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Jean Chalon (Préfacier, etc.)Carlos de Angulo (Auteur du commentaire)
EAN : 9782715221819
620 pages
Le Mercure de France (10/11/1999)
3.51/5   51 notes
Résumé :
Née à Paris en 1752 d’un père roturier, Madame Campan entre à la Cour à quinze ans et devient lectrice des filles cadettes de Louis XV. Dotée d’un tempérament vif et déterminé, elle est nommée en 1774 première femme de chambre de Marie-Antoinette qu’elle servira jusqu’en 1792. Attentive, observatrice, intelligente, Madame Campan partage non seulement l’intimité de la reine, mais aussi de nombreux secret d’état. De fastes de Versailles à la fuite à Varennes, elle se ... >Voir plus
Que lire après Mémoires de Madame Campan, première femme de chambre de Marie-AntoinetteVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Bonjour et bienvenue à la Cour !
Auprès de Madame Campan nous allons côtoyer les rois et les reines ainsi que toute la haute société ! Mais c'est surtout pendant 18 ans que nous serons dans l'ombre de Marie Antoinette, puisque Madame Campan sera sa première femme de chambre jusqu'à ce que la reine perde sa tête.
Évidemment, ce sont des mémoires, donc il y a quelques erreurs dans certains faits ou dans quelques dates, mais des notes en fin de volume rétablissent la vérité. de plus, Madame Campan est parfois partiale et n'hésite pas à égratigner les gens qu'elle n'aime pas.
Par contre, en dehors des faits historiques connus, nous sommes aux premières loges pour assister à la vie quotidienne de Marie Antoinette, avec toutes les intrigues ourdies à son encontre.
Entre bagatelles et hauts faits historiques, c'est un réel plaisir de revivre ces années, sauf à la fin bien entendu !
Bref, des mémoires très intéressantes à lire pour ceux qui apprécient l'Histoire de France...
À lire dans le parc d'un château, en gardant votre tête sur vos épaules, en dégustant des boudoirs avec du Champagne. Bonne lecture !
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Madame Campan, née Jeanne Louise Henriette Genet le 02 octobre 1752 est engagée à Versailles en octobre 1768 comme lectrice pour les filles cadettes de Louis XV. A l'arrivée de Marie-Antoinette en France, elle devient femme de chambre et au fil du temps confidente de Marie-Antoinette, cette dernière a 15 ans et Jeanne, 18.
Madame Campan voue une adoration sans bornes à Marie-Antoinette, vénération qui se poursuivra jusqu'à la mort de la reine et même bien au-delà.
Elle ne lui trouve que des qualités, pieuse, généreuse, naïve, bienfaisante et même ... économe ...
Je n'étais pas là pour en juger mais il m'apparaît que Madame Campan est quand même d'un sérieux parti pris dans son aveuglement sur les innombrables qualités de la reine ... Elle lui pardonne tout si tant est qu'elle trouve que quelque chose doive lui être pardonné ... La présentant comme une sainte et une martyre, elle omet tout de même de parler de ses relations avec Axel de Fersen dont le nom n'apparaît même pas dans le



livre.
L'affaire du collier ? C'est une intrigue ourdie par Madame de Lamotte ... et ainsi de suite ...
Il me semble également que Madame Campan se met beaucoup en avant, se présentant quasi comme une amie de Marie-Antoinette ...
Lorsque la reine est enfermée au temple, elle prétend avoir tout tenté à différentes reprises pour rejoindre sa maîtresse, ce qui lui sera toujours refusé ...
Il n'empêche que en 1807, Madame Campan est nommée directrice de la maison impériale Napoléon à Ecouen ... enfin il faut bien survivre, d'autant plus qu'elle a la charge des 3 enfants de sa soeur qui a été guillotinée.
Elle aura parmi ses élèves Hortense de Beauharnais ainsi que Caroline Bonaparte, la plus jeune soeur de Napoléon.

Si le livre est riche en anecdotes sur la vie du couple royal (couple parfait s'il en est ...), il me semble quand même que Madame Campan raconte SA version des faits. On ne peut cependant douter de sa profonde affection pour la reine mais je trouve qu'elle en fait un peu trop et enjolive L Histoire comme cela lui convient, c'est pourquoi en dépit de l'intérêt de ses mémoires, je ne leur attribue que 3 étoiles mais il est vrai que je suis un peu béotienne en matière d'Histoire. Ceci explique peut-être cela.
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C'est en 1768, alors âgée de quinze ans, que la future Madame Campan, dotée d'une bonne éducation - chant, diction, parlant l'anglais et l'italien - devient lectrice pour les filles de Louis XV, Adélaïde, Victoire Sophie et Louise qui rentrera dans les ordres au désespoir de son père. En 1786, elle est nommée Première femme de chambre de la jeune souveraine Marie-Antoinette.
Dans ses Mémoires qu'elle rédige et qui seront publiées après sa mort en 1822, elle évoque ses années passées au service de la famille royale, relatant de l'intérieur les moments intimes ou tragiques dont elle a été un des témoins privilégiés et ce, jusqu'à l'emprisonnement de la famille royale à la prison du Temple.
Les faits relatés dressent non seulement le portrait des membres de la famille royale mais également le propre portrait de Madame Campan. Intelligente et sensible elle n'en est pas moins critique avec certaines personnes de l'entourage de Marie-Antoinette, et souligne notamment, les faveurs accordées à la Duchesse de Polignac ou d'autres favoris, qui ne cessent de monter la noblesse contre la royauté. Servant quelquefois d'intermédiaire entre les courtisans et la reine, elle fait preuve de droiture et de fiabilité. Les Mémoires de Madame Campan permettent de comprendre le lent délitement du règne de Louis XVI qui conduira à la fin de son règne, un couple royal qui n'est pas fait pour diriger, des décisions maladroites qui mènent à des libelles qui sapent l'autorité royale, des scandales financiers ou des nominations dues à un clientélisme de moins en moins acceptable, un climat qui fera le lit de la Révolution, sans que cela soit véritablement compris.

Les Mémoires de Madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette sont intéressantes car elles rendent humains des personnages historiques mais paraissent quelques fois anecdotiques et ne sont qu'une expression partiale et partielle de sa vérité - nul mention dans ce récit, d'Axel de Fersen, pourtant un des principaux acteurs de la fuite à Varenne et proche de Marie-Antoinette...un silence assourdissant qui, en éludant une relation qui a fait couler beaucoup d'encre, peut faire douter de la volonté de vérité de Madame Campan.
Les Mémoires de Madame Campan, première femme de chambre de Marie-Antoinette sont un témoignage intéressant sur la vie intime de la famille royale, cela reste bien écrit et révèle une personnalité intelligente et intègre mais cela reste l'expression d'une personnalité qui doit être complétée par d'autres témoignages.
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Edition présentée par Jean Chalon
Notes : Carlos des Angulo

ISBN : 9782715215665

Pour ceux qui l'ignoreraient, Henriette Campan fut, pendant vingt-deux ans, seconde, puis première femme de chambre de Marie-Antoinette. Ses "Mémoires", ici suivis de "Souvenirs, Portraits & Anecdotes", sont certainement plus subjectifs qu'ils ne le devraient : ainsi, elle ne dit absolument rien sur Fersen, personnage pourtant clef du destin de Marie-Antoinette. En fait, tout ce qui pourrait ternir la réputation de la Reine, Mme Campan l'évite soigneusement. Mais on le lui pardonnera en réalisant que, à ses yeux, Marie-Antoinette n'était peut-être pas une déesse mais bien certainement une martyre et une sainte.

Introduite à Versailles en 1767 en tant que lectrice de Mesdames, tantes de Louis XV alors régnant, la jeune fille s'adapte très vite à la vie de cour et, en passant au service de la Dauphine, trois ans plus tard, elle en devient probablement "accro" comme on dirait de nos jours. Sommes-nous en droit de le lui reprocher - car on le lui a reproché ? Nommée à un poste de confiance, elle s'attire vite la sympathie de la jeune archiduchesse et se découvre des affinités avec une femme dont - tous nous le rapportent, y compris ses pires ennemis - le charme n'était pas un vain mot. En fait, Marie-Antoinette avait ce charisme dont son époux se trouva malgré lui bien dépourvu et il est tout à fait normal qu'elle ait fasciné Mme Campan.

Même si l'on peut suspecter parfois celle-ci d'amplifier l'importance de son rôle auprès de la Reine, il n'y a pas, dans ses "Mémoires", plus à retirer ou à reprendre que dans les mémoires habituels. Qui a jamais lu des mémoires vraiment impartiaux et objectifs ? Qu'on nous les signale immédiatement : nous sommes preneur ! Wink de la vénération portée par Henriette Campan à sa maîtresse, on ne doutera pas un seul instant. Ceux qui lui reprocheront de ne pas avoir accompagné la Reine au Temple semblent oublier qu'elle demanda de multiples fois au conventionnel Pétion de lui permettre de rejoindre Marie-Antoinette. le demanda-t-elle aussi souvent qu'elle l'affirme ? Ses détracteurs soutiennent que non et qu'elle était bien contente de pouvoir se terrer en paix dans un château de province. Sur quoi ses admirateurs se scandalisent et leur demandent tout de go comment ils auraient agi, eux, après avoir vu brûler sa maison parisienne à l'ombre d'une guillotine que la toute-puissance d'un Robespierre au zénith rendait alors des plus redoutables ?

Le problème de Mme Campan, sa seule "faute" si faute il y a, c'est que, la Révolution ayant réduit ses ressources, il lui fallait bien continuer à vivre en élevant les trois enfants de sa soeur qu'elle avait recueillis lorsque celle-ci était montée à l'échafaud. Elle se mit donc aux ordres de Bonaparte et créa un pensionnat qui accueillit, outre une ou deux soeurs du Corse, la fille de Joséphine de Beauharnais, la future reine Hortense qui, un jour, sera la mère de Napoléon III. Par la suite, satisfait de ses services, Napoléon allait la nommer à la direction de la Maison impériale d'Ecouen, où étaient élevées les filles de la Légion d'honneur.

Comme tant d'autres, Mme Campan avait survécu et ses nièces avaient fait de beaux mariages (la troisième épousa le maréchal Ney). du coup, à la première Restauration, la malheureuse reçut aux Tuileries, de la part de la duchesse d'Angoulême, l'accueil glacial que l'ex-Madame Royale réservait à celles et ceux dont elle estimait qu'ils avaient "trahi" sa mère. Dans ses étincelants "Mémoires" personnels, dont nous parlerons cet été, la comtesse de Boigne nous laisse d'ailleurs entendre que la duchesse d'Angoulême était également capable de se montrer tout aussi dédaigneuse envers des personnes qui n'avaient trahi ni Louis XVI, ni sa femme, et nombre de remarques, relevées chez des historiens lus à droite et à gauche - dont André Castelot, pour ne citer que cet inconditionnel de Marie-Antoinette et de tout ce qui lui touche de près ou de loin - révèlent en outre que, pour des raisons inconnues, en tous cas inexpliquées, il arrivait pourtant à cette même Madame Royale, si jalouse en apparence du respect dû à la mémoire maternelle, de rendre Marie-Antoinette responsable de la Révolution et des malheurs des Bourbons. On s'explique donc assez mal le mépris dont elle assomma la pauvre Mme Campan pas plus qu'on ne comprend la politesse, toute de commande sans doute mais bien réelle et on ne peut plus déshonorante, qu'elle affichait en présence d'un Talleyrand, grand homme d'Etat certes mais opportuniste bien plus caractéristique que l'ancienne femme de chambre de sa mère ... C'est l'un des "mystères" de Madame Royale que nous traiterons sur un autre post, en temps et lieu.

Pour en revenir aux "Mémoires" de Jeanne-Henriette Campan, née Genet, ils sont en tous cas très agréables à lire et regorgent de détails qui, la chose est à souligner, se retrouvent confirmés dans d'autres écrits, y compris parmi ceux qui jugeaient que Mme Campan en faisait trop. Bref, s'il faut garder à l'esprit que cette dernière a "gonflé" çà et là son propre rôle auprès de la Reine, il ne faut pas oublier que le poste de confidente qu'elle occupait a dû lui attirer en son temps bien des jalousies. Et les jaloux ont sûrement fait feu de tout bois pour tenter de démolir le portrait - un peu trop parfait, mais c'est humain - que Mme Campan brossait d'elle-même dans ses souvenirs. S'il y a, comme on dit, à boire et à manger dans ses "Mémoires", il y en a tout autant, et à notre avis beaucoup plus, dans les fielleuses critiques de ses détracteurs.

A vous de juger sur pièces : vous ne devriez pas vous ennuyer. ;o)
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Encore une belle lecture sur la reine Marie-Antoinette et la vie à Versailles sous le règne de Louis XVI!

J'aime lire sur cette période, sans doute à cause (ou grâce) à ma sensiblerie. le destin de Marie-Antoinette, jeune reine fraîche et insouciante, soulève beaucoup d'interrogations et, il faut bien le dire, de la pitié ou du moins de la compassion. Mais ça, c'est avec le recul, car je comprends aisément tout ce qui a pu lui être reproché par le peuple qui, lui, ne pouvait pas se permettre d'être insouciant...

Ces mémoires ont le défaut que tout mémoire, je pense, contient : il est tout à fait subjectif même s'il dit le contraire. On sent bien tout l'amour de Mme Campan pour sa souveraine, son dévouement l'aveuglant parfois. Elle omet sciemment de nommer le comte Fersen par exemple, lui qui a pourtant été si important pour Marie-Antoinette, notamment à la fin de sa vie. Elle justifie les nombreux plaisirs que s'offre la Reine par sa jeunesse et son caractère naturellement gai...

Toutefois, ce défaut étant bien évident, il ne nous empêche pas d'avoir une vue réaliste de la vie de cour sous Louis XVI. Mme Campan, en écrivant ses mémoires, souhaitait sans doute trouver une explication à la Révolution de 1789. On sent qu'elle donne à voir certains éléments annonciateurs, à justifier les décisions et les manières de ses souverains qui ont abouties à ce soulèvement populaire. En cela ses mémoires sont vraiment très intéressantes et apportent un éclairage certain sur cette partie de notre Histoire.

On a pu reprocher à Mme Campan d'être anecdotique. Pour moi, les anecdotes éclairent L Histoire, même si elles ne l'expliquent pas. Et il est toujours plaisant de les lire, cela nous permet d'apprendre beaucoup sur les petits riens de la vie quotidienne.

Mme Campan aborde la guerre d'Indépendance des États-Unis d'Amérique, l'affaire du collier, l'étiquette si pesante pour Marie-Antoinette, ses sentiments pour la princesse de Lamballe et la duchesse de Polignac, ses relations avec le roi, avec le pouvoir politique et les courtisans, ses plaisirs, ses enfants, les arts. Mais une grande partie de son récit s'articule autour de la Révolution.

Les mémoires de Mme Campan, réel plaisir de lecture, apportent un éclairage nouveau, bien que partial, sur les événements déclencheurs de la révolution française mais aussi, et surtout, sur la femme qu'était Marie-Antoinette. Je vous les conseille vivement!

Challenge Variétés 2015 : "des mémoires"
Challenge Monopoly 2015 : "lire un livre d'un genre que vous n'aimez pas" (je précise que je n'ai rien contre les mémoires, mais comme il n'y a aucun genre que je n'aime pas, j'ai choisi celui que je lis le moins)
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
La reine fut très mortifiée des fautes que son frère avait commises ; mais ce qui la blessa le plus, à cette occasion, fut d'être accusée de conserver le coeur autrichien. Dans le long cours de ses malheurs, Marie-Antoinette eut à supporter plus d'une fois cette cruelle imputation ; l'habitude n'avait point tari les larmes que lui coûtait une pareille injustice ; mais la première fois qu'on la soupçonna de ne point aimer la France, elle fit éclater son indignation. Tout ce qu'elle put dire à ce sujet fut inutile ; en servant les prétentions de l'archiduc, elle avait donné des armes à ses ennemis ; ils essayèrent de lui faire perdre l'amour du peuple : on chercha, par tous les moyens, à répandre l'opinion que la reine regrettait l'Allemagne et la préférait à la France.
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[...] ... Les députés du tiers arrivaient à Versailles avec les plus fortes préventions contre la cour. Les méchants propos de Paris ne manquant jamais de se répandre dans les provinces, ils croyaient que le Roi se permettait les plaisirs de la table jusqu'à des excès honteux ; ils étaient persuadés que la Reine épuisait les trésors de l'Etat pour satisfaire au luxe le plus déraisonnable : presque tous voulurent visiter le Petit Trianon. L'extrême simplicité de cette maison de plaisance ne répondant pas à leurs idées, quelques uns insistèrent pour qu'on leur fît voir jusqu'aux moindres cabinets, disant qu'on leur cachait les pièces richement meublées. Enfin, ils en indiquèrent une qui, selon eux, devait être partout ornée de diamants, avec des colonnes torses, mélangées de saphirs et de rubis. La Reine ne pouvait revenir de ces folles idées et en entretint le Roi qui, à la description que ces députés avaient faite de cette chambre aux gardiens de Trianon, jugea qu'ils cherchaient la décoration de diamants de composition, qui avait été faite sous le règne de Louis XV, pour le théâtre de Fontainebleau.

Le Roi pensait que ses gardes du corps, retournant dans leurs provinces, après avoir fait leur quartier de service à la cour, racontaient ce qu'ils y avaient vu et que ces récits exagérés devaient souvent finir par y être dénaturés. Cette première idée du Roi, sur la recherche de la chambre de diamants, fit penser à la Reine que l'opinion pour le prétendu goût du Roi pour la boisson devait aussi venir des gardes qui accompagnaient sa voiture, lorsqu'il chassait à Rambouillet. Le Roi, n'aimant pas à découcher, partait de ce rendez-vous de chasse après son souper ; il s'endormait profondément dans sa voiture, et n'était réveillé qu'au moment de son arrivée dans la cour royale : il descendait de voiture au milieu des gardes du corps, en chancelant comme un homme à moitié éveillé, ce qui avait été pris pour un état d'ivresse. ... [...]
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Il y avait un inconvénient majeur à laisser Paris prononcer, avec de pareils transports, une opinion aussi contraire à celle de la cour ; on le fit bien observer à la reine, en lui représentant qu'elle devait au moins, sans accorder à Voltaire les honneurs de la présentation, le voir dans les grands appartements : elle ne fut trop éloignée de suivre cet avis et paraissait uniquement embarrassée de ce qu'elle lui dirait, dans le cas où elle consentirait à le voir. On lui conseilla de lui parler seulement de la «Henriade», de «Mérope» et de «Zaïre» : la reine dit à ceux qui avaient pris la liberté de lui faire ces observations qu'elle consulterait encore des personnes dans lesquelles elle avait une grande confiance. Le lendemain, elle répondit qu'il était décidé irrévocablement que Voltaire ne verrait aucun membre de la famille royale, ses écrits étant plein de principes qui portaient une atteinte trop directe à la religion et aux mœurs. «Il est pourtant étrange, ajouta la reine en rendant la réponse, que nous refusions d'admettre Voltaire en notre présence, comme chef des écrivains philosophes, et que la maréchale de Mouchy se soit prêtée, d'après les intrigues de la secte, à me présenter, il y a quelques années, Mme Geoffrin, qui devait sa célébrité au titre de mère nourrice des philosophes.
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[...] ... M. le comte de Ségur, à son retour de Russie, fut quelque temps employé par la Reine et eut de l'influence sur elle, mais cela dura peu. Le comte Auguste de La Marck se dévoua de même à des négociations utiles au Roi auprès des chefs des factieux. M. de Fontanges, archevêque de Toulouse, avait aussi la confiance de la Reine ; mais rien qui se faisait dans l'intérieur ne pouvait amener des résultats satisfaisants. L'impératrice Catherine II fit aussi parvenir à la Reine son opinion sur la situation de Louis XVI et la Reine m'a fait lire quelques lignes de la propre écriture de l'impératrice, qui se terminaient par ces mots : "Les rois doivent suivre leur marche sans s'inquiéter des cris du peuple, comme la lune suit son cours sans être arrêtée par les aboiements des chiens." Je ne discuterai sûrement pas sur cette maxime de la despotique souveraine de Russie, mais elle était bien peu applicable à la situation du Roi déjà prisonnier.

Tous ces conseils particuliers, soit du dehors, soit de l'intérieur, n'amenaient aucune décision dont la cour pût profiter. Cependant, le parti de la Révolution suivait son audience entreprise d'un pas ferme et sans éprouver d'opposition. Les conseils du dehors, tant de Coblentz que de Vienne, influaient diversement sur les membres de la famille royale et ces cabinets n'étaient pas d'accord. J'ai eu souvent occasion de juger par ce que me disait la Reine qu'elle pensait qu'en laissant tout l'honneur du rétablissement de l'ordre au parti de Coblentz, Louis XVI serait mis en tutelle au retour des émigrés, ce qui augmenterait encore ses propres malheurs. Souvent, elle me disait : "Si les émigrés réussissent, ils feront longtemps la loi ; il sera impossible de leur rien refuser ; c'est contracter avec eux une trop grande obligation que de leur devoir la couronne." Il m'a toujours paru qu'elle désirait que sa famille balançât par des services désintéressés le mérite des émigrés. Elle redoutait M. de Calonne [= ministre de Louis XVI] et cela, à juste titre. Elle avait acquis la preuve que ce ministre était devenu son plus cruel ennemi et qu'il se servait, pour noircir son caractère, des moyens les plus vils et les plus criminels. Je puis attester que j'ai vu, dans les mains de la Reine, un manuscrit des mémoires infâmes de la femme Lamotte [= ou La Mothe, grande ordonnatrice de l'affaire du Colllier], qu'on lui avait apporté de Londres et qui était corrigé de la main même de M. de Calonne dans tous les endroits où l'ignorance totale des usages de la cour avait fait commettre à cette femme de trop grossières erreurs. ... [...]
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Dans toutes les occasions où il fallait exprimer sa pensée en public, malgré la gêne que pouvait éprouver une étrangère, la reine rencontrait toujours le mot précis, noble, touchant (...) Depuis longtemps, les princesses de la maison de Bourbon ne prenaient plus, dans de semblables circonstances, la peine d'articuler la réponse. Madame Adélaïde fit reproche à la reine de n'avoir pas suivi cet usage, l'assurant qu'il suffisait de marmotter quelques mots en simulacre de réponse et que les harangueurs, trop occupés de ce qu'ils venaient de dire eux-mêmes, trouvaient toujours qu'on avait répondu d'une manière parfaite.
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