pose la première (et dernière) pierre de Mussolinia, cité modèle en Sicile et où il égare son chapeau melon

Où être anti-fasciste ne signifie pas manquer d'humour

L'incipit

« A la mi-avril 1941, maître Francesco Mormino, du Barreau de Giurgenti et professeur de culture militaire au lycée Empedocle, entreprit, dûment autorisé s'entend par monsieur le proviseur, une tournée des popotes, pour exposer dans chaque classe (j'étais alors en seconde), le pourquoi du comment du grand rassemblement des jeunesses fascistes à Caltanissetta, le 21 du mois »


Comment en suis-je arrivée là ?

J'achète toujours Camilleri les yeux fermés ; c'est toujours le gage de deux à trois heures de délassement garanti pimenté de malice, de truculence et d'humour. de plus, maintenant que je suis lancée dans mon challenge « un mois en Italie », sa lecture est toute indiquée.


De quoi s'agit-il ?

Camilleri, personnage sicilien à part entière, écrit deux catégories de romans. La série des Montalbano d'abord, des polars hautement recommandables où il montre le visage d'une sorte d'Izzo bon vivant et optimiste, avec un commissaire des plus attachants qu'on finit par avoir l'impression de connaître. Et puis il y a les autres, des romans qu'il écrit à partir de recherches menées dans les archives, qui ont lieu au XIXe siècle … ou dans les années 20, comme celui-ci.

On est en Sicile, en 1921. Les fascistes ne sont pas encore au pouvoir, mais l'Italie traverse une période d'agitation politique marquée par de violents affrontements entre les chemises noires et les communistes. Michele Lopardo, maçon communiste, est pris dans une rixe avec des membres de la Ligue anti-bolchevique ; le jeune Lillino meurt, touché par un coup de feu. Michele est accusé, et le meurtre est instrumentalisé par les fascistes.


La citation

Michele tenta un sourire qui ne fut qu'une grimace. « Tire pas peine, va, Libirtì. Dès que Mussolini n'aura plus besoin d'eux, c'est eux qui le prendront là où tu penses. Et ensuite, jour après jour, c'est l'Italie toute entière qui se fera enculer » (p. 197).


Ce que j'en ai pensé

On se délecte comme toujours de la prose camillerienne. C'est entre autres lié à la langue – j'ai honte, car je devrais le lire, si j'étais moins paresseuse, en langue originale – mais il faut reconnaître que les traducteurs sont admirables (quoique je préfère celle de Quaddrupani, qui est assez différente, ce qui m'a un peu désorientée au début). le récit est très rythmé, avec des chapitres courts, et entrecoupés d'articles de presse ou de documents divers, et dégage une énergie incroyable qui caractérise bien Camilleri. le titre, qui ne prend son sens que dans les dernières pages, traduit une belle réflexion.
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
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Traduction française: 2007
Il ne s'agit pas d'un des romans policiers qui ont contribué à la notoriété de Camilleri., mais de deux faits-divers du début du 20è siècle, revisités par notre écrivain sicilien, l'histoire de deux faux: un faux martyr et une fausse ville.

Camilleri avait déclaré:" Je veux absolument écrire l'histoire d'un héros imaginaire dans un pays imaginaire. Je me réfère à l'histoire de l'unique martyr fasciste que j'ai découvert, par la suite, avoir été tué, par erreur, par les siens. Cela se déroulera naturellement sur fond de ce qui aurait dû devenir Mussolinia, la ville qui ne fut jamais construite et de laquelle un photo-montage fut montré en 1928 à Mussolini."

"Camilleri enquête sur la mystification et démonte, de l'intérieur, un monument de fausseté, de sanctification, de matraquage de propagande" Salvatore Nigro

J'ai lu d'une traite,écoeurée par le mensonge (je ne m'y ferai jamais) .
Je regrette de n'avoir eu que la version française car j'ai été gênée par l'excès de mots difficilement traduits par un argot que j'ai trouvé lourd.
J'aurais préféré l'argot sicilien !

Un livre que je recommande.
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Camilleri est le père de Montalbano, commissaire favori des nombreuses lectrices (et lecteurs) du Viaggio d'Eimelle .

Auteur prolixe (une centaine d' oeuvres, quand même!), il est aussi conteur de l'histoire de la Sicile . La Couleur du soleil, met en scène le Caravage en Sicile. . La Révolution de la Lune raconte un inter-règne après le décès inopiné du Vice-roi espagnol(1670), un peu plus tard le Roi Zozimo, le règne d'un sicilien.... Mon " premier lu, il reste mon préféré. L'Opéra de Vigata (1870), la Concession du Téléphone , la secte des Anges (1901), se déroulent dans une Sicile où fait irruption la modernité.

Privé de Titre se réfère à la période de l'arrivée au pouvoir de Mussolini. Camilleri s'est inspiré de deux épisodes réels : la mort d'un jeune fasciste dans une rixe qui opposait des fascistes et un maçon communiste et la visite du Duce à Caltagirone quelques années plus tard qui fut à la "fondation" d'une ville fantôme Mussolinia.

Comme dans la Concession du téléphone , Camilleri fait alterner de nombreux dialogues, souvent en dialecte traduits de manière pittoresque par Quadruppani, les pièces officielles des procès verbaux de l'enquête, il ajoute ici des articles de différents journaux siciliens fascistes ou non et fait même une reconstitution cinématographique précise de la scène du crime.

"R - Comme je suis borgnicieux, j'étais à la traîne et les deux particuliers allaient m'agrapper quand je me suis souvenu des marionnettes.

Q - Expliquez vous.

R - C'est pas l'embarras. Vous avez vu au théâtre de marionnettes, dans la légende de Roland, une scène où un preux fait semblant de s'ensauver poursuivi par un Maure, puis tout à trac il s'arrête, se retourne et escoffie d'un coup d'épée le Maure qui n'en peut mais. Eh bien j'ai fait pareil. Ils me sont tombés dessus; je me suis arrêté, et hop, je me suis retourné...."



Cette variété des styles est un plaisir renouvelé. Surtout quand il décrit des scènes de foules complètement cocasses. On rit beaucoup à la lecture de ce roman.

"Citoyens!

Par ce tract nécessairement

anonyme nous voulons vous poser une question.

Un fasciste tué par un autre peut-il être appelé "martyr" Ou bien est-ce

une simple victime privée de titre et donc inexistante

comme martyr? Pensez-y"

Roman policier ou politique? Les deux, bien sûr. Même si la scène du crime a été analysée en détail, même si le meurtrier a avoué l'homicide, il restera jusqu'au bout des zones d'ombres et des doutes savamment distillés. Vrai ou faux témoins? On ne saura jamais vraiment qui ment. Des pièces à convictions disparaissent du greffe. de nouveaux éléments arrivent théâtralement au tribunal, à point avant la plaidoirie de la défense...

Ce qui m'a le plus amusée, c'est la comédie de la visite de Mussolini à Caltagirone, posant la première pierre d'une ville fantôme. C'est grandiose!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Dans ce roman au sujet inédit, Camilleri aborde par l'anedocte l'arrivée au pouvoir des fascistes. Comme toujours en Sicile, les événements semblent plus tempérés qu'en Italie continentale, mais là, le coeur du débat politique pré-mussolinien constitue le cadre d'une histoire plus compliquée qu'à l'apparence.
Seul regret, la traduction, qui n'est pas à la hauteur des traductions de romans policiers par Quadroppani. La langue savoureuse de Camilleri devient une sorte d'argot parfois indigeste...
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Un roman qui se passe pendant la montée du fascisme (qui n' a pas encore pris le contrôle de tout l'appareil d'état) avec les violences exécutées par les « squadristi » . La fabrication d'un martyr tué par accident par un de ses camarades et la construction de « Mussolinia » la ville fantôme à la gloire du Duce permettent à Camilleri de développer le thème du mensonge de la propagande.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Citoyens !
Par ce tract nécessairement
anonyme nous voulons
vous poser une simple question.
Un fasciste tué par un autre
fasciste peut-il être appelé
"martyr"? Ou bien est-ce
une simple victime privée
de titre et donc inexistante
comme martyr? Pensez-y.
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Depuis trois jours, il a la tête ailleurs et tout le monde, du sous-préfet au dernier des huissiers, pense que Son Excellence est dans ses dares à cause de la gravité de la situation en ville, mais ils se fourrent le doigt dans l’œil, car monsieur le préfet se contrefout de la gravité de la situation en ville; s'il ne sait plus à quel saint se vouer, c'est à cause de la gravité de sa situation à lui.
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A la mi-avril 1941, maître Francesco Mormino, du Barreau de Giurgenti et professeur de culture militaire au lycée Empedocle, entreprit, dûment autorisé s’entend par monsieur le proviseur, une tournée des popotes, pour exposer dans chaque classe (j’étais alors en seconde), le pourquoi du comment du grand rassemblement des jeunesses fascistes à Caltanissetta, le 21 du mois.
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« la voci del Duce l'apparalizza :"Barone a che punto è Mussolinia?" Se Mussolini gli sparava un colpo di revorbaro in mezzo alle scapole, di certo faciva meno effetto. Giacomo Barone varìa, s'afferra alla maniglia. Mussolinia? E che minchia è Mussolinia? Tutto 'nzemmula la faccenda gli torna in mente e addiventa di colpo sudatizzo. "M'informerò e vi farò sapere Duce
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Sur la mort de Gigino Gattuso, et justement sans aucun respect pour sa mort, on édifia une mystification solennelle, qui évacuait la réalité, la vraie, derrière une réalité virtuelle, inexistante. Exactement ce qui s'est passé avec la ville De Mussolinia. Sauf que Gigino Gattuso avait défunté pour de bon.
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Vidéo de Andrea Camilleri
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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la vie et les polars d'Andrea Camilleri

Andrea Camilleri est né en Sicile en 1925. Il s'est mis au polar sur le tard, avec un très grand succès. C'était en :

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1992
1994
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